Lorsque ichante la rue Lorsque chante la route, cent refrains aux senteurs passent sur nos lévres, étrennés par les vedettes et repris aussitOt aux qua- tre coins du monde. Vous souvenez-vous du Charles Trenet d’avant quarante 7? Le fou chantant, jeune, pri- mesautier, téte bouclée et grands yeux étonnés, cou- rait les chemins de France et de Navarre. ‘‘Vous étes jolie... Il pleut dans ma chambre...Fleur bleue...’’ mélodies ravissantes et frafches d’un chanteur poéte issu du Midi pour répandre 4 la ronde des refrains d’eau de source. Vers ce temps-1a, aux alen- tours de 1937, émergeait du ruisseau parisien une fau- bourienne noiraude, Ala voix envodtante comme l’ombre sous les ponts. Lamdme Piaf entrait dans la notoriété et prouvait aux riches habitués des boftes a la mode, avec une voix plus ‘‘charnelle’’ que les voix de Mistinguett, Damia ou Fréhel, que si la route chante, la rue aussi sait chanter. L’enfance de Piaf ressem- ble & un roman de Zola. Le Paris qu’elle chante n’ est pas celui des Louvres et des jardins. C’est un Paris de. ‘**prise de la Bastille’’, peuple de marlous et d’ir- réguliéres, traverse par une Seine aux flots noirs, ot les miséreux parfois trouvent l’ultime refuge. Et comme Piaf atrempe dans le cloaque de Paname, sa voix, malgreé sa fermeté, sa chanson, mal- gré son entrain, sonnent tou- jours 4 travers un sanglot. Déchirements du coeur, des | entrailles si on ose dire, de blé mr ou d’aubépine | et qui atteignent leur paro- xysme dans ‘‘L’accordéo- niste’’ avec un ‘‘arrétez la musique !’’ qu’aucune chan- | teuse des rues ne pourra plus calquer. Edith Piaf naquit sur le | trottoir, d’une mére fille de | cirque et d’un pére acroba- | s’avanga pour embrasser | Edith. te. Ses parents n’étaient pas mariés. Un jour que la ga- mine voyageait en province avec son pére, une femme **Je ne vous connais pas !’’ dit l’enfant. ‘‘Vas-y, langa son pére. Celle-1a, tu peux l’embrasser ; c’est ta vraie mére !’’ Un jour d’octobre gris, en 1935, Piaf chantait dans la rue, aux abords de 1’Etoile. Louis Leplée, directeur d’ une bofte de nuit, s’approcha d’elle et lui offrit de l’enga- ger. De la rue 4 lascéne ! | BORA R VAT ‘hes’ , Kp | trouvé assassiné. elle trahi, en quittant la rue | pour la scéne, la loi secréte | Cette rencontre marqua le commencement du succés | pour la chanteuse. Quelque temps plus tard, Leplée fut Piaf a-t- et impitoyable du ‘‘milieu’? En tout cas, elle ne renia jamais ses origines. En 1958, Edith Piaf a pu- blié ses souvenirs. ‘‘Au bal de la chance’’ la montre sans tact parfois, religieuse A la | superstition, candide en des | actes peu exemplaires, gé- néreuse aux malchanceux qui la sollicitent. Sa fierté se ;teinte d’humilité. Elle re- | connaft ce qu’elle doit A des | artistes mieux formées, A | une Marie Dubas, par exem- |ple. A New-York, elle s’in- quiéte de plaire aux vedet- tes Joan Crawford, Bing Crosby, Gary Cooper, Mar- lene Dietrich, Cary Grant. Charlie Chaplin l’invite 4 Whi py CEA ~~? " ( ws" TRO a8 | .Piaf, et que ses écarts par- | teuse populaire. | marins, légionnaires, bo- sa résidence de Beverly- Hill. Il lui avoue avoir pleu- ré 4 ses chansons et impro- vise un air de violon pour! elle. A les comparer aux mé- moires de sa demi-soeur, Simone Berteaut, parus ré- cemment et €mouvants mal- gré un style débraillé plu- tot dicté qu’écrit, je soup- gonne Edith Piaf d’avoir fait corriger et émonder ses souvenirs. C’est bien. Ell dit l’essentiel, et avec plus de retenue que sa soeur qui vitupére contre les ri- ches et ‘‘déballe trop de linge sale’’. Ausurplus, nous devinions que.l’amour sen- suel tint une place primor- diale dans la vie d’Edith ticipent de son génie de chan- Si Piaf n’avait toute sa vie fréquenté xeurs et artistes de music- hall, sa voix eft-elle rendu ce timbre si prés des sens, si ‘‘électrisant’’ et aurait- elle interprété avec tant de réalisme ‘‘Je t’ai dans la peau’’ ou bien ‘‘Milord’’? La voix saisissante d’Edith Piaf nous rappelle que les filles des, rues ressentent aussi les plaisirs et les pei- nes de la vie, qu’elles rient et pleurent comme nous. Jean Cocteau, dans la pré- face aux souvenirs d’Edith Piaf, a montré magistrale- ment l’originalité du génie de la chanteuse. Piaf, dit-il en. substance, se dépasse et nous dépasse ; et les on- des de sa voix, venues de son corps entier, grandissent comme une ombre immense qui enveloppe le public. A la plage ‘par Jennifer Lutham. A LA PLAGE. Jours dorés, brume d’azur, Mer pailletée, débris de rochers. Chaleur bienfaisante, Envahissante, Supréme. Les corps s’y pament, Extase sublime. Soleil, je t’aime ! Ici et 14, bouteilles brisées, Whisky et biére, restes de soirées, Pelures et papiers, Faut pas s’en faire, Chacun Sa vie. Faut pas empécher Les gens De s’y promener Nus comme des vers. Jennifer Lulham LAIL est bon ANTE DEMANDEZ A VOTRE DOCTEUR OU PHARMACIEN L’ail est un antiseptique qui purifie les canaux san- guins et élimine les micro- bes qui causent la putré- faction. Les perles d’ail ADAMS contiennent 1|’huile d’ail uti- lisée én médecine depuis de nombreuses années. Au cours des siécles, des millions de personnes ont trouvé dans 1’ail un reméde aux propriétés cicatrisantes et fortifiantes. Conservez vous aussiforce et santé ! Achetez dés au- jourd’hui une bofte de per- les d’ail ADAMS chez votre pharmacien. Vous pouvez vous sentir mieux portant, plus robuste, et faire face 4 des rhumes moins fréquents, grace A ces capsules sans godt ni odeur. 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