4 Le Soleil de Colombie, vendredi ler mai 198i Carnet d'un voyageur Roger Dufrane Mardi 26 aoat Suite Le temps se maintient. Pour combien de temps? On ne saurait dire en ces pays d’humeur changeante. Vi- vian, mon héte, m’emméne a Chateau-Thierry. Au volant de sa Peugeot, il tient a l'oeil les hérissons en boule qui sempiternellement _ traver- sent la route qui file son ruban entre les taillis. Com- bien de petits animaux se cachent dans ces bois? Ce sont ici les garennes de la Fontaine. Vivian m’apprend qu’on éléve des centaines de lapins dans les fermes, et qu’on les lache dans les bois vers la saison des chasses. Dame! Il faut donner aux chasseurs de quoi s’exciter; et aux lapins un peu d’aven- ture. “Dans ce pays, me dit Vivian, les paysans abandon- nent d’année en année I'éle- v pour la culture, qui, aux machines, requiert moins de main d’oeuvre et de peine.” Chateau Thierry, hors quel- ques rues tortueuses et véné- rables, la riviére de marne qui la coudoie, les ruines dun castel que je ne verrai pas, l’éternel café du commerce au bord de l'eau, n’offre rien d’extraordinaire. “Si, pour- tant, me dit Vivian, le monu- ment franco-américain et la maison de La Fontaine. Que préféres-tu?” “La Fontaine, lui dis-je”. Et Vivian m’emméne a la mai- Sur les pas son natale du Bonhomme. Hélas, le mardi les musées sont fermés. Un Anglais, figure rougeaude de dépit et petite casquette, guigne a travers la grille, en compa- gnie de sa femme dégingan- dée. Il hausse les épaules, marmotte quelque chose et puis s’en va. Je risque 4 mon tour un coup d'oeil: des pierres, un vieux puits a poulie, contre le mur d’entrée un décrottoir, celui sans doute ot la Fontaine raclait la semelle de ses bottes au retour de ses escapades. En ce _ temps-la, notre Bonhomme, encore garcon, vivait chez ses parents. Le jour, il battait la campagne; la nuit, il courait les ruelles. I] cherchait 4 s’introduire dans les maisons des_ belles bourgeoises, souvent sans succés. Pour se consoler, il se rabattait sur les soubrettes. Toute sa vie, La Fontaine a soupiré pour les grandes dames et lutiné les petites. Il faut dire que bourgeoises ou princesses lui accordaient parfois, en récompense de quelque madrigal, de menues privautés: Peut-on s’ennuyer en ces lieux Honorés par les pas, Eclairés par les yeux D’une aimable et vive prin- cesse... de La Fontaine J'ai récité 4 haute voix. Vivian, souriant et narquois, me tire par la manche. L’Ame du Bonhomme doit encore flotter en ces lieux. Me voila devenu tout 4 coup aussi distrait et farfelu que lui. Au retour, aprés avoir acheté quelques cartes-vues et des illustrés pour les enfants, nous traversons quelques hameaux aux mai- sons disséminées. Vivian m’apprend que lé curé de Rozoy-Bellevalle dessert six paroisses. Mariages, bapté- mes et autres cérémonies, il se déplace d’une église a l'autre. Aprés le repas de midi, Vivian m’emméne dans sa Peugeot a Azy-sur-Marne, aux portes de la Champagne. Le temps s’est mis a la pluie. Nous traversons en trombe des villages dégouli- nants, aux volets clos. Halte. Vivian heurte du poing a la porte massive d'une antique maison. Une femme noiraude, en tablier bleu, nous ouvre. Un régistre est ouvert sur une lourde table. Vivian lui parle. Elle descend aux caves et remon- te avec deux bouteilles ca- chetées de champagne brut. Son mari, George Henry, d'une ancienne famille de vignerons, soigne avec amour son chambagne. Il veille a la cueillette, au pressurage, 4 la fermenta- tion. Le printemps venu, il élabore ses diverses cuvées, avant la mise en bouteilles et le vieillissement. Retour sous la pluie batta- nte. Nous foncons 4a travers villages et chemins. Tout a coup nous voila dispersant un troupeau de vaches noires et blanches qui sautent comme des folles de toutes parts. Vivian stoppe. Un paysan furibond s’approche, le baton levé vers notre fenétre ou- verte: “Vous ne connaissez pas le code de la route?”