James Swail Il y a 25 ans, James Swail, jeune diplémé de la Faculté des Sciences de VUniversité McGill, entrait au service du CNRC. Il s’était fixé comme but d’assurer une plus grande liberté aux aveugles dans un monde qui nest pas fait. pour eux. Travaillant 4 la Division de génie électrique, il a créé prés de cent instru- ments et appareils qui permettent aux aveugles de se déplacer plus facilement et d’obtenir des emplois qui leur étaient auparavant fermés. Il a d’ailleurs montré personnelle- ment qu’il est possible de vivre et de travailler malgré une telle infirmité, Jim Swail étant aveugle depuis lage de quatre ans. Il a di surmonter de nombreuses difficultés lorsqu’il était étudiant 4 l’université vers 1940 car le magnétophone et les appareils élec- troniques maintenant utilisés par les aveugles n’existaient pas encore. Il devait alors prendre ses notes en braille et se fier A ses confréres pour consulter des ouvrages de référence. C’est pour cette raison qu’au cours des cinq premiéres années passées au CNRC, il a mis au point des instru- ments électroniques spéciaux qui lui ont permis de poursuivre ses recher- ches. Depuis, il a créé un grand nom- bre d’instruments électroniques et mé- caniques. Certains visent 4 résoudre un probléme particulier; c’est le cas du thermométre A graduations en braille pour qu’un aveugle puisse mesurer le point de fusion des caractéres d’impri- merie et des cadrans spéciaux qui per- mettent 4 un aveugle de devenir an- nonceur et de régler les instruments et appareils de sa propre station radio- phonique. D’autres sont d’utilisation plus générale et le plus récent est un détecteur d’obstacles a ultrasons. C’est la solution que James Swail offre aux aveugles qui doivent se dé- placer dans des endroits ot espace est restreint, sans avoir a utiliser la tra- ditionnelle canne blanche ou étre accompagnés par un chien. Dans cer- taines circonstances, en effet, ces deux aides s’avérent plutdt génants. Ainsi, dans une réception ot il y a beaucoup d’invités, il y a toujours le risque que la canne fasse trébucher les gens et le chien peut s’avérer tout aussi encom- brant. Dans un restaurant, l’aveugle craint toujours que sa canne ne heurte les autres clients et soit 4 lorigine de situations délicates. On croit que ce détecteur manuel de James Swail pourra étre utilisé dans de telles circonstances et surtout lorsque Vaveugle se déplace lentement ou ac- complit des taches qui n’exigent pas une trés grande attention, comme de vérifier si le mobilier qui lui est familier dans un bureau ou un couloir n’a pas été déplaceé. L’appareil fonctionne comme un radar, a l’aide de transducteurs peu cotiteux, semblables a ceux utilisés dans l'industrie de la télévision pour télécommander les changements de canaux. Présenté dans un étui de plas- tique a poignée intégtée, il peut se placer facilement dans la poche. Des accumulateurs fournissent 1’é- nergie au dispositif qui produit des ultrasons sur 40 ou 70 kHz, émis sous la forme d’un faisceau étroit a un rythme de dix impulsions par seconde durant chacune deux millisecondes. Les obstacles donnent un écho que l'appareil détecte. Un sélecteur placé sur la poignée détermine la durée de réception des échos. _Le récepteur peut détecter les objets situés 4 moins de 4, 7 ou 15 pieds. Si ‘un écho provient d’un objet situé dans ces gammes de distance, un circuit monostable fait vibrer un stimulateur tactile a solénoide, situé dans la poi- gnée. On peut déterminer la distance de lV’objet en passant d'une gamme a Vautre jusqu’a perte du signal et la direction en braquant successivement Vappareil de gauche 4 droite. On a fait des essais sur un chantier de cons- truction 4 Ottawa, afin de déterminer quelles pourraient étre les interféren- ces. On a constaté que les ultrasons émis par les matériels de chantier, comme les freins 4 air comprimé, ne produisaient pas d’interférences. “Nous. Pavons soumis a de rudes épreuves”, de souligner M. Swail, “et il a parfaite- ment fonctionné. Nous croyons donc quil en sera de méme partout.” L’appareil a cependant certaines limites. Ainsi, la largeur du faisceau, de 8 degrés, et la fréquence de 10 impul- sions par seconde ne permettent pas une exploration aussi rapide que dési- rée si l’on veut bien connaitre le champ des obstacles. De plus, les ultrasons réfléchis par certains obstacles comme ° les chambranles de portes ouvertes sont tellement intenses quils peuvent donner une fausse idée de la cible. Pour cette raison les personnes qui ‘s’en serviront devront subir une courte période d’entrainement. La gamme d’instruments inventés par M. Swail comprend: — un détecteur photoélectrique de la dimension d’un crayon grace auquel un aveugle chargé d’un standard telé- phonique peut vérifier quelles sont les lumiéres qui clignotent. Ce détecteur peut aussi servir @ repérer des carac- teres d’imprimerie sur une feuille de _ papier. — un lecteur a opération manuelle, pour les cartes perforées IBM, qui aide les aveugles travaillant dans la pro- grammation ou dans d’autres domaines connexes. Un chariot glisse sur les cartes et une tige s’éléve lorsqu’un trou se présente. Une échelle en braille per- met de repérer l’emplacement. — des thermométres électroniques A graduations sensibles au toucher ou sonores qui permettent a des techni- ciens aveugles de travailler dans des chambres noires. — des appareils pour !’Institut na- tional canadien pour les aveugles dans le but d’apprendre aux aveugles a s’en servir au cours de l’exercice de leur profession. — “Linverseur de points de Swail” qui permet de faire des dessins en braille, 4 la main. Habituellement, on utilise un instrument pointu qui per- fore le papier. Les perforations appa- Taissent atl verso, ce qui signifie que le dessin en braille doit étre fait a l’en- vers. Grice a ce nouvel instrument, on peut effectuer les perforations directe- ment a l’endroit et l’on n’a pas besoin d’inverser le dessin. — un appareil donnant un signal sonore, toutes les dix secondes et qui, placé prés d’un objet, permet de re- trouver facilement cet objet. — une canne blanche pliante et trés rigide de 4 pieds de long qui peut se mettre dans la poche. Grace a ce pelit appareil — électronique Taveugle peut facilement retrouver — les objets dont il a besoin. ‘i Ce niveau électronique, développé par James Swail et produisant un son aigu lorsqwil n'est pas horizontal, est utilisé ici par Keith Cruikshank (a gauche) et D. G. Blair. Ce niveau est aussi précis qu'un niveau. de charpentier d'excellente qualité. Le détecteur d’obstacles. Il fonctionne aux ultra-sons. LE SOLEIL, 10 MARS 1972, XIII