_ wo ee = nee een rt oo nee SSS PEE EET OIE aes a entre egaux ¥¢ INTER PARES @Philippiries LE SUCRE: une récolte amére Serge Cherniguin est un homme de fortes proportions qui s’ex- prime lentement, avec une douceur qu’on ne lui imagine pas. En parlant, il nous peint le portrait de son lieu d’origine et de son peuple. || habitel’ile de Negros aux Philippines, ou l’on cultive la canne a sucre depuis des générations. Serge est le secrétaire- général de la Fédération nationale des travailleurs et travail- leuses de la canne a sucre(NFSW), la plus grande organisation de son genre aux Philippines. Comme d'autres pays producteurs de sucre du tiers-monde, les Philippines ont été surprises par l’effondrement du marché mondial dusucre. Au début des années 80, les Etats-Unis et des pays européens ont adopté des mesures qui visaient a protéger leurs producteurs et consommateurs, ce qui a eu pour effet de réduire considérablement les importations de sucre en prove- nance des Philippines. Le prix, qui était de 28 cents US la livre en 1980, est maintenant de 4 cents la livre. L’industrie du sucre aux Philippines s'est effondrée. Des plantations prospéres ont fait faillite, des moulins ont fermé leurs portes et des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs ont été mis a pied. En s'aggravant, la crise a réduit les familles de ces personnes a la famine. C’est dans l’ile de Negros, ot habite Serge, que l’effondrement s'est fait ressentir le plus. Cette ile, autrefois l’une des princi- pales régions productrices de sucre du pays, est maintenant dévastée. La vie d’un ouvrier de la canne a sucre n’a jamais été facile. Entierement dépendants de leurs employeurs, trés peu de ces ouvriers bénéficient d’un salaire minimum. Pendant la saison morte, ils se retrouvent dans une situation précaire. Maintenant que l'économie de l’ile est en miettes, la famine et la malnutrition ont atteint des proportions démesurées. Bien que l'on achemine d’urgence des vivres et des médicaments vers cette région, il est clair que la crise ne se réglera pas de sit6t, car comme |’a déclaré la présidente Aquino a la fin de !’an dernier, «L'industrie sucriere est morte.» Le défi que doivent maintenant relever les habitants de I’ile, c'est de reconstruire une économie qui tournait entiérement sur le sucre. Lacrise a permis aux travailleuses et aux travailleurs dela canne a sucre de s'affirmer en retrouvant une certaine autono- mie afin de pouvoir changer quelques-uns des éléments oppres- sants de leur vie. La NFSW les aide a mettre sur pied des petites coopératives qui transforment les anciennes terres réservéees a la canne asucre en terres qui servent ala production d’aliments pour les familles et les marchés locaux. INTER PARES a pris les devants au Canada en mobilisant des ressources pour appuyer Cette initiative de la NFSW. Au cours des deux prochaines années, INTER PARES accordera 100 000 $ a ce projet qui aidera directement plus de 1 500 familles. Ce projet est réalisé grace a |’appui des donatrices et donateurs d'INTER PARES, du CSU-Canada, de plusieurs autres ONG canadiennes, du Conseil canadien pour la coopération interna- tionale, et de l'ACDI. Un monde entre égaux est un service d'information offert aux journaux membres de |’Association de la presse francophone hors Québec. La chronique se veut une réponse a |'intérét sans précédent des Cana- dien(ne)s al’egard du tiers monde et des efforts de développement qui s'y déroulent. Cette initiative d' INTER PARES, organisme a but non- lucratif, est appuyée financiérement par |'ACDI. Depuis dix ans INTER. PARES appuie des projets de developpement dans le tiers monde et au Canada qui visent a enrayer la pauvrete, la maladie, la faim et l'impuis- sance. Si vous désirez vous associer a notre travail de solidarité, nous acheminer vos commentaires ou obtenir plus d'informations, écrire a: Un monde entre égaux, INTER PARES, 58, rue Arthur, Ottawa (Onta- rio), K1R 7B9, ou teléphoner a (613) 563-4801. _INFO... Vogue la galére! (Vers Vancouver-Nord) Par Roger Dufrane Ne nous emballons pas. II s’agit d’une croisiére de tout repos. Nous allons sur l’eau et j'aime les tournures quelle m/inspire, locutions proverbiales ou chan- sons enfantines : Maman, les pits ont-ils des jambes? Mais oui petit béta, sils n’en avaient pas tls ne march’ratent pas... Le soleil brille 4 rayons d’or pale. Onze heures du matin. Les gazons sont verts pastel et les flots d'un bleu argenté. Le paysage vire vers l’été indien, éphémére recrudescence de belle saison avant les embruns. Voici la large coulée qui sétend en mille vaguelettes de Vancou- ver 