sf ' INQUIETU L'indifference choque les Croates Vesna Kanjier est révoltée. Révoltée par les Evénements qui se passent «/@-bas», révoltée par l’in- différence du monde au sort de la Croatie. «Si Venise était bombar- dée, le monde entier serait outra- gé. Dubrovnik est une ville aussi ancienne et personne n’ est outra- gé» lance-t-elle. Pour cette ensei- gnante croate de 38 ans arrivée au Canada 4 1’Age de huit ans, la guerre a, en tout cas, «réveillé dans la communauté croate le sens de la solidarité”.. A Vancouver, et dans le reste du Canada, les femmes, en particulier, se sont mobilisés pour constituer l’association Croatian mother relief fund qui collecte des vétements, de la nourriture et de l’argent pour acheter des médica- ments a envoyer sur les lieux des combats, explique Vesna dans un francais presque parfait qu’elle a . ramené de ses séjours en France et au Québec. Méme si elle se proclame «100% canadienne», Vesna, qui travaille aussi pour le journal Croa- tian Voice de Nanaimo, ne pouvait pas rester inactive: «je ne peux nier mon passé» insiste-t-elle, méme si elle se reconnait bien «impuis- sante» aussi loin de ses racines. Peut-étre ne dort-elle pas bien la nuit, comme Georges Durko- vitch, un autre Canadien croate de 70 ans qui vit dans l’angoisse depuis des mois ou comme les quelques 12000 Croates qui habitent la région de Vancou- ver. - Chacun est en tout cas convaincu de la justesse de la cause croate. «Pourquoi n’ au- rait-t-on pas le droit d’étre in- dépendant lorsqu’on a rempli toutes les conditions pour deve- nir un Etat démocratique?» s’in- digne Vesna. Et de rappeler la brutalité de l’attaque serbe: «il est particuliérement dur pour les gens de voir une énorme armée s'attaquer a leurs raci- nes, @ tout ce quiles représente de- puis des centaines d’ années». Et exemple les «destructions systé- matiques» par les Serbes des égli- ses ou des hdpitaux croates. «Si -Au-dessus du bureau du directeur du Centre culturel Croate trone le portrait d'Ante Pavlo- vic, dirigeant de I'Etat croate fantéche mis en place par les Nazis entre 1941-44, l armée est venue protéger la mi- norité serbe, pourquoi bombarder Georges Durkovitch de prendre pour + Dubrovnick ov il n’y a pas un seul Sentiment d'injustice chez les Serbes Injustice. Voila peut-étre résumé en un mot! état d’esprit de la communauté serbe de la région de Vancouver. Mercredi soir, ils étaient une quinzaine de représen- tants de la communauté (estimée a environ 5000 personnes) a tenir réunion en |’église orthodoxe serbe ' Saint-Sava sur la 63@me avenue. L’objectif constituait 4 élaborer une stratégie destinée 4 rétablir une vérité qu’ils estiment tron- quée. Ce soir-la, l’émission Sth Estaie de CBC, diffusée la veille, est de toutes les conversations. Un reportage sur une organisation d’ex- tréme-droite croate qui envoit clan- destinement du Canada des armes en Croatie aremis un peu de baume au coeur des Serbes canadiens. Pour une fois, disent-ils, l’information n’a pas été partiale Alors que les Croates n’ont de cesse de dénoncer la timidité des pays occidentaux etdes médias a leur égard, les Serbes se conside- rent, a l’inverse, eux-aussi les vic- times de la «désinformation» et de l’indifférence internationale a leur cause. Lettres aux députés fédé- raux et provinciaux, demandes d’en- trevues avec les responsables poli- tiques de la province, sensibilisa- tion des médias, l’heure est donc venue pour les Serbes de Vancou- ver (et d’ailleurs) de contre-atta- quer au «lobbying croate». Siloin de la zone du confilit, comment ne pas se sentir impuis- sant? Rongé par l’inquiétude, Jo- van, 42 ans, reste sans nouvelle de sa mére, une Serbe habitant en Croa- tie, depuis plusieurs semaines. «Elle est sans doute morte, mordue par des chiens» lance-t-il avec une ef- froyable fatalité qui transparait dans son regard et dans ses gestes. Sve- tlana, 23 ans, est révoltée par les bombardements croates que subit le village de son oncle, pourtant si- tué en-dehors de la zone du conflit, en Bosnie-Herzégovine. Elle ra- conte l’histoire de la soeur de sa meilleure amie qui vient d’arriver au Canada: «Elle et ses deux en- fants ont di fuir leur village de Croatie au milieu de la nuit pour s’ échapper en Serbie ". L'épouvantail fasciste Tous possédent une histoire a conter. Steven Nesin, 31 ans, a beau étre arrivé au Canada a l’age de 9 ans, il parle de son pays comme s’il y avait toujours vécu. Sa fa- mille n’est-elle pas «serbe depuis douze générations»?. Tous dénon- cent par-dessus tout le «danger fas- ciste» que représentent les Croa- tes. Tous sont inquiets de voir au- jourd’hui des nostalgiques du ré- gime Oustachi dirigé par Ante Pavlovic. Les Oustachis, qui diri- gérent une Croatie indépendante mise en place par les nazis pendant ladeuxiéme guerre mondiale, mas- sacrérent sauvagement des milliers de Serbes. Ceux qui s’en récla- ment dans la guerre