16, Le Soleil de Colombie, 13 Septembre 1974 iv. 1974: Année mondiale _de la population Croissance sauvage ou croissance reflechie? par Alfred Sauvy, professeur au College de France. L’entrée du monde dans la ques- tion de sa survie ne date vraiment que de la découverte de la lune (‘une seule terre’) et s'est faite avec plus de bruit que de ré- flexion. Le fameux rapport au “‘Club de Rome”’ a cherché a émouvoir et terroriser, et y est parvenu pendant quelques semaines, mais il a introduit ou accentué des confusions qu’il sera difficile de dissiper et qui, en tout état de cause, retarderont la solution. Trois menaces fondamentales En présentant de la fagon la plus simple possible, disons qu’il y a trois dangers fondamentaux dans le monde: — le risque de manque d’alimen- tation; sous |'effet d’une crois- sance trop rapide du nombre des hommes; — le risque d'épuisement des res- sources naturelles du globe (minerais, minéraux divers, éner- gie), sous l’effet de la croissance exponentielle de leur consomma- tion; — la dégradation de la nature par les déjections menacant, notam- ment, l'eau des océans, |’atmos- phere, les climats. Ces trois menaces-sont déja si différentes par leur nature, par leur localisation, par leur origine, par les remédes possibles, que la seule idée de les réunir en un modéle unique est déja un con- Agence canadienne de développement international La “population mondiale”’ Sur cette question, cependant bien explorée, trois illusions essentielles sont a dénoncer. — Le concept simpliste de la “population mondiale’. Les 4 milliards d’hommes ne sont pas admis a une gigantesque cantine mondiale ot quelque dictateur cuisinier distribuerait a chacun sa ration, avec une grande cuil- ler. ll y a 140 nations souveraines ayant des problémes trés divers. Parler de“‘population mondiale’, c’est grandement surestimer la solidarité entre les nations. Si souhaitable qu’elle soit, elle ne va pas loin et a plutot tendance a diminuer, au-dela des déclara- tions verbales. Nous sommes trés loin du temps ou un gouverne- ment décidera de priver ses citoyens de nourriture pour adresser le gain a un autre pays, ou bien acceptera d’ouvrir ses portes a des millions d'émigrants, privés de ressources. Il y a, en fait, une grande inégalité, méme entre pays pauvres. || existe des points chauds, des régions menacées de famine, mais i/ n'y a pas de probléme de la popula- tion mondiale. — Surestimation des possibitités techniques d’introduire le plan familial dans les populations pau- vres et sans culture. Depuis 25 ans, I'Inde est un gigantesque laboratoire d’expériences. Des ils venaient de partout:—— d Haiti Haiti occupe la partie occiden- tale de l’ile de Haiti (ou Hispa- niola) dans les Grandes Antilles, entre |’Atlantique et la mer des Caraibes. Le territoire est essen- tiellement _montagneux, avec deux (2) chaines principales, la Cordillére centrale et la Cordil- lere méridionale. Le climat est tropical, temperé cependant par linfluence de |’Atlantique et par l'altitude dans les regions mon- tagneuses. La pluviosité est as- sez abondante, surtout sur les -versants nord et sur les reliefs. La efforts considérables ont été faits par des moyens divers, allant jus- qu’a la stérilisation massive des hommes, dans une atmosphere de festival (Kérala, Gujarat), sans grands résultats jusqu’ici. Les propagandistes et |’opinion ont surestimé l'efficacité des actions proprement médico-sociales, alors que /a solution est dans l’affranchissement de la femme et sa culture, au sens le plus large du mot. Ignorance des structures démo- graphiques et de /eurs inerties. Dans les hypothéses les plus favorables, une population ne peut pas s’arréter brusquement, pas plus qu’un véhicule lourd. Un arrét brusque, dans une popula- superficie du pays est de 27,750 km c. Haiti compte 4,577,000 habi- tants (1967). La population est constituée pour 90% de noirs, pour 5% de mulatres; la colonie blanche est trés restreinte et sur- tout d'origine francaise. La lan- -gue Officielle est le frangais; lidiome parlé par la grande ma- jorité des habitants est un fran- gais profondément altéré par des tournures locales. La religion ca- tholique prédomine. Dans |’inté- rieur.des terres, le culte vaudou tion jeune, s'il était possible, entrainerait une série de pertur- bations trés graves dans la répar- tition par ages, durant deux ou trois siécles. Il faut admettre que les populations des pays peu développés vont au moins tripler avant d’atteindre |’état station- naire. Seulement, nous cherchons avant tout a soulager notre cons- cience et a nous débarrasser d’une question génante. C’est une bonne méthode individuelle, mais déplorable en termes de col- lectivité. L’épuisement des ressources naturelles - portations. Vient ensuite le sisal. ~ représentent que 4% du P.N.B. est trés répandu. La capitale est Port-au-Prince (250,000 h.) et les villes principales sont Cap: Hai-. tien et Gonaives. - L’agriculture occupe presque 70% de la population et contribue dans la méme proportion a la formation du