Récit d’un tour du monde Oujda [Suite de la semaine derniére] Par Jean-Claude Boyer Au matin, c’est un trot de cheval qui me réveille. En ouvrant les rideaux, je vois passer trois charrettes - deux de ‘pommes, une de clémentines - tirées par des anes. Je retourne au consulat, les formulaires soigneu- sement remplis, le visage rasé de prés. Cette fois, la chaussée est jonchée de branches d’arbres; - tous les feuillus du quartier viennent d’étre complétement ébranchés, sans rémission - 4 la petite scie 4 la main, bien entendu. Mon visa sera prét a 11 heures. La ronde aueadienne de tous les vendeurs imaginables est reprise de plus belle. “Sardines! Sardines!” n’en finit pas de crier l'un d’eux, en arabe et en francais. En retournant a _ Thotel, jentends: “Bonjour monsteur. Ca va?” L’air niais, la main tendue, le Marocain se met a répéter au moins vingt fois de suite le mot dirham. Une voiture passe dans un bruit d’enfer; une vis roule a mes pieds. Tiens, une Marocaine sur une terrasse! Au consulat, de nouveau, jattends. Je fais la connaissance de Linda (mot espagnol signi- fiant jolze) , une jeune Ontarien- ne de Lindsay. Elle termine un voyage de plus de trois ans, dont un en Australie ov elle a travaillé a toutes sortes de besognes, y compris la construction. Elle deviendra une compagne char- mante pendant les deux prochai- nes semaines. Son retour au Canada, d’Amsterdam, est prévu pour le 23 décembre: elle veut prendre sa mére par surprise pendant la messe de minuit. Jobtiens. mon visa. Autre balade dans Oujda. Un ane porte des oeilléres faites de cartons et de ‘fils de fer. Je rencontre Linda par hasard. Un couple de Suisses allemands nous racontent leur mésaventure ‘en montagne dans le Nord du pays, aventure qui s'est terminée par une gréle de cailloux jetés par des petits voyous. Ces Suisses sont particu- liérement beaux et joviaux. IIs nous présentent 4a un étudiant marocain qui leur a procuré des dinars 4 trés bon compte. Je décide de lui faire confiance. I] me faut d’abord changer un chéque de voyage a la banque. Je demande au commis, l’air innocent: “Combien vaut le dinar par rapport au dirham?” Elle me répond que ce n’est pas “convertible”, tout en commen- cant ses calculs a la main. L’échange des deux unités monétaires se fait en douce dans le fond d’une boutique de la | médina. Le montant, presque le double de celui qu’on me remettrait dans une banque algérienne, m’est glissé furtive- ment dans la main. J’apprends ~ ensuite que Linda est déja partie essayer de traverser la frontiére, envers et contre tous - un billet de 200 dinars dans un soulier. Mes jeux sont faits: je vais chercher mon sac a dos pour aller moi aussi tenter ma chance. Au guichet du terminus ow je dois attendre mon tour au gros soleil, une Musulmane, qui me parait nonagénaire (ses_ tics nerveux provoquent 4 la fois pitié et sourire), met sa main décharnée sous le nez de tout le monde; qu’on lui donne une piéce ou non, mémes mimiques incontrélées, sans ame. J’observe un jeune aveugle déguenillé qui parvient a se frayer un chemin dans un bus bondé et 4 en sortir juste avant le départ, avec un air de chien battu, la main refermée sur quelques misérables piéces de | monnaie. Je me dirige 1a ot je dois prendre le bus. Autour de moi, les crachats tombent dru sur le sol non pavé. Mon bus arrive de la frontiére. Linda en sort, le visage aigri. “On m’a rabrouée” me dit-elle dans sa langue. “On n'a méme pas voulu me parler en anglais. Mazs leurs gestes étaient sans é€quivoque: retourner @ Oujda.” Sa frustration ne fait qu’en- flammer davantage ma détermi- -mation. Aprés tout, jai déja traversé - en 1979 - le mur de Berlin! Je monte, bien décidé, dans le bus qui part vers la seule frontiére redoutable de mon tour du monde. APPEL suivante : La'Fédération des Franico-Colombiens D’OFFRES L’Annuaire des commergants, professionnels et organismes francophones de la Colombie-Britannique est publié depuis 1983 par la Fédération des Franco-Colombiens. L’annuaire rassemble plus de 600 entreprises et services professionnels et est distribué 4 10 000 exemplaires dans toute la province. La Fédération considérera toute soumission d’achat, contrat de service ou autres en vue de la publication de Il'Annuaire 1988. Le soumissionnaire assurera un travail de qualité, et ce, sur tout le territoire de la Colombie-Britannique. Les documents d'information sont disponibles 4 la Fédération et - toute soumission devra étre recue avant le 15 aofit 1987 a l’adresse Marc Roy, Directeur général Fédération des Franco-Colombiens 104-853 rue Richards Vancouver, C.