wre PAR PIERRE ELLIOTT TRUDEAU Voici le texte intégral du discours du premier minis- tre du Canada, M. Pierre Elliott Trudeau, prononcé le ler aoit, ala télévision de Radio-Canada, d’aprés les notes établies et diffusées par le bureau du premier ministre. Avant de partir pour Ed- monton rejoindre Sa Majes- té la reine aux Jeux du Commonwealth, je veux vous faire part des résul- tats du sommet de Bonn, tenu il y a. deux semaines, et vous expliquer certaines me- sures nouvelles et importan- tes que le gouvernement mettra bientdt en oeuvre. Mais d’abord, permettez- moi de dire au nom de tous les Canadiens, combien nous sommes heureux que Sa Majesté la reine Elizabeth ait accepté de séjourner parmi nous. Partout au pays, les Canadiens reconnaissent le sens du devoir, le charme et la dignité tranquille de la famille royale et j'anticipe le moment oli je pourrai me joindre a Sa Majesté pour Vinauguration des Jeux du Commonwealth. Quant au sommet de Bonn, i] ne pouvait mieux tomber pour le Canada, car si nos perspectives économi- ques demeurent prometteu- ses, nous sommes quand méme aux prises avec des problémes particuliérement difficiles en ce qui a trait a notre économie et a l’unité du pays. La situation des autres n'est, en cela, guére diffé- rente. Toutes les grandes démocraties industrielles, dont les Etats-Unis, la Gran- de-Bretagne, la France, 1'Al- lemagne et le Japon, sont confrontées a des défis. éco- nomiques gigantesques et d'une nature tout a fait inédite. . A Bonn, nous: nous som- mes employés a négocier chacun dans le meilleur inté- rét de son propre pays, mais, tous, nous avons reconnu qu’aucun progrés réel ne serait possible sans une ac- tion commune, car nos pro- blémes sont profondément _ interdépendants. Le commerce est une né- cessité vitale pour le Cana- da. Vingt-cing pour cent de notre activité commerciale repose sur nos ventes a l'étranger. Lorsque la Situation éco- | nomique mondiale est incer- taine, nous sommes inquiets. Et il faut dire que la si- tuation mondiale a été pas- sablement perturbée depuis que les pays de l'OPEP ont provoqué une hausse consi- dérable du | prix du pétrole en 1973. Le sommet de Bonn a “ah un.tépl pogres 0905 gaps » nom » mains la situation mondiale. Lors des autres sommets auxquels j'ai participé, nous parlions de tenir le coup et de consolider la situation internationale. A Bonn, les choses se sont passées différemment. Nous avons posé des_ gestes concrets pour en arriver a une stratégie globale en vue de relancer la croissance économique. Dans les ter- mes mémes de notre commu- niqué, nous étions décidés a prendre des mesures pour “eréer plus d’emplois, com- battre l'inflation, renforcer le commerce international, rééquiliber davantage les balances commerciales et as- surer plus de stabilité sur les marchés de change”. Les mesures sur lesquel- les les dirigeants mondiaux se sont entendus sont a la fois importantes et préci- ses. Le Canada ne s'est d’ail- leurs pas contenté d’étre un simple observateur au som- met. Nous avons encouragé les autres a poser certains gestes, nous avons accepté de satisfaire nous-mémes a certains engagements. C’est ainsi que le président Carter a promis de prendre des mesures dans le domaine de "énergie. Le président Fu- kuda s’est engagé, pour sa part, 4 augmenter les impor- tations japonaises. Quant au chancelier Schmidt, il a consenti 4 stimuler I’écono- mie allemande, tandis que je me suis moi-méme engagé a faire tout ce qu'il est possi- ble au Canada d’accomplir, soit une croissance de l’ordre de 5% en 1978. Tous ces engagements, s'ils sont respectés, servi- ront l’ensemble des pays dont les leaders étaient réu- nis 4 Bonn. D/ailleurs, on a déja commencé 4a passer a Vaction. Cet aprés-midi mé- me, j'ai recu un message du chancelier Schmidt m’assu- rant que son gouvernement vient de poser des gestes décisifs pour satisfaire aux engagements pris par |’Alle- magne lors du sommet. On