SSSR See See Rae S BS eee: 2 - Le Soleil de Colombie, vendredi 25 mai 1990 INFORMATION beet tt EDITORIAL Le fédéralisme: un concept a repenser Autant quel’on puisse en juger, le fédéralisme canadien est périmé. Fruit d’une aberration historique, c’est un pis-aller qui s’est imposé pour résoudre un dilemme qui n’avait et n’a toujours pas trouvé de solution. Son objectif est de créer un tout cohérent avec des parties dont les affinités et les impératifs sont constamment a la merci des besoins nouveaux et des réalités nouvelles que le changement et le progrés entrainent'et que |’évolution des mentalités impose. Le fédéralisme canadien est un systéme instable, toujours a redéfinir. L’essentiel de son génie est de donner satisfaction. aux provinces sans ne jamais parvenir ales contenter. II n’est viable, ne peut fonctionner, que si les différents partenaires estiment qu’ils ont avantage a faire partiedel’ensemble. Dans le fédéralisme canadien, rien n’est jamais acquis, pas méme la force de I’habitude. C’est un systéme artificiel qui, vaille que vaille, essaie de souder et de maintenir ensemble des provinces dont les intéréts et les dispositions naturelles ne sont pas nécessairement complémentaires. Le Canada est un formidable défi, une tentative de rendre impossible, possible; |’incompatible, compatible; |’incon- ciliable, conciliable. Héritier de la guerre des autres, il est aussi l’eau et le feu, deux humeurs aux compositions chimiques différentes, et dont les remous des eaux du Lac nous renvoient aujourd’hui l'image. Meech est un miroir. Il réfléchit le bleu du ciel, mais aussi le visage d’un pays dont les problémes ne se résument pas aux seules relations du Québec avec le reste du Canada. Né d’un compromis, le fédéralisme canadien est un compromis constamment remis en question, 4 mesure que le pays change, se transforme, évolue. Négociations, discussions, tractations, concessions, promesses, mena- ces, chantage, etc., tout y est toujours a recommencer. Il fonctionneplus ou moins bien - ou plus ou moins mal - selon la teneur des douleurs qu’entrainent inévitablement la mise en place des régles du jeu. Le fédéralisme repose sur le plus petit commun dénominateur sur lequel les provinces s’accordent. Né dans |’empyrée, il est, dans les officines et dans les faits, étroitement lié a la capacité de trouver un terrain d’entente qui soit le moins compromettant possible pour les provinces, tout en restant en accord et en étant adapté aux élans et aux impulsions du principe fédéraliste. Au royaume du fédéralisme, les provinces sont reines. Elles’ le sont d’autant plus aujourd’hui que le fédéralisme rentable est beaucoup moins payant qu’il ne |’était. Affaibli, il est constamment confiné dans les limites que !es provinces autorisent, et il peut difficilement résister et contenir la poussée des provinces qui veillent a ce que l’intérét national et commun ne se fasse jamais au détriment de leurs intéréts provinciaux. Aujourd’hui, le fédéralisme canadien soustrait beaucoup plus qu'il n’additionne. Il n’a plus les moyens de donner la fraternelle étreinte destinée a aider les provinces les plus faibles, acontenirles provinces les plus riches, et, au besoin, a étouffer les provinces les plus récalcitrantes. Le fédéralisme canadien est en crise. Son succés et sa durée ne reposent plus sur sa rentabilité. Les provinces en sont conscientes et elles feront probablement peu d’efforts pour éviter que le gouvernement fédéral ne soit la premiére victime du systéme qu’il préche. Le Canada est un pays en mutation. Divisé en dix provinces, il se congoit de plus en plus en termes de régions. Le fédéralisme dela vieille école n'est plus d’actualité. C’est une aberration, une absurdité, un boulet qui ne répond plus aux attentes légitimes des Canadiens. Tout cela d’ailleurs n’est-il pas déja écrit quelque part au fond des eaux du Lac. Patrice Audifax Aprés les deux chroniques de Jean-Claude Arluison (Le Soleil des 11 et 18 mai), la Fédération des Franco-Colombiens réagit, ason tour, par|’intermédiaire de sa présidente Marie Bourgeois, aux différents événements survenus a Radio-Canada. - Le Soleil de Colombie: Vous déclarez étre préoccupée par la situation a Radio-Canada. Quels en sont les motifs? - Marie Bourgeois: Depuis longtemps, la Fédération des Franco-Colombiens (FFC) fait savoir a Radio-Canada qu’elle juge son service insuffisant. Dans la province, de nombreu- ses personnes sont toujours privées des émissions franco- phones de Vancouver. Dans certaines régions, on capte TV5 mais pas Radio-Canada. Dés le départ, la situation est donc déja problématique. Or, aujour- d’hui, on doit, en plus, faire face a deux coups durs: la disparition de |’émission Actua- lités régionales et la suppres- sion du poste de directeur de la télévision occupé par Georges Lafléche. - Le $.C.: En quoi ces deux événements vous semblent-ils préjudiciables pour les Franco- Colombiens? -M.B.: Depuis |’arrivée de Georges Lafléche, on avait noté une nette amélioration dans la programmation. Il y avait beaucoup de progres comme la présence d’équipes de télévi- sion sur tous les grands événements. Et