Le Soleil de Colombie, Vendredi 4 Novembre 1977 11 monde _L’homme le plus fort du AUX EDITIONS VICTOR-LEVY BEAULIEU: par Ben WEIDER Chapitre VI Louis et Mélina reviennent a Lowell Il avait des dispositions certaines pour le spectacle. Il mit au point plusieurs trucs qui devaient en faire un acteur incomparable. C’est a cette époque que Louis comprit que pour réussir dans son métier, il devait prendre soin de ne jamais surclasser ses adversaires. Combien de fois il aurait pu soulever le double de ce que venait de faire quelque costaud! Il se contentait de soulever un peu plus, de facon a ne pas décourager les futurs can- didats aux rencontres. De cette maniére, il conservait intact Vintérét des spectateurs qui, dans les confrontations de ce genre, viennent toujours avec le secret espoir de voir l’amateur battre le professionnel, le lion manger le dompteur. Ce sens du spectacle chez Louis Cyr devait avoir un revers de médaille. Jamais Louis ne chercha 4 voir les limites de sa force. Il faisait ses tours simple- ment pour faire mieux que l'ad- versaire rencontré; il ne chercha jamais a établir un record, ni a aller a l’extréme bout de ses propres possibilités. Pour en revenir 4 la tournée avec MacSohmer, les choses finirent par se gater. La grosses- se de Mélina approchait.de son terme. La jeune femme se montrait courageuse, mais sa santé n’était pas brillante du tout. MacSohmer était animé par une seule idée: tirer de la tournée le plus d’argent. possi- ble, en lacher a Louis le moins possible. Le ménage Cyr fit, timide- ment, quelques tentatives pour se faire payer. Le maquignon fit la sourde oreille. Il menait grande vie, jouait aux cartes, ~ fréquentait les clubs de nuit et les filles et aimait passer pour un grand personnage. Il aurait di se rendre compte qu’il y avait une limite 4 ne pas franchir. Grisé par sa vie facile, emporté par une aventure avec une tapageuse chanteuse rousse, aux yeux verts et aux formes capi- teuses, il ne vit pas.se multiplier les signes d’alarme. Un soir, il arriva en retard dans la grande salle qu'il avait louée la veille et ott Louis Cyr © devait faire son numéro. Le public avait rempliles gradins et commencait a s’impatienter. On tapait des pieds, on claquait des mains; des cris indignés com- mengcaient a fuser. MacSohmer, tout essoufflé, monta sur l’estra- de et fit un petit discours pour calmer l’impatience de |’assistan- ce: “L’homme le plus fort du Canada allait se montrer dans quelques secondes; il était en train de s’habiller”... Son amie, qui l’avait accompa- gné, venait de prendre place dans la salle et était le centre de l'attention des premiers rangs a cause de sa‘robe verte trés décolletée et de son immense chapeau a plumes. Ayant apaisé la foule et souri une derniére fois asa compagne, l’élégant Mac- Sohmer se précipita dans les coulisses pour presser Louis. t fepyry Savor ie q...gfmernat | ' 1 a GOQviomw wu — Dépéche-toi, Louis, dépé- che-toi... Enfin, qu’est-ce que ¢a veut dire?... Le public attend, tu vas nous faire manquer le spec- tacle! Un silence sinistre régna en réponse. — Alors, Louis... hurla le maquignon, en ouvrant d’un coup de pied la porte de la loge. Le reste de la phrase ne fut jamais prononcé. Le ciel s’ef- fondrant sur la téte de MacSoh- mer ne l’aurait pas frappé davan- tage. La loge était vide. Toutes les affaires personnelles de Louis avaient disparu. IL courut ala caisse, ot devait se tenir Mélina: personne également! La sueur coula sur le visage du maquignon. Dans la salle on s’impatientait de nouveau. La foule scandait en tapant du pied: — Louis Cyr... Louis Cyr... MacSohmer se précipita de- hors; des caléches