Faas Gi STRAVINSKY NEW YORK . “Le dernier génie musical du 20e siecle s’est éteint”’. C’est en ces termes que le mon- de musical a comrmenté la nouvel- le de la mort d’Igor Stravinsky, qui a succombé [mardi6 a une crise cardiaque dans son apparte- ment de la Cinquieme avenue, a New York. II avait 88 ans. ; Le grand musicien était malade sg te un an. our a tour Russe, Francais; puis Américain, mais apparte- nant par son génie a l’humanite tout entire, Igor Stravinsky restera pour le grand public contemporain le compositeur inoubliable de 1Oi- seau de feu, de Petouchka et du. Sacre du printemps, avant de de-, venir peut-€tre pour les généra- tions' futures l'un des plus grands, maitres de la musique sérielle. =|, me un véritable chef-d’o@uvre. | um Vive controverse et les audi-: ‘d’invention, dont l’apport tant tech- dérable, gy’il s’agisse de sa Sym-! 'phonie he in Tuments a venti ‘cert pour _| et Isaac (1964) dédiée au Formé a l’école de son pere, chanteur réputé des thédtres impé. riaux de Saint-Pétersbourg, et du, rand compositeur Rimsky-Korsa- ae il rencontra en 1910, a 22: ans, l’homme de son destin musi-. cal: Serge Diaghilev, animateur des‘ célébres Ballets russes qui marque-' rent profondément surtout l'art. du début du siecle. De 1910 & 1924 il composa pour Diaghilev la musique de huit bal-} lets dont l’Oiseau de feu, présenté, a Paris en premiere audition le 25 juin 1910 qui fut accueilli com- | La présentation du Sire du prin-; ps, le 29 mai 1913, au éa- tm des Champs-Elysées, suscita: teurs échaligerent des coups et des jurons. ; Installé en Suisse dés 1914 et naturalisé Francais en 1934, Stra-' vinsky composa également des oeu- vres de musique pure, débordantes nique - qu’esthétique reste consi- 1920), d Getuor (1923) ou du Con-’ 0 et orchestre (1924). A partir de 1926 (Oedipus Rex) Stravinsky , s’assagit, _abandonnant | ses recherches harmoniques en fa-' veur d’un néo-classicisme que le'! critique musical Robert Kemp com- pe a “du Rossini orchestré par En 1953, nouvelle mutation. Stra- vinsky se rallia a la. musique sé- rielle de Schonberg, avec son Sep- turo, suivi entre autres par le-Can- ticum Sacrum (1956), Je ballet Agon en 1957 et la cantat pena ee BE a} raél. Son oeuvre extraordinairement va- riée et abondante fut couronnée par les plus hautes récompenses dont la médaille d’or Sibelius, (vé- ritable prix Nobel de la musique) en 1955 et le prix Sonning en 1959. Réfugie aux Etats-Unis des le dé- but de la seconde guerre mondiale, Stravinsky était saturelisé améri- cain en 1945, mais il continua a donner des concerts dans le monde’ entier, notamment a Paris (1957), en: URSS et en Suisse (1962), en’ Suede (1963), en Israél (1964) et a Londres (1965). Cette activité inlassable au servi-: ce de son art était interrompue par la grippe en 1966. Le maitre de- vait renoncer au concert qu’il devait diriger au festival de Strasbourg. Les dernieres années de sa vie se sont déroulées au milieu des livres et des fleurs de sa merveilleuse villa de Beverley Hills, & Los An-. geles. : Né prés de Saint-Petersburg en 1882, s’étant installé 4 Paris en 1914: pus aux Etats-Unis en 1939, Igor travinsky aura divisé sa vie en ‘trois périodes chacune presque de’ méme durée. | Sil devait son génie a la Russie, c’est a la France et a l’Amérique que en devait la consécration mon- e. Bien que d'une nature irritable et accueillant mal la critique, 1’il- lustre compositeur ne manquait ja- mais une occasion de se reconnai- tre une dette de gratitude envers- ces deux pays. Pour éviter de tom- ber dans la grandiloquence, il avait volontiers recours la plaisanterie; comme avec |’age il se tassait un peu, il en riait avec ses amis, dé |en Californie ou a son hétel got d’une bonne table, de bons |vins et du whisky. Toujours impec-; clarant que “comme tous les Amé& ricains, il maigrissait”’. | Il avait toujour grand plaisir a parler russe, spécialement avec les vieux amis qui lui rendaient visite, dans sa propriété de ee Hills ie New York. [Il avait conservé aussi le cable, il s’astreignait en toutes cho-’ ses a la. précision et a la disci- pline. Son plus proche ami aux Etats. Unis depuis une vingtaine d’années était le chef d’orchestre Robert Craft qu’il traitait comme un fils. Pour ménager ses forces, Stra- vinsky demandait souvent 4 M. Craft de faire répéter l’aprés-midi les orchestres. qu’il devait diriger le soir. Le compositeur et sa seconde femme, Vera, qu'il avait épousée en 1968 avaient quitté la Califor-. nie au printemps de 1969, avec |’in- tention de retourner 4 Paris. Ils restérent toutefois 4 New: York ot sa santé chancelante l’amena 4a vi- vre de plus en ‘plus retiré, recevant de moins en moins