Cela se passait en- juillet cette année. Aprés une belle journée chaude, la nuit était terrain de camping dans le Kootenay (Parc national si- tué au sud de la Colombie britannique, prés de J’Al- berta). Assis parmid’autres campeurs dans une clai- riére de sapins, nous assis- tions A une séance de diapositives commentée, comme tous les soirs, par un naturaliste. La bonne odeur de la forét flottait tout autour de nous. La lune, trés brillante, na- les pics enneigés des Monta- gnes Rocheuses qui nous en- touraient. ‘“‘Dormez sans inquiétude, les ours ne viennent que rarement prés des tentes’’ nous dit notre jeune natu- raliste en guise de bonsoir. Nous regagnames notre clairiére ‘‘la petite poule d’eau’’ ounous avions dressé notre tente, mon mari, nos deux enfants et moi (chaque clairiére porte le nom d’un animal de la région). A 5 heures du matin, nous ffmes tous réveillés par un bruit métallique. C’était le gril de notre barbecue qui tomba, suivi d’un tas de batches soigneusement em- pilées 4 cdté. Un pas lourd, un souffle puissant et un craquement d’os me firent comprendre immédiatement que c’était un ours qui se régalait avec mes os de poulet que j’avais oublié de bien un ours ! Par la porte- fenétre de notre tente, nous le vimes, gros et noir, qui allait, venait, tournait au- tour de notre table et de notre tente tout en reniflant et aspirant le sol tel un gigantesque aspirateur. **Nous ne risquons rien, nous n’avons aucune nour- riture ici’? me murmura mon mari A l’oreille. Tout 4 coup, horrible pensée me vint que Pierre, notre fils cadet, froide au Mc Leod Meadows, # crée, telle une énorme perle . nous permettait de discerner | brdler la veille. Oui, c’était | LES VISITEURS DU SOIR iz trés gourmand, avait sQre- ment des bonbons dans ses poches. A tatons, je cher- chais son short bleu et me mis 4 le fouiller nerveuse- ment. Je m’en doutais ! Une guimauve ! Je 1’engloutis d’un coup. Un caramel ! Ce fut plus difficile, mais pen- dant que l’ours finissait de jouer aA JV’aspirateur, j’en vins A bout. Calmement, aprés un reniflement encore plus fort que les autres, il s’enfonga dans la forét en faisant tout craquer autour de lui. Le lendemain matin, alors que le ‘‘ranger’’ vidait soi- gneusement les cendres de notre feu et ratissait tout autour de nous, il nous ra- conta qu’un gros ours: noir était entré la nuit méme dans la tente de la clairiére A cdté, nommée ‘‘au_ rat musqué’’. Nos _ voisins avaient, paraft-il, ‘‘caché’’ leur nourriture avec eux. L’ours, ayant un odorat ex- traordinaire, déchira d’un coup de patte leur porte de toile, ignora compléte- ment la famille qui fit sem- blant de dormir, et mangea Par Edith Huish tranquillement tout ce qu’il y avait A manger. Décou- vrant un rouleau de papier jaune pour essuyer la vais- selle, il s’amusa A le dérou- ler, dérouler puis il le re- jeta sur son épaule et fit une. sortie triomphale, son papier flottant derriére lui, comme une trafne. Le soir méme, a la séance de photos, nous pressames notre naturaliste de ques- tions sur les ours de cette région. ‘*Ne craignez rien, ne crai- gnez rien’? nous dit-il d’un ton rassurant. ‘‘Nous avons #3sont ~ +guide toujours souriant. »™ A midi, alors que nous nous entraina avec d’autres cam- peurs tout en haut de la mon- tagne. La, un lac bleu nous ho See ef Fey _.