< Le Soleil de Colombie, Vendredi 29 septembre 1978 Directeur: André Piolat Rédacteur: Jean-Claude Secrétaire: Lyne Paradi PUBLIE PAR Téléphone: 879-6924 a 1 Mas a LES HEBDOS REGIONAUX LE MINI-QUOTIDIEN DE LANGUE FRANCAISE DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE Mise-en-pages: Claude Jean, Yvon Thivierge Rédaction: Claude Jean, Jean-Claude Arluison LE SOLEIL DE COLOMBIE LTEE, 3213, rue Cambie, Vancouver, C.B., V5Z 2W3 Courrier de deuxiéme classe | sous le numéro d’enregistrement 0046 Arluison TE Association de la Presse francophone Hors-Québec . Pensez aux petits Pas stupides, mais . Les bureaucrates et les hommes politiques ne sont pas des imbéciles. Il se peut que cette affir- mation plonge de nombreux Canadiens dans la stupeur. Et pourtant, c’est la pure vérité. Malheureusement, ces mémes personnes sont sou- vent mesquines, envieuses et plus enclines a protéger leurs petits fiefs administratifs qu’a sauvegarder les intéréts des Canadiens en général. C’est pour cette raison que les bureaucrates et les politi- ciens semblent plus bétes que cela n’est en réalité le cas. Cette mesquinerie et cette tendance a la monopolisa- tion des pouvoirs ont engen- dré de graves divisions inter- nes. La lutte entre le Québec et le reste du Canada n’est pas une lutte entre races, mais plutot entre politiciens. Les Albertains sont en général bien disposés a l’égard des autres Canadiens. Les habi- tants de la Colombie-Britan- nique adorent ceux de la Nouvelle-Ecosse. Mais les re- lations entre le fédéral et les gouvernements provinciaux sont presque toujours ten- dues et hostiles. Et ce sont les Canadiens moyens qui paient le prix de ces intrigues politi- ques. Ii est un aspect du droit fiscal canadien qui devrait permettre de mieux com- prendre la nature et le cout de cette propension au mo- nopolisme administratif. En 1924, Ottawa intro- duisit une taxe de vente au niveau de la fabrication pour se constituer une nouvelle source de rentrées. Cette taxe s’applique aux marchandises au moment oii le fabricant s’en sépare, et rapporte des sommes élevées chaque an- née. Mais ce n’est pas une taxe avantageuse. Par exemple, certains fa- bricants incluent les frais de livraison dans leur prix; dans ce cas, la taxe fédérale leur est applicable. D’autres fabri- cants expédient les marchan- dises sans inclure les frais de livraison, donc sans leur ap- pliquer cette taxe see mentaire. C’est ainsi que cer- tains acquittent des taxes plus élevées que d’autres. On pourrait présenter une longue liste énumérant les autres problémes liés a la taxe de vente a la fabrica- tion. Un point apparait ce- pendant clairement: ce n’est pas une taxe avantageuse. Une taxe fédérale sur les ventes au détail,en revanche, est extrémement commode. Elle peut étre administrée fa- cilement, traite tous les pro- duits de la méme fagon, et permet au gouvernement’ de percevoir un montant rigou- reusement identique 4 celui versé sous forme de taxe par le consommateur. Cepen- dant, Ottawa refuse de rem- placer la taxe de vente a la fabrication par une taxe sur les ventes au détail parce que sa perception serait confiée aux provinces, qui restitue- raient alors 4 Ottawa les mon- tants recueillis. Le gouverne- ment fédéral refuse d’octro- yer des pouvoirs de percep- tion aux provinces — et c’est le consommateur qui conti- nue d’en faire les frais. Un de ces jours, Ottawa va essayer de remplacer la taxe de vente ala fabrication par une taxe sur les ventes en gros. Cette derniére est a peine meilleure et est sans aucun doute moins avanta- geuse qu'une taxe sur les ven- tes au détail. Ottawa pourra cependant continuer d’en- caisser directement l’argent des contribuables — et c’est ce qui compte avant tout. Des gens stupides, certaine- ment pas. Mesquins et dé- nués de dignité, sans aucun doute. Nous ne sommes pas administrés par un gouverne- ment soucieux de protéger nos intéréts, mais plut6t par une