Meuse, les Grands Moulins Barrois. En 1939, la guerre est de nouveau déclarée. La ligne Maginot qui devait protéger la frontiére nord-est de la France est contournée par les Allemands du cété des Ardennes. Les Panzerdivisionen remontent la vallée de la Meuse. Le 16 juin 1940, la ville est bombardée, faisant 17 tués a I'h6pital. Mon pére ayant été rappelé sous les drapeaux, ma mére se trouve seule avec trois enfants en bas Age. Elle se joint 4 tous ceux qui quittent la ville en panique. L'exode nous améne a Nuits-Saint-Georges en Bourgogne. Plus tard, mon pére doit rejoindre son poste de professeur au lycée et nous voici revenus a Saint-Mihiel, de nouveau occupé par l'armée allemande. La ville fait partie de la zone interdite, c'est-a-dire que toute cette région de l'Alsace-Lorraine est destinée 4 appartenir au Grand Reich. La Gestapo sévit, les familles juives sont décimées, envoyées dans les camps de la mort. J'étais alors une enfant mais je me souviens des soldats allemands qui défilaient dans la ville en martelant leurs bottes au rythme de leurs chants gutturaux. Je me souviens des alertes au moment du passage des avions alliés et il fallait se réfugier a la cave froide et humide au milieu de la nuit. Je me souviens aussi qu'un matin je me rendais 4 l'école avec mon pére. Quand nous sommes arrivés 4 la Grande Place, des soldats armés et menagants se tenaient devant chaque maison. Mon pére m'a souffle : "Continue 4 marcher comme si de rien n'était". Nous avons ainsi traversé la place, seuls civils, mon pére tenant sa petite fille par la main. Plus tard, mes parents ont appris qu'un chef de la Résistance, Raymond Mondon, avait été arrété ce jour-la par la Gestapo. II avait été amené au premier étage de I'Hétel du Cygne au centre-ville, si¢ge de la Kommandantur. Mondon ayant aper¢u une fenétre ouverte avait sauté dans le vide et s'était échappé; il fut caché un certain temps par notre boulangére dans son clapier a lapins, puis dans une ferme isolée avant de se sauver en direction de Paris. (a suivre) Monique Genuist, Victoria, C.-B. Monique Génuist est originaire de Lorraine (France). Elle est arrivée a Saskatoon avec son mari Paul, en 1959. Mére de famille et ensuite professeure a l'Université de la Saskatchewan, Monique Génuist s'intéresse a la littérature canadienne-frangaise. Elle est la premiére 4 suggérer un cours de littérature francaise de l'Ouest a l'Université de la Saskatchewan en 1993. Elle est l'auteure de neuf romans Aujourd'hui a la retraite, Monique Genuist habite Victoria.