8 Education: «Enjeu National»-Volume II, Semaine du 19 mars 1990 ow L’école fran¢aise en milieu minoritaire Confessionnelle ou par Adrien Cantin usqu’a récemment, bien peu de parents des com- munautés francophones a l’extérieur du Québec avaient méme songé a remettre en question le lien étroit qui existe depuis toujours au Canada francais entre I’école et l’Eglise, de méme que l’énoncé voulant que la foi soit la gardienne de la langue, et vice- versa. nes sont assez nombreux pour ali- menter plusieurs écoles élémentai- res ou secondaires, tant catholiques que non confessionnelles. Mais 1a oui la clientéle scolaire de langue francaise estmoinsnombreuse, cette question prend parfois des propor- tions dramatiques. Parce que la seule école de lan- gue francaise de leur localité est catholique, des centaines de petits francophones del’ Alberta, de l’On- tarioetd’ailleurs au pays ot il existe des écoles confessionnelles, vien- nent grossir les effectifs des écoles anglaises. Mais aujourd’ hui, plusieurs pa- rents refusent que leurs enfants soient exposés aux symboles et aux rites de la religion catholique. Pas de probléme dans certaines régions urbaines oii les francopho- Des questions Cela souléve donc des questions Pee Se ae Des études universitaires et une carriére d’avenir Voila ce que vous offre le Programme de formation d’officiers \ de Ia Force réguliére. Vous avez de I initiative, des qualités de chef et la volonté de réussir. 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FORCES CANADIENNES a REGULIERE ET DE RESERVE Ben So, Saies Canada se “1 Hl EH Val Sh Coe ee publique? que l’on commence a débattre sé- rieusement dans les milieux de l’éducation au Canada francais. Les droits constitutionnels (par l’article 93) qu’ont les catholiques dans certaines provinces représentent-ils un obstacle, direct ou indirect, a Vexercice de ceux d’un nombre grandissant de francophones qui se sont détachés de l’Eglise ou qui sont d’autres religions? Et méme dans les endroits suffi- samment populeux pour permettre existence de plusieurs écoles fran- ¢aises, les unes catholiques, les autres non-confessionnelles, et de deux systémes scolaires francais paralléles, nos communautés peu- vent-elles, qu’elles soient acadien- nes, franco-manitobaines ou fran- co-albertaines, se permettre de se fractionner ainsi? Les intéréts collectifs des com- munautés francophones (lutte con- tre l’assimilation, mise en commun de toutes les ressources disponi- bles, etc.) devraient-ils ou non avoir préséance sur les droits scolaires des catholiques, méme si une majo- rité de francophones adhérenta cette religion? L’Acte de l’Amérique du Nord Ces droits constitutionels des catholiques, ils remontent a la Confédération et sont garantis par- l’Acte de l’ Amérique du Nord bri- tannique dont les dispositions s’ap- pliquent bien aux protestants du Québec qui y ont vu, en 1867, la garantie que la majorité frangaise de cette province ne se mélerait pas de leurs écoles. Ils s’appliquent, aussi a Terre- Neuve, l’Ontario, la Saskatchewan et l’ Alberta. Dans les provinces du Manitoba et de Colombie-Britannique, les droits 4 1’école confessionnelle ne sont pas spécifiquement reconnus, mais puisque ces gouvernements financent les écoles privées, on y retrouve des établissements catho- liques. Par ailleurs, dans les provinces maritimes de Nouvelle-Ecosse, de l’ile-du-Prince-Edouard et du Nou- veau-Brunswick, on neretrouve que des écoles publiques non-confes- sionnelles, ou communes. La loi y interdit, en principe, tout enseigne- ment religieux, bien que cela soit toléré dans un grand nombre d’éco- les acadiennes. Plus que la catéchése Le droit a l’école catholique est beaucoup plus qu’un droit a ensei- gner la religion ou la catéchése. Le «Projet d’école secondaire catholi- que francaise» du Conseil des éco- les catholiques d’Ottawa (1986), par exemple, précise: «éventuelle- ment, c’est toute l’école qui doit étre imprégnée de cette ambiance catholique si elle veut se distinguer de l’école dite «publique», non- confessionnelle». Ce projet éducatif traite spécifi- quement de l’enseignement de cer- taines matiéres, comme la littéra- ture, indiquant que si des auteurs «ne reflétent pas une philosophie catholique, l’enseignant peut et doit amener ses éléves 4 une critique positive qui ne ralentira pas la marche chrétienne des individus». Tout cela reste difficilement accep- table pour plusieurs francophones hors Québec, soit qu’ils aient quitté lecatholicisme, soit qu’ils adhérent tout simplement 4 une autre reli- gion, comme un grand nombre des dizaines de milliers d’immigrants francophones établis en milieu minoritaires, au Canada ou ailleurs. Certains y voient carrément de la manipulation et de la monomanie qui viennent a l’encontre des prin- cipes fondamentaux d’apprentis- sage, en particulier au niveau du secondaire. Convictions profondes Mais quoi qu’on puisse en dire ou penser, les catholiques détien- nent bel et bien ces droits et les exercent pleinement, les uns parce que les choses sont ainsi depuis le début de la colonie, les autres par conviction profonde qu’ils donnent a leurs enfants une éducation plus riche et plus complete. Débattant la question devant un groupe de directeurs d’écoles, le psychologue de 1’éducation Claude ~ Michaud, affirmait en 1986 que «la neutralité de l’école est un mythe; sans point de repére, ot les jeunes deviennent cyniques, oii ils se con- tentent de suivre le courant. Dans quelle mesure, demandait-il, (les francophones) par leur adhésion au systéme scolaire public, auront-ils sacrifié une dimension importante de leur héritage culturel?». Les éducateurs et gestionnaires scolaires catholiques ont applaudi quand, lors de sa visite au Canada, le pape Jean-Paul II déclarait: «Les écoles catholiques parlent de la signification de la vie, elles parlent des valeurs et de la foi qui donne a la vie son sens». Au Nouveau-Brunswick Que faut-il alors penser des Acadiens de trois des provinces maritimes auxquels les lois provin- ciales interdisentl’ école catholique et qui n’ont aujourd’hui aucune envie d’en réclamer parce que c’est «un véritable panier de crabes qui (a) suscité et suscite encore une série de controverses d’un bout a V’autre du pays», explique le rap- port d’une étude faite en 1985 par l’Association des conseillers sco- laires francophones du Nouveau- Brunswick. Ici, explique le directeur-géné- ral de l’organisme, Léon Richard, l’enseignementreligieux etl’ initia- tion aux sacrements sont en prin- cipe dispensés seulement en dehors des heures de classe, et les symbo- les religieux sont absents de1’école. Profitantd’unecertaine tolérance de la part du ministére de I’Educa- tion, certains districts scolaires et certaines écoles outre-passent ce- pendant la directive provinciale et vont carrément enseigner la reli- gion en classe, surtout au niveau élémentaire. (Suite a la page 18)