revenu national. Le principal produit agricole est le café qui constitue 70% des ex- Le tourisme est une source de re; venus qui acquiert une impor- tance croissante. Les avis émis sur ce point sont d'une déconcertante naiveté. Les réserves reconnues ne consti- tuent pas une donnée physique, mais sociologique: c’est |’horizon de prévoyance de l'homme, ~ lequel est resté a peu prés le méme a travers les générations. Si l'on compte en ressources naturelles existantes, il ne s’agit — plus de dizaines d’années, mais de millions. Le seul fait d’envisa- ger l’exploitation de minerais un peu moins riches accroit de fagon considérable les réserves. Nous , sommes évidemment ramenés a “4 une question de prix. Or, les minerais et minéraux ne d'un pays développé. Par suite, un doublement de leur prix, qui -tresens, au départ. Statistique g ae Canada Emploi, gains et durée du travail Les gains hebdomadaires moyens dans Vindustrie canadienne s’élevaient 4 $177.28 en juin, soit une augmentation de 10.3% par rapport 4 l’année précé- dente ot ils avaient atteint $160.74. Les estimations préliminaires _ indi- quent que, par division d’activité, la construction et les travaux publics ont enregistré les gains hebdomadaires moyens les plus élevés ($250.38). Ve- naient ensuite l’extraction miniére ($232.69), Vexploitation _forestiére ($204.79), les transports, communica- tions et autres services publics ($201.34), l'industrie manufacturiére ($184.05), les finances, assurances et affaires immobili- éres ($174.23), le commerce ($142.84) et les services ($124.04). En juin, les gains hebdomadaires moyens les plus élevés ont été enregistrés en Colombie-Britannique ($198.72), sui- vie de l’Ontario ($181.41), de l’Alberta ($179.40), du Québec ($170.99), de Terre-Neuve ($169.21), du Manitoba ($162.10), de la Saskatchewan ($159.29), du Nouveau-Brunswick ($152.64), de la Nouvelle-Ecosse ($151.61), et de I’lle-du- Prince-Edouard ($126.72). Les gains horaires ont atteint en moy- enne $6.26 dans la construction et les travaux publics, $5.48 dans l’extraction miniére et $4.34 dans l’industrie manu- facturiére. Pour plus de renseignements, commander la série de juin 1974-de Emploi, gains et durée du travail (72-002, 55c./$5.50), ou s‘adresser a M. R. Quellette (613-992-5613), Division du tra- vail, Statistique Canada, Ottawa KIA 0V2. Prestations servies par la Commission Millions | d’assurance-chémage de dollars 300 Entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur 250] !’assurance-chomage Ny 200 Juillet H 150 7 ' \ 100 1 1 ' 50 0 1970 1971 1972 1973 1974 Source: Rapport statistique sur |’application de la Loi sur l’assurance-chémage (73-001) Permis de batir En mai, les permis de batir émis au Canada ont atteint un record de $1.15 milliards, soit une augmentation de 30.5 % par rapport au chiffre de $883.5 millions enregistré en mai 1973. Des totaux plus élevés ont été enregistrés au cours du mois observé pour les permis de construction domiciliaire, qui ont atteint le chiffre de $569.0 millions (contre $528.1 millions l’année précédente), les permis de construction industrielle ($288.8 millions contre $73.1 en 1973) et les permis de construction commerciale ($215.7 millions contre $185.4 millions en 1973). La valeur des permis émis pour la construction institutionnelle et gouver- nementale est tombée de $96.9 millions 4 $79.0 millions. Permis de batir émis en mai (par province): @ Ontario: $483.7 millions (contre $399.4 millions en mai 1973), Québec: $290.6 millions (contre 153.8 millions), Colombie-Britannique: $132.9 millions (contre $113.5 . millions), Alberta: $128.8 millions (contre $93.1 millions), Manitoba: $32.9 millions (contre $26.5 millions), Nouvelle-Ecosse: $28.7 mil- lions (contre $13.7 millions), Saskatch- ewalt: $23.9 millions (contre $24.3._ millions), Terre-Neuve: $14.9 millions - (contre $34.7 millions), Nouveau- Brunswick: $13.3 millions (contre $18.9 millions), et — fle-du-Prince- Edouard: $524,000 (contre $3.6 mil- lions). Pour plus de renseignements, commander le numéro de mai 1974 de Permis de batir (64-001, 55c./$5.50). augmenterait de fagon énorme les réserves rentables, ne rédui-. rait le niveau de vie que de 4%, soit le gain annuel. En outre, le progrés technique et les récupe- ~ rations réduiraient encore ce _ Chiffre. ~ Ceci ne signifie pas qu'une crois- sance exponentielle ne trouve, un jour, ses limites, mais celles-ci sont plus éloignées qu’on ne l|’a dit. Le probleme de |’énergie a été étudié a diverses reprises, ce qui . accentue encore la légéreté des pays riches et particulierement | . de l'Europe, qui se sont mis un noeud coulant autour du cou, en asseyant toute leur économie — agriculture, transports, industrie et commerce, chauffage — sur un seul produit venant de régions troublées. Les réserves possibles d’énergie sont, sans doute, plus élevées qu’elles n'ont jamais été, et de loin, mais, ici encore, la méme observation doit étre faite sur la force d’une exponentielle. Les dégradations A SUIVRE > ABONNEZ-VOUS AU “SOLEIL” $7.00 par an é \