DECEMBRE 2008 ET JANVIER 2009 Christine Mailloux, Une femme dans la tourmente, Les éditions Sainte-Anne, Lachine, Québec, 1992. Aprés avoir consulté docu~ ments et témoignages, Chris- tine Mailloux trace une re- constitution historique de la vie d@’Esther Blondin, fondatrice des Sceurs de Sainte~Anne. Esther Blondin est née en 1809 a Terrebonne dans une famille d’agriculteurs illettrés. FElle- méme n’apprendra a lire et a écrire qu’a vingt-deux ans, au couvent des Scurs de la Congrégation de Notre-Dame dans son village. Plus tard, de- venue institutrice a l’école pa- roissiale de Vaudreuil, elle veut remédier au manque d’éduca~ tion dans les campagnes. En 1848, elle soumet a Mgr Bour- get son projet de fonder une congrégation de religieuses enseignantes qui se charge- raient de l’éducation des en- fants pauvres dans des écoles mixtes, ce qui n’existait pas a Pépoque. Mgr Bourget donne son accord et c’est ainsi qu’est fondée en 1850, a Vaudreuil, la Congrégation des Sceurs de Sainte-Anne. Esther Blondin, maintenant Mere Marie-Anne, en est la premiére supérieure. La communauté vit dans la pauvreté et a V’étroit, si bien quelle déménage en 1853 a Saint-Jacques~de-l’Achigan. Mgr Bourget nomme le jeune prétre Louis~Adolphe Maréchal comme auménier des sceurs. Commence alors le calvaire de Mére Marie-Anne car ce der- nier se montre autoritaire, in- tolérant, entend tout contréler et crée la dissension entre les membres de la communauté. Bientot, il demande a Mer Bourget la destitution de Mére Marie-Anne. A quarante~cing ans, elle est envoyée dans la petite communauté de Sainte- Geneviéve dont elle devient la supérieure et ot: elle est appré- ciée pour son travail et son dé- vouement. Malgré cela, Maré~ chal obtient de Mgr Bourget la permission qu’elle soit de nou- veau destitutée. Revenue a la maison meére en 1858, cette enseignante et administratrice de qualité est, dorénavant et jusqu’a la fin de ses jours en janvier 1890, affectée a d’obs- curs travaux en tant que sa-~- cristine, couturiére ou blan-~- chisseuse. A soixante ans, elle passait une grande partie de ses journées au sous-sol, en charge du repassage. Christine Mailloux prend soin de placer son récit dans le Depuis 1941... contexte historique du Québec du dix~neuvieme siécle, époque ou la religion catholique ultra- mondaine est florissante et trés puissante. Epoque également ou les femmes doivent garder leur humble place, se sacrifier et obéir sans discussion au pouvoir masculin. [1 semblait alors nécessaire de rabaisser Mére Marie~Anne, femme forte, déterminée, dévouée, aimée et respectée des sceurs et de ses éléves. Persécutée, elle va pardonner sans _ restriction, persuadée qu’il y a “plus de bonheur a pardonner qu’a se venger.” L’auteure mentionne aussi l’ex~- pansion de la Congrégation dabord vers l’Ouest, notam- ment vers Victoria, puis vers différents états des Etats-Unis, le Maine, l’?Orégon, l’Alaska, etc. En 1980, la communauté comptait 1380 sceurs. L’ceuvre d’Esther Blondin, fon- datrice des Sceurs de Sainte- Anne, a finalement été recon- nue : le Pape Jean-Paul II a béatifié Mére Marie-Anne le vingt~-neuf avril 2001. Monique Genuist 15