_ LAssassin Invisible -Katimavik a Fernie par Claude JEAN Vendredi 15 septembre. On m’avait décrit Gary, barbu avec des lunettes. En arrivant a Cranbrook je cherchais le barbu, au lieu de ¢a, trois charmantes person- nes (3 filles) me regardent en souriant. Elles ont vu ce que je transportais (une boite de films et un petit _ sae). i { [ . ws sealers Bored mat , “Are you Claude Jean’’? Oui, dis-je trés surpris en oubliant le barbu qui devait passer me prendre 4 I’aéro- Lynda, Donna et Mari- gold, toutes trois anglopho- nes parlaient trés bien le francais. Nous partimes en direction de Fernie, 65 mil- ‘les al’est de Cranbrook et tout prés de la Province de l’Alberta. C’était 14 qu’un des pro- jets Katimavik était installé depuis 2 mois. Dans le groupe on avait parlé de la visite d’un professeur de frangais, ils s’attendaient a voir un bonhomme avee des bernicles, une cravate et un costume. Quelle dréle d’idée! A Fernie, j'ai done fait connaissance avec les 30 personnes qui composaient le groupe et parmi lesquelles se trouvaient une douzaine de francophones de !’Alber- ta, du Manibota, de l'Onta- rio, mais surtout du Québec. Il y avait méme une acadien- ne, Pauline, qui était l’une des trois moniteurs dont Lynda et John. Les autres étaient.tous des anglophones des provinces canadiennes. L’accueil fut agréable et je n’ai pas eu de difficulté a improviser quelques séances d’animation en francais avec l'aide de Pauline et Lynda. par Nicky BARBOUR SUITE Le lendemain, samedi, Bouchard alla faire son rap- port au Surintendant Kowal- ski. —‘Ca se présente bien, Ber- nie?” —“Oui et non, patron. Je n’ai jamais encore rencontré des assassins intelligents, vous savez. On en viendra a bout avec la routine, comme tou- jours”. —‘Sfir. Le rapport médical est-il venu?” —“Juste’ arrivé. Poignardé une seule fois, 4 la base du cou, avec un petit couteau - ils disent un couteau a légumes, quelque chose com- me ¢a.” “—‘Qu’on trouve dans tout les Woolworth’s a cinquante- neuf sous. Merci.” —“Ily a un couple de points. D’abord, l’assassin a été ‘chanceux, ou alors il savait bien ot frapper pour le maximum d’effet. Ensuite, il a laissé le couteau dans la _plaie, un moment, ce quia empéché le sang de gicler...” —‘Mm’mm. Tu trouves vrai- ment que ¢a prouve quelque chose?” _ ‘— “Non. Ca prouve peut-8tre" - sirement - que Tiessel J’étais surpris de la réac- tion positive des anglopho- nes subissant la torture d’u- ne immersion “presque tota- le en frangais”, avec en plus projection de films sur le Québec culturel et politique. Beaucoup ne compre- naient rien, c’était leur pre- miére expérience de la deux- iéme langue officielle; quel-. ques-uns étaient visiblement frustrés mais Claude, origi- naire de Chibougamau disait “depuis qu’on est ici ona eu des conférences en anglais, les gars parlaient trés vite et on comprenait rien. Alors maintenant c’est 4 leur tour”. Et le groupe franco- phone tenait bien a ce que ces trois jours se passent en francais, ce qui s'est fait plus ou moins, tenant compte que beaucoup d’entre eux n’a- vaient jamais parlé notre langue. J’ai visité la ferme ou l'un des sous-groupes se trou- vait. L’endroit était trés agréable, dans une vallée longée de hautes chaines de montagnes. Sur le terrain de la ferme, le groupe a cons- truit une énorme grange pour y entreposer le foin avant lhiver. Du beau tra- vail! Le projet Katimavik compte plus de mille parti- cipants dans le Canada en- tier, et les groupes voyagent a travers les provinces du- rant 9. mois. : Le groupe