S, Le Soleil de Vancouver, 12 juin 1970 GARNET D’UN PROMENEUR par Roger DUFRANE ENCORE UN P NoTeEMeP Set Par ses bancs judicieusement répartis, le campus de 1 *uni— versité offre des reposoirs d*un batiment A l’autre, Le banc rugueux ou je m’as— sieds est tourne vers la bibli— othéque, I] se flanque, & cha— que bout, de deux arbres qui se répondent, Tout chenus, re— couverts de vertes écailles et percés d*yeux profonds, ils se tordent vers le ciel comme des monstres jumeaux, altérés de de lumitre, Aux confins de la pelouse, quelques arbrisseaux vert pale versent a leurs pieds des gouttes . Un cri d*oiseau, tantdt bref, tantdt modulé, s’é— léve par moments, Les fleurs des buissons éclatent a l’appel de feu du soleil, Au loin, les montagnes apposent leur sceau royal sur. un ciel trempé de lu— eurs roses, argentées, indéfinies de la teinte m@me du jour. Les créations de l*homme n*é— galent jamais celles de la na— ture. Rien & critiquer dans le dessin d*une plante ou d*une fleur mais beaucoup 4 redire dans ce— lui d’une architecture. Le corps principal de la bilbiothéque de 17U.B.C. présente une fenétre mattresse en arc brisé, et d’au— tres rectangulaires, en saillie, J*’admire le balustre et la frise de la facade, les gargouilles, le blason de pierre qui somme le portail, J’abhorre les vantaux d’aluminium preconisés sans doute par le capitaine des pom— piers; et les plaques de ciment qui recouvrent le granit d’epau— lettes de mauvais gott. Ce sal— migondis de styles, roman, go— thique, moderne, qu’il s*agisse de la structure ou du matériau, donne de discutables résultats, Cette batisse m’apparait un peu telle une dame excentrique plus respectable que jolie, et quisem— ble de loin, ‘Solide bien assi— se, elle symbolise le sérieux et la permanence des études, La gestion de ce département, mé— rite des éloges, La bonne or— ganisation, la courtoisie du per— sonnel, l’abondance et la varié— té des volumes servent généreu— flotte Deux autres appareils tri— réacteurs Boeing 727 d’une va— leur totale de $12.5 millions s’a— jouteront a la flotte de CP Air au printemps de 1971, annonce le président. John C. Gilmer. Les deux premiers appareils de ce type acquis par CP Air viennent d’%tre mis en servi— ce sur le réseau transconti— nental canadien, dont la fré— quence a été portée de cing 4 sept vols quotidiens dans cha— que sens entre Montréal et Van— couver, ‘ Avec la livraisondes deux nou— veaux Boeing 727 année pro— chaine, la flotte de CP Air com— CP Air augmente sa sement la cause de ]*humanis— me et de la science, Autrefois, lerez—de—chaussée de la bibliotheque comprenait un salon de lecture. On s’asseyait au foyer d’une vaste cheminée de pierre, Une branche d’ar— bre heurtait le carreau lamé de plomb, Feuilletantiquelque li— vre d*’images, le visiteur pouvait se croire un chatelain en son logis, Hélas, cette salle a dis— paru, remplacée par des bureaux Il le fallait, pour répondre a l’extension de l*’université et a une administration plus com— plexe. Cela ne défend pas de regretter l’atmosphere univer— sitaire des années cinquante, un peu comme dans Tage mtr on regrette ses vingt ans, Entrerai—je dans la bilbiothé— que? Descendrai—je l’escalier de fer qui plonge dans lfantre du savoir? Je sais les recoins pro— fonds oti sommeillent les livres aux pages jaunies, aux gardes jaspees & la modeancienne, cou— sus sur nefs, et d’ot resurgis— sent, & la lecture, tout éberlu— ées de se retrouver si loin de leur pays, les héroines de guer— re et d’amour; Jeannne D?’Arc la Lorraine, Louise Labbé la Lyonnaise, Ninon de Lenclos, la marquise de Boufflers ou Mada— me Récamier, Non! Pasaujourd? hui, L’oiseau de tout & I*heure s*é— gosille dans les feuillages. A mes pieds, de petites fleurs mau— ves s*étoilent entre les grami— nees. Sont—ce des violettes? Elles ne dégagent nul parfum. Une fontaine murnure dans le silence. A son discret appel, nous emprunterons le sentier qui serpente, hésite, s*encombre de larges dalles, et enjambe un pont de planches, Lf*eau jaillit en