Le Mourtique ... pacigegue. Le bateau glissait lentement sur l'eau, dirigé par les mains agiles du capitaine tout en suivant les bouées qui indiquaient le passage. Je n’étais pas certain que nous accosterions sans anicroches mais, je n’avais pas le choix. En regardant a I’horizon je vois que nous étions a l’entrée du golfe Saint-Laurent avec cette immensité d’eau a perte de vue. Aprés le repas. mon pére voulait que je récite un poéme ou deux devant le Capitaine. I! voulait montrer que son fils avait un talent littéraire. Aprés un peu d’hésitation et pour plaire 4 papa je décide de pré- senter mon plus récent poéme. Avec un peu de géne et d’une voix craintive je récite, - « Comme l’oiseau blessé S’envole d’un coup d’aile incertain La main tendue au coeur chagriné Apporte toujours un espoir lointain Vivre pour aujourd'hui Ne pas se soucier du lendemain Garder cet espoir de vie Sourire, aimer, oublier ses chagrins. » Pour me féliciter mon pére continuait 4 applaudir méme apres le Capitaine. Je sentais mon visage rougir de plus en plus, mais j’é- tais heureux de pouvoir lire mes écrits A quelqu’un d’autre que ma famille. La poésie m’apportait toujours souvenance de mon grand-pére. II s'appelait Damas. C’était un grand sec a la chevelure grisonnante. Les yeux profonds, pergants et d’un bleu-vert brillant, couleur d'une mer agitée. Il avait aussi une immense moustache qui lui donnait cet air de « chanteur de quatuor ». J’ai toujours pensé qu’il était un peu poéte en plus d’étre un grand réveur. Un gaspésien qui n’avait pas eu l’'audace de s’expatrier dans la grande ville. Un homme a la fois ouvert et mystérieux. Un jour me dit-il, - « Je marchais dans le sable sur le bord de l'eau respirant cet odeur unique a notre coin de pays en cherchant 10