Le Soleil de Colombie, vendredi 28 mars 1980 a suite de la page précédente ciére considérable, d’autant qu’il fallait désormais assurer les salaires d’un personnel méme réduit au minimum, et aussi les coiits de composition, d’impres- sion et de distribution. ; L’option retenue fut de tenter d’atteindre le plus grand nombre possible de lecteurs, et donc on adopta le mode de distribution gratuite, soit 15,000 exemplaires adressés chaque semaine 4a toutes les familles fran- cophones. Toutefois, une fois l’an on sollicitera l’appui financier de la population lors d’une campagne de souscription. Ce “‘coup de pouce” annuel, en plus d’étre une source de financement partiel, sert de mini sondage sur l’intérét que des Franco-manitobains portent tou- jours a leur hebdo qu’ils connaissent depuis quelque quatre générations. Assurée que le journal est adressé chaque semaine a chacune des familles franco-manitobaines, la Société franco-manitobaine, a titre de porte-parole de la com- munauté, utilise réguliérement La Liberté pour tenir la population au courant de ses programmes et activités. Occasionnellement, elle le fait sous forme de messages publicitaires. Plusieurs autres organismes_fran- cophones font de méme. Quelques jeunes intéressent si fortement la com- munauté de Hearst a leur projet d’un journal, que 320 “actionnaires’’ investissent chacun la somme de $50 et créent Les Presses du Nord-Est de l’Ontario, entreprise propriétaire de l’hebdomadaire LE NORD, dont le pre- mier exemplaire parut le 24 mars 1976 et dont le tirage s’éléve maintenant a 4,400 copies par semaine, et de limprimerie LA BONNE IMPRESSION née en 1977. Au début, le j ne couvrait que la région im- médiate de Hearst. Il étendit éventuellement son champ d’action 4 Kapuskasing. Maintenant il dessert une quin- zaine de municipalités (comptant 30,000 habitants, a 65% francophones) sur une distance de 250 milles (d’est en ouest) le long de la route 11. Un réseau de camelots se charge de la distribution en milieux urbains (Kapuskas- ing, Hearst, Smooth Rock Falls); ailleurs, le journal est acheminé par la poste. Les 15 employés (rédacteur en chef, journalistes, _vendeurs de publicité, chef d’atelier, maquettistes, . eentieene te an comptable, - imprimeurs, secrétaires,) recoivent l’appui de col- laborateurs bénévoles pour |’information. En ce qui touche le personnel, le recrutement de candidats sur place s’avére extrémement difficile, mais on espére qu’un ou des jeunes de la région sauront profiter de la bourse qu’offre LE NORD pour s’inscrire aux cours de journalisme du Collége Algonquin a Ottawa. Déja, le rédacteur en chef du journal dispense des cours au jour- nal communautaire de Hearst en vue d’intéresser des jeunes au journalisme écrit et au monde de la presse en Le journal compte actuellement 200 annonceurs réguliers (dont 60 annoncent au moins une fois par mois) sur un marché potentiel de quelque 300 commercants. A quelque différence prés, il recoit la méme publicité gouvernementale (fédérale et provinciale) que ses con- currents (journaux et postes de radio et de télévision). La plupart des municipalités ont recours a ses services pour annoncer, mais celles de Kapuskasing et de Smooth Rock Falls le font plus rarement. Les commissions scolaires de Hearst et de annoncent réguliérement et systématiquement dans LE NORD. Le Grand Nord ontarien, trés éloigné des grands centres de décision, compte trés peu de professionnels, de fonctionnaires 4 l’emploi des gouvernements. Par contre, la région est dominée par l’industrie forestiére. C’est dire que l’information qui circule dans LE NORD doit étre le plus prés possible des biicherons, des travailleurs d’usine, tout en servant de lien de com- munication entre toutes les classes de la société. Tels ont été dés mars 1976 et tels sont actuellement les buts et ob- jectifs du journal: ‘““LE NORD. . . veut informer les gens aussi complétement et objectivement que possible. Il fournit 4 chacun un moyen de parler aux autres, d’ex- primer son opinion sur n’importe quel sujet. Il veut évaluer dans son éditorial hebdomadaire les consé- quences pour les francophones en particulier et pour la population du Nord-est en général. Il veut aussi rejoin- dre les personnes de tous les groupes d’age.”’ Des Franco-ontariens de la région du Témiscamin- gue ontarien révaient de doter les familles francophones de New Liskeard et environs d’un journal de langue francaise qui deviendrait, pour elles, un lien d’iden- ation, de regroupement, d’expression par l’écrit. Le réve prit forme en décembre 1977, grace a un pro- jet ‘Canada au travail’ parrainé par l’ACFO régionale. En effet, la subvention permit de mettre sur pied une équipe de quatre personnes a plein temps qui ont énu- méré les familles francophones, identifié le nombre possible de lecteurs, lancé une étude spéciale sur les commerces susceptibles de fournir des revenus de publi- cité et, enfin, constitué le personnel du futur journal. On crée dés lors la Corporation du Franco-TEM Ltée, dont les sept membres connaissent bien le milieu. Le premier exemplaire du Franco-TEM est imprimé le 24 janvier 1978 et distribué gratuitement dans les casiers postaux des familles identifiées. Le personnel du journal se compose actuellement de 5 personnes a plein temps, et de quelques pigistes et cor- respondants. Leur travail semble répondre aux attentes de la population, puisque les 4,000 exemplaires du jeune hebdomadaire communautaire sont recus et lus dans plusieurs villes et villages du Témiscamingue ontarien (New Liskeard, siége social, Haileybury, Cobalt, Earl- ton, Belle-Vallée, Larder Lake, Virginiatown, Kirk- land), et aussi du Témiscamingue québécois (Ville- Marie, Guigues, Notre-Dame-du-Nord). La liste d’abon- nés s’allonge réguliérement de mois en mois, et les revenus de publicité sont a la hausse lentement mais sirement. C’est dire que Franco-TEM prend sa place, face aux média anglophones de la région: l’hebdo The Speaker, le quotidien The Northern Daily News, et le poste de radio CJTT. Réussira-t-il a contrecarrer l’attrait qu’exercent ces moyens de communication anglophones sur le grand nombre, surtout les jeunes? Pour le moment, beaucoup de ses lecteurs (agriculteurs, mineurs, gens de métier, hommes d’affaires. . .) réagissent de fagon encou- rageante au contenu de leur journal, envoient des com- muniqués et méme, parfois, de la publicité; des enseignants de la dizaine d’écoles élémentaires de langue francaise de la région encouragent leurs éléves a lire le journal, et aussi 4 y collaborer; et dans l’école secondaire de New Liskeard (46 enseignants; 720 éléves de la 9e 4 la 13e année), quelques éléves éditent un ‘‘jour- nal” étudiant trés dynamique. Le présent est satisfai- sant, et la reléve est pleine de promesse. “Ou vous assumez la direction de notre journal, ou nous devrons déclarer faillite’’, déclarent les respon- sables de La Voix francaise du Nord Ltée, fin décembre 1974, au pére Hector-L. Bertrand, s.j. Ce dernier, aprés avoir analysé en profondeur la situation financiére désastreuse du journal, se croit obligé de relever le défi. Le 20 janvier 1975, il fait donc son entrée au bureau du Voyageur et y rencontre pour la premiere fois ses quatre employés. Saborder le journal et tout recommencer a neuf, se dit le nouveau directeur, ¢a risquerait d’engendrer un sentiment de défaitisme au sein d’une communauté té- moin de trois faillites antérieures. Il préfére poursuivre Poeuvre de son prédécesseur . . . mais sous les auspices d’une nouvelle corporation composée de 40 actionnaires (hommes d’affaires, professionnels et représentants de la classe ouvriére). : Le 4 mai 1975, la compagnie Hebdo Le Voyageur Inc. achéte pour $1.00 La Voix francaise du Nord Ltée, dont elle s’engage a payer les dettes ($36,000) et a percevoir les comptes en souffrance ($9,000 dont 30 p.c. s’avéreront irrécupérables).- Elle se donne une ad- ministration strictement commerciale, et lance une souscription qui rapportera quelque $25,000. L’entreprise connait des jours pénibles au cours de sa premiére année d’existence: directeur inexpéri- menté; personnel dévoué mais sans connaissance prati- que de la rédaction et de la technique; clientéle réduite (1,600 abonnés), ce qui ne facilite pas la vente d’espace publicitaire; gréve des postes pendant trois mois. Heureusement, des amis fidéles investissent un 2e mon- tant de $25,000 au printemps 1976, ce qui inaugure le départ d’une ére vraiment inespérée de progrés: en PUBLICITE (1975, $36,000; 1976, $69,000; 1977, $108,000; 1978, $189,000; 1979, $227,000); en PERSONNEL (employés a plein temps: 4 en 1975, 5 en 1976, 6 en 1977, 9 en 1978 et 12 en 1979; 4 mi-temps: 1 en 1976, 1 en 1977, 2 en 1978, 4 en 1979; a la pige; 1 en 1976, 3 en 1977, 4 en 1978 et 6 en 1979); en NOMBRE DE PAGES HEBDOMADAIRES (18 en moyenne en 1975; 32 en 1976, 36 en 1977, 40 en 1978 et 48 en 1979); et en TIRAGE, les 1,600 exemplaires de 1975 passant a 5,400 en 1979, dont 3,115 payés (abon- nements distribués par la poste; copies vendues au moyen de boites sur la place publique, ou dans les kios- ques et les porte-journaux) et 1,500 distribués dans plusieurs écoles primaires et secondaires, dans les h6pitaux, dans des foyers et autres institutions. Un probleme majeur demeure, celui de la qualité de la rédaction. Il faudra encore du temps pour le régler a fond, mais on y parviendra sirement si les francophones du Moyen-nord ontarien continuent d’appuyer leur heb- domadaire en nombre