20 Le vendredi 3 avril 1998 L’harmonie au bout des doigts Marie-Claude Brunet e nom Babayaga ne renvoie pas uniquement & la sorciére du folk- lore russe. Pour les amateurs de quatuor a cordes, Babayaga c’est aussi un ensemble réputé qui se produit sur les scénes de Vancouver. Faisant partie du groupe depuis les tout débuts, soit en 1986, Marie-Claude Brunet a su apporter a l’en- semble ses talents d’altiste, ses préférences musicales et son charme indiscutable. Les quatre membres fondateurs du groupe se sont rencontrés & Académie de musique, ot Mme Brunet a poursuivi sa formation musi- cale aprés Pachévement de son baecalauréat & [Université de la Colombie-Britannique. « On voulait créer un quatuor a cordes, mais faire quelque chose de différent. On a donc commencé a donner un con- cert dans les spectacles qu’on appelait Painters and Players ”. Pendant que les groupes jouaient des piéces de styles trés diversifiés, des peintres créaient des tableaux qui étaient par la suite mis aux enchéres. I] y avait la des musiciens incroyables, des cracheurs de feux, des jon- gleurs... C’était comme un cirque. On ne voulait donc pas présenter un répertoire trop classique. On a cherché a produire une musique bien spéciale. On a finalement trouvé notre style par des compositions originales, des arrangements de jazz et de rock, avec une touche subtile de folklore », nous explique Marie-Claude Brunet. « Si nous avons choisi le nom Babayaga, ga n’a rien a voir avec lhéritage musical russe. C’est en fait d’aprés la piéce du méme nom de William Sheller, chanteur et compositeur frangais pour ensemble a cordes, que l’idée nous est venue », ajoute-t-elle. En octobre 1995, c’était la sortie du premier album qui donnait un son a Babayaga. Mme Brunet nous mentionne qu’en douze ans de formation le groupe s’est efforcé de développer un répertoire original pour un quatuor a cordes et de pousser toujours davantage les limites en imaginant d’autres sons qui colleraient & sa musique. Bien pressé par le temps et le départ du violoniste Claude Giguére (qui a été remplacé par Paula Wise), Babayaga n’a pas eu vraiment la chance de faire la promotion de son album. « Cette année c’est vraiment ce qu'on espére faire ; on va jouer au Festival de jazz de Vancouver et donner de nombreux concerts dans les environs et dans la province. On entame cette série de concerts avec une présentation a Espace Dubreuil trés prochainement. C’est une salle incroyable pour le genre de spectacle que nous offrons. On se croirait 4 Montréal. L’am- biance est trés chaleureuse et cest trés motivant pour les artistes », souligne Marie- Claude Brunet. Jouer du violon ou de l’alto est une seconde nature pour Mme Brunet. « Ma mére m’a dit que j'ai appris 4 chanter avant de parler. C’est san doute vrai, puisque j’ai tou- jours été attirée par les sons. » L’univers sonore l’intéresse tellement qu’elle prend, a 5 ans, le chemin modéle des apprentis violonistes. C’est a Saint-Boniface, d’ot elle est originaire, que Marie-Claude, grace A la famille voisine, entreprend son voyage mu- sical. « Nos voisines jouaient toutes d’un_ instrument violon, harpe, flite, violoncelle. La plus 4gée voulait com- mencer & offrir des cours de violon. Mes parents m/’ont demandé si j’étais intéressée et cest comme ga que tout a débuté », nous déclare Marie- Claude en riant. Lorsque le moment fut arrivé d’entrer A l’université, elle s’interroge tout de méme sur son avenir professionnel. « Je voulais me diriger en mé- decine, étant donné que les sciences m/’intéressaient beau- coup a l’époque. Mais aprés une année trés académique, je me suis apercue que je n’avais pas suffisamment le temps de pratiquer mon violon. Alors, j al passé une audition pour le programme en musique de PUniversité de Toronto. Et j’ai été acceptée. Ce fut un moment tournant dans ma vie. Je n’ai pas laissé le violon depuis », précise Mme Brunet. En fait, aprés sa deuxiéme année d’études_universitaires elle troque, avec plaisir, le violon pour alto. « C’est trés naturel pour moi de jouer de alto, parce que j’ai de grands doigts et de longs bras. J’adore le son de Valto qui est trés distinct et qui s’apparente au timbre de la voix. Le son d’un violon est comme celui d’un oiseau, d’une cloche... Tandis e le son de l’alto est A mi | qu chemin entre le violon et le violoncelle. C’est un instru- ment d’harmonie avec des sons plus bas et plus graves », nous explique-t-elle. C’est en tant qu’altiste que Marie-Claude Brunet joint fréquemment les rangs de VOrchestre de lopéra de Vancouver et ensemble du Ford Theater. Que ce soit pour les spectacles de Sunset Boulevard, Phantom of the b Radio-Canada ser Colombie-Britannique Opera, ou présentement La Bohéme, Mme Brunet ne se lasse pas de jouer entourée d’un orchestre. Quand elle ne joue pas, Mme Brunet enseigne l’alto et le violon aux jeunes. « J’adore enseigner. J’ai des éléves qui ont entre 6 et 18 ans. Je les encourage fortement & choisir Palto plut6t que le violon. L’alto est trés en demande de nos jours et il sera plus facile pour des étudiants de joindre éventuellement un ensemble. » Lorsque Marie-Claude délaisse l’archet, c’est pour mieux revétir ses chaussures de montagne. « J’aime me promener dans la nature, faire du kayak, de l’alpinisme. Je trouve ga rafraichissant de partir dans les bois et de refaire le plein », conclut-elle tout sourire. JOHANNE CORDEAU Babayaga sera en spectacle & __ [Espace Dubreuil (1435, rue Granville), le jeudi 9 avril 4 20 h. Le Centre ie wa