MONSEIGNEUR LOUIS JOSEPH D’HERBOMEZ, O.M.I. de Jacqueline GRESKO, Collége Douglas Louis Joseph D’Herbomez. prétre catholique et missionnaire, vicaire en mission en Colombie-Britannique (C.B.), évéque titulaire de Melitopolis et évéque apostolique de la C.B.: né le 17 janvier 1822 a Brillon (nord), France: fils de Louis d’herbomez, cordonnier et de Marie-Alexandrine Bricquet: décéde le 3 juin 1890 a New Westminster, C.B. (note: il signait son nom d’herbomez, mais la plupart des oeuvres publiées y compris celles de l’ordre des Oblats de Marie- Immaculée (O.M.I.), donnent le nom D’Herbomez.)! Jusqu’a ses dix-sept ans, D’Herbomez travaille dans le commerce de son pére. II s’incrit ensuite au séminaire du diocése de Cambrai et joint l’ordre des Oblats en entrant au Séminaire de Nancy en 1847. Il fait sa profession de foi en 1848. Charles Eugéne de Mazenod, évéque de Marseille et fondateur de l’ordre des Oblats de Marie-Immaculée,” l'ordonne prétre en 1849. En 1850, le Péere D’Herbomez est envoyé dans les missions oblates des territoires de l’Orégon, Etats-Unis. Il travaille ala mission Olympia, sous la direction du Révérend Pére Pascal Ricard. Aprés avoir établi la mission de Saint-Joseph d’Athanum qui dessert les Indiens de Yakima, Pere D’Herbomez est affecté a Olympia méme, pour évangéliser les Indiens du Puget.Sound. En 1855, une malheureuse guerre indienne dans la vallée de Yakima, force les Oblats qui oeuvraient dans la vallée, a se déplacer a Puget Sound. De 1856 a 1858 le Pére D’'Herbomez se voit désigné Supérieur des Missions Oblates, en remplacement du Pére Ricard affaibli par la maladie. Etant donné que les relations des Oblats avec le gouvernement américain’ ne s’amélioraient pas, méme aprés que les Oblats se soient retirés des missions de Yakima, les Supérieurs du Pere D’'Herbomez lautorisent a déplacer son quartier général et son clergé vers le nord, dans le diocése de Monseigneur Demers, en territoire britannique.4 Se trouvant maintenant sous la protection d’un évéque francophone et sous celle d’officiers sympathisants de la Compagnie de la Baie d’Hudson, les Oblats ont |’intention de desservir la communauté des colons blancs et d’évangéliser les Indiens reliés, par leur langue et leur culture, aux groupes avec lesquels ils avaient déja travaillé. Malgré l'affluence de mineurs pendant la ruée vers l’or de la riviére Fraser en 1858, les Indiens forment la majorité de la population. Les efforts des missionnaires catholiques dans ces colonies britanniques du Pacifique se concentrent sur eux. Pour le maintien et le fonctionnement de ses missions indiennes, le Pere D’Herbomez, aidé seulement par quelques assistants, se base sur les méthodes développées par les Péres Oblats en territoire américain, suivant ainsi l’exemple des Jésuites a leur mission du Québec dans le Pacifique. Leur plan a long terme est de créer des villages agricoles modeéles pour les Indiens en suivant l’exemple des “réductions”® formées par les Jésuites pour les Indiens du Paraguay au dix-septiéme siécle. Au début des années 1860, les Péres Oblats fondent des missions a Esquimalt, Okanagan Mission, New Westminster et Fort Rupert. De ces endroits. les peres voyagent dans les villages indiens environnants pour leurs visites périodiques.° Pendant ces visites d'instruction liturgique, les péres utilisent I’Echelle Catholique de Monseigneur Blanchet,’ une carte graphique illustrant histoire du catholicisme. Ils encouragent les Indiens convertis a faire le voeu d’abstinence, a 12 joindre la société de tempérance et a vivre selon la devise du drapeau de cette derniére: “Religion, Tempérance et Civilisation.” Ces principes moraux pouvaient étre atteints en suivant les conseils des cathéchistes et des délégués Indiens dans chaque village, en adhérant aux pratiques de la religion catholique et en abjurant, non seulement I’alcool, mais aussi les danses et cérémonies indiennes. Pour l’établissement des missions, le Pére D’Herbomez utilise son plan d’aprés lequel chaque région de mission a une “réduction”: un village centré sur l’église— séparé des villes affectées par la ruée vers l’or—ou les Indiens peuvent choisir une vie de tempérance, ou ils peuvent apprendre le christianisme, oeuvrer vers leur autonomie agricole, faire pénitence commune pour leurs péchés, célébrér les fétes catholiques au lieu des fétes “paiennes” et enfin, ot ils peuvent faire éduquer leurs enfants dans une école industrielle. Le Pere D’Herbomez envoie le Pére Fouquet a la recherche de sites pour de nouvelles missions. Il fonde la mission Sainte- Marie avec son école industrielle en amont de New Westminster et ordonne que les livres de priéres et les hymnes soient traduits en langues indiennes. Pour les catholiques de la population non-autochtone, le prélat établit des paroisses et des écoles, y compris le Collége Saint- Louis, pour garcons, a Victoria.* Pour faire face a la croissance des missions oblates dans l'Ouest, le Pere D’Herbomez cherche a ce que la congrégation devienne auto- nome dans la colonie du Bas Fraser. Il devient Evéque titulaire de Melitopolis et Vicaire apostolique de Colombie-Britannique en 1863, est consacré le 9 octobre 1864 et prend son siége a New Westminster, une semaine plus tard. Pendant toute l’année qui suit, Monseigneur D’Herbomez fait venir les péres et fréres missionnaires oblats du diocese de Monseigneur Demers. En 1865, les Péres Oblats établis- sent le College Saint-Louis a New Westminster et ils encouragent les Soeurs de Sainte-Anne a établir une école pour jeunes filles et, plus tard, une école pour les filles indiennes a la mission Sainte- Marie. Dans les quatre années qui suivent, Mgr. D’Herbomez ouvre 55 chapelles dans les villages indiens, il inaugure des centres pour les régions missionnaires de Williams Lake et Stuarts Lake et fait des tournées pastorales étendues. Sa santé se détériorant sous la pression de tout ce travail, il engage, en 1867, le Pere Paul Durieu,? alors directeur de la mission Sainte-Marie. Pendant la guerre franco-prussienne, Mgr. D’Herbomez fait un voyage au Vatican et se fait emprisonner. Lorsqu’il rentre en Colombie-Britannique, il écrit au Ministre des Travaux Publics du Canada, M. H.L. Langevin’? (alors en tournée d’inspection dans la nouvelle province) une lettre résumant la nature de l’administration de sa mission indienne. Dans sa lettre, il recommande au gouverne- ment de mettre en réserve des terres pour les Indiens dans les villages existants, d’abolir leurs droits sur les terres de la province, de leur donner des indemnités annuelles pour du matériel agricole, des vétements et couvertures et de nommer des agents catholiques pour les Indiens catholiques. Monseigneur demande spécialement la création de pensionnats agricoles et industriels pour les enfants indiens.'! II fait remarquer que les Oblats ont fondé une telle école a la mission Sainte-Marie et ont l’intention d’en établir d’autres dans chaque région missionnaire. Le chronographe Volume III no. 1-2, Printemps-Eté 1986