° a 20 Le Soleil de Colombie, vendredi 5 janvier 1979 TOUT-AM-KHAMON et son temps par Alexandre SPAGNOLO Président du Cercle Francais de Coquitlam Le régne du Pharaon Ho- remheb fut une série de brutalités, de déprédations des monuments et temples du culte d’Aton, de pilla- ges de tombes sacrées, etc., tout cela 4 Akhetaten. Le sable du désert, lente- ment, lentement, recouvrit la poétique capitale d’un réve mystique, de son man- teau d’or, oubliée par les hommes des générations a venir, jusqu’a ce que les - pelles des archéologues mo- dernes I’ont faite revivre. Vers la fin de sa vie, Horemheb régla ses comp- tes... avec les dieux. Depuis longtemps, homme prévo- yant, il avait fait préparer et construire plusieurs tom- beaux, un 4 Memphis, ov il pourrait entrer dans le pa- radis de Ptah, un autre dans la Vallée des Rois, un troi- siéme, dit-on, a Akhetaten... afin de bénéficier des rayons solaires. L'effigie de la téte d’Ho- remheb en granite noir qui se trouve au Musée du Caire, inspire, parait-il, le respect avec son nez fin et droit, les yeux réveurs, un menton autoritaire, en som- me un pharaon des grandes périodes de l'histoire de la Terre des Rharaons. ~ L’écrivain et la journaliste francaise Geneviéve Tabouis s‘inscrit en faux au sujet de Vassertion de certains histo- riens voulant qu’Horemheb fut l’ennemi juré de Tout- Am-Khamon. Ses propres recherches et informations lui permettent d’affirmer qu'il fut énergique et sage, méme un vrai homme d'Etat. Pour Horemheb, . Tout- Am-Khamon n’était rien moins qu'un homme faible et de santé précaire, donc il se devait, lui, de conduire les affaires de Empire, afin de maintenir sa grandeur et contrer les révoltes possi- bles des peuples asiatiques pour se libérer de l’emprise de l'Egypte. La destinée, en tout cas, se venge, le nom de Horem- heb est connu des histo- riens mais celui de Tout- Am-Khamon triomphe glo- tieusement et pour toujours, grace a l’admiration du mon- de entier. CONCLUSION En guise de conclusion, nous livrons aux lecteurs un Tout-Am-Khamon et son épouse {Environ 1350 avant J.C.] résumé chronologique des -événements entourant le reé- gene de Tout-Am-Khamon, auquel nous nous sommes intéressés ici: — Le régne d’Aménophis III a eu peu d’événements sail- lants, a part une certaine haine envers les Grands- Prétres d’Amon qui avaient blamé son mariage avec une roturiére et avaient désiré Thotmés, son fils d’un pre- mier lit, comme son succes- seur, non son autre fils Amé- nophis IV. — Le régne d’Aménophis IV fut plein d’événements dont sa révolution religieuse, ap- pelée par certains histo- riens, hérétique: elle consis- ta a substituer le culte du dieu Amon de Thebes par celui de Aton dans sa nouvel- le capitale de Akhetaton; nouveau culte qui unifierait _ les divers peuples ou peu- plades de son vaste empire. Un vaste projet bien réa- lisé, celui de l’édification d'une nouvelle capitale plon geant dans l’ombre la fiére Thébes aux Cent Portes et de réussir a transférer sz Cour, ses nobles et une grande partie de la popula tion. Le changement de sor Régionalisme archaique On entend parfois au Qué- bec, l’expression: Cela fait une secousse, pour dire: Cela fait un bon bout de temps. Cette expression est inté- ressante, si toutefois elle n’est pas admise dans le francais moderne courant. Je me demandais depuis longtemps d’ou pouvait ve- nir cette fagon d’exprimer une période, et finalement jai es que l’on dit ss dans le sens de aust dans certaines provinces de France. En Anjou, par exemple. . Nous sommes donc en pré- sence d’un régionalisme ar- chaique. Mais qui est tou- tefois explicable. L’expres- sion est venue au Canada, avec les pionniers. Elle y est restée, et elle est bien encore vivante en Abitibi, par exemple, ow les gens Vemploient fréquemment. Encore