8 Le Soleil de Colombie, vendredi 25 avril 1980 - Regard sur le présent * et l'avenir coopératit Le premier mouvement coopératif 4 Au coeur de la Colombie, notre communauté francophone minoritaire du Grand Vancouver manifeste une volonté de vivre, une volonté de garder son : i identité culturelle et linguistique malgré les fortes vagues d’assimilation de: | l’'ambiance anglaise. : Pour vivre et’ survivre, elle a besoin de se donner les services communautaires qui l’aideront a resserrer les liens culturels qui nous sont communs et a affronter les courants anglophones envahisseurs. A la base, notre communauté francophone se doit de prendre aussi en main sa vie économique et sociale. C’est ici que se présente a nous le moyen efficace, qui a fait ses preuves surtout au Québec: la Coopération. Le mouvement coopératif constitue une réalité qui témoigne d’une volonté collective d’étre “maitre chez soi’. “Les coopératives fournissent la preuve qu'il est possible 4 des gens 4 ordinaires d’assumer la propriété ainsi que la gestion collective et démocratique d’entreprises variées qui soient effectivement 4 leur service en tant qu instruments dynamiques pour répondre 4 leurs besoins locaux”’. (Les Coopératives). Ici, dans le quartier francophone de Vancouver quelques réalisations coopératives ont contribué, avec les organisations de notre paroisse nationale . francaise, 4 regrouper les éléments divers de la communauté francophone et a . lui fournir les services sociaux et économiques dont celle-ci avait besoin: Caisse Populaire St-Sacrement, Coopérative d’habitation Demers, et récemment d’une coopérative d’alimentation. Sinous voulons avoir la joie de vivre dans une communauté francophone unie, méme en situation minoritaire et conserver notre héritage, je ne vois qu’un moyen, et cé moyen est puissant et dynamique: s’unir, se donner la main et coopérer a batir des coopératives dans les différents secteurs de vie. “L’Union fait la force”. Mais pour arriver a cela, il faut que chaque francophone développe en lui le sens communautaire, qu’il soit prét 4 rendre service et 4 apporter généreusement sa part de dévouement pour le bien-étre de la grande famille francophone. La vie et le progrés des francophones de Colombie est a ce prix. Ce fut le secret des fondateurs de coopératives existantes dans notre province, comme partout dans le monde, et ce sera toujours la clé du succés pour notre avenir franco-colombien. St-Sacrement de Vancouver “La Caisse Populaire de St-Sacrement" Fondation: Sa fondation date de la fin d’octobre 1948, alors que la paroisse ne comptait que deux ans d’existence. Dans le Journal Paroissial, on lit, a la date du 31 octobre 1948: “Premiére assemblée, dans la salle paroissiale, pour création d'une Caisse Populaire. Sous la présidence de M. Albert LEFEBVRE, aidé par les conseils techniques de M. Joseph CHAUSSE, une cinquantaine des nétres jetérent les bases de cette organisation coopérative. Un conseil provisoire de 9 personnes fut élu et cent douze dollars de parts réunis. Mlle Luce LAMBERT fut nommeée secrétaire.” . Premiers locaux: De 1948 a 1952, le bureau de la Caisse était situé a Ventrée de la salle paroissiale, dans un petit office affecté a cet effet. Quelques jours par semaine et chaque dimanche surtout, aprés les messes, Mlle Lucie Lambert se tenait au bureau pour donner tous les. renseignements désirés et recevoir les nouvelles adhésions. Robert GODARD, s.s.s. Président du Conseil de Coopération de Colombie De 1952 & 1957 , le bureau de la Caisse fut situé ala résidence du gérant, M. Maurice ECARNOT, a 3075, rue Willow, puis de 1957 a 1963 a 804 Ouest 14¢me avenue, a la nouvelle résidence du gérant. C'est en 1963 que la Caisse Populaire fit l’'acquisition de l'immeuble qu'elle occupe depuis 4 700 ouest 16¢me avenue, La Caisse Populaire St- Sacrement atteignait son premier million d’actif en - 1959, son deuxiéme en 1976 et son troisiéme en 1979. Ce dont cette caisse aurait le plus besoin, aujourd’hui, c'est d'une concentration francophone plus forte. Son siége social, du point de vue stratégique, est trés bien situé puisqu’il est dans le milieu méme qu’occupent la paroisse St-Sacrement, le Centre Culturel Franco- Colombien, le Soleil et une certaine tradition canadien- ne francaise. Certaines tentatives ont été amorcées pour favoriser l'établissement résidentiel de familles francophones dans le quartier. L’habitation La Bruyére, réalisée par la Coopérative d’habitation Demers en est une. Souhai- tons que d'autres initiatives suivront. La Caisse Populaire