de Fernie ira a Dalhousie, au Nouveau- Brunswick pour’ poursuivre une nouvelle étape du pro- jet. Parmi les buts visés par le projet Katimavik, il y a celui connaissait son meurtrier; pas de signes de lutte, il lui a tourné le dos sans méfiance. Et tout le monde saurait que si tu fiches un couteau dans la nuque, ca fait mal au moins! Dernier repas, deux heures avant - saucisses et café. Donc, puisqu’ils disent six a huit heures, et on l’a examiné vers les cing heures et demie...” —"Il faisait chaud ici, hier. Trente degrés, plus ou moins.” —‘Trente? Mais - ¢a ne va pas, son bureau, la, c’était un four. Je l’ai vu au thermos- tat -.excusez - je téléphone.” Il prit le téléphone, cher- cha un numéro dans ses notes et composa. —‘‘Madame Mancini? Bou- chard, de la GRC. Vous avez lair conditionné au bureau?.. ah, bon. Parce qu’il me sem- blait déja que... Lugano? D’accord... Vous ]’avez ré- duit, je vois... Non, merci. A lundi, alors. Bonjour.” —‘Si je savais parler “gre- nouille” comme toi, Bernie -” —‘Vous seriez Surinten- dant-chef, ou méme commis- sionnaire. Je sais, patron, Bon, la secrétaire dit qu’il n’y a pas l’air conditionné, que la victime a été élevée en Suisse italienne 4 Lugano ou il fait chaud, et qu’il de promouvoir les deux lan- gues officielles et la bonne communication entre franco- phones et anglophones. Katimavik semble y réus- sir 4 en juger par l’amitié qui régnait dans le groupe de Fernie. Lynda qui est de Montréal a eu son éduca- tion en anglais. C’est trés , amusant car elle apprend plus le francais dans le groupe qu’a Montréal méme. Etrange n’est-ce pas! Alors Lynda a demandé un abon- nement pour le groupe Kati- mavik et ils recevront le journal réguli¢rement. Bon voyage a Dalhousie, dans le pays de Pauline, ot par elle, ils apprendront beaucoup de choses sur la vie des gens de l'Est et sur la francophonie. Bientét la Seiziéme (Suite de la p.1) toutes deux de la Seiziéme, Edouard Devy, professeur, Claude Jean, journaliste au Soleil de Colombie et Marc Béliveau, journaliste a Radio-Canada, se réunissent une fois par semaine pour formuler les. bases et les fonctions que devra assumer l'exécutif nommé. La Troupe de la Seiziéme est trop longtemps restée dans l’ombre sans: jamais étre appréciée des amateurs de théatre vancouvérois pour la bonne raison qu’elle n’a jamais été aidée et soutenue par ceux qui pour- “ raient le faire, ainsi que par mettait le chauffage dans son bureau méme en été; elle a trouvé le thermostat a 80° et I’a baissé. Ca fait une petite différence, mais pas tant...?” —‘Je ne sais pas, je me suis toujours demandé si les mé- decins savent.” —‘Non pas que ces’petits thermostats prennent des empreintes, mais enfin... Mettons donc que la mort remonte a neuf heures et demie, onze heures au plus tard.” —“Ou, dix heures et demie.” —‘Parce que - oui, l’occupa- tion favorite de 24 millions de Canadiens a 10 heures et demie et trois heures et demie, la pause-café sacro- sainte. Déjefiner a huit heu- res, oui, c’est possible; s’ils sortent, les gens du bureau sont innocentés.” —‘Son testament?” —‘Qui, j'ai comme une idée qu’il y a quelque chose de plus fort que l’antipathie, la-dessous. Je suis allé voir son appartement. Rien. C’est un de ces petits blocs modernes, vers Oak Bay, Voyez? Aussi personnalisé qu'une chambre d’hétel. Pas de photos, quelques papiers banals.:Ily avait un coffre quelque part, je vais voir lundi si c’est 4 la Banque M. Louis A. Lebel, de St- Quentin, juge 4 la Cour des expropriations du Nouveau- Brunswick, a