“<3 4, TELE-SOLEIL, Vendredi 3. Décembre 1976 LA CORDE C'est aux Beaux Dimanches du 5 décembre, de 20 h 30 a 22 h 30, que la télévision fran- caise de Radio-Canada présen- tera /a Corde, de Patrick Hamil- ton, dans la traduction et l’adap- tation francaises de Gabriel A- rout. La piéce a été adaptée pour la télévision par Gilles Ro- chette et elle sera réalisée par Richard Martin. L'intensité dramatique crois- sante de ce téléthéatre vous laissera hors d'haleine, pendant deux heures, partagés entre la stupeur et l'angoisse.. Vous ne pourrez que frissonner d’hor- reur a la vue de deux jeunes gens qui tuent leur camarade froidement, gratuitement, par pur plaisir, décident d'enfermer son corps dans un coffre, au milieu de leur appartement, puis de servir a diner sur ce coffre a un groupe diinvités parmi lesquels se trouve le pe- re de la victime. Cette histoire sinistre ou I"hu- mour noir se confond presque avec le mal radical, et dont le sujet devait tenter Alfred Hitch- cock en 1948, sera interprétée par quelques-uns de nos meil- leurs comédiens. Les deux prin- cipaux réles, ceux de Brandon et de Granillo, ont été confiés respectivement a Jean Leclerc et a Guy Nadon. Ce sont des réles difficiles, ingrats, qui exigent des comé- diens l'effort continuel de se marcher sur le coeur, car les personnages dans la peau des- quels il leur faut entrer, ces deux voyous dont ils doivent, en tant qu’artistes, assumer les paroles et les gestes, sont par- mi les plus antipathiques de tout le théatre classique et mo- derne. Le cynisme de Brandon et de Granillo a quelque chose de diabolique, qui les coupe de tout contact humain, de toute présence sensible, en somme les met hors d’atteinte de tous les sentiments y compris notre pitié. Les téléspectateurs se de- manderont si des étres aussi fonciérement méchants ont ja- mais vu le jour. Or c'est se de- mander si Néron et Himmler ont existé. Brandon et Granillo sont de jeunes monstres habités par une idée fixe. Leur seul vice, au fond, est |’orgueil. Mais un orgueil qui confine au délire, une révolte spirituelle et mora- le dont la dimension métaphy- sique nous laisse songeurs sur la profondeur du mystére de l'homme, c’est-a-dire sur le sens véritable de son existence et de sa destinée. Car non seule- ment nos deux petites crapules se considérent comme étant au- dessus du commufi des mortels, au-dessus des lois, au-dessus de tout, mais encore veulent- elles se prouver qu’elles le sont. D’ou l'idée de supprimer tout simplement, sans remords, ce minable de Ronald Kentley (Michel Cété), ce gargon ssi ordinaire, tellement médiocre. Raskolnikov, qui comme nos deux salopards est un intellec- tuel affranchi de tout préjugé, tue lui aussi pour se mettre au-dessus de la loi, mais au moins a-t-il l'excuse de la mi- sére. : Toutefois, il est un point qu'un avocat pourrait soulever a la décharge de Brandon et de Granillo: c’est le probleme de la responsabilité morale, c'est plus précisément la question de V'influence que leur ainé, Rupert Cadell (Hubert Noél), a exer- cée sur eux. Cadell est un de ces mon- dains qu'on rencontrait dans les salons de Londres, de Paris ou de New York dans la premiére moitié de ce siécle, fumant des cigarettes «extra-longues» et jonglant avec les idées comme avec des piéces d'or, sans se soucier de ramasser celles qui lui échappaient. Cet aristocrate de la vie élégante, grand lec- teur de Sade sans doute, de Gobineau et de Nietzsche, s’a- muse de tout, ne croit a rien. Il dira d'un air désinvolte: «J'irais chez le diable si je savais ou - le trouver.» Il est impossible que cet élégant n’ait pas séduit, par sa maniére de penser et d'agir, l'esprit un peu dérangé de Granillo et celui, plus posi- tif, de Brandon. Nous verrons Jean Dalmain dans le réle du pére, Sir J. Kentley; Rose Rey-Duzil jouera Lady Debenham, et Isabelle Martin Mary Arden. Michel Du- ‘mont interprétera le réle de Steve Raglan, et Robert Malette fera Victor, le valet. Le décor est de Camille Prud'homme; les costumes sont de Claudette Pi- card. Les Beaux Dimanches présen- teront au cours de la saison LE GRENIER Une heureuse évolution «Une série truffée de grains de folie». C'est ainsi que Gé- rard Poirier, qui incarne le réle de Sadhu Bidishah, soulignait le caractére humoristique de la sé- rie le Grenier, que réalise Clau- de Poulin. Gérard Poirier Simultanément, cette petite phrase permet de constater |'é- volution qui a marqué cette dra- matique-jeunesse depuis ses dé- buts. «Cette évolution se manifeste & plusieurs niveaux», dit Claude Poulin. «Depuis le commence- ment de cette production, nous en avons précisé plusieurs as- pects, toujours dans le but de rejoindre mieux notre auditoire.» A ce titre, les téléspectateurs auront noté une définition plus nette de la personnalité des personnages. Frimousse, par exemple, est devenue une ‘pe- tite fille a part entiére, passant du romantisme a l'agressivité par--une- comptine -qui--s‘accom---- Y. Bouchard, M. Bernard, G. Poirier, H. Loiselle et R. Duparc pagne de tremblements et de soubresauts. Cette modification permet a ‘auteur Pierre Guénette de cré- er des situations saines, ot les- rapports entre les personnages sont plus directs. D'autre part, les grandes va- riations de tempérament affi- chées par les personnages du Grenier sont telles que les si-— tuations les plus anodines pas- sent a l'écran de facon trés ori- ginale. De plus, ces situations sont enrichies par l'importance ac- cordée a la boule de crystal de Sadhu ou a l'image de Dollard, importance égale @4 celle de véritables personnages. Les téléspectateurs remar- queront aussi les nouveaux cos- tumes, redessinés conformé- ment a l'évolution des protago- nistes de facon a enrichir la dimension’ esthétique de la sé- rie. Du cété musique, Claude Pou- --lin-a fait- une -place- plus-grande. aux compositions de Marie Ber- nard. La structure dramatique de l'émission est maintenant entrecoupée de chansons. En outre, les effets sonores sont fréquemment remplacés par des codes musicaux originaux. Un des signes les plus évi- dents de la réussité de cette série se manifeste par la bonne humeur de tous les artisans du Grenier. A cet égard, Claude Poulin tient & remercier de leur collaboration les techniciens, les comédiens, l'auteur, de méme que tous ceux qui participent de prés ou de loin au succes de cette série. La distribution du Grenier -comprend Marielle Bernard (Fri- mousse), Yvon Bouchard (Dol- lard Desbouleaux), Robert Du- parc (Etienne), Héléne Loiselle (Antoinette Ortographe), Gé- rard Poirier (Sadhu Bidishah). Assistant @ la production: Clau- . de Laferriére. Script-assistante: -Michtle “Charbonneau. i trois autres piéces policiéres: le 9 janvier, on y verra Je Vélo devant /a porte, de Marc-Gilbert Sauvageon et Joseph Hayes, dans une adaptation québécoise de René Dionne et une réali- sation de Louis-Georges Car- rier, avec Marjolaine Hébert, Jean Duceppe, Anne Létourneau et Guy Godin; le 13 février, Virage dangereux, de J.B. Priest- ley, dans une traduction de Mi- chel Arnaud, une adaptation de La Pierre Le samedi 4 décembre 4 10 heures, une production ‘suédoi- se intitulée la Pierre blanche prendra l’affiche. Cette excel- lente série-jeunesse succédera aux Travaux d’Hercule Jonsson, production également d'origine suédoise. Cette nouvelle émission con- crétise une fois de plus le désir de la direction du Service des émissions-jeunesse d’ouvrir no- tre télévision a des réalités cul- turelles différentes. La Pierre blanche se déroule dans un village suédois. On y découvre d’abord Florence, la petite fille du maire Petersen. Agée d'une dizaine d'années, Florence vit l'isolement des en- fants issus des milieux favori- sés. Entourée de son pére, le digne premier magistrat de la municipalité, de sa mére, qui donne des lecons-de piano et de deux domestiques, Florence manifeste une certaine tendan- ce a l'oisiveté doublée d'une ré- sistance 4 |’autorité parentale. L'arrivée du petit Jean-Paul permettra de constater que |'a- mitié entre deux enfants peut abolir les frontiéres sociales. Fils de cordonnier, Jean-Paul est issu d'une famille de 5 en- fants, Ils viennent s'établir dans wie <2 J. Leclerc, H. Noél, M. Dumont, R. Rey-Duzil, G. Nadon, J. Dalmain et I. Martin Jean-Louis Roux et une réalisa- tion de Jean Dumas, avec Loui- se Marleau, Réjean Lefrancois, Giséle Schmidt, Monique Cha- bot et Denis Mercier; le 27 fé- vrier, Homicide par prudence,’ de John O'Hare, dans une adap- tation de Frédéric Valmain et une réalisation de Jean Faucher, avec Andrée Lachapelle et Gé- rard Poirier. Jean Tétreau blanche le voisinage des Petersen et Jean-Paul devient le grand ami de Florence et tous deux seront des partenaires indéfectibles. A- vec humour, ils nous suggérent une certaine fagon de faire la nique aux adultes... A tour de réle, Florence et Jean-Paul se lancent des défis. Pour marquer leurs «mauvais coups», les complices se remet- tent a chacun une petite pierre blanche ressemblant a un oeuf. Dans cet esprit, les deux a- mis nous convieront a des aven- tures savoureuses. Par exem- ple, on verra Jean-Paul tenter d'effrayer Martine, Ja bonne, en essayant de faire sortir de leurs cages certains animaux d'un cir- que de passage en ville. Un autre défi lancé par Flo- rence @ son nouveau camarade consistera & déposer un oeuf sur le lit de monsieur le maire. Tirée d'un conte de Gunnel Lunde, la Pierre blanche propo- se aux téléspectateurs une peinture de la vie quotidienne de deux enfants. Avec siniplici- té, ceux-ci nous font découvrir certaines différences entre deux générations, deux classes socia- les. Symbole de leur amitié, la petite pierre blanche changera souvent de mains... - , Bs