bureaucratie tyrannique. Le Canada mérite de meil- leurs administrateurs — et une taxe fédérale sur les ven- tes au détail. “Pensez aux petits” est un message adressé sous forme d'éditorial parla Fédération canadienne de "entreprise indépendante© en Indonésie?» EDITORIAL La Tunisie est-elle en Indonésie?... Le jeudi 5 octobre, a I’Hétel Vancouver, les membres de TEAM choisiront les candidats qui défendront les couleurs du parti aux élections municipales du 15 novembre, 4 Vancouver. En vue de la soirée des nominations, les vingt-sept candidats ont commencé leur campagne au sein du parti, tout en préparant le discours qu’ils prononceront le 5 octobre. Discours trés bref, puisque chacun ne disposera que de deux minutes pour exposer ses opinions sur les questions qu’il juge les plus impor- tantes. Deux minutes qui vont compter car ce sera la derniére chance de s’attirer des votes. Parmi les vingt-sept candidats: Mme Myriam Bennett, ancienne directrice du Soleil de Colombie se présentera pour un siége 4 la Commission des Parcs, son mari M. Robert Bennett tentera sa chance pour le poste de Commissaire scolaire, ainsi que... votre serviteur. _ Pourquoi tenter sa chance aux nominations le 5 octobre, puis, en cas de succés, le 15 novembre, au lieu de consacrer ses loisirs 4 toutes sortes de choses certainement plus attirantes que de siéger parmi les membres de la Commission scolaire de Vancouver? Tout d’abord, la conviction qu'un francophone devrait siéger a la Commission scolaire de la troisiéme plus grande ville d’un pays ou le francais est langue officielle. Pourquoi, d’ailleurs, ne pas aller un peu plus loin, et suggérer que le nombre des commissaires scolaires de Vancouver soit augmenté d’une unité et que ce siége supplémentaire soit réservé 4 un francophone. En ce qui a trait a l’enseignement du francais et en francais, la présence d’un francophone a la commission scolaire est certes souhaitable. Le niveau de compétence de certains professeurs a été mis en question, de méme que la qualité des ouvrages et des méthodes utilisés. Les multiples options, qui vont de la poterie a la cuisine, en passant par lentretien des voitures, sont certainement attirantes mais elles ne devraient pas réduire l’importance qui doit étre accordée aux matiéres dites académiques. Mais avant tout, il s’agit de donner |’exemple: victoire, tant mieux; échec, peu importe, l’exemple donné pourra convaincre, souhaitons- le vivement, d’autres francophones de se porter candidats aux élections municipales suivantes. Une raison de plus pour cette candidature: cette question posée par une employée du Vancouver Ticket Centre a une collégue: «La Tunisie est-elle Jean-Claude ARLUISON - To be ou ne pas étre par Pierre-Louis VAILLANCOURT Maintenant dans l’est du pays, M. P.-L. Vaillancourt était professeur a l’Univer- sité Simon Fraser et a la téte du comité de l’éducation de la Fédération des Franco- Colombiens. Certains d’entre vous sont sans doute trés familiers avec la situation de 1’éduca- tion francaise en Colombie. Pour les autres qui le se- raient moins, il n’est pas inutile de commencer par des généralités d’ordre his- torique et social. Les pre- miers m’excuseront de bros- ser un tableau trop succinct d'une histoire qui leur est trop bien familiére mais qui replace la situation actuelle dans son cadre diachronique. Cet exposé comprendra quatre parties. Dans un premier temps, je souhaite- rendre compte de l’évolution de l’enseignement du fran- ¢ais, comme langue premié- re et comme langue seconde. Ensuite je voudrais décrire les politiques adoptées par les autorités gouvernemen- tales: fédérales et provincia- les 4]’égard du frangais dans les écoles, puis décrire les réactions des organismes francophones constitués, et les modalités de leur action. Enfin je terminerai sur une tentative d’exploration des intéréts et des désirs de la population francophone, en particulier des parents. TABLEAU