Un francophone en voyage Par Roger Dufrane Le président actuel du . Mexique n’a ni les traits d’un Indien ni d’un métis, ni le teint. Peu importe d’ailleurs. Cest un homme de belle prestance et qui parle dor. Lair tour a tour enthou- siaste et désabusé, il est parti _ pour une croisade en Amé- rique latine. On le, voit tous les soirs a la télévision. Il des- cend d’avion. De pimpantes musiques militaires font écla- ‘ter a grand renfort de cym- bales tambours et trompettes, des marseillaises et des made- lons d’Amérique du sud. Puis il se lance dans des discours ot: revient, comme un leitmotiv, le mot «democratia). : que, que les hommes d’état des pays prétendus démocra- tiques claironnent a tout bout - de champ, sans peut-étre trop y croire, sachant bien que si on laissait au peuple les réves, -rien ne marcherait plus. On me dit que Monsieur le président voudrait rassem- bler les pays d’Amérique lati- ne contre l’emprise dévorante des Etats-Unis. Il irait méme pays les plus pauvres. Je ne serais pas étonné de le voir aller emprunter aux plus -riches. Homme~ de _ notre temps. I] sait que le crédit et le débit forment les deux piliers du monde moderne. Cela peut se discuter, car si la dette dépasse le bénéfice, catastrophe! z Mais il y a un autre domai- ne ou je l’admire : il appré- hende létincelle d’un conflit mondial en Amérique centra- le. Il se dresse contre les super- puissances qui entretiennent, en fournissant des armes, la guerre civile. Il sait que les gens bien nourris ne font pas iniment sympathique. Les Mexicains de toutes classes sont bien renseignés sur ces choses. Ils en discutent a ciel ouvert et a huit clos, dans la chaumiére des pauvres et le palais des riches. Vous avez la chance d’étre invité par un riche Mexician. A table, la maitresse de maison agite une vent avec les plats. Bon vin, '_ bon diner! A l'heure du café et des cigares, le maitre de céans parle de l’avenir du Mexique. Il_sait* les conclusions, les -problémes de l’irrigation, le manque d’écoles modernes dans les régions isolées. Com- -me les habitués de la Paroquia, il refait Xapala, Vera-Cruz, le Mexique et le monde, et il conclut, sur un dernier verre de cognac: «Ah! Si j'étais président : El Presidente!» Mercredi 28 Mars Ce matin, révant sous le ‘soleil déja chaud, je passe le rond-point doré et enverduré, et je m’égare. Je ne trouve ni l’école de la rue Allende, ni lenseigne du garagiste Esco Pour me retrouver, je m’en- gage dans une ruelle transver- sale. paille, un Mexicain joufflu et rebondi* “Américano?”, me demande-t’il. Je | réponds: “Canadiense!”. I] rit et me tape amicalement dans le dos, comme si nous étions deux fréres se retrouvant aprés avoir été séparés par un ogre. Me voici sur la bonne voie. Ce n’est pas la rue Allende, mais une rue paralléle qui doit - aussi mener en ville. Plus haut jentends siffler. Ce doit étre mon Mexicain. J'ai peut-étre . X . négligé de tourner ou il Démocratie! Vocable magi-. jusqu’a préter de l’argent aux la Révolution. En cela il m’est sonnette. Les servantes arri- — bar, compére de mon hate. © Voici, sous son chapeau de -fallait, et je retourne aux renseignements. Mais le Mexi- cain s'est envolé. A l’endroit md te . . » ou il m’a quitté, dans un arbre, un oiseau rutilant, au bec crochu, siffle tout content ~et me regardé.d’un oeil rond. Le Soleil de Colombie, vendredi 20 juillet 1984 —5 -L’aventure mexicaine Jai enfin accédé au Parc Juarez flanqué de ses deux palais et de sa cathédrale.. La ville est animée .. On en retire l'impression que les gens y vivent de l’air du temps et que c’est tous les jours diman- che. Certes ils travaillent, vendeuses des magasins, ci- reurs de souliers du parc , agents de police aux carre- fours. Mais ils ont l’air de faire ¢a pour s’amuser. J’entre dans une “Zappateria” afin de m’acheter des chaussures. La vendeuse, rieuse et vive, -a compris. Elle trouve mon -espagnol plutét cocasse et - déballe a mes pieds trente-six boites. Mucho gratias senori- tal. Je sors de la boutique, les pieds flambant neufs, chaussé de noir ensemellé de crépe antidérapant d’une blancheur éblouissante. Tant mieux! Je ne devrai plus jouer au bou- quetin sur les hauts trottoirs. Jeudi 29 Mars Qu’annonce le journal? Mon héte m’explique l’essentiel. La ville de Mexico compte 16 Millions d’habitants et ce chiffre augmente tous les jours. Dans-un lointain avenir leau manquera, d’autant plus que la ville s’enfonce de quelques centimétres tous les ans. Les riches des somptu- euses villas des environs fini- ront par quitter leurs résiden- ces lézardées et stériles. Les miséreux mourront de soif ou de faim, 4 moins qu’on ne trouve un reméde. Autre nou- velle, moins sombre, et méme amusante. La fugue dorée de lancien chef de la Police mexicaine revient sur le tapis. On se rappelle qu'il s’est sauvé a l’Etranger avec sa fortune. Il possédait dans une ville mexi- caine au printemps perpétuel, un magnifique manoir. On vient de l’inventorier: On va incessament l’ouvrir au pu- blic. Dans le garage resplendit une somptueuse Bugatti des années folles, en état de route, sil vous plait, et comme il n’en existe pas dix dans le monde. Somme toute, si on aménage cette demeure en musée, c'est bien: elle appar- tient au peuple, construite et meublée avec l’argent prélevé sur le peuple en péages illé- gaux et en amendes exagé- _rées. Mais laissons cela. Nous sommes en vacances. Et puis- que nous ne pourrons nous offrir la Bugatti des fétes couronnées, marchons, grim- pons les anciennes ruelles de Xalapa la Belle. “Xalapa la Belle” comme dit le journal. Voici le Parc Juanez, le vieux photographe, les marchands de balonnets rouges et bleus, et la petite vendeuse de créme a la glace a qui je dédie ce poéme : Au sommet doré des monta- gnes Des sierras orientales Voici parmi les fleurs Xalapa la belle. Je grimpe les venelles Aux maisons blanches, Aux toits de tuiles En-haut la cathédrale Veille sur la ville. Au jardin Juarez Les oiseaux dans les feuilles s'enivrent d’azur et d’antien- nés, Tandis que la vendeuse aux beaux yeux d’obsidienne Me tend de sa main fine Une orange sanguine. (A suivre) f ee Un mille & pied, ¢a n'use que les souliers. Ge Le gouvernement du Canada rend ....-hommage a Calgary. Venez célébrer avec nous les 100 ans de Calgary. 100 ans d’histoire qui reprendront vie sous vos yeux... durant toute une année! | ‘ een Gapvermement..< les autres. pour l’occasion. e Visitez les expositions et les pavillons. Découvrez la beauté . de l’Ouest canadien et participez a une foule d’activités toutes aussi intéres- santes les unes que invitation est lancée! Cette année, venez féter le centenaire de Calgary. e Venez voir le Stampede de Calgary préparé spécialement e al Stee la science et la technologie. e Assistez aux piéces de théatre, de variétés. ment seront présents.. e Du divertissement... aux concerts, aux spectacles e Des artistes reconnus mondiale-