Le Maustigue pactigue Victor Hugo - L’Art d’étre grand-pére Ce livre ,que j'aime parcourir 4 mes moments perdu, au coin du feu, en me laissant bercer par une musique douce, devait d’abord s’ap- peler Le grand-pére. La maison d’édition a hésité longtemps avant de choisir le titre final. On peut lire «... jouer intelligemment le role de grand-pére en évitant en particulier d’étre le substitut du pére... » Pour ma part, celui-ci est l'un de mes poémes préféré : Je prendrai par la main les deux petits enfants ; J'aime les bois oi sont les chevreuils et les faons, O les cerfs tachetés suivent les biches blanches _ Et se dressent dans l'ombre effrayés par les branches ; Car les fauves sont pleins d'une telle vapeur Que le frais tremblement des feuilles leur fait peur. Les arbres ont cela de profond qu'ils vous montrent Que I'éden seul est vrai, que les coeurs s'y rencontrent, Et que, hors des amours et des nids, tout est vain ; Théocrite souvent dans le hallier divin Crut entendre marcher doucement la ménade. C'est la que je ferai ma lente promenade Avec les deux marmots. J'entendrai tour a tour Ce que Georges conseille a Jeanne, doux amour, Et ce que Jeanne enseigne a Georges. En patriarche Que ménent les enfants, je reglerai ma marche Sur le temps que prendront leurs jeux et leurs repas, Et sur la petitesse aimable de leurs pas. Ils cueilleront des fleurs, ils mangeront des miires. O vaste apaisement des forts ! O murmures ! Avril vient calmer tout, venant tout embaumer. Je n'ai point d'autre affaire ici-bas que d'aimer. Victor Hugo Victor Hugo. L’art d’étre grand-pére. Poésie. Editions Gallimard, Pa- ris, 1974, pour I’établissement du texte et pour le dossier, 2002, pour la préface et pour la mise a jour de l’édition. Chantal Lefebvre