s'attend, bien sfir, 4 ce que nous fassions notre part. Nous devrons en méme temps faire tout notre pos- sible pour demeurer un pays uni et en santé. C'est done avec une oe volonté d’agir que j’entre au pays pour m’attaquer aux taches qui doivent étre ac- complies au Canada. Au cours des deux derniers jours, je me suis entretenu avec mes principaux colleé- gues de nos plans dans le domaine économique et de nos propositions pour ren- forcer l'unité canadienne. J'ai examiné tout cela a la lumiére de ce que nous savons des perspectives éco- aes as: ‘Pour le ses geist Se et J’en suis arrivé 4 la conclusion que méme si nous sommes sur la bonne voie, une action beaucoup plus énergique s’impose de notre part pour assurer le main- tien de notre prospérité et véaffirmer l'unité du pays.” Et ne vous y trompez pas, les deux sont étroitement inter-reliés. C’est avec ces idées en téte que j'ai rappelé de va- cances, aujourd’hui méme, plusieurs ministres pour la tenue d’entretiens au début de la semaine prochaine. Notre objectif sera de profi- ter de la chance que nous offre le sommet de Bonn, et, avec l'aide de nos principaux partenaires économiques, d’améliorer davantage notre situation économique com- mune. | Cela veut dire qu’il n’y aura pas d’élections dans Vimmédiat. Mais je pense que la plupart des Cana- diens s’entendront pour dire qu’il est plus important de s'attaquer aux problémes fondamentaux de notre éco- nomie. Bien sfir, pas mal de travail valable a déja été accompli. Le communiqué final du sommet de Bonn reconnait que son nombre d’engagements pris par d’au- tres pays vont dans le méme sens que les mesures déja adoptées par le gouverne- ment canadien. Au cours des derniéres se- maines et des derniers mois, nous avons réduit la taxe de vente pour stimuler I’écono- mie. Nous avons contribué 4 rendre possibles des projets ambitieux comme le gazoduc du Yukon, tout en réduisant les tracasseries bureaucrati- ques et en prodiguant de nouveaux encouragements a la petite entreprise. Nous avons donné un nouvel élan a la recherche et au déve- loppement quicréera des ‘emplois pour aujourd'hui et de nouvelles techniques pour demain. Dans les deux cas, ce sont surtout nos jeunes diplémés qui en profiteront. Enfin, nous avons encou- ragé a la mise au point de nouvelles fagons d’exploiter l'énergie renouvelable, en particulier |’énergie solaire et celle tirée des résidus de la forét, ce qui nous pro- curera des sources viables d’énergie 4 l'avenir et créera de toutes nouvelles indus- ‘tries. Ces mesures constituent de solides assises pour la poursuite du progrés chez nous, et, comme je le men- tionnais plus tét, je crois qu'il y a de bonnes chances que nous connaissions au Canada une prospérité crois- sante et durable. Je crois en outre que la plupart des Canadiens sont préts a faire le nécessaire pour que cela se réalise. Par contre, je constate aussi certaines cho- ses alarmantes: bon nombre de Canadiens, surtout parmi les personnes Agées, ne peu- vent faire face 4 l’augmen- tation mondiale du prix des aliments, du combustible et des loyers: Les négociations salaria- les, dont certaines dans le secteur public, peuvent, a moins d'étre étroitement surveillées, alimenter 4 nou- veau l’inflation. Trop de jeunes, hommes ou femmes, sont sans tra- vail, la plupart parce qui’ils ne trouvent pas d'emploi, certains parce qu’ils sont trop exigeants dans leur choix. Les Postes sont encore victimes d’arréts de travail sporadiques. Les Canadiens a revenu moyen et les dirigeants de petites entreprises sont contraints par trop de gou- vernements et trop de régle- ments. Et, les hommes d’af- faires qui ont obtenu des "Le Soleil'de Colombie, Vendredi 18 acdt 1978 11 LES MESURES DU CANADA APRES LE SOMMET DE BONN profits importants cette an- née, manquent de la confian- ce nécessaire pour investir le capital au renforcement de l'économie canadienne. Le Canada ne peut se satisfaire d'une telle situa- tion. Elle