4— Le Soleil de Colombie, vendredi 19 juillet 1985 Récit Par Roger Dufrane Tekahionwake, alias Pauline Johnson les a contées, et d'autres encore en anglais. Elle les avait entendues de la bouche méme de Joseph Capi- lano, chef Indien de la Céte nord. Le livre de la poétesse fleure le cédre rouge et I'air marin. Nous évoquerons quatre his- toires au terme de quatre promenades; ce sera’ chaque fois la rose au bout de la branche: Prospect point, Siwash Rock, Point Grey, les allées feuillues de Stanley Park. Tout le monde connatit ce magnifique domaine sylves- tre, par endroits sauvage et naturel, en d'autres sillonné de promenades fréquentées. De loin déja le parc nous fait signe: joie des enfants et des familles, paradés des sportifs, des amoureux et des artistes, telle cette jeune chinoise que’ j'ai surprise un jour a dessiner un cygne de Lost Lagoon. Oui, dela plage de Kitsilano, peuplée de baigneurs et de baigneuses sous le soleil d’été, ou désertée l’hiver sous un ciel assombri, Stanley Park nous fait signe. Au loin, la monta- gne ressemble 4 un sachem assoupi qui attend le réveil de sa race. Pareil 4 un ours, le parc avance une patte velue sur la mer. Qui e¢s-tu, Tekahionwake? Une Indienne de sang mélé née dans l'Ontario, Vancouvéroise d’a- doption. Je dis “Indienne” car telle je me sens. Ma mére était une anglaise de Bristol. Par mon pére, je descends d’une lignée noble déja au temps de Hiawatha, fondateur de la nation Iroquoise. Oh, je sais! Tu aimes mieux les Hurons de. tes livres d'images. Le peuple rival, rallié 4 la fleur de lys de ceux qui ont combattu mes ancétres sous l’habit blanc a parements bleus et boutons dorés et le tricorne noir sur une chevelure poudrée. Mais sache qu'il y a de braves gens partout: peaux rouges, peaux blanches ou noires, SENAT CHAMBRE DES COMMUNES COMITE MIXTE SPECIAL SUR LES RELATIONS EXTERIEURES DU CANADA Pour faire suite au dépét du Livre vert intitulé “Compétitivité et sécurité: Orientations pour les relations extérieures du Canada” par le secrétaire d’Etat aux Affaires extérieures, le Parlement vient de créer un comité mixte spécial chargé d’examiner les relations ip ia SB ey habits : Quatre légendes de Vancouver rouges, habits bleus. Dans notre résidence de la réserve ontariennes, nos ar- moiries iroquoises voisinaient avec les belles reliures: Shake- speare, Byron, Dickens. Poé- tesse, j'ai donné des récitals aux Etats-Unis et en Grande- Bretagne. Je chantais les gloires de mon peuple. Com- Me tu sais, c'est mon ami Joe Capilano qui m’a conté les légendes de mon livre. Redis- en quelques-unes a4 ta facon. Les mots sont les pointes des fléches qui marquent 3’écorce ou le papier des images collec- tives des peuples mélées aux nétres. Mets-y tout ton coeur!.. Voila ce que m’a conseillé la noble Iroquoise. Partons avec Tekahionwake! C’est un guide sir et qui a gardé l’innocence de son peuple. Nous nous ferons pareils 4 elle. Pour nous, non seulement les bétes parleront, mais aussi les ar- bres, les nuages, les dieux et les rochers. Les gratte-ciels de trente étages n’existent plus, ni les claqueurs de portiéres de Prospect Point. Seuls peut-étre quelques édifices de l’universi- té. Il faut quelques points de repére. Et aussi le Pont sus- pendu, qui de loin ressemble a "un pont de lianes, et ouvre sur le domaine des deux Soeurs de. la légende, et les vastes solitu- des du grand nord. A suivre Itinératre Une infirmiére chez les deshérités Par Reine Degarie A l’4ge de 22 ans, Héléne Boissonnault n’était pas en- core sortie du Québec. Elle détenait un dipléme d’in- firmiére et travaillait a ’hépi- tal Saint-Michel Archange de Québec depuis trois ans. Son premier voyage hors de la province, elle l’a effectué en Inde, en 1967, comme coopé- rante. Depuis, elle a oeuvré dans huit pays du tiers monde, en Asie et en Afrique, la plupart du temps dans le cadre de projets de l’'ACDI. Elle reviendra travailler sporadi- quement au Québec et aura occasion de faire un séjour dans le Grand Nord canadien. Choc culturel Sa premiére année outre- mer, Héléne Boissonnault avoue l’avoir vécue en état de choc. Son succés, dit-elle, aura été d’avoir survécu et appris a composer avec des coutumes différentes des nétres. A TVhépital général de Nangal, une petite ville de l’Etat du Pendjab, au nord de I'Inde, son réle a essentielle- ment consisté en enseignement