3, Le Soleil de Vancouver, 8 juin 1973 yah Quand une population grandit d’un bond, quand une culture pour des raisons que l’on ne comprend pas trop affirme brusquement et parfois violemment sa détermination 4 ne pas disparaftre, sa détermination A ne pas survivre mais 4 vivre, quand de tels événements se produisent, c’est que TOUTE la société se prépare 4 de grands changements. # La ville de demain ne sera plus ce vaste champ de béton # impersonnel oa tous les quartiers dans le fond sont pa- gre la ville de demain sera une communauté de villages fédérés. Ces villages et les gens qui s’y retrouvent se re- connaftront un caractére, une vocation particuliére. La ville de demain sera multiculturelle. Chaque village se reconnaf- tra a ses objectifs, ¢a veut dire que les gens du quartier ¢ Pourront se parler et se dire ce qu’ils veulent faire ensem- gue La télévision en circuit fermépermettra aux assem- ‘blées générales du quartier d’étre vues méme par ceux qui q ne peuvent se déplacer. On parle d’objectifs, ¢a veut dire quoi @ avant on n’avait ‘pas le choix, il n’y avait qu’un objectif, un objectif 4 trés -court terme : il fallait d’abord se nourrir et se loger. x Maintenant on a le choix. La technologie utilisée d’une fa- ‘% con humaine - par les gens et pour les gens - nous permet (aller plus loin. On pourrait en produisant d’une facon @ rationnelle avoir de quoi se loger et se nourrir avec I’é- q quivalent de trois mois de travail. Je dis bien ‘rationnelle’. y poet produire 50 millions d’automobiles qu’il faudra jeter aprés 7 ans . Production rationnelle ga veut dire pro- € quire ce qu’il nous faut. Avons-nous vraiment besoin d’ ouvre-boftes électriques trois vitesses ? Production ration- #% nelle, produire ce qu’il nous faut, pas ce qui est le plus payant.... Le village, c’est l’assemblée de gens qui vivent ensemble . pour les mémes objectifs. Mais ¢a c’est du réve, oui c’est du réve et ce n’est qu’en prenant ses réves pour des réali- tés qu’on change le monde. Oui puisqu’il faut changer le monde. Od commencer ? chez soi dans son esprit, dans son coeur puis dans sa maison, dans la rue... En éditorial la semaine derniére, il était question de conseils de quartier, ce que les anglais appellent ‘neighbourhood government’, c’est une orientation importante. Connaissez-vous un voisin sur votre rue, un seul’% Peut-étre qu’il est seul lui aussi, le premier pas pour la personne qui s’interroge depuis quelque temps, c’est de briser l’isolement. Le village c’est vous deux. A deux on peut en trouver une troisiéme, 4-trois on change le monde. Mais comment puisqu’il faut parler de strategie. C’est un bien grand mot ‘Stratégie’ puisqu’il veut dire ‘comment on s’y prend pour arriver 4 nos objectifs’. Comme objectif, nous voulons refaire nos quartiers. Pour refaire nos quartiers, il faut refaire nos rues. 3) Ii faut se souvenir qu’au début le village n’était pas seule- ment une place od 1’on venait échanger ses produits : aprés le marché, il y avait la féte, la place publique devenait un lieu d’aventure, jongleurs, ménestrels y venaient. Pas question de revenir en arriére, il faut juste compren- dre que la ville a été détournée de son rdle social. On pro- duit dans son centre puis on retourne dans ses quartiers dortoirs. Le citoyen est un producteur-consommateur. Le village est cette vision d’un mondeunitaire, d’un monde sans séparations. Quelles séparations £ La séparationentre le jeu et le travail par exemple. Avectoute la nouvelle tech- nologie il n‘y a pas de raisons pourquoi la production de nourriture et d’habitations ne serait pas un jeu de techni- que. Evidemment qu’il restera toujours des taches désagré- ables, mais ¢a dépend dans quel contexte on les fait. Con- duisez_vous un autobus ce mois-ci ou pour les quinze ans 4 venir ? C’est pas pareil. La rotation sera une des grandes vertus du village. Les gens pourraient apprendre quelque chose _de nouveau tous les jours. Mais pour le moment ils se sont fermés, apprendre fut chose sans saveur dans les _écoles. Mais apprendre A faire fonctionner un village, quel jeu ! quel défi.! On se plaint que les jeunes s’embétent, qu’ils fument de la marijuana, c’est vrai. Mais qu’est-ce qui s’ouvre de- vant eux. C’est sQr qu’ils ne travailleront pas pour trente sous par jour comme du temps de la dépression, mais |’ homme ne vit pas simplement de matiére, il vit de la cha- leur des autres aussi.... E. Gauthier La semaine prochaine 2 re et l’école’’. eee el Vécole cest un Je peux aider dans les do-