attendaient a la porte; il bondit dans l’une d’elles: — Menez-moi Al’hdtel de la Gare, supplia-t-il. Vite... plus vite... Lui-méme était descendu dans un endroit beaucoup plus chic. Le cocher fit de son mieux pour faire galoper sa jument. Mais le résultat ne fut pas plus heureux pour MacSohmer. La chambre était vide. Louis et Mélina avaient pris leurs bagages et quitté l’hétel sans _laisser d’adresse. Ils n’avaient laissé que la note pour le “monsieur” qui avait retenu la chambre... MacSohmer était tellement ému qu'il paya tout de suite, chose imprudente qui non seule- ment réduisit des deux tiers le total de la fortune qui lui restait, mais encore devait lui valoir des déboires plus considérables. Car il fut arrété par la police lorsque, s’étant ressaisi quelques heures aprés, il voulut récupérer cette somme, sous prétexte que c’était les Cyr qui avaient habité l’hotel. L’affaire fit grand bruit; les spectateurs furieux avaient ma- nifesté leur mécontentement en brisant les chaises. La rousse beauté fut également quelque peu malmenée par la foule qui avait remarqué les coups d’oeil enflammeés que lui langait l’orga- nisateur et les petits signes qu'elle adressait a l’escroc. Elle s’enfuit 4 toutes jambes, la robe déchirée et laissant dans la bagarre son grand chapeau de plumes. Quant a Louis et sa femme, avec les quelques sous qu’ils avaient pu gratter, ils avaient pris le train et roulaient vers Québec. Chapitre VII PREMIERES TOURNEES L’arrivée 4 Québec devait rester pour toujours dans la mémoire de’ Louis Cyr comme un événement désagréable. Devant Mélina, il affichait un optimisme qu'il était loin d’éprouver. Au fond de lui-méme, il songeait a trouver au plus vite une place er ee ~~ UGLES SUPA Ts WIT ~~ ores dans une ferme ou sur un chantier. Sa déception était grande. Le beau parleur qu’était MacSohmer lui avait fait entre- voir des possibilités magnifi- ques; il était d’autant plus découragé de la réalité. Mais la Providence allait se charger de lui prouver qu'il avait tort. N’ayant rien a faire 4 Québec, il se rappela qu'il avait rencontré a Lowell un garcon avec qui il s'était lié d’amitié et qui habitait a Pointe-Lévis. Il décida d’aller dans cette localité et de voir si son ex-ami pouvait l’aider. C’est en route pour Pointe-Lévis que la chance lui sourit. L’homme qui le conduisait dans sa carriole s’était trouvé par hasard présent le jour de la rencontre de Louis avec David Michaud. Il vit notre champion dans l’embarras, sa jeune femme sur le point d’accoucher, et s’offrit a aider le couple. Sa proposition était la bienvenue, le petit pécule fondant a vue d’oeil. Malgré les protestations de Mélina, Louis demanda a son nouvel ami de l’aider a trouver une place d’ouvrier sur. un chantier ou une ferme. — Mais pourquoi renoncez- vous a votre carriére d’homme fort? demanda son interlocuteur. —Comment puis-je faire au- trement? expliqua Louis. Pour organiser une tournée, il faut de Vargent et je n’ai que quelques dollars. Et puis, qu’est-ce que je vais soulever? Il faut du matériel pour un numéro d’homme fort: des haltéres, des barils... Il faut méme un costume, et j’ai pres- que tout laissé chez MacSohmer. —Evidemment, c’est bien em- bétant, dit le cocher en se Sere A wv LIBRAIRIE~ GALERIE FRANCAISE Leivres Disques : "Magazines — Cartes de voeuxd HEURES D’OUVERTURE Lundi au mercredi: 10h00 a 18h00 Jeudi et vendredi: 10h00 a 21h00 Samedi: 10h00 4 18h00 Dimanche: 12h00 a 18h00- Le dimanche, venez déguster un bon café, un gracieuseté du Potauinenrt| 1222 ROBSON STREET VANCOUVER, B.C. 687-5936 SS Se ee = grattant la téte. Mais dites-moi,, jai une idée... Pourquoi n’irions- nous