Cherchez le coupable ! Chacun sait que la justice des hommes est faillible. On écoute quelques témoins, on accuse, on juge, on punit, et parfois, des mois ou des années plus tard, la vérité rétablie prouve que les aveux avaient été forcés, les temoignages sujets a caution et que l'accusé était innocent. Les juges s'étaient trompés, le jury avait été abusé. Une chance s'il n'y avait pas eu d'exécution capitale! Parfois le crime reste enveloppé de mystére. On a bien désigné un coupable mais le doute subsiste et persiste. Nous ne connai- trons peut-étre jamais les véritables assassins de John Kennedy, nous ne saurons jamais pourquoi Marilyn Monroe est morte si jeune. Par contre , tout le monde sait, en France, et méme en francopho- nie canadienne, que le bon roi Henri IV, celui qui voulait une poule au pot sur chaque table paysanne tous les dimanches, fut poignar- dé par Ravaillac en 1610. Est-ce bien certain ? Qui était Ravaillac ? Une sorte de fou mysti- que - il en existe, hélas! dans toutes les religions - qui haissait les Huguenots depuis son enfance. Son plus cher désir était de voir se renouveler une Saint- Barthélémy, de pouvoir trucider impuné- ment quelques protestants et d'en défenestrer quelques autres ainsi qu'on l'avait fait pendant cette nuit mémorable. L'Edit de Nantes, signé par Henri IV en 1598, et qui donnait a chacun la li- berté de choisir sa religion sans étre inquiété, mettait un frein aux luttes meurtriéres entre protestants et catholiques, ruinant ainsi 'espoir de Ravaillac de voir se reproduire un tel massacre. L'étre qu'il détestait le plus au monde était donc ce roi qui avait signé ce fameux Edit. II voyait en lui l'homme qui s'était converti au catholi- cisme uniquement par politique mais qui restait huguenot dans son.coeur. Il avait sans doute raison si l'on en croit sa profession de foi : « Paris vaut bien une messe! » qui n'est pas, il faut bien le dire, ce qu'on attend d'un futur catholique aux fonts baptis- maux. Peu importait. Henri IV avait enfin apporté la paix. II était et serait le bon roi Henri destiné a étre éternisé sur le Pont Neuf, sa- luant du haut de son cheval, entre I'ile de la Cité et le square du Vert galant, sa bonne ville de Paris.