4 Vancouver-Nord. L’édifice blanc de l’ancienne gare termi- bateaux nus du Canadien Pacifique sestompe au _ loin, _ laissant derriére nous. ses_ escaliers roulants, ses boutiques, ses barbiers, cartes-vues, et autres amateurs désoeuvrés. Depuis plus d’une décade la station a fait peau neuve. Dans les années cinquante, ce lieu, presque vide et monotone, manquait d’attrait. Le train, d’un océan a l’autre, arrivait a de rarissimes intervales. Quelques vieux de la vieille, tristes sur leur canne, assis sur les banquettes de bois, souvent seuls et vivant en garni, parlaient entre eux du passé : les dollars amassés dans le Grand Nord et dilapidés dans les villes, les montagnes grandioses, les lacs, et, ne connaissant pas la douceur de vivre et la joie de vivre dans des ailleurs paradisiaques. Ils se disaient, en regardant les quelques immigrants qu’ils nommaient de «personnes dépla- cées», «Vancouver is: hard to beath A lépoque qu’ils évoquaient, au temps déja lointain ov les trottoirs de bois cétoyaient des maisons sans grande beauté ot la biére, dans les beer parlours sordides «Men Only», «Ladies and Gents», ce qui d’ailleurs ne valait pas mieux, se servaient brutalement deux verres 4 la fois, ou, dans les bars, une danse de cing minutes coataient un dollar. Certains priviligiés vivaient bien. Dans les quartiers de Shaugh- nessy et du West-End, des Canadiens riches, la plupart dorigine britannique, — possé- daient leur yacht. Ils apparte- naient au Yacht Club, ov ils buvaient du whisky, mangeaient du Yorkshire pudding. Is vivaient beaucoup entre hom- mes, disons entre gentlemen, tandis que leurs épouses, victoriennes d’allure, en longues robes a corsets, se protégeaient de larges et sombres ombrelles. Elles déambulaient, au sortir du temple, le long des sables gris de English Bay, parsemés de troncs d’arbres dénudés. D’un air attendri, elles contemplaient leurs garconnets et fillettes qui entouraient le bon noir, Joe Fortes, de la Barbade. Celui-ci adorait les enfants et leur distribuait sucettes et berlingots. Ce maitre-nageur n’a pas été oublié. Un charmant bas-relief, du cété du kiosque a musique, le commémore trénant parmi les chérubins, sur English Bay. Mais oublions tout ga, regar- dons vers l’avenir immédiat. Sur mon .traversier, ot les enfants cavalent entre les bancs, jobserve quelques spécimen : un Américain bariolé et machant nerveusement de la gomme, brandit un énorme Pentax vers la fréle enjambée du pont suspen- du. De jeunes Chznozses a la voix d’oiseau m’amusent. On en voit ici de toutes les couleurs. Des voix tudesques surgissent a deux pas, ce sont deux Allemands 4 casquette verte et botillons jaunes. Ils consultent leur Baedeker, rient d'une grosse voix, et s'animent l’un l'autre d’un ton guttural. Sans doute ont-ils lu que guillaume II (Le Kaiser) proche parent de la reine Victoria, venait en un temps déja obscur chasser l’ours du cété de Wigwam-Inn. Nous voila au débarcadére. Le traversier vient de repartir vers Vancouver La Blanche; c’est du moins ce qu'il parait en ce jour de soleil. Le bateau bleu-blanc- rouge porte les couleurs du parti Crédit social, des Pays-Bas et de l’empire britannique. De la rive nord, je repense a Hastings, misérable dans l’est, fabuleusement riche dans ]’ouest. Ces riches de l’ouest ont voyagé et reste pourtant d’esprit pionnier. A Vancouver, on les voit dans les meilleurs restaurants, ils aiment les crépes suzette flambées de flammes jusqu’au plafond. Je les aisurpris, dans un grand hétel de Vancouver, c’était dans la pénombre d’un restaurant du sous-sol, dont les gigantesques colonnes ressemblaient 4 une forét de cédres. On voyait les cuisiniers dans les _ cuisines rougeoyer sous leurs bonnets blancs. On nous servit un menu francais, entre la poire et le fromage, entre le café ér~—TJe cognac, on servit aux dames et ~_ aux messieurs de larges serviettes pareilles a celles des salons de _ coiffure, et dans de jolies boites, du tabac 4a priser : - Jat du bon tabac, Dans ma tabatiére, Jat du bon tabac, Tu nen auras pas, J’en ai du bon, Et du fin rapé! Enfin débarqué sur la rive nord, tourné vers l’esplanade, en plein soleil, et dans ]’animation des jeunes couples, des touristes et des enfants, j’en éternue encore a ce bon souvenir. Des yeux ‘au bout des doigts Suite de la page 8 Réjean Poirier, j’aurais peut-étre voulu voir des costumes moins réalistes. Jai aimé la production de Des yeux au bout des doigts parce que je sentais une grande sensibilité des personnages structurés par l’auteur Louise Painchaud, et la beauté du décor de Nicole Dextras. ; ‘Bonne tournée a La Seiziéme!