12 Le Soleil de Colombie, Vendredi 18 aoat 1978 Conférence sur l’aide au consommateur Le ministre de Consom- mation et Corporations Ca- nada, M. Warren Allmand, a annoncé la tenue 4 Ottawa, les 16 et 17 octobre pro- chains, d’une conférence na- tionale de la consommation. Le but de cette confé- rence est de réunir pour la premiére fois des représen- tants des nombreuses agen- ces de services aux tonsom- mateurs, telles que |’indus- trie, le gouvernement, le bénévolat et les média, afin d’aider a rationaliser la dis- ponibilité et les normes de ces services. M. Allmand a fait obser- ver que Consommation et Corporations Canada, les mi- nistéres provinciaux, le Bu- reau d’éthique commerciale et des organismes bénévoles comme |’Association des consommateurs du Canada sont littéralement submer- gés de demandes de ren- seignements et de plaintes de consommateurs au sujet de nombreuses difficultés rencontrées, par exemple en matiére de réparations d’au- tomobiles et d’appareils, de garanties, de qualité des meubles et des vétements, de logement et de produits alimentaires. Des dirigeants de |’indus- trie privée et d’associations commerciales, des fonction- naires des ministéres pro- vinciaux de la consomma- tion, des chefs de groupe- ments de consommateurs et des courriéristes seront invi- tés a la conférence. M. Allmand s’est dit fer- mement convaincu que cette réunion de deux jours servi- ra bien lintérét public. “Je suis certain que la confé- rence établira des bases solides 4 un examen indis- pensable en vue de I’amélio- ration, de la simplification et de la mise en place de meil- leures initiatives d’aide au consommateur au Canada”, a-t-il conclu. On s’attend a ce que cette conférence’ constitue un sé- tieux début de coopération poursuivie et améliorée de la part de tous les participants aux services offerts aux consommateurs a travers le Canada. Cette conférence cherchera aussi 4 éliminer le double emploi et le chevau- chement de ces services, et a répartir plus équitablement les ressources du consomma- teur. LES MESURES... (suite) [suite de la page 11] 5] La situation qui existe aux Postes est inacceptable, et cela depuis un bon moment. Les Canadiens sont a bout de patience, et ils sont de plus en plus dégofités de la situation. Moi de méme. Le ministre des Postes et moi- méme sommes convaincus que ce dont nous avons be- soin, c’est d'un nouveau dé- part a la fois pour |’admi- nistration et les travail- leurs. J’ai done décidé, en consultation avec le ministre responsable, que le service des Postes deviendra une © société de la Couronne, dé- gagée de plusieurs des con- traintes qu’impose un minis- tre de l’Etat. On prendra des mesures en vue de procéder a une réorganisa- tion, afin que les Canadiens’ puissent 4 nouveau jouir d'un service postale sérieux. et efficace. Le sommet de Bonn a conféré a chacun de ses participants une conscience nouvelle de l’urgence de la situation. I] nous a aussi offert une occasion spéciale d’entreprendre les réformes qui s‘imposent. J’ai pleine- ment confiance en l’avenir de ce pays, et je crois que les mesures annoncées ce soir aideront a réaliser les pro- messes que cet avenir réser- ve aux Canadiens. Votre désir, j’en suis assu- ré, est que ces mesures soient mises en place de toute urgence. Nous nous attaquons immédiatement a cette tache. Merci et bonsoir. . ENTENTE A VIA RAIL “Une étape importan- te dans l’implantation de VIA Rail Canada a été franchie hier. Les représen- tants de 2,800 employés syndiqués appelés a étre mutés du CN ou de CP Rail au nouveau service voya- geur interurbain, ont en effet.signé une entente a cette fin, aprés des négocia- tions longues et fort com- plexes en présence d’un médiateur. Il aura fallu en effet Ja médiation du juge Alan B. Gold, juge en chef de la Cour provinciale du Qué- bec, pour permettre de con- clure, au cours des deux derniers mois de pourpar- lers, l'accord entre les 14 syndicats impliqués, les deux grandes sociétés ferro- viaires canadiennes et le nouvel organisme”. La Caisse Populaire et la Communauté par Roméo PAQUETTE - —_ 3e chapitre, série 2. D’'UN RETOUR AUX SOURCES. Nous avons établi les rap- ports