croissant, si les écoles poursui- _ sportives d’abord, puis les chroniques d’actualité, les ar- ‘point ce journal familial est profondément enraciné . desservie. Enfin, le service efficace de distribution est vent leur collaboration et préparent une reléve de lecteurs, et si l’on évite les gréves désastreuses comme celle de l’International Nickel Co., qui fit perdre au . Voyageur quelque $82,000 en 1978-1979. En tout cas, les cing membres du Conseil d’ad- ministration du Voyageur réservent la priorité a cette qualité de la rédaction, dans leur directive récemment adressée au directeur: ‘“‘D’abord, faites un bon journal; ensuite, payez trés bien vos employés; et seulement aprés, nous récolterons les profits.” Cornwall Le Journal de Cornwall, fondé le 26 aoiit 1977 par Imprimerie Prescott et Russell, a pour clientéle poten- tielle les Franco-ontariens de la ville de Cornwall et des comtés de Glengarry et Stormont. Ils sont 27,000 sur une population totale de 60,000, mais le journal n’a pu attein- dre au cours de ses deux premiéres années d’existence que quelque 2,000 familles convaincues de la nécessité d’un journal comme moyen pour contrecarrer l’assimi- lation rampahte, convaincre les indifférents, mettre en valeur leurs institutions scolaires et culturelles, et éta- blir un pont entre les deux groupes de langue officielle. Mais maintenant, ce journal a 90 p.c. de contenu local et régional semble répondre a |’attente d’un plus grand nombre qui aiment lire, en frangais, les nouvelles ticles touchant la francophonie, !’éditorial; qui, par let- tres a l’éditeur, expriment leurs réactions et commen- taires, répondent aux questions soulevées, apprécient les services rendus et, parfois, vont méme jusqu’a souligner la moindre erreur de typographie. Tout cela s’exprime chaque semaine par un nombre accru d’ex- emplaires vendus et lus. Les quatre membres du personnel sont “‘nolyvalents”: le directeur ajoute 4 ses lourdes respon- sabilités celles de la vente publicitaire, de la rédaction sportive, des photographes, de la mise en page, des rela- tions extérieures; la journaliste (11 années d’ex- périence) s’occupe de la grande variété d’informations générales, et spécialement de la page éditoriale; le responsable du tirage voit a accroitre la clientéle des abonnés, a recruter des camelots, et méme a vendre de la publicité; la secrétaire-dactylo fait aussi de la reproduction de textes. Cette équipe polyvalente, dont | chaque membre provient du milieu et s’implique dans le’ milieu, produit un journal que beaucoup reconnaissent comme |’un des outils majeurs de l’éveil progressif des Franco-ontariens de la région. Pas surprenant que les institutions scolaires (50 écoles élémentaires, 8 écoles _ secondaires, 1 collége communautaire, 1 campus universitaire) et hospitaliéres (3 hépitaux et 5 institu- tions pour malades chroniques), les 130 organismes communautaires, culturels et sportifs, les 200 com- merces, les industries du territoire, ainsi que les ser- vices publics (municipaux, provinciaux et fédéraux) prennent de plus en plus |’habitude de considérer Le Journal de Cornwall comme leur porte-parole attitré ou comme un outil préférentiel de vente par le truchement de la publicité. ~“Barillon Fondé en 1947 par M. André Paquette, Le Carillon rejoint aujourd’hui (par poste, camelots et vente chez les dépositaires) 92,1 p.c. des foyers francophones et francophiles de son marché principal Hawkesbury- Grenville, 62. p.c. et 25 p.c. respectivement de ceux des comtés de Prescott et de Russell, et une proportion satisfaisante de ceux du comté de Glengarry. Ses 6,406 copies vendues se comparent favorablement a celles que distribuent Le Droit (4,326), The Citizen (2,213) et The Ottawa Journal (678) dans Je méme territoire. (Chiffres vérifiés par I’ Audit Bureau of Circulations de Chicago. ) Cette forte pénétration du Carillon démontre a quel dans la région. Il y est devenu un outil essentiel See développement communautaire, social et économique. Le contenu de ses pages, ow il a de tout pour tous, ex- prime et rejoint tous les groupes d’ages, d’intéréts, de métiers et professions. Chaque nouvelle provenant des petits villages y est traitée a sa pleine valeur, car Vévénement qu’elle rapporte ou décrit est trés impor- tant pour ceux qui l’ont communiqué. Les nouvelles scolaires aussi sont d’importance majeure, d’autant plus que la reléve des lecteurs et collaborateurs de de- main se prépare sirement dans les écoles de la région un autre élément prioritaire, car le moindre retard de livraison provoque des réactions démontrant qu’on at- tend avec grande impatience “‘son’’ journal bi-hebdo- _ madaire. Suite a la page suivante Ate Ces textes sont commandités par le Secrétariatd'Etat Pea baa