menace nos chan- ces de prospérité, une pros- périté parfaitement réalisa- ble si nous en avons le désir, la volonté, et si nous sommes préts a travailler pour l’at- teindre. Pour faire face a ces défis et m'acquitter des engage- ments. que j'ai pris 4 Bonn, jen suis venu a la conclu- sion que nous devons procé- der 4 un changement majeur dans lordre de priorité des projets gouvernementaux. Nous devons réduire la taille de l'appareil gouvernemen- tal et utiliser ces ressources pour maintenir notre crois- sance. Dans les semaines a venir, mes collégues et moi annonceront a cette fin une série de nouvelles mesures. Je m’engage dés maintenant a trouver les ressources et la volonté politique nécessaires pour: stimuler l'économie afin d’atteindre l’objectif de croissance que nous nous sommes fixé 4 Bonn; fournir des emplois a plus de gens et surtout aux jeunes; encoura- ger de nouvelles mises de fond dans les secteurs de la fabrication, de l’énergie et des ressources; s’occuper de ceux qui sont touchés par Vinflution . particuliérement ence qui a trait aux prix des aliments, surtout dans le cas de nos personnes Agées. Voila ce que nous ferons. Je reconnais toutefois que ces nouvelles orientations ne doivent pas étre financées par une augmentation des dépenses de I’Etat. Je pous- se donc plus loin notre enga- gement. Nous financerons ce houveau programme en cou- pant les dépenses prévues et nous aurons recours unique- ment aux ressources ainsi épargnées pour stimuler 1’é- conomie. En conséquence, et comme premiére étape du changement dans !'ordre de priorité du gouvernement, j'annonce les mesures sui- vantes: 1] Nous réduirons les dépen- ses prévues par I'Etat d’une somme de deux milliards de dollars. Le gros de cette somme servira a financer la poursuite de nos nouveaux objectifs économiques. Sans porter atteinte aux autres stimulants qui s’imposent, nous proposerons une rédiice- tion a la fois de nos dépen- ses et de nos taxes. 2] Il n’y aura a.cune aug- mentation des elfecti {s dans les services publics fédé- raux, il y aura méme réduc- tion l'an prochain. La ligne de conduite de ce gouverne- ment sera de produire plus, a moindre coit. 3] Le gouvernement fédéral se montrera plus sévére lors des négociations salariales dans le secteur public. En termes de salaires et de bénéfices, le secteur public suivra le secteur privé, au lieu de le devancer. Nous nous sommes engagés a suivre un stricte politique de conformité aux normes du secteur privé. 4] Nous éliminerons l'intru- sion de plusieurs orienta- tions et réglements du gou- vernement dans le monde des affaires et dans la vie privée des gens. Dans cer- tains cas, cela signifiera que nous confierons, 4 nouveau, certains services au secteur privé; dans d'autres, cela équivaudra a éliminer certai- nes lourdeurs gouvernemen- tales et ses entraves aux initiatives personnelles. {suite page 12] NOMINATIONS - VIA RAIL CANADA Via Rail Canada annonce les nominations suivantes Lorne R. Bolton, associé de la firme Laventhol- and Horwath,comptables agréés, et membre de I'Insti- tut des comptables agréés de Colombie-Britannique. au Conseil d’administration . Laurent Picard, doyen de la faculté de management de l'Université McGill; ex-pré- sident et chef de la direc- tion de Radio-Canada; mem- bre de l’Ordre du Canada; président, fondation du Conseil de Presse du Qué- ° bec; membre de plusieurs conseils dd’ administration, notamment de Petrofina Ca- nada, Astral Bellevue-Pathé Ltée, Sidbec et "Energie atomique du Canada. ° $5978 Stanley D. Cameron, sous- ministre adjoint principal, Transport. Canada et prési- dent du conseil de la Société des transports du Nord, Ltée. Il était antérieurement administrateur des trans- ports de surface de Trans- port Canada. Gordon C. Gale, antérieure- ment vice-président princi- pal pour le Canada, Travail- leurs unis des transports (anciennement Fraternité des agents de train des chemins de fer.)