Information, culture, spectacles, sans frontiere LA TELEVISION INTERNATIONALE Voir horaire complet page 11. i. S de Colombie-Britannique DES GROUPES FRANCOPHONES ONT DISCRETEMENT CONTACTE Des groupes francophones ont discrétement contacté les souverainistes: le Bloc québécois est convaincu qu’un Québec souverain pourrait mieux aider les minorités francophones. Un Québec souverain, qui seraitunilingue francais, seraitmieux en mesure d’aider la minorité francophone au pays. En tout cas, c’est ce que croit dur comme fer le Bloc québécois. «On demanderait au Canada, dans le cadre du partenariat, la création d’une commission bilatérale canado- québécoise qui permettrait de discuter des droits des francophones hors Québec et des anglophones du Québec», a expliqué la députée bloquiste et porte-parole de |’Opposition officielle en matiére linguistique, Suzanne Tremblay. «Le Canada verrait comment on traite les Anglais chez nous et on demanderait au Canada de donner aux Canadiens francais le méme traitement que nous, on donne aux anglophones.» Cette commission bilatérale canado-québécoise pour la protec- tion des droits réciproques des minorités, a été proposée 4 la fin du mois d’aoiit par les Partenaires pour lasouveraineté, une coalition d’orga- nismes québécois favorables 4 la souveraineté du Québec. Toutes les associations francophones ont regu cette proposition, mais aucune n’a officiellement répondu a cette offre. Moins d’une dizaine de groupes et ‘d’individus ont cependant discrétement pris contact avec. les Partenaires de la souveraineté. La porte-parole, Nicole Boudreau, refuse, 4 leur demande, de les identifier: «Vous nous mettez dans l’embarras». Tous préférent que ces conversations ne soient pas connues du grand public, du moins pour le moment. Mme Boudreau confirme tout de méme que des Franco- Canadiens envisagent la perspective d’un référendum gagnant, et cherchent déja une alternative pour maintenir les liens avec le Québec. «C’est une proposition valable. C'est la seule qui est sur la table en ce moment», indique Mme Boudreau, qui répéte que |’objectif premier de son groupe est de ne pas couper les ponts avec la francophonie canadienne, au lendemain d’un oui au référendum. La bloquiste Suzanne Tremblay pense qu’il est encore temps de sauver la francophonie au Canada. Comment? En s’attaquant au probléme d’une facon globale et en exigeant du Canada de rendre des comptes. Mme Tremblay va plus loin: elle affirme qu’a titre de pays souverain, le Québec pourrait signer des ententes bilatérales avec, par exemple, la communauté franco- phone de la Saskatchewan, et ainsi verser de |’argent pour construire des écoles frangaises. Elle se dit également convaincue qu’une «minorité trés active» dans un Québec souverain va faire pression auprés des provin- ces anglophones, pour qu’elle ~respectent les. droits de leur minorité * francophone. Mais lorsqu’un journaliste anglophone lui demande si un Québec souverain accorderait automatiquement la citoyenneté québécoise 4 tous les francophones de |’extérieur du Québec, la réponse de Mme Tremblay est tombée, raide: «c’est non!». Le projet de loi sur l'avenir du Québec prévoit en effet que toute personne ayant la citoyen- neté canadienne qui vient s’établir_ au Québec, ou qui y a établi des liens manifestes, pourra obtenir la citoyenneté québécoise, mais seulement dans les deux ans qui suivront la date de l’accession a la souveraineté. A |’inverse, le projet de loi prévoit que la citoyenneté québécoise pourra étre cumulée avec celle du Canada ou de tout autre pays. Lors d’une conférence de presse a laquelle participait le président de la Société Saint-Jean- Baptiste de Montréal et le porte- parole du Groupe. pour le développement, Mme Tremblay a dénoncé les gouvernements provinciaux, qui ont tout fait pour faire disparaitre les communautés francophones, ainsi que les ténors du gouvernement fédéral, qui «ferment les yeux devant