BRUGES LA VIVANTE par Roger Dutrane Camille Mauclair est né 4 Paris en 1872. La premiére édition de sa monographie de Bruges remonte 4 1932. Ouvrage dépassé © Non pas. Bruges, la Venise du Nord, a gardé son aspect médié- val et change peu. L’ouvrage de Mauclair, illustré par Mathilde Arbey, est toujours frais. C’est l’oeuvre d’un poéte qui parle d’une cité infiniment poétique, patinée par les siécles, brillantée par ses eaux. A /l’image de Bruges, le livre de Mau- clair présente un cdté ma- tériel et un cdté spirituel qui en est le reflet. D’une part l’histoire de Bruges et de son architecture ; de l’autre son atmosphére. Gui- de de voyage et. guide de poésie, nous préférons le second. Peu nous importe ce qu’on trouve dans un gui- de bleu. Ce quicompte, c’est le conte bleu, les vues ori- ginales de l’auteur. : Pour peu qu’on sache rédi- ger, on peut décrire 1’as- pect matériel d’une ville, la forme de ses maisons : tourelles gnons 4 redents. Autre cho- se est de saisir l’Ame de la cité. A Bruges, cette Ame est triple : le passé quires- surgit A langle des rues et des ponts, la lumiére diaphane qui baigne les cho- ses, le miroir de ces cho- ses dans l’eau. Pour parler de Bruges, il faut un poéte et un historien, un Edmond Pilon, un Camille Mauclair. Son album est illustré de dessins 4 la plume et de re- productions de peintures de Mathilde Arbey. Cette fem- octogonales, pi-_ me peintre excelle, par la vivacité du‘pinceau, A tra- duire des paysages méridio- naux, Marocains, tunisiens. A la demande de Camille Mauclair, elle transporte 4 Bruges son chevalet. [1 en est sorti de lumineuses oeu- vrettes. Car Bruges, donne & entendre Mauclair, que l’on croit nordique et brumeuse, s’éclaire dans les beaux jours et double la lumiére de son ciel par lalumiére de ses canaux. Camille Maiclair est de ces - critiques d’art qui débuté- rent par la posgie et resté- rent poétes partout ailleurs. Poéte délicat et original, suivons-le au long des quais de Bruges. Il s’émeut A la fugacité des images. Le vo- yez-vous se penchant sur le parapet du Pont de 1’Hydro- mel II- découvre, dans le miroir frissonnant des eaux calmes, mille paysages aux- quels, tout a l’heure, il con- frontera les arétes plus vi- ves des paysages réels. Et de méme que son portrait de Bruges forme un échange constant de réves et de réa- lités, il ne manquera pas d’y méler présent et passé, poésie et histoire. Bruges ! Camille Mauclair évoque son passé de splen- deur, son passé médiéval. Ce port animé servait d’éta- pe entre la Scandinavie ét l’Ibérie. Les cargaisons d’or et d’argent y cOtoyaient cel- les des fourrures. Bruges, au treiziéme siécle, rayon- nait par son commerce. De riches lombards y spécu- laient. De somptueux mécé- nes y meublaient leurs hd- tels. Hélas, le sort jaloux frappe parfois les heureux. L’estuaire du Zwyn peu a peu s’ensabla. La fiére cité, cou- pée de la mer, dépérit. Elle languit pendant des siécles. ‘pas la morte, mais celle En 1892, le poéte belge Geor- ges Rodenbach publie un ro-| man ;: Bruges la morte. Il n’en fallut pas davantage pour que peintres et poé- tes vinssent réveiller, non| que Mauclair appelle joli- ment la Belle au sable dor- mant. Depuis lors, Bruges resplendit de nouveau pour les artistes et les voyageurs. Mauclair se devait de nous parler des cygnes de Bru- ges. Ces beaux oiseaux jet- tent des notes blanches par- mi les roses et verts re- flets. Mauclair nous conte leur legende. Pierre Lan- chals, magistrat brugeois, avait collaboré avec Maxi- milien d’Autriche. Pour le punir, on le décapita. Plus tard, comme il arrive sou-| vent, sa mémoire fut réha- bilitee. Comme son nom de ‘*Lanchals”’ ‘signifiait ‘‘long col’? et que d’ailleurs il portait un cygne sur son blason, la municipalité dé- cida de commémorer son souvenir en nourrissant 4 perpétuité une flottille de cygnes. Ce que Camille Mauclair| fait ressortir dans son beau livre, c’est l’autre coté du miroir, l’indéfinissable. Une fagade rose reflétée dans l’eau, le trottinement blanc et noir des béguines, les son- neries de cloche. Ce sont choses presque immaté- rielles ; mais qui procédent de la matiére et montrent Bruges pareille 4.une dams 'autrefois, dont le coeur bat toujours, et qui vit enj son beau corps et sa belle ame. CONFERENCES Le Département des Langues Modernes de 1’Université Simon Fraser va donner une série de conférences en francais sur le Québec au cours des six prochaines semaines. Toutes les conférences, d’une durée d’environ une heure, se donneront en fran- ¢ais par des professeurs du Département des Langues Modernes (Division de Fran- cais) de l’Université Simon Fraser. Elles seront suivies d’une .demi-heure de conver- sation et souvent = ac- compagnées de la projection de courts-métrages. Toutes les sessions auront lieu 4 l’université 4 19 h 30 et l’entrée est gratuite. Pour tous renseignements, veuil- lez appeler le 291-3544. Le mercredi 410° mai, le: Dr. Cs Bouton parlera de ‘‘La Nouvelle France atravers les récits de voyageurs fran¢ais’’. Le mercredi 17 mai, le Dr. M. St-Jacques donnera une conference intitulée ‘‘ Langue et culture au Canada francais’’. Le mardi 23 mai, le Dr. M.P. Vinay présentera ‘‘Un essai interessant de formation féminine au Québec. Le jeudi 25 mai sera présenté un film de Gilles Carle, **la vie heureuse de Léopold Z’’, O.N.F. 1965. Le mercredi 31 mai, les Dr. G. Merleret Dr. J. Viswanathan parleront des ‘‘Peintres et Romanciers devant la réalité québécoise’’. Le mardi 6 juin, les Dr. G. Merler et Dr. J. Viswanathan présenteront une conférence sur les ‘‘ Poétes et Chansonniers du Québec’’. Le jeudi 8 juin sera présente un film de P. Perrault et M. Brault ‘‘ Pour la suite du monde’’, O.N.F. 1963. Toutes les conférences auront lieu dans la salle A.Q. 5037 4 l'Université Simon Fraser, A Burnaby, 419 heures 30. had ete Dans cadre des concerts de midi présentés par 1 Vancouver Art Gallery, Ian McConkey et Alan Shuma donneront un concert de duos pour guitare classique e violoncelle, le 11 mai 4 12 h 10. L’entrée est gratuite VI, LE SOLEIL, 5 MAI 1972 | : j : | j :