. Il nous traite de “Parisiens”. “Non,“Canada!”, lui dis-je. Comme par miracle, il se calme et s’éloigne en gesticu- lant. Les Parisiens sont par ici détestés. Campeurs ou chas- seurs, ils se conduisent en intrus. N’empéche, mon gros bonhomme ne manquait pas de rudesse. En voila des maniéres! Et vous, monsieur Taine, qui professiez dans vos livres qu’au pays du Fabuliste les paysans, a Yimage du décor qui les entoure, sont d’une grande finesse. Allons donc! Je vous soupconne d’avoir, pour satisfaire vos théories, quel- que peu forcé la note. Monsieur Taine! Monsieur Taine! IL ne vous est jamais arrivé de foncer en voiture dans un troupeau de vaches. [A suivre] préconise * numéro: A leau ici la F.F.F. CONTES FRANCO-FAUNES Histoire de la F.F-F. M. MONNET . [suite] - ; . Résumé: L’aga “C est devenu grand satrape et a injustement démissionné Jean- , dit RIOU [Responsabilité, Indépendance, Objectivité, Unité] et un vent de guérilla souffle dans les tribus franco-faunes. Chapitre troisiéme: Surpris, le Prince Bouton d’Or, marmiton és- - hiéroglyphes, avait beau crier “Faisons de nouvelles élections et appelons une assemblée générale des anciens”, sa voix se perdait dans le désert. . Trop heureux de son coup d’état, l’aga “C” ne voulait pas débourser trente deniers par ancien, ni risquer de perdre son nouveau titre de satrape. Aussi l’assemblée fut renvoyée aux callandes de mai. Bien qu’ils soient un peuple calme et doux ‘selon l’écriture, les Franco-Faunes de l'Ouest ou Couchant commencent a se réveiller. La Résistance s’organise. Les anciens venus des vieux pays sortent d’un sac en toile de tente le brassard qu’ils portaient il y a quatre | décennies et lui donnent un autre sens: F.F.I. FRANCO FAUNES INDEPENDANTS Certains changent leur chameau pour une marque allemande WV, qui ne veut plus dire Volkswagen, mais West Victory. Dans Village Mallard, un descendant des _ conquistadors et ancien financier papale L’Espanol “O” use de sa haute autorité et l’on parle déja de cessession. Un couple de philosophes connus et qui ont autrefois présidé aux destinées de la F.FF. lors de sa naissance, une nouvelle forme de Fédération pour sauver la Franco-Faunie d'une débacle et éviter que les Anglo-faunes ne rient de nous dans leur barbe, méme ceux qui se rasent chaque jour. Tous connaissent leur nom: Rom et Opa Quette. Dans la métropole, monte une marée de colére et le maquis s‘organise. Sur les murs de la grande tenteF FF une main malhabile et préssée a tracé en lettres inégales: Rendez-nous Jean-Baptiste. Il vient maintenant de s’établir un comité de salut public, la résistance vient de se trouver un nom qui brille partout sur les papyrus collés au tronc des arbres: R.L.0.U. Résistance Intérieure Ouest Le bruit court qu’un chef jeune et dynamique (qui serait peut-€tre Jean-Baptiste) va se présenter aux prochaines élections et sauver la Franco-Faunie. Si-vous voulez connaitre l'avenir, lisez notre prochain _ 4 Courrier des Suite de la page 2 Pour ma part, je puis dire, en tant que travailleuse syndiquée, et qui a participé a plusieurs gréves dans le passé, qu’a chaque’fois hous’ avons été contraintes a la gréve (comme c’est le cas ici présentement) comme le seul Moyen pour obtenir des améliorations de nos condi- tions de travail et de vie les plus élémentaires, qui nous étaient refusées par les admi- nistrateurs et le gouverne- ment. Je veux souligner ici qu'il ne faut jamais oublier - que lorsque les employés des services publics revendi- quent et obtiennent (hélas, aprés plusieurs jours _ et semaines de gréve) ces amé- liorations, celles-ci ont un effet direct sur la qualité des soins et services 4 la popula- -tion. N’inversons pas les roles: ce sont les administra- teurs et le gouvernement lecteurs... qui sont responsables de la détérioration ou de la sup- ‘pression des services .aux- quels la population a droit. ‘Un dernier ‘commentaire. pourquoi ces hommes et ces femmes sont-ils en gréve et dressent-ils des piquets? Il faudrait d’abord dire cela. Malheureusement, ce n’est pas dans le Soleil, ni dans les articles de Mme Décarie que nous l’apprendrons, puisque on y trouve aucune informa- tion sur les demandes des grévistes, etc. C’est cela aussi qui est “inconcevable et inadmissible”, car un journal et ses journalistes ont d’abord pour tache d’infor- mer. C'est votre premiére responsabilité auprés de vos lecteurs et abonnés, et cela d’autant plus que le Soleil de Colombie est le seul journal a desservir la population fran-. cophone ici. Vous devriez - tement, La Langue francaise dans le monde 7 Le Zaire Annie Granger Et voila, nous arrivons au dernier