d’amis et s’ab- sorbant chaque jour davantage dans ses pensées et ses souvenirs. : L’Oiseau de feu est l’oeuvre de Stravinsky la mieux connue des Ameéricains. Hollywood _ s’efforca, Sans succés, 4 obtenir une collabo- ration du compositeur qui s’amusa toutefois a écrire une polka pour des éléphants de cirque et fata a Walt Disney d’utiliser le Sacre du printemps pour Fantasia. | Igor Stravinsky n’a pas non plus dédaigné la \musique “pop”. Il a écrit Scherzo 4 la russe pour Paul Whiteman et Ebony Concerto pour Woody Herman. les disqués Avant 1969, la’ discographie d’Hector- Berlioz n’était pas considérable. Seule la “‘Sym- _Phonie __fantastique”’ ___jouis- sait d’une tres grande popu- larité, grace a des chefs com- me Pierre Monteux et Char- les Munch qui, l'un et l’autre, ont enregistré l’oeuvre avec brio a plusieurs reprises. Depuis cette année, qui marquait le centenaire de la mort du compositeur, la si- tuation s’est ucoup ameé- liorée sous TVimpulsion de Colin Davis qui a _entrepris d’enregistrer lintégrale des oeuvres de Berlioz. pgur la maison Philips. Jusqu’a pré- sent, V'apport le plus impor- tant a eté la premiere ver- sion discographique. intégrale de Vopéra ‘‘Les ens’’ dont j'ai sa lgnguement au moment de sa parution (voir notre édition du 17 octobre), mais Colin Davis n’avait pas encore dit son dernier mot. Deux autres enregistrements viennent d’étre lancés et re- tiennent de nouveau notre at-* tention. : Le Requiem op. 5 On eeareene cing versions du ‘Requiem’? de Berlioz,. dont deux signées par Munch ui laissent les- trois autres Yombre. On se disait @il serait difficile de l’em- porter sur l'art et J’intuition de ce regretté chef francais qui, dans des pages de Ber- lioz, a toujours été trés en- thousiaste, trés exalté, trés spectaculairemei Tomanti- “que. Pourtant, les discophi- les ne manquaient jamais Yoccasion de soulever des discussions 4 propos de ce “Requiem”, a savoir si la ré- cente version de Munch (sur Deutsche Grammophon) l’em- Rea sur la premiére (sur Pour ma part, la polémi- que vient de se terminer avec la parution de la nouvelle ver- sion de Colin Davis (Philips: 6700 019); elle réunit le té- nor Ronald’ Dowd, le Wands- worth School Boys’ Choir, les choeurs et 1’Orchestre Sym- phonique de Londres dont le travail est mené en profon- deur et admirablement coor- donné. ; Je ne dirais pas qu’il fail- le oublier les réalisations de Munch, mais je dois avouer étre sorti de laudition de cette version Philips comple- . ‘tement bouleversé. Et cela tant au niveau musical que sonore, les ingenieurs du_ son ayant réussi a ‘“‘suivre a la piste” les moindres détails de la partition et a recréer une ambiance acoustique’ assez extraordinaire. Musicalement. parlant, la traduction de Colin Davis est impeccable et, ¢gomme d’ha- bitude, le plus grand moment ‘de l’oeuvre nous arrive avec le “Dies Irae’. Le. fortissimc des trompettes, les voix gra: ves_clamant le t ‘Unis- SOMMPOUr gabner bientét le tur. ti du choeur, impact des. tim- bales, enfin tout constitue une sorte de tableau musical “qui: est a‘la - fois impressionnant et empreint de noblesse. :; | WEn-ar Saree oe ' Un - autre “ enregistrement, sgalement signé par Colin Da; vis, rassemble ““Sympho- hie funébre et triomphale”, le prélude des *Troyens a ! gé”’et la marche fune- bre op. 18, no.3_ pour la der- niére scene de ‘‘Hamlet” (Phi- lips: SAL 3788). ~ était la plas attendugiia version de Dode ie avait’ jaru du le Fritz Straub (sur Lyrichord). devient de plus en plus rare et techniquement fort discuta- ble. Désormais, cette oeuvre composee ‘pour le dixieme ‘anniversaire de la révolution de 1830 et l’inauguration de la Colonne de juillet a Paris (Place de-la Bastille) sera facikement accessible et, sur- tout, bien servie au niveay de la uals technique. our graver ces ouvrages, : le chef anglais a fait appel au choeur John Alldis et a V-Orchestre Symphonique de catalogue d’Eyato, .et cell de- Londres. — Fait a souligner en termi- _ nant: avec sa “Symphonie fu- nebre et triomphale”, Berlioz devancait pratiquément les com- positeurs d’aujourd’hui qui cher- chent de plus en plus 4 diviser lorchestre. Elle est écrite pour grande harmonie militai- te, huit tambours divisés par deux, un chapeau chinois (d’un cété), trois paires de cymba- les; une grosse caisse, un tam- tam, et une paire de timbales (de Vautre), puis un choeur que le compositeur souhaitait - “aussi immense que la foule’’. “SALON LUCIEN BELLIN- COIFFEUR FRANCAIS 212 rue Denntonicoin ave eac __VANCOUVER.. . om - -Tel: 683-46 %. 1011 Robson Patisserie francaise. Vous pout; — » & Vez-yous les procurer également 3: Street_— Tel.: 68500510": VII, LE SOLEIL, 16 AVRIL 1971