TRIBUNE LIBRE ‘< J'ai pas tué, j’aipas volé’’. ‘* J’ai pas tué, j’ai pas volé, mais je n’ai pas cru mamé- re’? et c’est peut-étre A cause de cela que je suis 4 Matsqui ! Ainsi pourrait con- tinuer la chanson.Sous unso- leil radieux, la féte se dé- roule, et nous sommes 14, une poignée d’amis venus rendre visite & ceux que j’appellerai maintenant ‘‘nos copains’”’ de Matsqui. Ils nous Ont invites, nous som- mes venus ! Et c’est avec une joie, une fierté telle- ment profondes qu’ils nous recoivent. En venant ici nous avions l’impression de leur faire une faveur et ce sont eux qui nous la font par leur entillesse, par leur fagon e s’enquérir de notre fa- mille, de notre santé. Nous voulions leur donner quelque chose et ce sont eux qui rem- plissent nos mains de gate- ries. Nous pensions nous oc- cuper d’eux et ce sont eux qui font jouer nos enfants. Ils sont 14, souriants, affa- bles, tellement disponibles, préts 4 rendre service. D’ou sortent-ils, cette bienveil- lance, cette prévenance, ce désir de rendre leurs visi- teurs heureux ¢ Mon ami, mon frére de Matsqui, quelle legon tu nous enseignes en cette journée passee prés de toi ! | Sur un ton de confidence, tu i'racontes comment, douce- ‘ment, avec patience, tute re- (formes, et je t’admire beau- coup, car quel que soit ton délit, tu as décidé de chan- ger, de devenir meilleur. Combien d’entre nous au- rions le courage de prendre cette décision d’envergure? Tu as décidé avec l’aide du. temps de faire de toi un homme nouveau. Tu ra- contes tes espoirs, combien la vie sera belle plus tard, tu chantes le futur auquel tu crois car tu le prépares. Tu racontes un peu géné le coup dur qui t’a conduit ici et je me prends 4 pen- ser... Bien sQr, tu n’es pas un ange ! Mais nous qui avons le privilége de mar- cher dans les rues quand nous voulons, d’aller ot bon nous semble, nous qui trop souvent nous pensons des ‘sens bien’’, nous qui nous croyons si fortement ‘‘les sauvés’’, je t’assure que nous ne sommes pas des anges non plus ! Peut-étre la seule diffé- rence entre toi et nous c’est qu’A un certain moment de notre vie, l’espace d’un ins- tant, il y a eu ce quelque chose qui a tout changé. Ap- pelle la Providence ou chan- ce--si- tu veux. “ily a-eu dans notre vie ce quelqu’un vers qui on s’est tourné, ce quelqu’un qui a tendu la main ! Ce pére, cette mére que peut-@tre tu n’as pas eus,; ce frere, cet ami qui par leur présence auraient pu dévier le cours des évé- nements malheureux. Je t’écoute, je t’écoute et tu. me tourmentes ! Voila que je m/’interroge sur le sens de nos valeurs et je me demande ; est-il plus grave d’étre pris en posses- sion de drogue 4 l’Age de 18 ans que d’abandonner ses devoirs paternels a4 1’Age de 40? Ne serait-ce pas A cause de ce dernier que t passes ta jeunesse ici 2 Est-il plus grave d’avoir commis un vol dans la fou- gue de tes 20 ans que de .confier son petit enfant un peu 4 n’importe qui pour al- ler gagner la somme qui paiera ces toilettes dernier cri ou_des vacances en Es- pagne “ Tu me tracasses... Ce soir, je ne seraiplus tout 4 fait pareille parce que sou- dainement je réalise la diffée- rence qu’il y a entre toi et moi. La difference c’est que toi, tu travailles a te re- faire une honnétété, c’est que toi tu te poses des questions, c’est que toi tu te remets en question, et qu’&a cause de cela tu prends ta vie dans tes mains, tu la fa- onnes, tu la veux meil- eure, alors que moi pre- nant pour acquis qu’un Ca- sier judiciaire vierge, c’est une honnéteté, je