pratique: montrer aux étu- diantes a faire des pansements, soigner des plaies et prendre soin de bébés. Elle a constaté que le systéme d’enseignement médical ressemblait a celui du Québec. “Il était trés bien extérieures du Canada. Dans la premiére phase de son mandat, le Comité doit, d'ici le 23 aot 1985, faire rapport sur: 1) la participation du Canada aux travaux de recherche sur l'Initiative de défense stratégique (I.D.S.); é 2) les changes commerciaux bilatéraux avec les Etats-Unis. Nous croyons que notre tache consiste, en grande partie, a obtenir votre point de vue sur nos relations commerciales avec les Etats-Unis et sur la pertinence d’une participation du Canada aux travaux de | recherche sur l'Initiative de défense stratégique (I.D.S.)._ ia MEMOIRES ; Pour que votre mémoire écrit (qu’il s'agisse d’un document officiel ou d'une lettre) soit étudié, il faut qu'il parvienne au bureau des gref- fiers du Comité au plus tard le vendredi 26 juillet 1985. CALENDRIER DES AUDIENCES PUBLIQUES HALIFAX: le lundi 15 juillet — les éechanges commerciaux bilatéraux le mardi 16 juillet — travaux de recherche sur I.D.S. OTTAWA: le mercredi 17 juillet — les changes commerciaux : bilatéraux le jeudi 18 juillet — avant-midi — les changes commerciaux bilatéraux aprés-midi — travaux de recherche sur I.D.S. le vendredi 19 juillet — travaux de recherche sur I.D.S. MONTREAL: | le lundi 22 juillet — les changes commerciaux bilatéraux le mardi 23 juillet — travaux de recherche sur I.D.S. TORONTO: _ le mercredi 24 juillet — les changes commerciaux bilatéraux le jeudi 25 juillet — travaux de recherche sur I.D.S. le vendredi 26 juillet — avant-midi:non décidé VANCOUVER: le lundi 29 juillet — soir — les échanges commerciaux bilatéraux le mardi 30 juillet — avant-midi — les échanges commerciaux bilatéraux aprés-midi — travaux de recherche sur I.D.S. le mercredi 31 juillet — avant-midi — travaux de recherche sur I.D.S. CALGARY: le jeudi 1¢t aoat avant-midi — les échanges commerciaux bilatéraux aprés-midi — travaux de recherche sur I.D.S. WINNIPEG: le vendredi 2 aoit avant-midi — les échanges commerciaux bilatéraux aprés-midi — travaux de recherche sur I.D.S. RENSEIGNEMENTS Les greffiers du Comité Comité mixte spécial sur les relations extérieures du Canada Edifice du Parlement Ottawa, (Ontario) KIA 0A6 Téléphone: (613) 995-9653 ou (613) 995-9654 Sénateur Jacques Flynn, c.p. Tom Hockin, député eC Coprésidents yy Les aventures de Simplet Simplet raconte: Histoire de Minus (2éme partie) Par Michel Monnet = Résumé du chapitre précédent: Minus pauvre retraité simpliste et innocent est étranglé par la des-indexation Lors Minus n’eut nullement l’idée de demander l'aide du grand architecte, le sachant trop occupé ailleurs avec toutes les trucidations courant le globe. Cependant comme il fréquentait lecturement l’apostéle Paul, grand écrivain, il trouva dans une épftre aux Corinthiens “il faut un minimum de bien-étre pour pratiquer la vertu”. Ayant constaté de visu au vide de ses poches qu'il ne possedait méme pas ce dit minimum il décida ex-abrupto et inextenso de jeter sa casquette par dessus les moulins et des’abandonner a une luxuriante et luxurieuse débauche, autant que son 4ge et son porte-feuille le lui permettaient. Hélas, malgré une si belle excuse qui laissait la responsabilité de tous ses méfaits au des-indexeur, rien ne se passa car les prix s'élevaient comme ballonnets en foire expo, ses chaussures se des-€paissaient par dessous, ses vétements égalaient en trous le meilleur gryére.: : Ils n'ont plus de dents On leur fait manger du pain dur En ce temps-la les autobus augmentérent, les loyers suivirent, le téléphone et I’électricité dépassérent le tout et les pauvres manants 4ges priaient’”... Délivrez-nous du mal.... Bref 4 force de se mal nourrir et par économie de manger ses chiens-chauds froids, Minus fut atteint de quelque mal a nom trés compliqué avec des X, des Z et aussi des Y. Il fut question d’opération et notre héros s’en fut aux portes hospitaliéres allonger la file pour se faire inscrire. Hélas, désagréable contre-temps on fermait des salles, faute de crédit pris par une transporteuse exposition. Quand vint son tour, de remplir un long et interminable formulaire un computeur nikelé lui fit assavoir que son tour opp€rationel ou opératoir surgirait dans deux ans, six mois, trois semaines et