pays francophone sur la liste (hormis la France et le Canada que nous ver- rons les prochaines semai- nes) le Zaire. Le Zaire ou Congo- Kinshasa est l’ancien Congo belge qui, depuis 1971 porte le nom de Zaire. Cette république est bor- dée a l’ouest par l’océan Atlantique, au nord ouest par le Gabon, au nord par le Cameroun et la République Centrafricaine, au nord-est par le Soudan, a l’est par l'Oganda et la Tanzanie et au oud par la Zambie et |’Ango- a. D’une superficie de 2 344 885 km2, le Zaire est traversé par l’équateur. Sa population est de 27 750 non habitants, le francais en est la’ langue officielle, mais prés de 400 dialectes sont parlés. La capitale est Kinshasa. Couronnant:l’expédition de Stanley en 1878, envoyé au Congo par l’Association afri- caine internationale, la confé- rence de Berlin en 1884 créa l'état indépendant du Congo. Gouvernée a titre personnel par le roi des Belges, qui la légua (1890), puis la céda définitivement a la Belgique en 1908, la colonie du Congo belge devint alors un des grands producteurs de cui- vre, de cobalt, de diamants et de radium. Une table ronde réunie 4 Bruxelles a la suite de troubles graves qui éclate- rent 4 Léopoldville aprés le congrés panafricain d’Accra (1959) fixa l’indépendance du Congo au. 30 juin: 1960. ‘ Des élections qui eurent lieu entre-temps donnérent lavantage aux Bakongos de Joseph Kasavubu, cela dans la capitale Léopoldville, et dans le reste du pays, au mouvement national congo- lais de Patrice Lumumba. Un conflit éclata peu aprés la avec ses proclamation de l’indépen- dance entre le premier minis- tre Lumumba et le président Kasavubu. Lumumba fut destitué, tandis que le Katan- ga faisait sécession sous la direction de Moise Tschombé. En 1962, Kasavubu réussit 4 isoler ce dernier en faisant entrer “dans son gouvernement Gizenga, successeur de Lumumba, assassiné en 1961. Le particuliarisme dela province de Stanleyville fut aboli peu aprés, et le bastion katangais réduit avec l'aide des troupes de 1’0.N.U. en janvier 1963 — on se rappelle les troubles au Katanga). Tschombé fut Premier minis- tre de 1964 4 1965. En 1965, un coup d’état renversa Ka- savubu au profit du général Mobutu, qui vient a bout des oppositions. Derniérement, en 1978, des Katangais venus d’Angola assiégent et massa- crent une centaine d’Euro- péens. La France intervient parachutistes, ensuite c’est au tour de la force inter-africaine. : Le président du Zaire est toujours le général Mobut Sese Soko Kuku Nbgandu Wa Zabanda, le seul parti politique est le mouvement populaire de la révolution dont tout Zairois est membre de droit. Le Zaire est un grand fournisseur de cobalt, de cuivre, de diamants et d’ar- gent. Le Zaire a le premier rang de fournisseur de dia- mants dans le monde. Malgré cette richesse dans le sol, le revenu annuel par habitant est de $118, probabilité de vie de 41 ans, Le drapeau est de couleur verte, avec un cercle dans le verte, avec un cercle jaune dans le milieu ot 1’on voit un bras noir tenant une torche allumée. Ce sera au tour du Canada de se faire survoler par le “Soleil”, la semaine prochai- ne. : faire cela, Mme _ Décarie, conscienceusement et honné- avant d’ajouter votre nom aux quelques centaines de personnes dans ce pays qui quotidiennement scribouillent contre les cen- ‘taines de milliers d’hommes “et de femmes obligés de lutter pour leur travail et leur vie, produisent la richesse sociale eux-mémes qui et font marcher le pays... sans en profiter guére. Claire Ouellet 38-1560 Nelson, Vancouver SUC O** au service direct du Tiers-Monde La chaine CN: Hotel Newfoundland, St. John’s Hotel Nova Scotian, Halifax Hotel Beauséjour, Moncton Le Reine Elizabeth*, Montréal Hétel Macdonald, Edmonton Jasper Park Lodge, Alberta ee "3 s ee SSN eae _ Autres grands hoétels: Hilton International Québec, Québec Montréal Aéroport Hilton International, Montréal Hotel Vancouver*, Vancouver (i Castle Hilton, Toronto : CAEN anoesne x \ é b AAs NY ASR ANG aC ep ¥ ‘ ‘ Ste OD ok \ Hotel Plaza Il, Toronto ark Plaza, Toronto Les réservations instantanées des hétels CN. La meilleure fagon de s’assurer un accueil chaleureux. Toronto Airport Hilton International, Toronto Hotel Fort Garry, Winnipeg The Intemational, Calgary “Administration: Hilton Canada whs