Vassimilation des francophones, leur appauvrissement et leur sous- scolarisation». Dans un bref rappel historique, elle a dénoncé tour a tour; la tentative d’assimiler les _ francophones par le biais de V’abolition droits des V’immigration, progressive des francophones depuis les débuts de- la Confédération, le trop grand — nombre de postes bilingues dans la LES SOUVERAINISTES fonction publique québécoise (52%), l’impossibilité pour les Franco- Colombiens d’obtenir des services de santé en francais, et ainsi de suite. Disparaitre Francois Lemieux, de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, conteste pour sa part le chiffre de 1 million de francophones qui est utilisé par la Fédération des communautés francophones et acadiennes dans sa «campagne télévisée préréférendaire». Selon M. Lemieux, les statistiques révélent plutét que l’assimilation fait ses ravages et que seulement les deux- tiers des francophones ont encore le francais comme langue d’usage 4 la maison. Il chiffre la population francophone de |’extérieur du Québec 4 667 000 personnes et souligne qu’en 10 ans, les francophones dans les provinces de |’Ouest ont vu leur nombre diminuer en moyenne de 23%, et de 6% a travers tout le Canada. Conclusion de la SSJB: «les communautés francophones hors Québec sont vouées, malheureusement, a disparaitre dans le contexte actuel.» Cependant, le seul fait qu’un gouvernement souverain fasse pression auprés du gouvernement canadien risque d’avoir des résultats positifs sur les droits des minorités francophones, toujours selon le président de la SSJB 4 Montréal. Richard Nadeau du Groupe pour le développement, un rassemblement d’une vingtaine de chercheurs répartis 4 travers le pays et qui oeuvrent pour la justice sociale a dénoncé la situation en Saskatchewan: «Si le Canada est vraiment un pays qui reconnait le fait francais, comment se fait-il que dans ma province, iln’y a seulement que 800 jeunes qui peuvent accéder a des écoles frangaises. Il n’y a seulement que 8 écoles frangaises dans une vingtaine de communaues.» i Depuis sa fondation, le Groupe a souvent critiqué la Fédération des communautés francophones et acadiennes, cet organisme national qui agit comme porte-parole politique des minorités francophones au pays. C’est le cas avec la prise de position adoptée par la FCFA dans le dossier référendaire: «La question de la souveraineté du Québec, ¢a regarde les québécois», tranche Richard Nadeau. APF Les pendules a I’heure du gouvernement Harris Le gouvernement de l'Ontario n'a plus les moyens de financer tous les organismes communautaires francophones et ces demiers devront remettre en question leur existence, ou trouver des fagons de s'‘autofinancer. ° » Le ministre délégué aux Af- faires francophones de l'Ontario, Noble Villeneuve, a récemment re- mis en question I'avenir des orga- nismes communautaires . franco- ontariens. Dans un discours pronon- . cé devant les membres de |'Asso- ciation canadienne-frangaise de l'Ontario, a dit souhaiter que les organismes francophones adop- tent «de nouvelles structures plus dynamiques de facgon a ce qu'ils deviennent plus solides et auto- . nomes par rapport aux fonds pu- blics.» fae) Or ministre, qui manifestement avait décidé de par- ler franc, a posé la question qu'aucun politicien au pouvoir n'avait encore jamais osé poser aussi directement: «Avons-nous besoin, mais surtout avons-nous encore les moyens d'avoir autant ‘d'organismes locaux, régionaux, provinciaux ?» Le ministre a suggéré aux organismes communautaires de prendre en main leur existence dés maintenant et de réviser leur fonc- tionnement «avant que l'effet des coupures impose des choix trop hatifs». Noble Villeneuve a cepen- dant réitéré |'intention du gouver- nement Harris de respecter la Loi 8 sur les services en frangais, le droit a la gestion scolaire pour les fran- cophones ainsi que le principe de l'équité en matiére de financement scolaire. APF