Le petit - quatriéme de Michel Tremblay Michel Tremblay, roman- cier, est de retour avec le quatriéme volet de ses chroni- ques du Plateau Mont-Royal, commencées en 1978 avec “La grosse femme d’a cété est enceinte” et poursuivies de- puis au rythme d’un livre tous les deux ans. Nous sommes en 1947. A la suite d’un héritage inattendu, Edouard décide de s’offrir ce dont il réve depuis toujours: un voyage a Paris. En pre- _ miére classe. Quoi de plus logique pour.un vendeur de chaussures de “la Catherine” qui se travestit chaque soir en duchesse de Langeais? Sur l'élégant paquebot Liberté, il va se confronter 4 la bonne société outremontaise et vivre dés le départ ses premiéres émotions, contradictoires au point qu'il en perdra par - bouts son accent! Arrivé dans la Ville lumiére, Opinion , Royal : Micheli Tremblay il tiendra pour sa belle-soeur “la grosse femme”, complice de sa quéte, un journal. Les toilettes qui éclaboussent, les minuteries qui s’éteignent quand vous étes 4 mi-chemin dans l’escalier, le Sacré-Coeur sur lequel on débouche enfin aprés s’étre perdu dans le dédale des petites rues jamais droites, mais nulle part les Danielle Darrieux, nulle part les Pierre Fresney tant ad- mirés dans les films! Le réve se dégonfle, les illusions s’effritent, Edouard, téte basse, rentre cacher son échec. La quéte fébrile est vite terminée. Pourtant, la “Main” retentira pendant des années, jusqu’a brutalement demander grace, de ce voyage ou l’imaginaire envahira peu a peu au point de s’y confon- dre, le réel. : Leméac éditeur collection roman québécots, 312 pages, 14, 95$. ° ~ Tremblay travesti en Edouard Par Jean Doré Pour son quatriéme roman (1) de la série “Les chro- niques du Plateau Mont- Royal”, Tremblay nous fait quitter ce décor - maintenant rendu familier - du Plateau, ou se sont liées et déliées petites et grandes intri- gues, au fil d’un quotidien souvent terre a terre, mais aussi surréaliste, toujours at- tachant en tout cas. I] nous entraine donc a la_ suite d’Edouard, dans un voyage en Europe. Edouard est homosexuel. Dans les années 40 (époque ou se déroule le récit) , la seule facon de vivre cette condition, c'est de l’amplifier, la rendre évidente, univoque pour les autres: Edouard est donc aussi travesti. De plus, chez lui, la transformation de son apparence extérieure s'est ac- compagnée d'un camouflage des réalités, d’un glissement irréversible vers le réve, l’éva- sion. Partir donc, pour lui, c'est a son insu une entreprise pres- que vouée a l’échec. Finale- ment, ily a tout a parier qu'il sera décu! Et c’est dans les faits ce qui arrive. Le portrait que nous dresse Edouard de son voyage, dans son journal intime, c’est la description de cing jours en bateau, départ de New York, atmosphére de croisiére, intrigues amou- reuses, choc des classes socia- les, malaises en haute mer, cérémonies, parties, cabines, ponts, etc. Suit la description du séjour a Paris, ok Edouard ne pourra survivre: le choc est trop grand. La réalité, trop crue. Parti pour plusieurs mois, il reprend la bateau au bout de... 36 heures! I] n’en peut plus: réveur incorrigible, = la réalité l’agresse. Trop. Ré- veur “Grégoire” surtout: il souffre de l’absence de sa galerie a faire rire, lui qui trouve sa force, son énergie vitale dans le récit qu’il fait de ses “aventures”. I] a bien son journal, mais c’est insuffisant. Il lui faut sa “cour”, . ses ami-e-s, sa famille, la clien- téle du bar ow il se retrouve © quotidiennement. Sa gang, quoil On rit beaucoup, en lisant ce roman. Au détour des phrases par exemple: des expressions québécoises qui passent de I’oral a l’écrit, c’est souvent amusant (ex: Une trou-de-cuse, féminin d'un trou-de-cul, pour désigner quelqu’un dont on a une trés basse estime...) . On rit de voir Edouard se ’ retrouver dans son monde, Suite en derniére page : Une bande d’Eiders a duvet miles en train de courtiser une femelle. Ce » tableau du Québécois Jean-Luc Grondin fait partie, avec trente-neuf toiles, ’ d'une exposition de passage au Musée de Vancouver du 22 novembre au 13 anvier. Cette exposition congue par le ’université Laval, est o Chasse et de la Péche, des sée avec l’aide rofesseur Jean Bédard de lu Ministére du Loisir, de la stéres des affaires intergouvernementales et des affaires culturelles du Québec. Les toiles de Jean-Luc Grondin font découvrir les différents oiseaux du Québec: Bernaches, canards de mer, jaseurs des cédres, grue du Canada et combien d'autres... = Noel Le Soleil de Colombie, vendredi 14 décembre 1984 —li Lettres, arts et spectacles Orgie de films Au moment de Noél, les sorties de films sont traditionnellement nombreuses et les critiques passent leur temps au cinéma. Germain a vu trois films cette semaine, et il en verra cing autres pour la semaine prochaine. De quoi occuper vos vacances. «2010» “2010”, un film de Peter Hyams (Capricornone, Outland) , avec Roy