été réélu pré- sident du Conseil de la Vie francaise en Amérique pour un nouveau mandat lors de la session annuelle de cet organisme, 4 Moncton. Les autres membres du. bureau sont Mgr Adrien Verrette, de Manchester, N.H.; M. Raymond Marcot- te de Régina, vice-président; M. Jean Hubert, de Québec, secrétaire; M. André Bel- leau, de Québec, trésorier; MM. Gérald Robert, de Man- chester; Gilles Mercure, Montréal; André Vachon, de Québec et Mme Jacqueline Martin, d’Ottawa. Le Conseil, dont le siége social est a Québec, a adopté manque d’organisation. Rappelons que la Seiziéme entame une autre saison avec une nouvelle produc- tion. C’est une piéce intitulée “L’ouvre-boite”, écrite par Uécrivain francais Victor Lanoux sous le nom original “Le Tourniquet”, avec une adaptation québécoise faite par Jean-Louis Roux. Les deux acteurs qui ont ' donné la premiére représen- tation sur les planches du théatre du Trident étaient nuls autres que Jean-Louis Roux et Yvon Deschamps. Cette piéce jouée le 4 octobre 1974 remporta un Royale ou il avait un compte- chéques. Avec un peu de chance, il y aura son testa- ment.” —‘Dans ses poches?” —“Regardez.” Les deux gen- darmes se penchaient sur un sac en plastique. —“Un peigne. Des clés: deux pour son appartement, une pour le bureau, une pour son auto - une Mercedés de l'année derniére. Cigarettes, briquet - un Bic courant. Soixante-dix sous en mon- naie. Porte-feuille: trente, trente-deux, trente-trois dol- lars et une carte Chargex. Porte-cartes: ah. Carte de citoyenneté.” —“Comment?” —‘“Une expression du sud de la France, que j'ai attrappé de mon épouse. Look.” —"C’était un long rectangle de papier plié en deux, timbré aux armes du Cana- da: ‘Carte d’identité aux fins de l'Immigration canadien- ne’. Bouchard lut 4 haute voix: “Tiessel Hans Georg, 20 novembre 1921 a Bale, canton de Basel, Suisse, SwissAir, Genéve-Montréal, 5 juin 1954, Dorval Qué. C’est curieux.” —‘Pourquoi? C’est la photo- copie d’une carte d’immi- grant. Nous savions déja qu'il est venu de Suisse, témoin ga, et qu'il est ci- toyen, témoin la carte de citovenneté.” . —“Bien str. Bon: la routi- ne. Le Soleil de Colombie, Vendredi 22 septembre 1978 11 M. Louis A. Lebel réélu un plan d’action et de déve- loppement devant lui per- mettre de réaliser ses objec- tifs: Rejoindre les francopho- . nes qui ont une volonté commune de demeurer fran- cophones et de conserver. individuellement et collecti- vement une conscience cul- turelle axée sur leur identité comme francophone; Soutenir les francophones d’Amérique dans leur volon- té individuelle et collective d’affirmer leur identité et leur volonté de vivre en francais; Etablir des liens réels et fonctionnels entre les diver- ses collectivités francopho- nes d’Amérique et méme d’ailleurs : grand succés dans toute la province et a été reprise par d'autres troupes québécoi- ses. Les 18 et 19 octobre, la Seiziéme présentera donc “L’ouvre-boite” avec les comédiens Jacques Baillaut et André Umbriaco. Une piéce a ne pas man- quer. Un autre article ainsi qu’un résumé de la piéce seront présentés sous peu. Avec vous, la Seiziéme fera de beaux spectacles, ce qui n’est pas a dédaigner dans la francophonie de notre province! —“La routine. Tu commen- ceraspar le personnel du bureau. Comment sont-ils?” —“Ils ont peur, j’aimerais savoir pourquoi. Il y a une secrétaire d’age mir qui ne cesse de pleurer, un Belge un peu trop calme, deux jeunes francophones que ne me regardent pas trés fran- chement, et une jeune fille immigrante francaise, je