Francophonie d’ailleurs Le vendredi 20 juin 1997 9 Le réveil des francophones de Belgique et de Suisse le Reveil 0&5 FLAN CO PHONE S DE BEelwique ET bE Suisse 3 ; iDESSIN NYAPH ISSA Face a une dégradation du climat politique, les querelles linguistiques s’aggravent en Belgique et en Suisse. Romands et Wallons doivent veiller 4 ne pas perdre leur identité francophone, tandis que la France leur tourne encore Ie dos. Paul Tourret, chercheur a I’université de Paris VIl[I-Saint-Denis dresse dans les colonnes de la revue francophone La Gazette un portrait de Ia situation dans les deux pays. Nous vous en livrons quelques extraits. a vie politique belge est depuis longtemps animée par des conflits chroniques entre les communautés néerlan- dophone et francophone. Le climat des affaires éclipse momentanément ce phénomé- ne, méme sil n’est pas sans alimenter insidieusement cer- tains stéréotypes. En Suisse, en revanche, existence d’un face-ad-face entre Alémaniques et Ro- mands est une nouveauté pour la tranquille Helvétie. La Belgique et la Suisse con- naissent aujourd’hui des pro- blémes de méme nature: la dégradation du climat de cohabitation entre les groupes linguistiques et le malaise des communautés francophones qui en découle. Dans les deux pays, Vidée unitaire malmenée non pas par les revendications de minorité francophone, mais par [atti- tude équivoque des majorités flamande et alémanique. est En Belgique, la réforme de la Saint-Michel de 1993 avait laissé entrevoir l’espoir d’un achévement du processus de réforme, sorte de der des ders de la fédéralisation. Mais, depuis, la Flandre a remis sur le tapis communautaire de nombreuses questions, en premier lieu la scission de la Sécurité sociale, accusée, par la voie des transferts financiers Nord-Sud, d’alimenter une Wallonie sur-consommatrice de soins médicaux. Elle réclame donc de nouvelles négociations sur le fédéralisme qui réduiraient encore les compétences de l’Etat central avant que l’Europe veuille bien s’en occuper elle-méme. UNE IDENTITE ~LINGUISTIQUE FRANCAISE DETACHEE Les francophones sem- blent avoir passé le cap des atermoiements pour s’engager dans les démarches plus volontaristes, en premier lieu en entamant des discussions entre les partis politiques sur les exigences francophones face & la Flandre, mais plus pronfondément, par Vaffirma- tion d’un destin commun des francophones que recouvrent les théses libérales d’«espace francophones» et socialistes dune «nouvelle alliance Bruxelles-Wallonie>». Longtemps taboue chez les francophones, la fin de la Belgique est aujourd’hui une option concevable, Et certains n’hésitent pas a dire qu’il faut s’y préparer, Ainsi a-t-on vu un manifeste d’universitaires et d’intellectuels envisager le destin commun de Bruxelles et de la Wallonie en cas de séparation, cependant que Vidée rattachiste trouve écho au-dela des quelques militants habituels et du _