qui existent entre la société de consommation dans laquelle nous vivons et les attitudes des popula- tions. Plus cette société évo- lue, plus elle s’éloigne de Vinfluence des individus et méme des collectivités. La société totalitaire, aujour- d’hui, n’est plus un phéno- méne d’exception. Nous nous scandalisions durant les années d’avant- guerre (1939 et avant), face au fascisme et au communis- me. L’on dénoncait le totalita- risme pratiqué par |’Allema- gne nazie, I'Italie de Musso- lini et la Russie de Staline. Je me rappelle la propa- gande qui se faisait dans les pays dits libres contre les méthodes coercitives prati- quées, ailleurs, auprés des individus et des familles, pour les convaincre de |’in- faillibilité de l'état ou du sys- téme. Entre autres pratiques:dé- Se VP TIO, OR MALSTUR 2B TE * prémiers “noneées par nos propagan- distes, il y avait celle qui consiste 4 enrégimenter les enfants dans le systéme sco- laire, dés qu’ils peuvent marcher, afin de les former aux objectifs et aux idéolo- gies de I’Etat. L’on condamnait le nazis- me parce qu'il faisait de Vétat un dieu. Comme |’état avait la haute main sur toutes les institutions, c’était aussi l’état qui déci- dait du contenu scolaire et de l'éligibilité des maitres. Le totalitarisme consistait, somme toute, 4 mettre tou- tes les énergies de la nation au service de I’état, et a ne pas admettre de dissidence. Moins d’un demi - siécle plus tard, la forme de totali- tarisme du systéme est plus subtile. L’état, dans nos pays dits libres, n’impose pas directement ses vues; il n’a qu’ orienter ses subven- tions de telle facon qu’il soit génant, sinon impossible, de ne pas favoriser les institu- tions qui sont solidaires de Vidéologie, du systéme, en place. Mais il y a plus, le totali- tarisme d’aujourd’hui n’est plus a l’échelle de I’état lui- méme. Les états lui sont su- bordonnés. On l’identifie avec l’état le plus puissant d'un systéme hégémonique. La Russie, par exemple, est a la téte du monde dit communiste. Les Etats-Unis sont entourés de satellites dits du monde “‘libre’’. Ce sont les pays capitalistes. Puis il y a le tiers-monde, maintenant partagé en deux: les pays qui ont des puits de pétrole et. ceux qui n’en ont pas. Ces derniers sont convoités par les deux eS a x oupe EE LARGE BE Ses La forme de totalitarisme qui nous occupe, a la fin du 20e siécle, en est une qui réduit l'individu au simple réle de consommateur. Ses allégeances, son patriotisme, ne peuvent plus partir de motivations trés claires. Les produits qu’il consomme ar- rivent, le plus souvent, de pays dont les cultures sont, fondamentalement, trés dif- férentes; pourtant, ce sont des produits de conception occidentale, dont les étiquet- tes portent des identifica- . tions écrites dans la langue du pouvoir international, anglais. : La liberté dont on se gar- garise, a l’intérieur de notre systéme, est celle de penser et d’exprimer des_ idées contraires a celles qui sont admises par le pouvoir. C’est aussi celle de refuser ou d’ac- cepter de jouer tel ou tel r6le. Celle d’étre un salarié ou d’aller en affaires. Celle de la confession, de |’adhé- sion a un parti politique, d'exprimer ses préférences lors de scrutins, d’organiser des associations, des assem- blées, des syndicats, des coopératives, des sociétés a buts lucratifs ou non-lucra- tifs. Il est certain que cette situation est préférable a celle qui sévit dans les pays. ou ces choix sont supprimés. Mais, il n’en est pas moins évident que les choix a faire sont prédéterminés, non pas par l’examen critique de la motivation, mais en rapport avec les succés ou insuc- cés des méthodes de mar- keting des grands réseaux de distribution et de publici- té. Autrement dit, il s’agit d’étre en conformité ou non avec la modes Qry.i}.mesti.