£-attendait. Toutes sortes de : 4 io a f ‘i ¥>baies... S > ; es baies et des traces de i as nous dit notre loin’’ “dirigions affamés vers notre “tente, un groupe de campeurs mesdont ceux du ‘‘rat musqué”’ Snous arrétérent A l’entrée =e de notre clairiére ‘‘N’y allez pas, vous avez un visiteur’’. ; Assis sur notre table de Spique nique recouverte d’une nappe fleurie, un ours était 1a, Heureux, il se grattait “le ventre - longuement et tranquillement. I] nous re- -garda au loin d’un air en- nuyé (il n’aime pas les visi- tes) descendit de la table et disparut avec l’élégance d’un élephant. Aprés notre déjeuner, nous rencontrames notre natura- liste. I] nous apprit qu’un homme avide de photos, avait déposé ici et 14 sur les couvercles des poubelles des tranches de bacon |... Cet homme avait, paraft-il pho- tographié toute la matinée... puis il était parti. L’ours revint naturelle- ment le soir méme vers 9 heures. Il n’avait oublié ni ma carcasse de poulet, ni la nourriture de la tente voisine ni le bacon du pho- tographe. Nous nous enfer- mames dans la voiture. Il nous ignora complétement. Il alla droit au barbecue, mis un piége. Demain on le plongea son museau dans les transportera - si on attrappe - 4 50 milles de 1a dans les Montagnes Rocheu- ses’’. Trés fier, il nous montre le piége. C’était un énorme cylindre en métal qui conte- nait tout au fond’ quelques longs os lisses peu appé- tissants (quelle difference avec ma carcasse !). La nuit se passa calme- ment. Personne n’eut la vi- site de l’ours... méme pas le piége ! Le lendemain matin, notre naturaliste optimiste nous 1’ cendres, renifla, puis se di- rigea vers la bofte 4 ordu- res ou il s’y enfonga, ne montrant qu’un énorme der- riére. A ce moment 1a, la famille ‘‘rat musqué”’ arriva en voliure tous phares al- lumés. Nous leur ffmes de grands signaux. L’ours af- folé, sortit en grognant de sa poubelle puis courut dans l’allée, suivi des ‘‘rats mus- qués’’ en voiture. Ils firent ainsi tout le tour du camp. Nous les vimes passer deux fois. Enfin, l’ours, dégoaté des hommes, disparut et on ne le revit plus. On dit que les ours sont imprévisibles ! Commen pourraient-ils comprendre. Un jour on les nourrit, un autre on les chasse. Nous pensions en avoir fini avec les ours, quand le len- demain matin, alors que nous faisions griller notre pain, un petit garcon arriva en courant et nous dit ‘Vite, venez voir. Il y a un ours dans la trappe’’. Incroyable ! Ces affreux os auraient attiré un ours ¥ Nous courfmes a la trappe, nos toasts 4 la main. Tout le monde était 14. La trappe était fermée. On ne voyait rien. On n’entendait que des grognements sourds. Tout a coup une voix plaintive de nouveau né nous fit tous le- ver la téte. Accroché de ses griffes au tronc d’un sapin, un jeune ourson noir au mu- seau blanc nous regardait gravement de ses petits yeux ronds sans cils. A chaque grognement de sa mére, il répondait en nous montrant ses dents. pointues’ et blanches. ‘*Ce serait trop dangereux de l’attraper, nous dit notre vieux ‘‘ranger’’, nous allons lui envoyer une faible dose de tranquillisant puis nous le transporterons dans la mon- tagne avec sa mére* Aussitét dit, aussitot fait. Il prit son fusil et tira. Le petit ours tout rond et endormi tomba mollement dans une grande bache. On l’installa avec sa mére sur un gros camion. Ils parti- rent loin des hommes, 14a, ot} parmi l|’arnica, le lupin et les campanules bleues, abondent les fraises sau- vages et toutes sortes de myrtilles chéres aux ours. P.S. NE NOURRISSEZ PAS LES OURS, car s’ils revien- nent au terrain de camping, ils sont tués immédiatement. ‘*Un ours 4 moitié apprivoisé est beaucoup plus dangereux qu’un ours complétement sauvage’? nous- expliqua notre ‘‘ranger’’. S'il faut en croire |’équipe de pro- duction et les comédiens qui ac- cueillaient