¢ Les Territoires du Nord-Ouest Une démarche collective avant tout |: Fédération Franco-ténoise n’avait ja- mais réfléchi a la dimension «FEMME» de son regroupement. Pourtant, les Fran- co-Ténoises fournissentla grande partie du temps de bénévolat de la Fédération et des associations locales. Pour lapremiére fois, la Fédération franco-ténoise intégre a sa programmation (1988-1989) un projet de formation et de consultation des femmes francophones. Un colloque en mars pro- chain servira de point de départ au regrou- pement éventuel des femmes francophones des Territoires du Nord- Ouest. Le défi est de taille puisqu’ll faut en un premier temps acquérir une connaissance plus approfondie de la réalité vécue par les Franco-Ténoises et en un deuxiéme temps utiliser ces données pour faire de ce collo- que-rencontre, un événement qui leur ap- partient. Lun des éléments les plus importants de ce projet est de recueillir les informa- tions essentielles & ce regroupement. Dans les Territoires du Nord-Ouest, le pro- bléme de I'isolement est majeur. La faible population est dispersée sur un immense territoire qui représente le tiers du Canada. La Fédération franco-ténoise, comme toute association doit apprendre a oeuvrer avec les particularités régionales. De plus les femmes vivent dans un contexte social, économique et culturel trés particulier. Toute intervention doit tenir compte de ces spécificités ainsi que de particularités ré- gionales non négligeables. Au départ, il fallait établir un profil sta- tistique des Franco-Ténoises. Nous avons demandé a Denis Perreault, directeur de la «Grande Tournée, les Retrouvailles», d'in- corporer dans son étude des questions s'adressant spécifiquement aux femmes et de nous fournir ainsiles données dont nous avions besoin. A la lumiére des informa- tions recueillies, il nous a été possible d’es- quisser une premiére ébauche de la situation, tres mal connue, des femmes dans les Territoires du Nord-Ouest. Le recensement de 1986 de Statisti- ques Canada nous indique que le nombre de femmes francophones dans les Terri- toires est inférieur de 17 % a celui des hommes. Sur 1,290 Franco-Ténois des deux sexes, on compte 535 femmes contre 755 hommes. Autre donnée intéressante, ce sont les femmes agées de 25 a 30 ans qui constituent le groupe d’age le plus po- puleux aprés celui des hommes de plus de 50 ans. Ces jeunes femmes représentent les membres potentiellement les plus ac- tifs. Comment expliquer cette trés forte représentation? Est-elle lige au chémage manque a gagner de sa conjointe. Famille et travail ps une ventilation détaillée des données d'un sondage Gallup effectué en mai 1988 et qui portait sur la famille canadienne, Ghislain Fortin du secrétariat au Développement économique (gouvernement du Québec), souligne que les statistiques démontrent clairement que le travail de la femme a|’extérieur du foyer constitue généralement un important supplément au revenu familial. Dans le cas des familles monoparentales, la moitié des méres chef de famille travaillent. Pour ces derniéres, la participation au marché du travail fait la diffé- rence entre la pauvreté et un minimum d’aisance, une fois sur deux. Il est cependant troublant de constater que pour 25 % environ de ces méres de famille, ‘activité sur le marché du travail n‘améliore en rien leur situation par rapport a celle des inactives, dont la plupart dépendent de l'aide sociale. En ce qui concerne les couples plus traditonnels, on note que la participation des femmes au marché du travail ne touche que trois familles sur cing. Comme il fallait s'y attendre, elle constitue un facteur d’enrichissement économique fort significatif dans la plupart des cas, éliminant pratiquement la pauvreté chez les couples concernés. On observe toutefois que, dans prés de 60 % des cas, les familles avec enfants dont la mére ne participe pas au marché du travail ont un revenu supérieur a 30 000 $ par année, ce qui laisse supposer que l'homme y bénéficie généralement d'un revenu supérieur, compensant ainsi partiellement le Extrait d'un article de Ghislain Fortin "Famille idéale? Parlons Argent!" tiré de la revue RELATIONS no 547, janvier-février 1989, page 16. 