ne ener ee 6 Le Soleil de Colombie, vendredi 19 décembre 1980 - Carnet d'un voyageur Roger DUFRANE| Le soir, je vais flaner au Parc de Tenreucken, a Au- derghem. Les canards, les petits ponts, les eaux paisi- bles et les verdures me rappellent Lost Lagoon. Des gamins contrélent 4 distance des voiliers en miniature. Oasis paisible d’amoureux, d’enfants, de retraités qui proménent leurs caniches, alors que la-bas, sur le Boulevard du Souverain, les autos fuient derriére les rideaux d’arbres. Je rentre a notre logis entre les haies des villas endormies d’ou perce, ici et lA un jappement de roquet ou un rire de gosse. Samedi, 9 aoat Je descends en ville. Bruxelles est belle et pim- pante, toute chargée qu'elle soit de quinze cents ans @histoire. Toute cité fait perpétuellement peau neu- ve. Cette beauté de Bruxel- les, dosée de choses ancien- nes et de choses modernes, je ne la dirais pas sans taches, . toute ville ales siennes. Mais Bruxelles se distingue par un caractére a la fois complexe et charmant de ville-ville, hautement civilisée, patinée sans usure par les siécles, alors que Vancouver, civili- sée beaucoup plus tard, de- — meure encore, malgré ses facilités toutes modernes, une ville-village. Sous le visage actuel de Bruxelles se cachent les trésors irrempla- cables du passé. Que de richesses enfouies dans les arriéres-boutiques, et par- fois dans les combles des maisons bourgeoises: argen- teries, dinanderies, vieilles estampes, bouquins revétus de basane ou de soie, authen- tiques dentelles et porcelai- nes! Vers midi, je vais me restaurer chez Léon, Rue des Bouchers, ot je retourne toujours, maison honnéte et combien succulente de la gastronomie bruxelloise. Florissait dans cette ruelle, au Moyen Age, un marché ot les bouchers et charcutiers de la ville venaient se pour- voir. Dela la tradition des bons restaurants qui s'y maintiennent. Domaine tor- tueux de la bonne man- geaille! Léon, dans les années 30, avait ouvert ici une friture. I] est mort récemment. Mais son restau- rant, ot se servent des repas d’excellente cuisine, fleurit plus que jamais, comme fleurissent les géraniums de la fenétre d’ot, attablé, jobserve l'invasion des. iou-’ ristes renseignés par leurs agences. Ils déboulent du coin de la rue. Les tétes bonasses des Allemands prospéres rivalisent avec les faces rougeaudes, tannées par le soleil des Américains. Des Japonais en veston noir, la camera en bandouliére, cdotoient des Hindoues en sari. C’est l’heure ot la rue des bouchers abandonne son aspect provincial pour se muer en soukh marocain. En face, ma vue donne sur un décor de facades 8 pi- gnons. En bas, les passants s’arrétent, déchiffrent les menus affichés aux vitrines, entrent ici et la. Et tout cela parmi les camionnettes qui déversent leurs victuailles. Autour de moi, circulant dans le couloir central au long des tables nappées de blanc, lesgar¢onss'interpel- lent comme des marins a l'appareillage d’un navire. En route pour le pays de ‘Cocagne! Les ordres pleu- vent du maftre d’hétel aux ’ garcons, de ceux-ci aux jeu- nes commis qui dévalent quatre a quatre l’escalier vers l’antre des cuisines, d’ou ils raménent en acrobates les plats chauds aux délicieux fumets. L’aprés-midi, nous nous rendons en famille 4 Notre- Dame-aux-Bois, a travers la Forét de Soignes. A l’ombre d'une église baroque plantée en lisiére de la forét, nous dégustons une kriek bien frafche, de houblon ou de malt, je ne sais, brassée avec Je jus fermenté des cerises du pays. Dimanche, 10 aofit De beaux ustensiles an- ciens sont enfouis chez les antiquaires, les brocanteurs, et méme au Vieux Marché, ou parmi un bric-a-brac sans valeur, l’amateur saura déni- cher la balance Roberval aux plateaux de cuivre, une édi- tion originale recouverte de basane des oeuvres du mar- quis de Boufflers, une eau- forte de 1820, ou quelques cartes postales des années trente, coloriées au pochoir. Les samedis et dimanches, la Place du jeu de balle se couvre d’un marché hétéro- clite et truculent de vieille- ries, ce qu’en France on nomme un marché aux- puces. Au ras des trottoirs, les grosses marchandes d’es- cargots se penchent sur leurs marmites fumantes et inter- pellent.les badauds. Alen- tour, les caberdouches (caba- rets populaires), regorgent de monde dans la musique et le brouhaha. . A SUIVRE Décés de M. Lesage M. Jean Lesage, ex- premier ministre du Québec, est décédé pendant son sommeil la nuit du 11 décembre a lage de 68 ans. Il souffrait d’un cancer du larynx et suivait des traitements depuis mai dernier. Il laisse son épouse Corinne et quatre enfants. Elu député libéral en 1945, il siégea pendant plusieurs années au sein du Cabinet comme minis- tre des Affaires du Nord. Suite a la défaite enn 1966 du gouvernement libéral par les Conservateurs, il se retire de la politique fédérale pour prendre la chefferie du Parti libéral provincial du Québec. Elu premier miniistre en 1960, sous le théme de Master of Arts - Teaching of French “Maitre chez nous” son gouvernement se lance dans des réformes qui bouleversent la vie tradi- tionnelle du Québec, parmi les plus importan- tes, la nationalisation de Vénergie électrique et la loi sur l'éducation, créant un ministére sous la direc- tion de M. Gérin-Lajoie, qui met fin au contréle exclusif séculaire de l’égli- se catholique sur 1’éduca- tion au Québec. Battu aux élections de 1966 par l'Union Nationa- le, il si¢ge comme Chef de P'Opposition jusqu’en 1970 alors qu'il se retire de la vie politique, malgré cela, il prend une part active dans la campagne pour le “Non” au récent référen- dum sur la séparation du Québec. BS 4 Be * “a a 4 fs 4 ; 7 - 4%. 4 oe oa a riggs ae Seong. Debut en Juillet 1980 du programme de maitrise menant en 3 sessions. d'été conséctitives -de 7 semaines chacune - 3 la Maitrise d‘enseignement du francais 1 Pour recevoir une brochure et pour tout renseignement écrire 3. MA-Teaching of French Program — : Département de Langues, Littératures et Linguistiquel Université Simon Fraser, Burnaby, 8.C. VoRsS5