\ «Quand |’estime dela création» PAR JEANNE BAILLAUT Ils sont venus des qua- ° tre coins de la terre as- sister au congrés de leur association et par la méme occasion voir les oeuvres de leurs camarades. Les visiteurs qui étaient présents mardi dernier lors du. vemissage de |’exposition des oeuvres des artistes de ’Asso- ciation Mondiale des Artistes dela bouche et du pied,au Musée de Vancouver ont pu admirer les toiles de créateurs pas ordinaires. Dire que seuls les regards étaient attirés par les oeuvres exposées seraient men- tir, car |’admiration se portait aussi sur ceux qui les avaient signées et qui étaient présents. Certes ce n’est pas tous les jours que !’on 4 |’occa- sion de rencontrer des artistes pein- tres qui manient le pinceau avec la bouche ou le pied parce qu’ils ont été privés de l’usage de leurs mains a la suite d’un accident, d’une mala- die, ou d’une malformation congéni- tale. Devant tant de détermination de la part de ces peintres, devant tant de courage et de dignité, le respect s’impose. A vrai dire, on reste coi devant une telle persévérance, un telamour de la vie. Subvenira ses propres besoins, lors- qu’on ne posséde pas |’usage de ses mains, peut sembler appartenir au domaine de ]’impossible. II faut croire que pour ces valeureux artis- tes les mots impossible et charité ne font pas partie de leur vocabulaire. D’ailleurs, le message de Juergen Schroeder membre de leur associa- tion, est trés clair 4 ce sujet : «L ’as- Sociation n’est pas un organisme - de charité. C’est une entreprise di- rigée par des artistes de la bouche et du pied qui veulent autant qu’ ils le peuvent subvenir a leurs pro- pres besoins. Ces artistes revendi- quent leur autonomie, leur recon- naissance et l’estime de soi qui émergent de la création d’une. oeuvre grace a des compétences et une détermination extraordinai- res». Onne saurait mieux dire. Et la présente exposition est la preuve concréte de leur autodétermination. Car, méme si ]’on perd I’usage de ses mains, LA VIE CONTINUE. Et c’est bien ce qu’affirme Cody Tressiera, un vancouvérois mem- bre de l’association, paralyséal’Age de 19 ans lors d’un accident d’auto- mobile, lorsqu’il dit : «une fois le choc passé, j’aiconsacré toute mon énergie a la continuation de la vie», Au fil des ans, plusieurs ex- positions représentant les artistes membres de |’association ont été organisées a travers le monde. Cette année, Vancouver a le privilége et V’honneur de recevoir des artistes de la bouche et du pied représentant plusieurs pays et de voir leurs oeuvres. I] faut donc féliciter le Musée de Vancouver d’avoir pris cette heureuse initiative car comme le dit le conservateur Ian Thom : «Que ce groupe de personnes choi- sisse de s’exprimer par la peinture est méritable et louable». Nous aurions envie d’ajouter : ADMIRA- BLE. L’exposition qui regroupe deux cents tableaux offre une gran- de variété de styles, (abstrait, figura- tif, naif) d’utilisation de matériaux (huile, acrylique, aquarelle, fibres, tissus, etc.) de techniques (peintu- re, collage, application et broderie) Le Soleil de Colombie-Britannique, vendredi 19 mai 1995 - 10 «Totems and Long House» (huile) - Cody Tresierra, Canada, un des artistes de I'Association Mondiale des Artistes de la bouche et du pied. tout comme de sujets. Mais que ce soit 4 travers le portrait, le paysage ou la nature morte, les oeuvres sont d’une facture trés personnelle se détachant le plus souvent des grands courants de la peinture. C’est ce qui d’ailleurs fait le charme de cette exposition dans laquélle il est souvent possible de deviner !’origi- ne du peintre non pas tant par le motif lui-méme que par ce qui carac- térise le pays d’ov il est natif : lumié- _ Te italienne, exubérance espagnole, silence nordique et canadien, cha- leur mexicaine, graphisme oriental, légéreté anglaise, etc. Fondée en 1956 par Arnulf Erich Stegmann, originaire d’Alle- magne, l’Association Mondiale des Artistes de la bouche et du pied regroupe aujourd’hui plus de 400 artistes provenant de 45 pays. Leurs oeuvres sont réguliérement expo- sées 4 travers le monde. Certains membres de |’association ont suivi des cours d’art professionnels avant de perdre l’usage de leurs mains; d’autres sont des autodidac- tes. Il en est méme qui portent le titre de professeur. Dans la plupart des cas, ils travaillent de concert avec des artistes chevronnés. Les oeuvres, peintes avec le pied, de l’actuelle présidente de |’associa- tion Marlyse Tovae, ont été présen- tées dans sa ville natale de Stras- bourg, 4 Paris, Genéve, St Cergue et dans le monde entier. L’EXPOSITIONINTERNA- TIONALE DES ARTISTES PEIN- TRES DELABOUCHEETDUPIED est présentée jusqu’au 10 juin 1995 au MUSEEde VANCOUVER, 1100 Chestnut Drive. Les frais d’admissi- _ on au Musée sont de 5$ pour les adultes et 2,50$ pour les ainés, les étudiants et les enfants et de 10$ pour une famille. Heures d’ouvertu- te : 12ha 17h du mardi audimanche. Djamila Benyounes — a |’Alliance Francaise Faire le tour des oeuvres de Djamila Benyounes, c’est un peu faire le tour de ce qui préoccupe, inquiéte et réjouit 4 la fois l’artiste qu’elle est. La premiére impression qui se dégage de ses toiles en est