« méme plus de mode de mettre en cause la posses- sion d'une voiture, d’un télé- viseur ou d’un équipement de ski; ces besoins sont pris pour acquis. Le seul objec- tif de la mode c’est celui de vous présenter un choix de modéles. Comme tous ces modéles se vendent a peu prés au méme prix, il faut donc que le niveau de revenu moyen se situe a un point qui permette a l’ensemble de la population de jouer le méme jeu. Done, la signification de la liberté se rapproche plus de celle de l’oiseau en-cage. Souvent, il se sent plus libre si la porte de la cage est fermée. Car, a sa liberté illusoire s’ajoute une sensa- tion de sécurité. Il en est de méme de l’homme de la civilisation technologique. Il ne saurait que faire de sa liberté de vivre en pleine nature. A moins d’étre un indigéne peu en contact avec la société “blanche”, il créve- rait probablement de faim ou de froid avant de pouvoir trouver ce qu'il lui faut pour se nourrir ou se vétir. Ainsi, la vraie caracté- ristique de l’homme libre d’aujourd’hui serait proba- blement son habileté a pren- dre un recul personnel, pour pouvoir évaluer rationnelle- _ment les échelles de valeur qui lui sont proposées. Ses critéres de contréle se situe- raient certainement au ni- veau de sa propre capacité a retourner aux sources. Il est trois questions que je me rappelle avoir vues quelque part et elles pour- raient tout aussi bien s’ex- primer ainsi: Qui suis-je?... Ou suis-je?... Od vais-je?... uy ke KABUIVRE) SO Lisez les écrivains francophones JEAN GIONO Jean Giono en compagnie de Fernandel. Ecrivain francais, 1895- 1970, né et mort a Manos- que (Alpes de Haute Pro- vence). Fils d’un cordonnier et d’une repasseuse, en grande partie autodidacte, il débuta dans la vie A seize ans comme petit employé de banque. Atteint par les gaz pen- dant la premiére guerre mondiale, il professa par la suite une horreur de la guerre qui lui valut d’étre emprisonné en 1939. De. méme, certaines de ses idées sociales ayant été reprises par Vichy, il dut retourner quelques mois en prison lor: de la Libération. am Dans une prose proche de la poésie, tantdt lyrique, tantot épique, il a chanté son pays de Haute Provence et l’épanouissement de l’indivi- du par le retour 4 la terre et a une vie simple. II lui est ’ reproché d’employer parfois une sorte de “bavardage emphatique” 14 ot davanta- ge de clarté et de conci- sion toucheraient mieux le lecteur. Ce n’est certes pas le cas de l’admirable passage que le “Soleil” a choisi pour vous aujourd’hui. PARMI SES MEILLEU-~ RES OEUVRES: Colline, son premier succés: la vie dans un village, le probléme de l’eau, le danger du feu. Regain: un paysan coura- geux fait révivre une terre abandonnée. Le Chant du Monde: le fleuve, la forét. Un jeune homme s’enfuit, enlevant une jeune fille. Le Hussard sur le Toit: roman comportant davantage d’ac- tion; aventures d’un patriote italien réfugié en France a l'époque de |’épidémie de. holéra de 1838. LISEZ POUR COMMEN- CER: Un de Baumugnes. Angéle, entrainée par un mauvais garcon se trouve ' abandonnée avec son enfant. Elle vient se réfugier a la ferme de ses parents mais ceux-ci la séquestrent. Elle sera sauvée par Amédée, le’ domestique, et par Albin qui V'aime depuis toujours. Le pére pardonnera. AU CINEMA: Regain, Un de Baumugnes [Angéle], et La femme du Boulanger, ' adaptés par Marcel Pagnol, sont au mombre des films les . plus célébres. Fernandel y donne toute la mesure de son talent. EDITEURS: Grasset, Galli- _ mard, Collections de Poche. Je lus I'lliade au milieu des blés mars. On fauchait sur tout le territoire. Les champs lourds se froissaient comme des cuirasses. Les chemins étaient pleins -d’hommes portant des faux. Des hurlements mon- taient des terres ou l’on appelait les femmes. Les femmes couraient dans les éteules. Elles se penchaient sur les gerbes; elles les relevaient a pleins bras - et on les entendait gémir ou chanter. Elles chargeaient les chars. Les jeunes hommes plantaient les fourches de _ fer, relevaient les gerbes et les lancaient. Les chars s’en allaient dans les chemins creux. Les chevaux secouaient les colliers, hennissaient, tapaient du pied. Les chars vides revenaient au galop, conduits par un homme debout qui fouettait les bétes et ‘serrait rudement dans son poing droit toutes les rénes de Pattelage. Dans l’ombre des buissons on trouvait des hommes étendus, bras dénoués, aplatis contre terre, les yeux fermés; et, a cdté d’eux, les faucilles abandonnées luisaient dans l’herbe. (extrait de Jean le Bleu) VEE Y egian 2O4PGT CStsPer