me con- tente de sombrer doucement dans la médiocrité. Aujourd’hui, mon ami, mon frére, dans ta grande féte ensoleillée entre deux bou- chées de blé d’Inde, tu m’as enseigné deux choses, la premiére un peu comme le renard du ‘*Petit Prince’? c’est qu’on ne voit bien qu’ avec le coeur, la deuxi¢éme c’est que lorsqu’on est mal- heureux et triste, c’est que l’0n pense trop a soi, et peut-étre m’as-tu appris aussi 4 ne plus jamais étre trop tranquille sans mon brin de laurier parce que c’est (celle de se réaliser pleine- le seul moyen d’avance sur le grand chemin de la vie} en étant un peu plus humain, un peu plus fraternel. Si demain, je te rencontre dans la rue, libre, heureux homme nouveau, acer tremblant devant un avenir ot les embfiches ne manque- ront pas mais prét pour la lutte la plus difficile, ment sur la voie de 1l’hon- néteté, sache que mes voeux \les plus sincéres t’accompa= jgnent ! Bonne chance mon ami ! ‘Et ne nous oublie pas tout fait, nous qui ne sommes pas meilleurs que toi. Emanuelle oe, CROM-ROUGE \ a toute yy heure a @, oeuvre & sabes: seach acelin LA JEUNESSE L’armée de l’été a_ deéja commencé sa marhe a tra- vers le pays. Les jeunes auto- stoppeurs sont sur les routes, en bataillons considérables. Dans de nombreux endroits, on se prépare 4 recevoir les jeu- nes itinérants. A Québec, par exemple, les autorités munici- pales prévoient recevoir plus de 100,000 voyageurs a la Pe- tite Bastille, sur les Plaines. d’Abraham, ce qui est presque le double de ceux qui y sont passes l’andernier. Un relevé transcanadien ef- fectué par la Presse Canadien- ne a demontré une grande di- versité d’opinions sur le nom- bre de jeunes qui seront. sur les routes, cet eté. Apparem- ment, certains ont fait confian- ce a un rapport du Conseil de développement social, l’an dernier, disant que le gout au - voyage avait atteint son apogée, chez les jeunes, et que |’auto- stop avait un peu perdu de son attrait. D’autres sont d’avis que le nombre incroyable de bicyclettes vendues cette an- née diminuera probablement le nombre des voyages ‘‘sur le Dans plusieurs endroits, no- tamment l’'Tle-du-Prince- Edouard et Toronto, des diffi- cultés se sont élevées entre les jeunes voyageurs et les autorités, l’an dernier. La si- tuaton, dans les deux endroits, semble plus calme cette année. Voici un apercu de la situa- tion dans quelques provinces -canadiennes; ~ Québec: Dans le Québec les auberges de jeunesse se préparent @ recevoir 100,000 Jeunes voyageurs. Il y a dans cette province 15 auberges sous la juridiction du _haut-cm- missariat a la jeunesse, aux sports et aux loisirs, et sept autres administrées par ]’As- sociation canadienne des au- berges de jeunesse. Don Bois- vert, qui dirige une organisa- tion pour la jeunesse a l’uni- versité Loyola, a dit qu’on.s’at- tend 4 un nombre plus éleve de jeunes voyageurs, cet été. De son coté la police, qui a déclaré n’avoir eu aucune difficulté l’an dernier a em- pécher les jeunes voyageurs de dormir dans les pares ou autres lieux publics, déclare que le nombre des autostop- peurs ‘be passent par Mont- réal se chiffre par milliers. Ontario: Information canada a publié un fascicule de 44 pa- _ ges a l’intention des étudiants et autostoppeurs qui visitent la capitale nationale. On y trouve une liste dés auberges de jeunesse, des centres dai- de, des endroits destinés aux sports et aux loisirs. Un réglement municipal! inter- dit T’autostop dans les rues d’Ottawa. L'université d’Ot- tawa estime a environ 