14— CAHIBR:/ DES FEMMES, MARS 1989, qu’elles subissent plus fortement dans le sud du pays? Viennent-elles chercher dans le Nord leur premiére expérience pro- fessionnelie? Toujours selon Statistiques Canada, la proportion d'hommes et de femmes est presque égale dans les deux régions francophones des Territoires, soit celles de Yellowknife, d'lqaluit, de Fort Smith, de Hay River et d'Inuvik. Les infor- mations qualitatives ainsi recueillies servi- ront de base de réflexion, et de piste d'interventions au colloque du printemps cessaire pour obtenir, par effet d’entraine- ment, une réflexion continuelle et, espé- rons-le, un regroupement durable. La consultation participative chemine vers |e colloque qui représente le temps fort «Grande Tournée, les Retrouvailles» France Tremblay, animatrice communautaire a la Fédération franco-ténoise, en compagnie de Denis Perrault, directeur de la communautés linguistiques. On peut se demander sicette situation modifie le statut des femmes au sein de la communauté? Les compilations statistiques nous per- mettent difficilement d’apprécier qualitati- vement la situation des Franco-Ténoises. L'analyse des données recueillies par la Grande Tournée nous améne a nous inter- roger de facon plus précise sur la condition des femmes francophones dans les TNO. Est-ce que les femmes subissent une forme d'isolement plus marquante que les hommes? Connaissent-elles une plus grande difficulté d’intégration au marché du travail ou dans leur milieu de travail? Il faut retenir que malgré un taux d’oc- ‘| cupation d’emploi plus élevé chez les fran- cophones que chezles autres ethnies, 71,4 % des Franco-Ténois qui travaillent a temps partiel sont des femmes. De plus, 3,5 % des femmes sont des chémeuses tandis que 15,9 % sontménagéres a temps plein. Leurs secteurs d'emploi sont aussi trés caractéristiques. On retrouve les femmes en trés grande majorité dans I'ad- ministration publique et dans |’enseigne- ment. Fait trés éloquent, les femmes parlent majoritairement le frangais au tra- vail (51,3 % comparativement a 44,1 % chez les hommes). Pour cette raison, elles entrevoient positivement le nouveau pro- cessus de bilinguisation des services gou- vernementaux des TNO. Ces considérations fort révélatrices se- ront raffinées et approfondies lors d’entre- vues réalisées dans cing principales prochain. La méthode de fonctionnement de cette étude est intégrée a un processus d'apprentissage collectif : (enquéte sur le terrain par des femmes en région, comité rédactionnel, consultation, reformulation et colloque participatif en région). Les instru- ments de travail s’articulent autour d'un systéme ouvert, au sens oll les femmes du milieu participent a I’élaboration des résul- tats, reformulent les problémes les plus caractéristiques des Franco-Ténoises et expriment les moyens d'action possibles. Nous faisons le pari que la méthode utilisée fournira suffisamment de stimulants pour former un groupe de femmes actives, prétes 4 s’engager dans une consultation plus globale et a fournir des bases pour ‘action. Lebutultime du comité rédactionnelest d’engager activement des femmes recon- nues dans leur milieu, dans la dynamique des changements souhaités, tout en res- pectantla situation particuliére des femmes francophones du Grand Nord. Présentement, nous comptons sur|’ap- pui de six femmes des communautés iden- tifigées. Elles sont déja engagées a la cueillette d'information et participent au co- mité rédactionnel. Elles contribuent ainsi a l'élaboration de documents de travail et au contenu du colloque, phase cruciale du processus. Elles seront, durant toutes les étapes, les artisanes de cette réflexion sur leur vécu de Franco-Ténoises. Ce senti- mentd’appropriation constitue l'objectifné- de ce projet de regroupement. Les res- sources financiéres étant restreintes, nous avons da limiter la participation aux ate- liers, 8 deux représentantes par région. La publication des actes du colloque devient donc essentielle pour garantir le rayonne- ment souhaité. Elle assurera une large diffusion des résultats et des réflexions. Le colloque marquera le début d'une vaste réflexion sur la condition des Franco- Ténoises et entamera une démarche pour obtenir des recommandations d'actions concrétes a débattre a l'assemblée géné- rale annuelle de la Fédération franco-té- noise, porte-parole officiel de tous les francophones des Territoires du Nord- Ouest, les femmes y compris. La «Grande Tournée, les Retrou- vailles», est un projet de recherche initié parla Fédération franco-ténoise et subven- tionné par le ministére de la Culture et des Communications du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest par le biais d'un programme du Secrétariat d’Etat. Cette recherche a pour but de sonder les besoins des francophones dans le processus de bilinguisation du gouvernement territorial, et d’émettre des recommandations. Cet article a été rédigé avec la collabo- ration de Denis Perreault directeur de la «Grande Tournée, les Retrouvailles». France Tremblay est animatrice commu- nautaire a la Fédération franco-ténoise de- puis un an.