un mystére de la langue qui est éclairci. Louis-Paul Bé espace de temps, *********Ee’Mot'du Jour ~ nom de Aménophis en Akhe- naton fut un fait notoire. — Le régne de Tout-Am- Khamon fut bref, une dizai- ne d’années. Celui-ci pour aceéder au tréne dut épou- ser sa demi-soeur, Ankhe- senpaaten. Né a Akhetaten, il eut des difficultés 4 se maintenir dans cette capitale fondée par son peére. Objet de basses intrigues, il fut contraint de se rendre a Thébes, obligé de se soumet- tre aux exigences des Grands-Prétres vindicatifs, comme de se convertir au culte d’Amon, renié jadis par son pére et d’adopter le nom de Tout-Am-Khamon, que Vhistoire a retenu. De santé précaire, il se laissa gouverner par les deux ambitieux: Ay, le grand Vizir et le Général Horemheb. — Le régne du Vizir Ay, devenu Pharaon a la suite de son union avec la jeune veuve de Tout-Am-Khamon, contrainte a subir cette union, ne trouvant pas “Chaussure royale a son pied’, ce régne, disions- nous, fut également de cour- te durée, sans faits sail- lants. — Enfin le triomphe long- temps attendu des visées du Général Horemheb, devenir Pharaon; pour cela il n’eut qu’a épouser Nezemmut, la soeur de la Reine Nefertiti. Il exécuta sa promesse de raser la capitale fondée par “ Aménophis IV, qui n’eut qu'une existence relative- ment éphémére — une quin- zaine d’années — ainsi qu’anéantir la croyance reli- gieuse du culte au dieu Aton. Son travail fut accompli avec zele au grand dam des générations futures... — Que devint la jeune veuve de Tout-Am-Khamon et du vieux Ay? Personne n’a en- core de réponse valable.. ** KKK La gloire que nous assi- nons au Pharaon Tout-Am- hamon est due beaucoup plus a la beauté et finesse des objets d’art trouvés dans son tombeau, vifs témoigna- ges d'une civilisation raffi- née, qu’al’importance de son régne si bref dans le cadre de l'histoire de son Empire. Les neuf ou dix années de son régne — douze, suivant certains historiens — fini- rent par le crépuscule de la XVIIle dynastie. * KOK KK Pour les amateurs d’his- toire, nous signalons les ouvrages suivants: ‘The Tomb of Tut-Ankhamen” de H. Carter et A.C. Mace (Londres 1923). ——— “Cor- tespondance Asiatique d’Amenophis III et IV” par A.J. Delattre. “Le Livre des Rois d’Egypte” de H. Gauthier (Le Caire 1907- 1918). ——— L’édition en langue anglaise de l’ouvrage de Geneviéve Tabouis “The Private Life of Tutankha- men” Editions George Rout- ledge & Sons Limited (Lon- dres). ——— De Jean-Fran- cois Champollion ‘Monu- ments de l’Egypte et de la Nubie” (Paris 1836-1872).— De Sir W.M. Flinders*Pe- trie “A History of Egypt” six volumes, Londres 1894-1905. — et celui de “Tell-Al-Amar- na’, Londres 18894, ——— De A.E.P. Weigall ‘The Glory of the Pharaohs” et “The Life and Times of Akhenaton” Edingburgh - London 1910, et tant gi au- tres historiens. FIN DE L’EXPOSITION TOUT-AM-KHAMON A SEATTLE L’exposition au Musée de Seattle (Etat de Washing- ton) a pris fin le 15 novem- bre 1978. Le 23 octobre, on en- registrait déja le millioniéme visiteur, qui recut a titre de souvenir, la reproduction d'un bas-relief plaqué or d'une valeur de $400. Cette exposition a été itinérante 4 travers les plus grandes villes des Etats- Unis d’Amérique. LES MOTIFS POUR L'EMBAUMEMENT ET LA MOMIFICATION DES PHARAONS. LES PROCEDES DE L’EPOQUE. Il est intéressant de por- ter a l’attention des lecteurs les motifs qui incitaient les anciens Egyptiens a procé- der a la momification des pharaons et des nobles. Nous avons relevé au Mu- sée du Centenaire du Pla- netarium McMillan, a Van- couver, devant une vitrine contenant le corps momifié d'un jeune enfant, supposé agé de dix ans environ, une plaquette qui porte a la connaissance des visiteurs que les Egyptiens de |’épo- que des Pharaons ne cro- yaient pas que la mort phy- sique