les journalistes a Trois- Riviéres récemment, le tournage des Forges de Saint-Maurice a été pour tout le monde un bain de jouvence. Louis Bédard, le réalisateur de ce nouveau téléroman déclarait spon- tanément: ‘Ce travail m’a rajeuni. J’ai retrouvé l’enthousiasme de mes débuts a la télévision. “Guy Dufres- ne, l’auteur, relatait volontiers les principaux faits historiques qui ont marqué notre histoire de 1730 a 1880, 6poque ou se situe |l’action de cette continuité a caractére fictif et historique en méme temps. Plu- sieurs des comédiens, Elisabeth Le- sieur, Pascal Rollin, Yvon Thiboutot, Colette Courtois ont allégrement dé- jeuné sur l’herbe & deux pas de emplacement des Vieilles Forges de Saint-Maurice que |’on a entié- rement reconstruites en studio, a Montréal. Une subvention gouverne- mentale doit permettre de les re- construire sur place éventuellement pour en faire un site historique d'ici & quelques années. Nous avons failli assister a la pro- jection du huitiéme épisode des Forges, celui ou l'on procéde a I'al- lumage des hauts fourneaux, mais l'étincelle n'a pas jailli ce jour-la: il fut impossible d'obtenir une image Sur les lieux de tournage Guy Dufresne, auteur du texte des Forges et Louis Bédard, réalisateur, entourent Mgr Albert Tessier, évéque de Trois-Riviéres qui assistait a la conférence de presse donnée conjointement par Radio-Canada et CKTM-TV. sur les moniteurs disposés dans la grande salle de l’auberge Les Vieil- les Forges. Aucunement troublés par l'incident, les journalistes se sont dirigés vers l'un des lieux de tournage ou le décorateur Camille Prud'homme nous a lui-méme fait voir les maisons qu'il a construites, en matiére plastique, donnant a la caméra la parfaite illusion de mai- sons de |’époque construites avec des rondins. Plusieurs personnalités Comédiens et journalistes étaient présents. de Trois-Riviéres et de Montréal étaient présentes, dont Mgr Albert Tessier, le maire de Trois-Riviéres, M. Gilles Beaudoin, M. Henri Audet, président de CKTM-TV et M. Jean- Marie Dugas, directeur des program- mes de la télévision a Radio-Canada. La visite des lieux terminée, les in- _ vités ont repris le chemin de Mon- tréal dans l’autobus ultraconfortable qui les avait amenés la-bas, ravis de leur journée. LE SOLEIL, 22 SEPTEMBRE 1972, V des Forges de Saint-Maurice Ce téléroman en couleur sera a l'affiche dés le 11 septembre. Au cours des 38 épisodes de la saison, les téléspectateurs assisteront a la reprise des activités des Forges de Saint-Maurice. Nous ferons la con- naissance de Maurepas, ministre de la Marine et des Colonies qui fut le grand instigateur des Forges. C'est lui qui a compris l’importance d’assurer le circuit France, Antilles, Canada en fournissant 4 Louisbourg, la téte-de-pont de ce circuit, des bateaux construits aux chantiers maritimes de Québec et des ferru- res et des clous, fondus aux Forges de Saint-Maurice. Le texte de Guy Dufresne répond a de nombreux impératifs. |] raconte une histoire ou le drame et la Co- médie s’entremélent. |! fait revivre une période de notre histoire que fort peu d’entre nous connaissent et met en vedette la région de Trois- Riviéres qui a tout pour capter no- tre intérét. Une entreprise, a de multiples égards, digne des efforts -que tous y ont mis. C'est une réali- sation de Louis Bédard, assisté de Edouard Kurtness. Script-assistante : Maude Martin. Les décors sont de Danielle Bastien et Camille Prud’ homme, les costumes de Roger Le- page, le maquillage de Estelle Ca- pino. Le directeur technique est Louis Comte. H.P. =~ s *