St- Sacrement a été fortement identifiée 4 quelques-uns de ses animateurs au cours des années. I] ne faudrait pas oublier la personne attachan- te qu’a été M. Victor Martin, qui a géré la caisse au début des années 60. Celui quia dirigé la Caisse populaire St-Sacrement le plus longtemps est M. Harry Beauregard. Non seulement était-il identifié au dévelop- pement de la caisse, mais il était aussi trés actif dans la Fédération des Franco- Colombiens, et il a contribué de facon trés active au domaine des idées fondamen- tales qui conditionneront, dans l'avenir, une vie authen- tiquement communautaire francophone en Colombie britannique. KKK A droite , Claude Beauchamp, professeur de sociologie a Punviersité Laval, et agauche, Louis Ladouceur, responsable a la Formation des Coopératives, au Gouvernement du Québec, qui ont été les principales personnes-ressources aux deux stages organisés par le C.C.C.B. fin novembre 1979 et fin janvier 1980. britannique. Historique. La coopération et les francophones de la Colombie Britannique La formule coopérative a été retenue par les francophones dela Colombie britannique dés les années 40. Comme le notera le lecteur, la fondation des deux caisses populaires francophones a coincidé avec la naissance de la Fédération des Franco-Colombiens (appelée alors la Fédération Canadienne-Francaise de la Colombie britannique) et de deux paroisses: St-Sacrement, Vancouver et Notre-Dame de Fatima, a Maillardville. Ceci met en évidence le fait que les Canadiens francais étaient déja sensibilisés a la nécessité de se donner des institutions dans le domaine de I’économie. Les débuts des deux cais- ses populaires ont été humbles et elles doivent toutes deux leur existence actuelle au bénévolat des fondateurs. A cette époque, l’on peut dire que l’esprit coopératif existait dans toute sa pureté originale. Ce supplément est publié dans le but de faire connaftre aux lecteurs du Soleil les objectifs du Conseil de la Coopération de la Colombie britannique qui consistent a promouvoir la diversification M. Louis Ladouceur_ des institutions coopérati- ves. Le Conseil est d’avis que les pionniers avaient vu juste en favorisant la formule coopérative dés le départ. Ils ont reconnu, d’instinct, qu’ une communauté francopho- ne cohérente ne pouvait se développer, dans un milieu anglophone, sans une certai- ne autonomie collective. Le secteur du logement nous semble prioritaire. C’est lui, en effet, qui est le plus vulnérable puisqu’il échappe totalement au con- trdle des communautés a culture particuliére puisque le marché ne s’identifie que par le hasard des fortunes et des initiatives anonymes. L’économie n’a de chance de s'identifier 4 une minorité culturelle que si elle posséde le controle. La formule coopérative s'est avérée la seule qui se préte facilement a réaliser un objectif 4 long terme de contrdle collectif. Certaines expériences ont été tentées dans le domaine de la consommation. Malheu- reusement, l’obstacle princi- pal a toujours été le manque de concentration des popula- tions francophones. Comment, en effet, rentabili- ser un magasin coopératif francophone si la clientéle n’est pas concentrée autour? C’est pour cette raison que le Conseil de Coopérative fait toujours remarquer, 4 ceux qui voudraient lancer des initiatives coopératives, que cette formule peut étre éminemment rentable, tant au point de vue social qu’éco- nomique, que si elle répond a des besoins bien déterminés, et que ces besoins seront mieux satisfaits et a de meilleur compte par la coopé- rative. Le C.C.C.B. est bien cons- cient des transformations sociales qui se sont produites au cours des vingt derniéres années. Nous vivons 4 lage de l’'atomisation sociale. Les individus se perdent dans la masse. L’assimilation cultu- relle se fait 4 un rythme accéléré. Les choix disponi- bles sont presque tous a Venseigne des biens de con- sommation. M. Claude Beauchamp La principale difficulté a surmonter, pour les groupes minoritaires, consiste ase convaincre de leurs valeurs propres. ? Les animateurs de la for- mule coopérative ne croient pas que cet instinct soit totalement disparu. Malgré tout ce que pourraient pré-' tendre ceux qui disent que ces valeurs étaient tirées d'un folklore, nous croyons, avec un nombre grandissant _de penseurs, que la société d’aujourd’hui est tout simple- ment éblouie par un éclair de passage. Lorsque ses yeux: -se -seronthabitués a la réalité; elle reviendra bien a des dimensions qui sont plus en rapport avec la vraie nature de la personne humai- ne. te