DR HENRI LANGIS A la fin du XIXe siécle Et Vancouver grandit. Au début des années 1890, en plus de son hdépital municipal, Vancouver comprend cing écoles rassemblant 1,200 éléves; un hétel de ville; sept scieries; 55 hdtels; deux fonderiesde fonte; une raffinerie de sucre (Rogers); l’édifice et Palais de Justice du Gouvernement provincial; trois banques a charte; les édifices des services publics de téléphone, de l’éclairage et du tramway et le département des pompiers de Vancouver avec ses deux stations et ses 33 pompiers.* Lépidémie de la petite vérole de 1893 “... Ah oui, je dois admettre qu’en effet, il y avait un climat de panique parmi la population de Vancouver lors de |’€pi- démie de la petite vérole... . Nous avons eu 32 cas; 16 a Cedar Cove et 16 autres al'Ile Deadmans. J’étais en charge a Cedar Cove, j’ai perdu 2 malades... . Les gens avaient telle- ment peur qu’ils ne laissaient aucun passager descendre des bateaux en provenance de Victoria au quai du CPR... . Le premier cas de petite vérole venait de Victoria.”! L Hopital Saint-Paul L’année suivante, en 1894, un “véritable” hdpital ouvrira ses portes, peut-étre est-ce di au fléau de la petite vérole. Il s’agit de !'H6pital Saint-Paul qu’ont fait construire les Soeurs de la Charité de la Providence§ pour répondre a la demande des Péres Oblats. En mars 1894, les RR.SS. achétent pour la somme de 9,000.$ sept lopins de terre situés au coin des rues actuelles Pendrell et Burrard, alors terre inculte le long du sentier menant a English Bay. Deux mois plus tard, on commence la construction du batiment de quatre étages qui mesure 78’ par 48’. Le premier patient est admis le 21 novembre 1894 et le lendemain, Monseigneur Paul Durieu, OMI, (de qui l’hépital prend le nom) vient bénir ces lieux tant attendus. Il y a 25 lits. Par la suite, les RR.SS. s’adjoignent les services des docteurs Langis, McGuigan, Lefebvre, McPhillips et L.N. McKechnie.? Les services du Dr Langis L’association des docteurs Langis et McGuigan dure 20 ans. “... Ensemble ils devinrent rapidement connus pour leur travail en chirurgie et en obstétrique.”?° Le Dr Langis soigne tous ceux qui se présentent a son bureau. Ses patients. . .incluent les Chinois, Ja- ponais, Autochtones et des personnes de diverses origines euro- péennes, (il soigne aussi) “. . . un autre groupe de citoyens de seconde classe, les femmes du quartier de prostitution. II traitait de fagon réguliére Laura Scott et ses employées de 1890 a 1904... . II n’avait pas de contact aussi régulier avec d’autres maisons de prostitution, mais il nota dans son carnet médical avoir visité ‘Helen’ de la Maison de Sadie Talbot, ainsi que ‘Pearl,’ ‘Thelma’ et d’autres femmes de la rue Dupont.” § Les RR.SS. de la Charité de la Providence sont reconnues pour leur travail spécialisé dans les soins médicaux et sociaux. “. . . Elles ont fondé plusieurs douzaines d’hépitaux, d’asiles, d’orphelinats, de cliniques et des centres de repos pour les gens 4gés a travers le Nord Ouest.” 4 Il prend sa retraite En 1914, agé de 57 ans, Dr Langis souffre de névrite. Il décide de se retirer pour se soigner. Il s’“exile” a Parksville sur I'Ile de Vancouver pour vivre sur la ferme qu'il s'est procurée quelques années auparavant. II appelle son domaine St-Evar (Evariste). Il y vivra pendant les prochains 22 ans, ne manquant jamais sa visite annuelle chez son neveu Edmond, résident du quartier Kerrisdale de Vancouver. La fin En 1936, un an avant sa mort, le Dr Langis s’étant intéressé aux études sur le cancer, revient vivre 4 Vancouver en vue d’ouvrir une clinique pour la prévention du cancer. Il habite chez son neveu. Malheureusement, il ne verra jamais son réve se réaliser. La veille, il s’était rendu aux urnes avec difficulté pour les élections du ler juin 1937. Le 2 juin quelques heures seulement aprés avoir été admis a l’hépital Saint-Paul, il meurt d’une attaque d’apoplexie.'° Lhéritage du Dr Langis; a sa famille et a Vancouver La réputation du Dr Langis n’était pas seulement celle d’un chirurgien hors pair, mais également celle d'un homme d’affaires capable. II laissa une fortune considérable a sa famille. Son neveu, dont la mort suivit de prés celle de son oncle, hérita de la ferme St-Evar. Selon Margaret Andrews, le revenu du Dr Langis augmenta de 2,500.$ en 1888 a 9,500.$ en 1904, alors qu’en moyenne, un médecin de Chicago du début du XXe siécle, sujet aux mémes honoraires que le Dr Langis gagnait de 1,500.$ a 3,000.$ par année. “Et il n’a jamais envoyé de facture a ses patients.” Mme Andrews remarque aussi que le Dr Langis était d’avant- garde dans sa profession. “. . . Il adopta une approche scientifique en médecine bien avant que ne le fasse la majorité du corps médical; il acheta un microscope en 1885 alors que les microscopes n’étaient, sauf rares exceptions, pas encore utilisés par les stagiaires en cours dans les colléges américains.”° Pour conclure cette étude, il faut dire que ce qui demeure le plus important pour nous, Vancouvérois d’aujourd’hui, est le fait que ce sont des hommes comme lui, dédiés a la cause sociale et au bien-étre de leur concitoyens, qui ont implantés les premiers services médicaux, jetant ainsi la base des soins spécialisés que nous recevons de nos jours. 4 Cest le Dr. Langis qui fit venir son neveu en Colombie- Britannique. Edmond était alors agé d’a peine dix-huit ans. Aux environs de 1914, dans sa vingtaine, Edmond ouvrit 4 Vancouver, dans False Creek, une manufacture de produits alimentaires: les Produits Langis (base pour bouillon de soupe, mélange pour soupe, concentré en cube, etc.). La compagnie Langis fut achetée par la suite par la compagnie Lipton.’* Edmond Langis mourut subitement chez-lui le 16 décembre 1938 a l’age de 49 ans. Le chronographe Volume III no. 1-2, Printemps-Eté 1986