—_—— LA PROSTITUTION A VANCOUVER AU TOURNANT DU SIECLE LA PROSTITUTION DANS LHISTOIRE DES DEBUTS DE VANCOUVER De tout temps la prostitution a été, tout a la fois, un service trés demandé et un probleme moral de la société qui, en vain, a essayé de la faire disparaitre. Cette situation fut d’autant plus évidente dans l'Ouest canadien a ses débuts, tel 4 Vancouver, alors qu iil n’y avait que trés peu de femmes pour un grand nombre d’hommes. Mais la prostitution a toujours suscité une vive opposition de la part des résidents de la ville pour des raisons de moralité. En effet, la prostitution était une cause de corruption de la jeunesse qui ne fut jamais tolérée. Mais aucune considération ne fut donnée aux raisons poussant des femmes a se prostituer, a la situation sociale de ces femmes “déchues” qui n’avaient droit 4 aucune pitié; et pourtant ces derniéres furent, le plus souvent, les victimes plutét que les gagnantes d’une telle situation. Avec le nombre grandissant de femmes travaillant hors de leur foyer et dans un milieu d’hommes, principalement, les risques étaient de plus en plus grands pour celles-ci d’y perdre leur vertu.! Devant un tel “fléau” croissant d’année en année, les résidents de Vancouver demanderent un contréle plus sévére de la prostitu- tion et méme son interdiction dans la ville. LA SITUATION DES FEMMES ALA FIN DU SIECLE DERNIER Mais quelles étaient, alors, ces femmes se livrant a la prostitution pour gagner leur vie, parmi celles-ci des francophones, et quelle était la situation économique des femmes lors des débuts de la ville de Vancouver? En 1886 il n'y avait que peu de femmes européennes en C.B. et a Vancouver. Les hommes venus 4 !'Ouest tenter leur chance vers la fortune, étaient pour la plupart célibataires ou bien ils étaient venus, tout d’abord seuls, s’ils étaient mariés. Tandis que certains épousérent des femmes indiennes, d'autres fréquentaient assidtiment les maisons de prostitution. Sur le plan professionnel, la majorité des femmes ne recevaient 10 qu'une formation limitée, vers la fin du siécle dernier. Elles étaient destinées au réle d’épouse, de mére de famille et de ménagére ou elles devenaient religieuses; mais d'une fagon comme d'une autre, souvent, elles n’avaient pas le contrdle de leur avenir. Le marché du travail pour les femmes, en 1886, était limité comme /’illustrent les petites annonces du Vancouver Daily News Advertiser: 28 Mai 1886: Demandé par une femme respectable, poste de domestique. 24 Aott: On demande 3 bonnes serveuses; les meilleurs salaires offerts. 10 Octobre: Beaucoup de postes ouverts dans la ville (de Van- couver) pour jeunes femmes désireuses de travailler comme serveuses ou assistantes dans des hotels. . . salaire de $25.00 par mois (.. .et tout ce qui est trouvé. . .(?)).? Il n'y avait, (semblerait-il) pour les femmes, que le travail ménager ou domestique qui devait, parfois, inclure des faveurs sexuelles. Pour les femmes seules et démunies (veuves et orphelines, sans aide économique de quiconque, par exemple) ne pouvant trouver de travail en saison de chémage, la prostitution s’avérait un moyen de survie assuré dans cette population d’hommes enfiévrés. LE DISTRICT DE LA PROSTITUTION DE VANCOUVER Vers la fin du siécle dernier, Vancouver avait un quartier de la prostitution, en plein coeur de ce qui est appelé “Chinatown”, la ville Chinoise: “Au bout de False Creek, a la rue Carrall (alors un sentier dans les bois), il y avait un abattoir et une plage boueuse. La s’étaient rassemblés les Chinois, pour s’éloigner des Blancs qui les détes- taient. C’était la, également, que les prostituées s’étaient installées. Un endroit retiré que les Blancs ne fréquentaient que lorsqu’ils le devaient.”* Ce district de la prostitution était principalement sur la rue Dupont (devenue la rue Pender Est en 1907) et plus particuliérement dans deux patés de maisons entre la rue Carrall et la rue Westminster (aujourd’hui la rue Main). Le plan de Vancouver de 1889, montre que cette section de la rue Dupont était garnie de Bars, de Salles de