RUBRIOUE LITTERAIRE Le Bourgeois gentleman d’Antonine Maillet En marge de la présentation par Alliance frangaise de Victoria du Bourgeois gentilhomme, comédie de Moliére qui sera jouée a 1’ Académie Sainte-Anne le 14 novembre, je voudrais vous entretenir briéve- ment d’un per- sonnage canadi- en,appelé Le Bourgeois gentle- man, et de sa créa- trice, Antonine Maillet. Née a Bouctouche au Nouveau- Brunswick, Antonine Maillet a d’abord écrit son doctorat sur Rabelais et les traditions orales en Acadie ainsi que quelques romans et quelques piéces de théatre avant de se faire connaitre 4 tra- vers le Canada avec son personnage savoureux de vieille femme acadi- nenne, La Sagouine, dont les mono- logues sont interprétés magistralement par l’actrice Viola Léger. Peu aprés, Antonine Maillet recoit le prix Goncourt pour Pélagie-la Charrette, roman épique sur le peuple acadien. A lautomne 1978, sa piece, Le Bourgeois gentleman, est créée au Rideau Vert 4 Montréal; il s’agit d’une comédie légére 4 la maniére du Bourgeois gentilhomme de Moliére. Jean-Baptiste Bourgeois, issu d’une modeste famille de Sainte-Pétronille- des-Quatre-Pattes, est devenu un riche marchand de claques (couvre-chaus- sures) 4 Rosemont 4 Montréal dans les années quarante. Atteint de la folie des grandeurs, il veut, comme le Monsieur Jourdain de Moliére, monter dans la société. Pour lui, cela signifie s’angli- ciser, parler, vivre, se distraire, s’ha- biller comme les gentlemen de Westmount. Pour ce faire, il prend un maitre d’éducation physique et un pro- fesseur d’anglais qui, en fait, se moquent de lui. II s’acoquine avec un certain Sir Harold Featherstonehaugh, habile escroc qui n’en veut qu’a son argent. Jean- Baptiste Bourgeois tombe victime des flatteurs et des cupides. Sa vanité le rend dupe et ridicule. Sa femme, sa fille, sa servante qui représentent le bon sens, |’honnéteté, l’authenticité réusissent heureusement a le ramener a la sagesse et au bonheur. La piéce finit bien; I’escroc est démasqué; Jean-Baptiste Bourgeois semble guéri de son anglomanie et de sa folie des grandeurs. Tout rentre dans «...(Antonine Maillet) sait nous amuser et nous faire rire» octobre 1998 “aN Vordre tandis que la piéce se ferme avec un joyeux quadrille ot Sir Harold est bastonné a coupsde claques. Grace 4 ses nom- breux personnages hauts en couleur qu’elle fait vivre et parler avec toute la saveurde l Acadie, Antonine Maillet a donné un élan extraordinaire 4 la littérature aca- dienne. Avec son Bourgeois gentle- man, adaptation et pastiche de la piéce de Moliére, elle nous améne a réfléchir aux dangers de la vanité (apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute dit le Renard au Corbeau de la fable de la Fontaine), mais surtout elle sait nous amuser et nous faire rire. Monique Genuist of ettre inédite de Gabrielle Koy Dans les années soixante-dix, a Université de Victoria, je don- nails un cours sur la civilisation québécoise dans le programme French Language Diploma Program dans le cadre de I’Education perma- nente. J’avais mis dans le cours le roman Bonheur d’Occasion de Gabrielle Roy. Les étudiants étaient curieux de savoir de |’auteure elle- méme, quelle aurait été la suite du roman si Gabrielle avait voulu en écrire une. Ils m’ont incité a lui écrire, ce que j’ai fait ; malheureusement, quand la réponse est arrivée, le cours était fini et les étudiants étaient partis. Voici reproduite textuelle- ment et intégralement la réplique de Gabrielle Roy. Il faut noter que sa lettre est écrite a la main. Gérald Moreau Québec, le 6 mai 1976 Monsieur Gérald Moreau Professeur University of Victoria Monsieur, Je vous remercie de votre bonne let- tre du 6 avril que m’a fait parvenir mon éditeur. Je vous remercie également de m’enseigner 4 vos éléves avec ce qui me parait étre une chaude sympathie du coeur. Je comprends votre désir, suite a la page 13