HISTORIQUE Le frangais, langue premiére dans les écoles Les francophones, on le sait heureusement de plus en plus, jouérent un réle important dans la colonisa- tion et l’exploitation du litto- ral du Pacifique au 19e siécle. Ils s’illustrérent dans la fondation d’une école au- jourd’hui disparue et de deux hépitaux encore exis- tants. En 1838, ils consti- tuaient 60% de la population blanche de la céte, mais leur importance diminua considé- rablement devant l’afflux d’immigrants et ils ne comp- térent que pour 5% de la population a la fin du siécle. En 1909, leur nombre augmenta grace au recrute- ment effectué par la compa- gnie Fraser Mills Lumber Co, dans la région de Hull. La premiére moitié du 20e siécle fut marquée par la fondation de six paroisses dans la province et de trois écoles, catholiques et indé- pendantes, dont deux si- tuées 4 Maillardville et une a Vancouver, en 1954. Comme au siécle précédent, ces éco- les ne recevaient aucun sub- side gouvernemental, et cet- te situation demeurera, mal- gré une gréve en 1951 des éléves de Notre-Dame de Fatima et de Notre-Dame de Lourdes, gréve qui for¢a les écoles 4 fermer temporaire- ment leurs portes. Avec la fondation de |’école Saint- Sacrement a Vancouver, en 1954, grace 4 une souscrip- tion faite au Québec par Monsieur Pierre Laporte, s’achéve la premiére phase de cette histoire. La seconde s’ouvre par la création dans les commis- sions scolaires publiques de classes d’immersion. — S’ap- puyant sur les promesses faites par le gouvernement fédéral dans son programme des langues, la Fédération. des Franco-Colombiens_ ob- tint en 1969, de la commis- sion scolaire de Coquitlam, la création d’une classe-pilo- te d’enseignement bilingue. Le projet connut un grand succés et s’orienta progressi- vement vers les classes d’im- mersion. En 1973, se créait un programme identique a Victoria et s’ouvrait 4 Van- couver |’Ecole Bilingue. Ces cours étaient principalement destinés 4 une clientéle an- glophone. A Coquitlam, 8% seulement des éléves sont d'origine francaise et a |’Eco- le Bilingue, a ses débuts, 15 éléves sur 325 étaient fran- cophones. Malgré leur rapi- de progression, les program- mes d’immersion ne tou- . chaient encore en 1977-78 que 1300 éléves, soit moins de 1% de leffectif scolaire, alors que les programmes similaires d’immersion du Protestant School Board de Montréal concernent 20% des effectifs scolaires. Parallélement a |’implan- tation de ces programmes dans les écoles publiques, on assistait durant la méme période a un rapide déclin de Yimportance du __ francais dans les écoles indépendan- tes, qui devenaient plus catholiques que francaises. Cette situation tenait a l’évo- lution de la clientéle des parents. A l’école Saint- Sacrement, par exemple, 75% des enfants admis il y a dix ans étaient de langue maternelle francaise. Au- jourd’hui, 68% d’entre eux viennent de familles italien- nes, philippines ou autres. La place faite au frangais devenait congrue et dans les 3 écoles sus-mentionnées, le francais n’était enseigné qu’environ 1 heure par jour de la 4e a la Te année, soit moins que dans les cours d'immersion, ou il occupe de 70% a 50% du temps pour ces mémes niveaux. . La crise de l’unité cana- dienne, en provoquant un intérét accru pour le francais — entraina un renversement de ces tendances dans les écoles privées et créa un processus d’accélération dans les écoles publiques. Depuis 1977, on assiste a une expansion de phéno- méne des classes d’immer- sion et de nouvelles classes maternelles s’ouvraient a Nanaimo, a Burnaby, a Sur- rey. Une autre est prévue prés de Victoria, 4 Duncan, en septembre 1978. Les parents anglophones de North et West Vancou- ver continuent une lutte tenace pour en obtenir éga- lement dans leurs commis- sions scolaires respectives. L’Ecole Bilingue, devant Vaf- flux des demandes, déména- gea dans un local plus vaste. {A SUIVRE] eS Re OW hea soe Oa eae ee ee “ ae