-B. V6B - 3B4 (604) 669-5264 Politique Le Soleil de Colombie, vendredi 10 juillet 1987 - 11 Information Un moudjahidin de passage a Vancouver Par André Lesire De passage a Vancouver et prenant la parole ala mosquée de Richmond, Najibullah, chef du bureau politique d'un des principaux groupes de mujahe- dins d’Afghanistan, a demandé aux musulmans canadiens de devenir politiquement _ plus actifs. «Jl faut, a-t-il déclaré, que les Canadiens musulmans fassent presston sur les polttictens pour que ceux-ci n’oublient jamais le sort de l’Afghanistan sous Voccupation militatre soviétt- que.» Il a également insisté pour que tout soit fait afin que les médias canadiens cessent de crotre @ la propagande sovétique. D’aprés lui, le Globe and~Mail serait le seul journal digne de respect au Canada. Najibullah a également déclaré que l’'unité de la résistance afghane se ferait éventuellement grace a la religion musulmane. «La conscience révolutionnatre tslamique quit balazt l'Iran et le monde arabe fintra par atteindre les républiques musulmanes d’URSS. 1 a affirmé ensuite que les Occidentaux ne semblent pas comprendre que sans l'Islam, la résistance afghane éclaterait en une multitude de factions. C'est grace a la religion musulmane, a-t-il poursuivi, quele moral des combatiants est encore élevé, méme aprés huit années de lutte contre une super putssance comme l’URSS.» Les mujahedins sont préts a- négocier directement avec les Soviétiques mais pas avec «la poignée de collaborateurs qui forme le sot -disant gouverne- ment de Kaboul.» Aprés avoir fait l’éloge des révolutionnaires iraniens, il a admis que pour I'instant, il n’y avait pas de place pour les femmes parmi les dirigeants du mouvement. Parmi les quelques Canadiens non-musulmans pré- sents a cette réunion, certains ne savaient plus sur quel pied danser. Ils étaient venus pour entendre une critique des Russes et du communisme, et voila que l'on faisait devant eux l’éloge de la révolution iranienne. Najibullah a continué de s’étonner du fait que les médias nord-américains semblent se désintéresser de 1’Afghanistan alors méme que la _ lutte s'intensifie. Peut-étre qu'il était devenu trop difficile pour les médias nord-américains de pré- senter les mujahedins d’Iran comme des mauvais et les mujahedins afghans comme des bons. Il semble parfois que quand cela devient trop compliqué, une bonne partie des médias préfére tout simplement passer 4 autre chose. Cest formidable! Visez toujours plus haut! Obtenez une formation de pilote ou de navigateur aérien. Les Forces armées canadiennes vous offrent des possibilités de carriére intéressantes comme pilote ou navigateur aérien. Des postes d‘aspirant-officier sont ouverts a ceux qui possédent les aptitudes spéciales requises pour ces fonctions exigeantes. Dipl6mé d’‘une école secondaire, vous devez avoir terminé un programme d‘études comprenant le frangais ou l'anglais, les mathématiques, les sciences, ainsi que I’histoire ou les sciences sociales ou la géographie. Ceux qui détiennent un dipl6éme d’études collégiales ou universitaires auront accés & une étendue de possibilités. gamme plus Les candidats retenus recevront une formation poussée en aéronautique avancée et se verront offrir une carriére des plus enrichissantes, aux défis nombreux. Les Forces armées canadiennes offrent aux recrues qualifi¢es une rémunération de départ et des avantages sociaux intéressants, ainsi qu’un avenir assuré. 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