cinq jours, ou plus tét si d’autres attendants le précédant décédaient dans I’interval. Rentrez chez vous On vous téléphonera. Minus petit rétraité tranquille et obéissant n’eut pas la patience d’attendre et s’en fut ad pAtres, il trépassa. Aprés tout le gouvernement économisait une pension medicare, et comme il n’appartenait 4 aucun groupe important peu de personnes le surent. Ses enfants eurent du chagrin, pourtant de leur cété ils avaient tous les ennuis adhérents a notre €poque: travail aléatoire, lendemains qui déchantent et salaires arriéres ou tirant de l’arriére. Ses vieux amis eurent de la peine et pendant que des chirurgiens en mal de découpage cherchaient sa cause de mortalité, la pauvre 4me de Minus toute désorientée s’en fut en direction de l’au-dela. Notre pauvre retraite pensait cheminant que le gouvernement devrait établir une loterie pour les patients en attente d’opération, cela leur donnerait de l’espoir et a cing dollars le ticket cela ferait un beau paquet de pesetas, quand soudain il se trouva 4 un embranchement trois routes s'ouvraient. Enger, Purgatoire, Ciel. Honni soit _ Qui mal y vote. Ow ira Minus vous le saurez la semaine prochaine en suivant votre Colombien Soleil. Que la Baraka soit sur vous. structuré, avec de la discipline et une supervision serrée”. Elle a €été parmi les derniéres infirmiéres coopérantes dans ce pays. En effet, 1’Inde comptait déja un nombre suffisant d’infirmiéres et de médecins pour répondre a ses besoins. Ce qui manquait, c’était les moyens, tels des médicaments et des hépitaux adéquats. Son contrat terminé, Héléne obtient un emploi a I’hépital Sainte-Justine de Montréal. Quelques mois plus tard, elle reprend ses valises, cette fois a destination de la Tunisie. Elle est assignée au grand hépital canadien pour enfants de Bab-Saadoun 4 titre d’in- firmiére en pédiatrie et d’en- seignante clinique. En réalité, elle n’a pu remplir que la premiére fonction. “On tra- vaillait littéralement comme des bétes. J’étais trop occupée a sauver des vies pour con- sacrer du temps a l’enseigne- ment. Je devais parfois prend- dre soin de 25 bébés dont certains étaient mourants”’. Modernisme incommode L'infirmiére porte un juge- ment critique sur ce type d’hépital. “On a bati une tour en hauteur et les parents de nos petits patients empruntaient les_escaliers parce quils craignaient les ascenseurs. J'ai aussi noté beaucoup de ressen- timent de la part des méres parce qu’elles ne pouvaient . étre hébergées sur place. J’ai méme vu des péres casser le vitrage de la pouponniére pour aller chercher leur bébé. Excé- dés de ne pouvoir toucher leur enfant, ils le sortaient de Vhépital et allaient le faire _soigner par le grand ma- | rabout”’. Mme Boissonnault raconte une autre anecdote qui illustre bien certaines erreurs com- mises mais qu'on s’efforce dorénavant de ne plus répéter. “Un enfant devait étre placé ‘dans un incubateur qui avait été remisé. Avant de I’utiliser, je l’ai inspecté et ai découvert qu'une souris avait fabriqué un nid pour sa progéniture avec le filtre. Un bon netto- yage aurait pu régler le probléme, maisil n’y avait plus de filtre de rechange. Pour une petite affaire d’environ 10 dollars, j'ai dd mettre au rancart une machine valant plusieurs centaines de dol- lars”. Aprés un séjour d’un an au Canada, Héléne Boissonnault quitte de nouveau, en aoit 1971, cette fois pour le Viét- nam oi elle va prodiguer des soins aux paraplégiques, aux victimes de la guerre et aux lépreux dans un centre de réadaptation a Qui-Nhon. La, l'infirmiére apprend a comp- ter sur l'ingéniosité des mo- yens. Ainsi, a défaut de matériaux cotiteux, des arti- sans, souvent des handicapés formés a ce métier par le centre, sculptent les prothéses dans des piéces de bois léger. Puis, la Croix-Rouge de Nouvelle-Zélande lui propose — un poste au Bangladesh en vue de dispenser des soins aux blessés aprés la guerre civile. Outre son travail régulier, elle s‘occupe d’éducation. Comme les puits avaient été empoison- nés par l’ennemi et que pour faire bouillir l’eau il aurait fallu utiliser du bois - une denrée trés rare dans la région ~ - elle a da dissuader les méres de vouloir employer du lait en poudre dont on leur avait tant vanté les mérites et les encou- rager a allaiter leurs enfants jusqu’a l’4ge le plus avancé possible. A suivre Revue Développement, été 1985