filet mince de la poreuse pier— re, Elle chante et nous mur— mure; *€ Encore un printemps qui passe, Au lieu de poursui— vre de vains fantOmes, fréquen— teles belles étudiantes et contem— ple dans leurs yeux les reflets des beaux jours, — portera 22 jets; sept DC—8, quatre DC—8—63 allongés, sept |- Boeing 737 et quatre Boeing 727. Mus par trois réacteurs Pratt and Whitney en queue, chacun développant une poussée de 14, 500 livres, les 727 volent & une vitesse de 600 milles 4 l’heure et ont un rayon d’action de plus de 2,600 milles, Bien que ces appareils soient capables de transporter 131 passagers, CP Air a aménagé l’intérieur de manitre 4 n*%en transporter que 97, soit 22 en premiere et 75 en classe économique, offrant ainsi un plus grand confort, LES LIVRES par Roger DUFRANE HISTOIRE DE LA REVOLUTION FRANCAISE (La Pléiade, NRF’, Paris ) La ** Pléaide*? est une col— lection commode, Les grands classiques édités sur papier bi— ble, reliés en pleine peau, an— notés par des spécialistes, se présentent au grand public dans un texte intégral et parfait. De sorte que l’on peut, grace a la ** pléiade*, enfermer toute la littérature francaise dans une armoire, L? histoire de la ré— volution francaise de Jules Mi— chelet, dont 1’édition originale comportait sept fort volumes, se ramene désormais a deux de moindre format. La plupart des histoires de la révolution composées par des bourgeois conservateurs, n’ex— altent pas dans toute sonampleur populaire cet événement de por— tée universelle. Seul Michelet, fils d’un imprimeur, nous dé— peint une révolution vue et ac— complie par le peuple, une ré— volution d*un sublime idéal, l’affranchissement des masses et qui n’a manqué 4 sa mission que par l’imperfection des hom— mes. Michelet s.’enthousiasme aux grandes heures de la révolution Nous participons avec lui A la réunion des Etats—Généraux;,. ** Nous sommes ici par la yo— lonté du peuple, et nous n’en sortirons que par la force des- Nous montons 3. baionnettes!?? l’assaut de la Bastille, cette in— sulte de pierre aux canons de bronze braqués sur le coeur de Paris, Avec Michelet, nous nous voilons la face devant les massa— cres de septembre, nous déver— sons avec Danton le tonnerre ‘a la tribune, nous nous apito— yons sur un roi qui paya de sa vie les abus de ses devanciers. Un souverain tantdt courageux, tantOt poltron, comme nous le sommes tous. Nous suivons dans son destin Marie—Antoinette, corrompue par la cour de France, fidéle a la cour d’Autriche, altiére et extravagante aux beaux temps du _ juste, humaine régne, épouse et mére admira— ble dans le malheur, Et tous ces @tres qui passent et péris— sent animent le récit, moins pourtant que la mariage des deux grandes ames qui soufflent en ces pages: celle de Michelet, celle de la Révolution, Les historiens médiocres font mouvoir leurs personnages sur un fond immobile, Michelet, ou— tre le relief dont il ressuscite un Mirabeau un Danton, les projette sur une toile mouvan— te, d’une couleur et d’une vie intenses, la foule de la révolu— tion, La révolution, expression mul— tiple de la France majoritaire, Michelet la voit comme un per— sonne, Imparfaite, colérique, ou inhumaine. marchant ou courant, en dépit des entraves (factions partisa— nes, guerres de Vendée, coali— tions étrangeres) vers un ave— nir imprévisible, Michelet montre les fruits de la révolution, Ils ne sont pas négligeabless *école publique, l’hOpital gratuit, une meilleur répartition des biens, 1’abolition de la torture, le systeme déci— mal, Et en méme temps il mon— tre les épines, I] désapprouve la populace, tout en la sachant la populace, qui n’est pas-le peuple. I] s’offusque de la ter— reur, tout en la Sachant inévi— table. Ces politiques, ces a— vocats négligeant leur clientéle pour faire le proces de ]’an— cien régime, issus du peuple marqués par un despotisme sé— culaire, appréhendaient de com— mettre, en renversant le trone un sacrilege. La peur engen— drait la cruauté, On enyoyait a _l’échaffaud. pour se garder -d’y @tre envoyé. sey ‘Les detracteurs de - Michelet, s’efforcent de le présenter com— me unartiste, un visionnaire em— porté par le torrent, de sont sty— le, Or, Michelet demeure un grand un unique historien. I] compul— par Jules MICHELET sa des archives 4 peine remises au jour de notre temps; il ques— tionna des témoins oculaires de la grande révolution, entre au— tre son pre, Michelet ose ré— veler sans ambages des abus d’ancien régime que d’autres es— quivent; les buchers du palais d’Avignon, les lettres de cachet les excés de la noblesse d‘épée duelliste et tueuse,. Je tiens Michelet pour un his— torien int®gre et véridique; et cela se renforce d’une expérien— ce personnelle, Michelet, évoque dans son ouvrage la bataille de Jemappes, II avait fait, aux en— rivons de Mons en Hainaut, le pélerinage du grand combat cIl a imagine les Francais dévalant des collines, enlevant avec fou— gue, aux chants du “‘ca ira’ et de la ‘* Marseillaise’? les posi— tions autrichiennes et hongroi— ses; et il a recherché le souve— nir de l’accueil des Belges, Autrefois, mon grand—pére me menait sur le pont de Jemappes. Le soir alors que dormaient les chalands contre la rive et que de rares lumieéres clignaient sur l’eau, il me racontait ce qu’il tenait de son grand—pere, qui lui—meéme le tenait de ses par— rents; les fantassins francais re— cus en libérateurs, tous ces jeu— nes hommes, des enfants pres— que, de meme langue, de meme tradition logés et nourris dans les familles débarrassées des Germains, Or, Michelet le déplorait avant nous, ce que vante en Belgique Phistoire officielle, ce n’est pas Jemappes, mais Waterloo, Je— mappes, aujourd’hui oubliée par— mi les terrils du pays noir. et ot l’on devrait élever 4 la Fran— ce une statue, Ce ne serait pas un lion rugissant comme & Waterloo. Mais une femmecou— ronnée de lauriers, debout en longue robe sur un piédestal, et tendant ses beaux bras vers la nation voisine, Le Dr Michel Dupuis publie le premier ouvrage, en langue francaise, sur la réadaptation médicale MONTREAL’ — Le Dr Michel Dupuis de l*hopital Notre—Dame a publié le premier ouvrage en langue francaise sur ‘*La réa— daptation medicale*”*, Cela marque une étape impor— tante dans le monde médical puisque la majorité des volumes of erts aux étudiants, physiothé— rapeutes et spécialistes dans la réeducation physique, étaient en langue anglaise et en provenance des Etats—Unis, La profession de physiatre a tout juste vingt ans au Québec. Elle est en fait reconnue par le Collége des médecins depuis 19— 50 seulement. Et pourtant ,de dire le Dr Dupuis, chef du Ser— vice de réadaptation médical, elle cimarHotol Metropole (Propriétaire; J. Bauché) Hétel de famille, Dans le centre—-ville. Prix raisonnables. On parle frangais. 320 rue ABBOT VANCOUVER 4, B. C. Tél.—681—6154 a déja accompli des pas de géant. **T] y a vingt ans, si un enfant perdait l?usage de ses membres inférieurs (paraplégie), le méde— cin disait aux parents que l’en— fant ne vivrait pas plus que quel— ques années, Cet enfant restait reclus 4 la maison jusqu’aA sa mort. Aujourd*’hui, grace 4 la réadaptation, on enseigne 41’en— fant l’utilisation de la chaise roulante et des appareils, et aux parents les soins 4 prendre pour la vessie,la peau, etc. On réin— tegre l’enfant 4 1?école et il be— nificie d*une vie normale d’éco— lier?? peut—on lire dans le volu— me du Dr Dupuis publié aux Editions Intermonde, Dans la préface du livre, le SPECIAL NOEL os}. eevee NOEL: SPECIA European News 1044, rue Robson Dr Gustave Gingras, fondateur de l’%Institut de Réhabilitation de Montréal, souligne que cet ou— vrage saura intéresser non seu— lement les médecins et les étu— diants, mais constituera une source précieuse d*infor mations pour letravailleur social, le psy— chologue,l*éducateur et le béné— vole. De son cdté, l’auteur nous dit qu’il a également écrit son li— vre en pensant aux familles des handicapésqui y trouveront des conseils précieux pour aider leurs enfants A s’intégrer le mieux possible dans une vie nor— male, JOURS E FRANCE