; Le Soleil de Colombe, vendredi 20 novembre 1987 - 11 VOYAGES Récit d'un tour du monde J.-C. dans le métro Par Jean-Claude Boyer Paris, de la fin aoat a la mi-novembre 1984. Chaque fois que je prends le“métro, je fais malgré moi la chasse 4 l’insolite, au loufoque, a l’extraordinaire, et chaque fois j’en sors la besace bien garnie. Les foules circulent, ‘pressées, dans toutes les direc- tions alors que des «artistes» postés ici et 14 dans les longs corridors s’évertuent a secouer, par leurs talents, l’indifférence apparente ou réelle des passants. Stations Abbesses, Filles du Calvaire, Picpus, Porte. de St-Cloud, Charonne, Dugom- mier, Pére Lachaise, c’est partout un spectacle quotidien a la fois semblable et nouveau. Voici un relevé péle-méle de quelques souvenirs griffonnés au jour le jour. Dans un méme wagon, j'observe une grande coquette tirée 4 quatre €pingles, ‘le dernier des clochards et un ouvrier désabusé (métro-boulot- dodo). Station Réaumur-Sébas- topol : des marionnettes dansent sur de la musique légére; ailleurs, un violoniste arrache des «sanglots longs» a son petit instrument. De grands Africains jouent du tam-tam dans les couloirs de la station Montpar- nasse-Bienvenue puis dans le wagon qui m’emporte avec eux. Rambuteau : un punk se défoule atue-téte, accroché a une guitare pour le moins indigne de Ségovia. Je descends a la station Sévres- Babylone suivi d’un énerguméne qui trimbale un transistor-valise capable de rendre l’ouie 4 un sourd. Sur le quai, je jette un coup d’oeil furtif 4 un adolescent a la téte rasée et au visage recouvert d'un mince voile de longs cheveux verts. Station Pigalle : un couple s’engueule alors que des amouréux se bécotent. A une heure de pointe, je me retrouve pris en sandwich entre trois Parisiens cravatés dont le francais est si chatié que dans le métro de Montréal ces beaux parleurs, pour ne pas dire ces «maudits Francais», passeraient sans doute pour les plus snobs des .EN 2. MOTS.... _ Nouveau directeur a la Caisse Laurier La Caisse populaire Ste-Anne- Laurier d'Ottawa compte un nou- veau directcur en la personne de Roger Frenette depuis 1'été. La majorité des gens impliqués dans le mouvement des caisses connait fort bien M. Frenette. Il posséde une excellente réputation ayant été directeur de la Caisse populaire Welland durant treize ans. Il a ensuite occupé le poste de directeur général de la Fédération des caisses populaires de l'Ontario durant sept ans. Nouvel édifice Les Louisianais sont trés fiers du nouvel édifice de trois étages de 10.5$ millions qui abrite désor- mais les archives de cet état amé- Ticain en banlieue de Baton Rouge, lacapitale. § Donald-J. Lemi- eux est le directeur des Archives. Une entente devrait étre signée bient6t avec les Archives natio- nales du Québec pour permettre aux Cajuns de créer une collection spéciale montrant leurs -racines snobs. Dans un autre wagon bondé, petite commotion : une dame est sur le point de s‘évanouir; un Parisien lui offre son siége avec une ostentation affectée. Parfois, les derniers a monter attrapent le haut des portes et s’arc-boutent pour entrer en pressant la foule des autres sans ménagements. Au cours d’un long trajet, un excellent chanteur interpréte des oeuvres de Moustaki - dont Mon. vieux Joseph; sa voix douce et les accords de sa guitare s’harmoni-* sent parfaitement. Station Bonne Nouvelle : l’archet d’un violo- neux saute et sursaute dans des déferlements de joie de vivre. Il n’est pas rare qu'un fantaisiste Voici la piéce de 100 $ fasse son petit numéro, une quéte rapide, et hop! dans un autre wagon. Station Stalingrad : deux fillettes se tiennent par la main, l’'air apeuré, comme a l'approche d’un monstre. A La Fourche, des inspecteurs confondent des frau- deurs sous les regards scandalisés d'une petite confrérie de vieilles dames. La liste de mes observations pourrait s’éterniser. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil homme est toujours semblable a lui-méme, partagé entre le ridicule, sa grandeur et ses miséres. En attendant l’arrivée du métro dans une station «début du- siécle», je me rappelle un petit fait qui m’est resté dans la mémoire aussi vivant qu'un personnage de Moliére. Un matin de printemps de 1979, alors que je venais d’apercevoir une souris se glisser le long d’une voie ferrée, je dis tout bonnement a la Parisienne debout a mes cétés : «Madame, vous avez vu la petite Sourts?» J’allais ajouter d'un air enjoué : «Ce n'est pas dans le métro de Montréal qu’on verrait ¢a'» lorsque je l’entendis répon- dre, d'un ton cassant : «Ecoutez, monsteur, ces petites bétes-la, ¢a ne fait de mal a personnes Je gratifiai cette «