était. finale. Sile corps était détruit, réduit en squelette, si les of- frandes en _ nourriture étaient négligées, l’ime du défunt serait également dé- ‘otruite, done pas. a immorta- , , lité possible. Lisez les écrivains francophones Henry De Montherlant Tl fut le plus grand écri- vain francais de son temps. Issu d’une famille aristo- cratique, né a Paris en 1896, il fit une partie de ses étu- des, et c’est 1a qu’eut lieu I’éclosion de sa personnalité, au Collége Ste. Croix de Neuilly d’out il se fit ren- voyer. En 1916, classé auxiliaire, il exigea le service armé dans l’infanterie et termina la guerre blessé de sept éclats d’obus dont plusieurs ne purent 6étre retirés. I retrouva sa forme en s’adon- nant au sport: football, ath- létisme. I] courait le 100m en *11 sec. 4 5. Ensuite, il voyagea. En 1940, réformé, il retourna au front comme correspondant de guerre et fut encore blessé. Aprés 1942, c’est au théatre qu’il donna, avec grand succés, le meilleur de son oeuvre avec La Reine morte, Le Maitre de Santia- go, Port-Royal, Le Cardinal d’Espagne, etc. Il entra a VAcadémie francaise en 1960. Comme Hemingway, Mon- therlant refusa le “naufrage” de la vieillesse et, en 1972, mit fin volontairement a ses jours. Personnalité provocante - il fut traité de poseur, de charlatan - Montherlant, comme ses personnages, est plein de contradictions, d’“alternances” (par exem- ple, tant6t chrétien, tantét paien). Ses oeuvres tumul- _Ce soir froid de février 1924, sur les sept heures, un homme paraissant la soixantaine bien sonnée, avec une barbe inculte et d’un gris douteux, était planté sur une patte devant une boutique de la rue de la Glaciére (...] et lisait le journal a la lumiére de la devanture, en s'aidant d’une grande loupe rectangulaire de phila- téliste. Il était vétu d’une houppelande noire usagée, qui lui descendait jusqu’a mi-jambes, [...]. Sa casquette était démodée de trente ans; sa houppelande était retenue, au col, par deux épingles de nourrice accrochées l'une a l’autre et formant chainette; [...] son pantalon flottant descendait bien de quinze centi- métres plus bas que ce que les tailleurs appel- lent “la fourche”; le lacet d’une de ses bottines [des bottines énormes] était un bout de ficelle qu’on avait eu intention de peindre en noir avec de I’encre. ; (Les Célibataires) et son égale. © -Paris (1924). tueuses exaltent l’action au sein d’un monde purement viril. La “béte féminine” y est reléguée a l’échelon infé- rieur. I] la compare a une “lépreuse” dans son grand ouvrage Les Jeunes Filles (4 volumes) qui ne cesse de scandaliser bien des lecteurs en dépit des trés hautes qualites du style et de l’ana- lyse psychologique. I] faut comprendre que l’auteur s’attague au mythe de la Femme-objet et esclave, ap- pelant le régne de la vraie Femme, digne de Lome PARMI SES MEILLEU- RES OEUVRES: Les Olym- piques, parues avec grand” succés l’année des Jeux de Hymne au Sport, hymne au Corps. Les Bestiaires, hymne ala tauromachie. Montherlant - toréa en Espagne des l’age de quinze ans, apprécié par des matadors célébres, jus- qu’en 1925 ob il fut grié- vement blessé. La Petite Infante de Castille, spirituelle anecdote amou- reuse; réflexions sur le désir et le bonheur. LISEZ POUR COMMEN- CER: Les Célibataires, his- toire et surtout portrait de deux nobliaux ruinés, tour a tour extravagants et atten- drissants, vieillissant (mal) dans la médiocrité. : EDITEUR: Livre de Poche Folio. Les Egyptiens se basaient sur le fait, suivant leur conception, que deux élé- ments spirituels, le “KA” et , le “BA” demeuraient dans le, 4 Peauntianieiy Wiv corps “du défunt en “dépit de la mort. Eléments de valeur majeure, il fallait les entre- tenir, d’ot les diverses nour- ritures mises dans les tom- A SUIVRE Hecihsit wig he ee ba 4 aside al