pas récupérer ce matériel? MacSohmer ne peut rien en faire. Le traiher sans raison avec lui lui cofitera une fortune pour rien. Je suis sir qu'il s’en débar- rassera volontiers a bas prix. —C’est que méme ce bas prix, je ne I’ai pas, expliqua Louis. —Attendez qu’on arrive a Pointe-Lévis, répondit 1’autre. J’ai mis quelques sous de cété; ma profession est chauffeur de locomotive. Je vais voir des parents, des amis; je suis stir qu’ensemble nous allons pouvoir trouver ce qu'il faut pour vous arranger. Louis se gratta la téte. L’offre était alléchante; ce simple espoir faisait renaftre sa confiance. Mais, par ailleurs, il avait scru- pule a accepter une telle aide. Sa fierté se révoltait. C’était en quelque sorte accepter l’auméne. C’est ce dernier sentiment qui allait prévaloir dans son esprit, lorsqu’un coup d’oeil de Mélina le fit opter pour le projet du chauffeur de locomotive. Elle n’avait rien dit; mais simple-- ment, ses yeux parlaient pour elle. Sa petite main s’était posée sur l’énorme avant-bras de son mari et Louis comprit qu’a la _ veille d’avoir son bébé Mélina craignait par dessus tout d’étre séparée de son époux. $4 MILLION The. “7 Provincial OCT.30 NUMEROS GAGNANTS Voici les numéros du tirage du 30 Octobre de la loterie The Provincial. Vérifiez les numéros ci-dessous — vous étes peut-étre gagnant. Pour ‘ réclamer votre prix,’suivez les instructions figurant au dos de votre billet. Si vous n’étes pas gagnant a ce tirage, GARDEZ VOTRE BILLET Votre billet pour le tirage du 30 Octobre est également valide pour celui du 27 Novembre! NUMEROS GAGNANTS NUMEROS GAGNANTS —Bon, j'accepte, dit-il; mais je vous donne ma parole, vous serez tous remboursés aussi vite que possible. Mais comment faire pour les haltéres? —Eh 1a! Eh! répondit leur nouvel ami en riant. Quel diable d’homme vous étes! Il y a cing minutes, vous étiez prét 4 sauter de la carriole pour courir dans les bois, et vous voila brilant d'impatience de reprendre vos morceaux de fonte! Attendez d’arriver 4 Pointe-Lévis! On va voir mon oncle Raoul; il est de bon conseil. Et puis, surtout, ajouta-t-il, il a les plus beaux et les plus rapides chevaux du village. A Pointe-Lévis, ot ils arrivé- rent dans la soirée, les choses s'arrangerent encore mieux que dans les prévisions les plus optimistes. Le chauffeur de loco- motive s’avéra étre un garcon qui connaissait tout le monde et que tout le monde aimait. II ne fallut pas longtemps pour que Louis et sa femme, que le voyage avait bien fatiguée, trouvent un gite et un copieux repas. Mélina s’étant retirée aprés le souper, Louis et son ami se réunirent avec quelques autres hommes de Yendroit pour discuter affaires. Tout le monde était d’accord sur la nécessité de récupérer de toute urgence le matériel du spectacle. (suite la semaine prochaine) ss! iS $100,000 141419181011 10} [515121 7/3/0/8} Li O1019151515} [5/013/3) 111419} L4/2/8/6/5] 1/8] Si les cing, quatre ou trois derniers chiffres de votre billet sont identiques a et dans le méme ordre que ceux des numéros gagnants ci-dessus, votre billet vous § donne droit au prix correspondant. 6 derniers gagnent $40,000 5 derniers gagnent $4,000 4 derniers gagnent $250 3 derniers gagnent $50 Manitoba. - NOTE: Les gagnants de cinquante dollars ($50.) peuvent réclamer leur prix en présentant leur billet 4 une succursale de la Canadian Imperial Bank of - Commerce en Colombie-Britannique, Yukon, Alberta, Saskatchewan e BONUS $1 MILLION UN SEUL PRIX POUR CE NUMERO L6l 11 8/6/1414) 1 | BILLETS POUR: NOVEMBER 27, 1977 DECEMBER 26, 1977 EN VENTE MAINTENANT! Western Canada Lottery Foundation fT — = senriays mran ice tae Sts vy 4 :