Scheider, John Lightgow, Bob Balaban et Helen Mirren. Une coopération entre l'Amérique et l'Union Sovié- tique envoie le Dr. Floyd (Roy Scheider) autour de Jupiter pour comprendre pourquoi la mission envoyée en 2001 a échoué. Ce qu'il découvre avec ses collégues américains et soviétiques dépasse toutes les espérances, mais les re- cherches doivent arréter lors- que, sur terre, la situation politique se détériore rapi- dement. “2001, l’odyssée de l’espace” (1968) était un phénoméne. A sa sortie, les spectateurs étaient outrés par le fait que histoire était incompréhensi- ble. Par contre, la photogra- phie et les effets spéciaux l’ont sauvé et en ont fait un grand succés. “2010”, la suite, tente d’expliquer ce que l'on n’avait pas compris dans le premier film. et d’aller méme__ plus loin . L’histoire et la photo- graphie sont fantastiques, Roy Scheider (‘Blue Thunder”) met beaucoup d’intérét dans son personnage, mais le film n'est pas un succés total. Alors que “2001” laissait au specta- teur l'interprétation de la fin de 'histoire, cette fois nous n’avons pas le choix: on nous explique tout. On se perd dans bien des détails techni- ques ou alors dans le fait que la fin est trop extraordi- naire pour étre réaliste. Par ailleurs, “2001” était le pre- mier film a utiliser des effets spéciaux pour donner une vision de l’espace. “2010” n’a pas cet avantage et, bien qu'il présente de trés belles images, il ne peut plus compter sur ses effets spéciaux pour en faire un aussi grand succés que le premier. “2010” reste un bon film, qui partage un point de vue que l’on rencontre assez sou- vent de nos jours: notre monde est en crise et il faudrait maintenant un mi- racle pour le sauver. (7 sur 10), une qualité visuelle assez exceptionnelle. Donné au Vancouver Cen- tre, Denman Place et Lougheed Mall. ‘“Beverley Hills Cop” Un film de Martin Brest .avec Eddie Murphy, Judge Reinhold et Lisa Eilbacher. Axel Foley, un agent de police de Détroit, vient de transformer une arrestation en désastre. Et quand un de ses vieux amis est tué dans son propre appartement, on ne lui confie pas la mission. Il prend donc des vacances et va Suite page 12 ‘‘Starman’”’ Un film de John Carpenter, _avec Jeff Bridges et Karen Allen.: En 1977, les Américains ont envoyé Voyager II dans l’es- pace, invitant d’autres formes de vie intelligente a venir sur terre. Malheureusement, dés son arrivée le messager extra- terrestre se trouve aux prises avec les militaires. Jugeant la planéte hostile, il prend la forme du mari décédé de Jenny Hayden et doit la convaincre de l’emmener a son rendez-vous avec les siens. L’histoire contient un peu de tout: romance, aventure, co- médie et effets visuels, mais c'est aussi de 14 que vient sa faiblesse, car aucun des thé- mes n’est exploité a fond. Le film donne la mauvaise im- pression d'étre incomplet. C’est quand méme en tant que comédie qu’il réussit le mieux, Jeff Bridges (“Against All Odds” , “Tron”) arrive a faire rire tout le monde -avec les problémes qu'il a a s'insé- rer parmi les humains. Karen Allen (“Until September” , “Raiders of the lost ark”) joue Jenny Hayden, la fille qui voit son mari renaitre devant elle, avant de devoir le conduire jusqu’en Arizona en _ trois jours. Malgré ses défauts, “Starman” reste trés entrai- nant par moments. (6 sur 10). Commence le 14 aux Vogue, Dolphin, Dunbar et Scott 72. Ce que j'aime dans un bon auteur, ce n’est pas ce qu'il dit, mais ce qu’il murmure. L.P. Smith EN BREF «Up with the people» - 14 et 15 décembre: “Up with the People”, troupe in- ternationale composée de 130 jeunes du monde entier (un Vancouverois et deux québé- cois), donne son célébre spec- tacle au Q.E. Theatre Ridge : Festival de films publicitaires Le cinéma Ridge présente endant une semaine - du 14 au 20 décembre - le dernier festival international de Cannes des films de publicité. Ce film présente les meilleures annonces cinématographiques ou de télévision (il y en a 126) choisies parmi plus de 2200 inscriptions venues du monde entier: du Japon, de France, de Grande-Bretagne, des Etats-Unis, d’Italie etc... Au Ridge, coin de 16éme et Arbutus, du 14 au 20 décem- bre @ 19h30 et 21h30. «Les compéres» A partir du 27 décembre, un film frangais “Les compéres” avec Gérard Depardieu et Pierre Richard prend I’affiche du. cinéma Ridge a Vancouver. Aprés une série de neuf concerts dans les principales villes de la République fédé- rale d’Allemagne, le groupe de jazz québécois Uzeb a entrepris une tournée de deux UZEB en Europe mois en France, pendant la- quelle 45 concerts sont prévus. Le groupe se produit en Europe jusqu’a Noél, et se rendra au début de 1985 sur la céte ouest des Etats-Unis Le Bouquineur 1222 Robson, Vancouver Réductions de 30% Tél.: 687-5936 ——— Librairie francophone Vente de Noél jusqu’au 24 décembre inclus [sauf magazines] pour paiement cash. PAS DE SERVICE D’EXPEDITION sur tout le stock