crois, qui rougit si on la regarde. Tous des ‘grenouil- les’, monsieur le Surinten- dant anglo-saxon.” Kowalski sourit, mais re- marqua “Un avantage pour toi.” —“Et ils jurent tous, eux autres, qu’ils ne savaient rien de leur patron et ne le voyaient jamais. C’est peut- étre vrai, il avait un sale caractére. Chasseur de ju- pons, entre autres choses, gros éclats de colére, et caetera. Mais j'essayerai de les éliminer vite. Et le coffre aussi, pour un testament. Vous enverrez un télétype en Suisse? Voici les emprein- tes digitales.” —‘“D’accord. Tiens-moi au courant.” eeRERE —“Si je commence par vous, monsieur Lamy, c’est qu'il faut bien commencer quel- que part. Aussi, vous étiez un peu gérant de bureau, alors décrivez-moi s'il vous plait la marche normale du bureau”, - «5 : —“Vendredi? Eh! bien, Ins- pecteur, nous avons tous _Aider les associations de francophones a résoudre leurs problémes de survie et’ d’épanouissement en organi- sant des recherches, études, colloques et autres travaux en vue de déterminer les facteurs positifs et négatifs qui influencent la qualité de leur vie francaise, son main- tien et son développement. Le Conseil a admis neuf nouveaux membres dans ses rangs au cours de cette session. Ce sont: M. Jegn- Guy Béliveau, vice-recteur a U'Université du Québec a Trois-Riviéres; M. André Belleau, chef de la division du personnel ouvrier a la Ville de Québec; M. Gérard O. Bergevin, avocat-conseil a Canado, de Manchester, N.H.; Mme Paul Leduc, pré- . sidente du Conseil des Uni- versités du Québec; Mme Rachel Mercure, de Lévis, vice-présidente de |’Institut canadien de Québec; M. Louis-Israel Martel, syndica- liste bien connu de Manches- ter, N.H.; M. Viateur Rava- ry, directeur général adjoint 4 la Commission des écoles catholiques de Montréal; M. André Vachon, historien de Québec et M. André Ville- neuve, vice-président aux relations publiques de Bell Canada, de Montréal. Regroupant des membres de huit des dix provinces canadiennes, des Etats de la Nouvelle-Angleterre, de la Louisiane et de Haiti, le Conseil de la Vie francaise en Amérique est un organis- me sans but lucratif issu du deuxiéme congrés de la Lan- gue francaise et oeuvrant depuis 42 ans pour la promo- tion des francophones en Amérique. travaillé tranquillement jus- qu’a -” —‘Non, une journée norma- le. Voyons; vous arrivez a huit heures, vous ouvrez le bureau, l'un de vous - qui?” —“Ah, bon. Il y a trois clés: Marie, le patron, et moi. Celui qui arrive le premier ouvre. D’ordinaire c’est le patron, ou s'il n’était pas en ville - il allait parfois en conférence 4 Ottawa ou Hali- fax, ou il rentrait en Suisse - alors c’était Marie. Done, vers neuf heures. Les autres arrivent plus ou moins en- semble, on bavarde un peu - nous sommes tous de bons amis, vous savez, et puis les jeunes gens sont sym- pathiques. On se met au travail jusqu’a une heure, et —‘Pas de pause-café?” —“Si, bien sir. Il y a un petit café agréable, presqu’en fa- ce, nous y allons tous ensem- ble, vers dix heures et demie. Travail jusqu’éa une heure, une demi-heure pour manger, on rentre, on bavar- de encore un peu, on tra- vaille jusqu’a trois heures, petite pause-café a nouveau, et on quitte le bureau a cing heures. Marie ou moi fer- mons a clé, 4 moins que Tiessel ne soit encore au travail, ce qui arrive.” —‘“En somme, vous étes tous la tout le temps, 4 longueur de journée. Expliquez-moi alors pourquoi ce n'est pas lun de vous qui l’a'tué; votre patron, ce salaud, ce maudit, ce cochon?” [A SUIVRE] * * a *