puis, il y a eu, bien sr, la création d’Actuali- tés régionales. C’était la seule émission en francais a traiter des affaires publiques. Pas dela télé communautaire, mais un magazine qui tentait de présen- ter la réalité de la Colombie- Britannique, en portant une - attention plus particuliére aux dossiers qui touchent les francophones, comme |’éduca- tion par exemple. Etant donné que la Colombie-Britannique souffrait déja de certaines insuffisances, nous avons toujours dit que porter atteinte au service frangais entrainerait une vive protestation de notre part. -Le S.C.: Quels types d’actions comptez-vous entre- prendre? - M.B.: Avant toute chose, nous allons demander des explications aupres de Radio- Canada Vancouver. Il faut savoir si ces décisions ont été prises a un niveau régional ou national et ainsi pouvoir exercer les pressions au bon endroit. Jusqu’a présent, il n'y a eu aucune annonce _ officielle, aucun communiqué. A ce sujet, je dois dire que l’absence de directeur nous préoccupe égale- ment beaucoup. Quelle est la politique de Radio-Canada pour pourvoir ce poste? La FFC a place. Il Marie Bourgeois, présidente de la Fédération des Franco-Colombiens: « Radio-Canada ne remplit pas son mandat » toujours suggéré qu'il serait bon de prendre quelqu’un sur y a des gens compétents en Colombie- Britannique ayant une trés bonne connaissance de la communauté francophone. On éviterait ainsi toute la période d'adaptation nécessaire. Si nous n’avons pas a nous ingérer dans les affaires de Radio- Canada, cela n’en reste pas moins une suggestion a étudier. -Le S.C.: Les coupures budgétaires ont souvent été mises en avant pour expliquer ces différentes suppressions. - M.B.: Peut-étre, mais _ il existe des moyens de trouver d'autres approches pour offrir un minimum de programma- tion. Nous avons toujours proné une augmentation des émis- sions régionales. Il existe, notamment, des possibilités de co-production avec les autres provinces de l'Ouest. La francophonie n’est pas limitée au Québec. En agissant ainsi, je constate que la société Radio- Canada ne remplit pas son mandat qui est de servir la grande communauté canadien- ne. La campagne de protesta- tion que nous allons mener ~nécessitera beaucoup d’énergie — mais |’enjeu est primordial étant donné I'importance des _be- soins. Propos recueillis par Francois Limoge. Derniére heure Suite de la premiére page. sur la stratégie gouverne- mentale qui fait de ce rapport la base de discussion pour cqnvoquer une conférence des Premiers Ministres», expliquait Lucien Bouchard, avant de poursuivre: «Je ne doute pas des intentions de M. Mulroney... mais le gouvernement fait, ainsi, une alliance objective avec ceux-. la méme qui veulent faire passer le Québec sous les fourches caudines. Ce rap- port [Charest] est la reprise de toutes les tentatives des ennemis de I’Accord du lac Meech pour le diluer et assener le coup de grace au Québec. Ce rapport n‘aurait pas dd exister et je me vois contraint de quitter le gouvernement... ainsi que le Caucus conservateur pour siéger comme député indé- pendant». ETATS-UNIS 3, CANADA 1. LAméricain moyen donne trois fois plus aux Oeuvres de charité que le Canadien moven : le saviezvous? Etce n'est pas parce qu il gagne mieux sa vig. . S’adressant au premier ministre du Québec, Robert Bourassa, Lucien Bouchard l’a assuré de son soutien s'il refusait «d’assister a une conférence ou sera déposé le rapport de la commission»: «Je lui demande instamment d’6pargner aux Québécois un nouveau camouflet..., un autre ostracisme». 7 Répondant, ainsi, aux divers interrogations quant a la fragilisation du gouverne- ment, l’ancien ministre de Environnement a_ affirmé qu’il continuerait de soutenir les différentes politiques mises en oeuvre par Brian Mulroney. Dans les divers commentai-- res qui n’ont pas manqué ala Lucien Bouchard démissionne suite de |l’annonce de cette décision, Robert Bourassa, lors d’une: déclaration trés bréve, a regretté cette décision et d’ajouter: «J’espére que son geste va faire réfléchir ceux qui ont besoin de réfléchir au Canada anglais sur la compréhension du Québec». ug SO (3]] Le seul journal en francais de Gobombic de la Colombie-Britannique Président-Directeur: Jacques Baillaut Rédacteur en chef: Patrice Audifax Journaliste responsable de l‘APF: Yves Lusignan Photocomposition: Suzanne Bélanger Coordonnateur administratif: Jacques Tang Journaliste-Coopérant: Francois Limoge Publié par le Soleil de Colombie Ltée 980 Main, Vancouver, V6A 2W3 Association de ie "APFTG " Presee siiversaney | 683-7092 683-6487 Fax: 683-9686 Abonnement 17 an: Canada, 20$ - Etranger, 25$. Numéro d’enregistrement: 0046 Courrier de 2éme classe Les lettres adressées au Soleil de Colombie par ses lecteurs doivent étre lisiblement signées par leur(s) auteur(s). La rédaction se réserve le droit de corriger ou de raccourcir le texte sil est trop long. Les lettres doivent étre accompagnées d'un, numéro de téléphone et d'une adresse afin de pouvoir, au besoin, communiquer avec nos correspondants. Toutefois, ala demande, les adresses et numéros de téléphone pourront ne pas étre publiés. > aaa