une de silence et de sérénité. Par le choix des sujets tout autant que par la gamme de couleurs utilisées, Benyounes affirme son attachement a la terre, a Ja nature profonde, secré- te, puissante et mystérieuse. II est évident que |’artiste est fortement impressionnée par les paysages de la cdte ouest. Et comme un peu sur les traces d’Emily Carr, les images qu’elle raméne de ces explorations en forét ou sur la céte du pacifique, évoquent Ja pureté et la vigueur des paysages ot les hommes n’ont pas encore implanté leur urbanité. Mais Djamila Benyounes reste, malgré toute influence, incroyablement berbére dans le choix des teintes qu’elle utilise et si parfois le sujet de ses toiles peut nous sembler totémique, i] faut se souvenir que les premiers habitants de la Céte ouest etles premiers habitants de]’ Afrique du nord devaient partager le méme attachement 4 la nature, le méme sens du sacré et le méme sens du silence et de l’espace. Par la trans- formation qui s’opére a 1’intérieur méme de ses oeuvres, comme si elles étaient en cours de mutation, Benyounes nous entraine dans une . expérience visuelle ov il est permis de voyager en quelque sorte et de jouer de |’imagination. Ici, on ne peut déterminer si ses personnages arrivent ou s’en vont, 14 on assiste a la transformation de tronc d’arbres en totems, 4 moins que ce ne soit en étres humains. Silencieuse et serei- nela peinture de Djamila Benyounes? Bien sir, mais aussi narrative et méditative. Pour une bouffée «d’idéal», un peu d’écologie et un brin de parfum berbére, une exposi- tion a voir. « UN MOMENT DE SI- LENCE» 4 ]’Alliance Francaise de Vancouver jusqu’au 17mai, 6161 rue Cambie de 10h4 19h du lundiau jeudi et de 10h a 17h le verdredi. JB. La douce folie de Margot la Douce a Victoria La Troupe de 1’Aube présentera sa derniére création intitulée «La.douce folie de Margot la Douce» les 25, 26 et. 27 mai a 20h, a Vauditorium de 1’école Victor LaTroupedel’ Aube présentera sa derniérecréation intitulée La douce folie de Margot. Brodeur, 4 Victoria. Ecrite par Hedwige Herbiet, auteure prolifique d’ oeuvres pour enfants, adolescents et adultes, cette piéce raconte I’histoire de Margot, 68 ans, et de sa quéte insatiable du bonheur, envers et contre tous. «Le malheur, elle _ V’écarte, le bonheur, elle le crée et lui fait la féte», expliquent les organisateurs. Une soirée théatre ot la troupe, fidéle a sa réputation, devrait faire rire et sourire le public. La piéce sera -également représentée au Studio 16 de Vancouver les 3 et 4 juin 4 20h. Pour | renseignements, téléphonez au 380- 0981 0uau744-4230. AP. .aventures amoureuses d’un Quelques suggestions | pour cette semaine : f City Workers in Love est un opéra|_ moderne du compositeur Neil Weisensel avec les paroles de Michael Cavanach. On raconte les Eo ss re groupe d’ouvriers qui vont d’un contrat 4 l’autre. IIs vivent dans une grande ville, parlent, s’amusent, travaillent et cherchent l’aventure de leur vie. A voir au Waterfront Theatre jusqu’au 27] mai. Informations et billets : 685-|_ 6217. aq Au Vancouver East Culture] [ Centre, on présente, jusqu’au 27|) mai, deux courtes piéces du] oa Vancouver Youth Theatre qu'il) vaut la peine d’encourager. Minor|’ Reality, mise en scéne par Carole] Tarlington, parle des adolescents |" d’aujourd’hui vivant 4 Vancouver. |" Judith Hogan monte Kids Writes 95, qui présente différentes histoires et poémes de jeunes} écrivains du grand Vancouver et| d’autres communautés du Sud de} la Colombie-Britannique.|) Informations et billets : 254-9578. | Si vous désirez voir du bon théatre| ~ amateur, prenez une chance avec] Duet For Two Hand de Mary|! Hayley, joué par la compagnie} North Vancouver Community|> _ Players; ce mystére ||, mélodramatique est a I'affiche du théatre Hendry Hall jusqu’au 3 juin: Informations et billets : 983- 2633. ‘ La compagnie Fends Player} reprend un gros succés. Cette fois} Susinn McFarlen remplace Nicola} Cavendish. Four Dogs anda Bone} de John Patrick Stanley est une satire du monde du cinéma oi]! chacun se bat pour attraper ce| qu’il peut. Les acteurs ont juste le} | bon rythme pour rendre cette} production délirante. Autant| ’ Susinn McFarlen, Alec Willows, Jullian Fargey que William MacDonald sont dréles et créent des personnages extrémes. IIs apparaissent réels et, pourtant, on ne peut s’empécher de voir en eux une caricature d’artistes de second] | ordre qui voient une opportunité] | d’avoir leur nom en vedette. Comme !’exprime le titre, quatre] | chiens affamés se jettent sur-un os| | qu’ils ne veulent pas partager. Les meilleures scénes sont les premiéres, o0 1’on exploite les ambitions de chacun. Le]: producteur cherche une idée de publicité poursauverunfilm banal. Les deux actrices se battent pour les faveurs de ]’auteur qui pourrait| rajouter des scénes 4 leur profit. Vers la fin, ona bienri, ona compris les luttes de pouvoir. I] est} dommage que |’auteur n’ait pas su s’arréter 4 temps. La conclusion| — ne vient jamais. Les acteurs saluent| | et on se demande encore comment ca a fini. I] reste que c’est un spectacle 4 voir od on s’amuse bien. Au Station Street Arts] Centre. Informations et billets :}_ 688-3312, ' i ee