VOLUME 8 - 3° EDITION- ISSN 1704 - 9970 Et de ce rien Loti faisait naitre la poésie. Magie du style. Oui, voila le mot juste : Loti était un magicien. Et davantage qu'on le croit. C'est lui qui, le premier, avec "La mort de Philae", signala le dan- ger d'engloutissement du temple d'lsis que l'on peut admirer au- jourd'hui sur le Nil grace a de gigantesques travaux, et peut-étre aussi grace a la campagne qu'il mena pour le sauver. C'est aussi a lui que l'on doit la restauration du chateau de La Roche- Courbon, ce "chateau de la Belle au Bois dormant" pour lequel il langa un cri d'alarme et qui, miraculeusement, s'est réveillé. Mais un magicien ne réussit pas toujours dans ses entreprises. Lorsqu'il s'indigna des massacres perpétrés au Tonkin par les troupes fran- Gaises au moment des conquétes coloniales, il se heurta a une politique qui n'avait que faire des sentiments d'un poéte. On le pria de prendre sa retraite. Il vécut alors entouré de ses souvenirs. II repose dans le jardin de la "maison des aieules", dans I'ile d'Ole- ron, et personne ne peut violer l'intimité de cette derniére de- meure. On peut, par contre, visiter sa maison de Rochefort qu'il a de son vivant transformée en musée et qui raconte ses voyages et ses aventures. Un autre lieu me touche particuliérement. C'est un petit café juché sur l'une des rives de la Corne d'Or entre Istanbul et Eiyup, au milieu des pins. Loti y venait souvent, a chacune de ses escales au Bosphore, pour y écrire des journées entiéres. Tout ya été conservé comme il I'a vu, comme il I'a aimé. Bien entendu, il s'appelle le "Pierre Loti café". J'ai eu la chance d'y aller plusieurs fois et d'y rester longtemps a l'une des trois ou quatre tables ins- tallées a l'ombre. Les touristes d'alors hésitaient a s'embarquer sur cette riviere bourbeuse pour grimper ensuite une rive escar- pee au milieu d'un cimetiére musulman. Promenade, pourtant, pleine de charme. La-haut, calme absolu. La patronne parlait fran- gais. Elle avait des relations avec la famille Loti-Viaud et corres- pondait avec I'arriére-petite-fille de Pierre Loti... que j'avais eue comme étudiante et dont elle me donna des nouvelles. Cette coincidence, c'était encore, a coup sir, un tour du magi- cien... Pernelle Sévy, Port-Alberni (C.-B.). Osez écrire !_ Envoyez-nous vos poémes : lemoustique@shaw.ca 7