d’aujourd’hui font figure d’épouvantail pour les Serbes. Certes composante non- négligable de la lutte pour |’ indé- pendance, l’extréme-droite croate refléte-t-elle pour autant 1’état d’es- prit de la majorité de la population croate? Il est permis d’en douter mais le doute nes’ installe pas chez les Serbes. Pour eux, les premiéres mesures du gouvernement Tudj- man, qui consistaient notamment arenvoyer nombre de fonctionnai- res serbes travaillant dans l’admi- nistration croate, en sont un signe. A Vancouver, il n’existe pas de relations d’amitié ou d’hostilité avec la communauté serbe. Au mois de juillet, un damier croate (sym- bole de la Croatie indépendante mais qui se rapproche aussi forte- ment des insignes du régime ous- tachi) a été dessiné sur la fagade des deux églises serbes de Vancouver. «Pour les Serbes, cela représente un peu la méme chose. qu'une svastika pour les juifs» explique Steve. Misa part cet inci- dent dont les auteurs restent incon- nus, les deux communautés s’igno- rent et s’ignoraient déja avant le début des hostilités. Comme le résume, Steve, «nous n’ avons pas grand chose en commun de toutes facons». R.H. Le Soleil de Colombie Serbe?» s’emporte Frank Crnko- vic, directeur du Centre culturel croate de Vancouver. S’il y acertes eu une épuration de certains fonctionnaires serbes de administration croate, c’est aussi parce que les Serbes occupaient une importance dispro- portionnée par rapport a leur poids dans la po- pulation de la Croatie, explique Georges Durkovitch. «Lorsque Mike Harcourt est de- venu premier ministre, tout le monde a trouvé normal qu’ il ne garde pas avec lui les con- Sseillers du gouverne- ment créditiste» remar- que Vesna. Quant au role joué par l’extréme- droite en Croatie et sur les références au régime oustachi, la communauté est plus partagée. Divergences Du cété du Centre culturel croate, on ne s’en cache pas, le ré- gime oustachi est clairement la ré- férence. La Croatie de la seconde guerre mondiale comme seul exem- ple d’une Croatie indépendante et nationaliste? «Comment I’ appeler autrement? » s’étonne méme Frank Cmkovic assis 4 son bureau au- dessus duquel tréne la photo d’ Ante Pavlovic, le dictateur de 1l’Etat fasciste fantéche qu’a connu la Croatie entre 1941 et 1944. Les horribles massacres perpétrés par les Oustachis contre les Serbes que relatent tous les livres d’histoire? «Ce n’est pas vrai. Ce sont les vainqueurs de la guerre, c'est a dire les communistes, qui ont écrit U histoire». Le reste de la communauté croate de Vancouver s’accorde pour considérer les responsables du centre culturel comme particuliérement 4 droite. «Ce n’est siirement pas chaque Croate qui admire Ante Pavlovic» tient 4 rassurer Vesna. «Les Serbes n’ arrétent pas de lier le gouvernement actuel au gouver- nement oustachi mais les atrocités de cette période ne se renouvelle- ront pas» assure-t-elle. «Certes l extréme-droite est présente mais elle existe dans les deux camps et elle est minoritaire». Pour tous, l’urgence est de venir en aide aux 500 000 réfugiés qui fuient la zone des combats, et surtout de combattre |’indifférence pour montrer 4 ceux qui sont sur place qu’ils ne sont pas compleéte- ment oubliés. Renaud Hartzer Canada. de fer nationaux du Canada. R..A. Walker Vice-président senior Région de l'Ouest Canada Edmonton, Alberta APPEL D'OFFRES POUR BATIMENTS DU CHANTIER INTERMODAL THORNTON A SURREY (COLOMBIE-BRITANNIQUE) Les travaux ont pour objet la construction d'un batiment 4 usage de bureaux (superficie de 500 m2) avec sas d'entrée et marquise; un local de mécanique 4 un emplacement; un local pour compresseur; un bungalow sur chassis; leurs raccordements hydrauliques et électrique, avec transformeur et tableaux de distribution. Les personnes intéressées sont invitées a faire parvenir leur offre avant midi (heure avancée des Montagnes), le jeudi 9 janvier 1992 dans l'en- veloppe pré-adressée fournis a cette fin. A compter du mardi 17 décembre 1991, on pourra se procurer les formules de soumission auprés de l'Agent ingénierie - contrats, 10004 - 104e Avenue, 16¢e étage, Edmonton (Alberta)ou de l'Ingénieur de la voie, 11717 - 138 Street, 2e étage, Surrey (C.-B.), (604) 589-6548 etce, contre remise d'un chéque certifié de 50 dollars (non remboursable) libellé au nom de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Les soumissions doivent tre accompagnées d'une caution de soumis- sion équivalent 4 10% de l'offre et payable a la Compagnie des chemins || Pour tout renseignement complémentaire: || -d'ordre technique, appeler M. Bill Rennie, PBK Engineering Ltd., Vancouver (C.-B.), (604) 736-5421. - sur les soumissions, communiquer avec le bureau del'Agent ingénierie - contrats, Edmonton (Alberta) au (403) 421-6382. La compagnie se réserve le droit de rejeter toutes les soumissions et ne s'engage pas & accepter la moins €élevée. Vendredi 13 décembre 1991