6,000 le nombre de jeunes qui se sont prévalu de son accueil, Tan dernier. Jim Harbic, du bureau de logement a l’ex- térieur du campus, a décla- ‘ré: ‘‘Nous sommes tout sim- plement inondés de jeunes voyageurs. C’est un proble- me veritable 4 Ottawa”. Il ‘prévoit que le nombre des au- tostoppeurs sera encore plus éleve cette année. _ Colombie-Britanniques: Se- ‘lon plusieurs sources a Van- couver, le point culminant a été atteint il y a deux ans, en ce qui concerne l'at- ‘trait de cette ville pour les ‘jeunes voyageurs. Cependant, on prévoit 23,000 jeunes visi- teurs cette année dans cette ville, soit le méme nombre qu’en 1970 et 3,600 de plu qu’en 1971. Terre-Neuve: On _ prevoit que le manque d’endroits pro- pices a recevoir les jeunes voyageurs, a Terre-Neuve, |’é té dernier, se trouvera amé lioré cette année. De St-Jean a Port-aux-Basques, il y aura ‘cette année sept auberges de jeunesse le long de la route transcanadienne. _peurs étaient passés . Ile-du-Prince-Edouard: M. John Lacey, directeur d’u- Me Auberge de jeunesse a I'Tle-du-Prince-Edouard, i mait qu’environ 7,500 autost: .qu'on prévoit que ce nombre augmentera cette année de 1,000. Mais on a prévu de nouvelles hostelleries. Nouvelle-Ecosse: Apres de longues négociations, la vil le-de Halifax a décidé de per- mettre qu’on utilise une éco- le comme auberge de jeunesse, ce qui donnera un abri a en- viron 200 personnes par nuit. A Sydney et a Wolfville, au moins 15 agences ont présenté une demande de subvention pour I’établissement d’auberges de jeunesse. Nouveau-Brunswick: M. Da- vid Lambert, directeur du co- mité d’auberges de la jeu- nesse a Fredricton, prévoit que le nombre de jeunes vo- yageurs, cet été, sera a peu pres le méme. que l’an der- ier, alors que 15,000 lits ont été fournis pour une nuit, au cours de |’éte. Fredericton est un lieu po- pulaire pour les voyageurs d’au- ‘tostop, a cause de sa position, a cheval sur la transcanadien- jhe, menant aux autres provin- ces Atlantique. OFFRE D’EMPLOI LE POSTE: ion de ces politiques. LES RESPONSABILITES: |[-Faire partie des comités. -Remplir les autres réglements. budgétaires. - Animer embres de 1’Association. Association. L’ ASSOCIATION CANADIENNE D’EDUCATION DE LANGUE FRANCAISE (ACELF) recherche les services d’un SECRETAIRE GENERAL ET TRESORIER {Sous l’autorité du Bureau de direction de 1’Association, organiser,coordonner 2t diriger les services du Secrétariat et de la Trésorerie de 1’Association, participer 4 l’élabora- oe des politiques de l’Association et superviser la réalisa- t -Assister aux reunions de l’Assemblée générale, du Conseil \d’administration et du Bureau de direction. fonctions que déterminent les -Préparer le rapport financier annuel et les prévisions -Gérer les finances de l’Association. | : les services et les comités de 1’Association. -Soutenir les relations avec les organismes et les individus Assurer le suivi des politiques et des activités del’ LES QUALIFICATIONS: -Posséder des qualifications de niveau universitaire da les sciences de l’homme ou dans les sciences d l’administration. -Avoir quelques années d’expérience dans un poste degestion, -Avoir le sens de l’organisation et de l’animation. LE TRAITEMENT : _A discuter, selon la compétence et l’expérience. On obtient une formule de postulation en s’adressant A: M. Jean-Jacques Bergeron Secrétaire Genéral Association canadienne d’éducation de langue frangaise (Acelf) 3, place Jean Talon, bureau 338 Québec 2, Québec. LE SOLEIL, 7 JUILLET 1972,18 |