H 11 - Le Soleil de Colombie-Britannique, vendredi 14 avril 1995 Le passé revisité de Sam Lam 4 la galerie Diane Farris PAR JEANNE BAILLAUT Lorsque Sam Lam 4 F raméne |’ Antiquité et la frome Renaissance sur ses toiles, c’est pour leur donner un regain de vie. Et quand les sculptures, ou plutdt les fragments de sculptures, quittent leur socle, c’est pour retrouver sous le pinceau de cet artiste 4 la technique impeccable, les ondulations de la chair et le grain de la peau. En ramenant au jour, en quelque sorte, les oeuvres du passé, Sam Lam, a travers ses propres réarrangements les réanime et, d’une certaine fagon, les actualise. Si l’impression de sculpture prédomine la plupart du temps, il est cependant des toiles ot l’on a davantage le sentiment d’étre plus prés de la photographie. Nul doute que Sam Lam, 4 travers sa présente exposition, rend hommage aux valeurs de |’Antiquité. A] Grace 4 une technique remarquable auxsubtils jeux d’ombre et de lumiére, 4 des compositions efficaces et 4 des dimensions de tableaux judicieusement choisies, il améne le spectateur 4 une participation dans la fagon de regarder. C’est le cas de «Eques- trian», toile 4 la hauteur restreinte mais 4 la largeur exagérément étirée «a |"horizontale», qui s’ouvre sur un déferlement de chevaux galopant, montés de leurs cavaliers. Limité 4 ne voir que la partie sélectionnée du sujet, c’est-a-dire les pattes repliées des chevaux et les pieds des cavaliers dans les étriers, le spectateur, dont les yeux se trouvent a Ja hauteur de la frise, ressent tout |’impact de force et de vitesse de la cavalcade (voir: EQUESTRIAN). Il peut alors avoir l’impression de se trouver 4a l’intérieur, le champ de vision limité par l’encadrement de quelque baie imaginaire. Parfois cette «sélection» a‘ l’horizontale s’ouvre sur des espaces indéfinis ot Ja lumiére, 4 peine teintée, vient éclairer la chaste rencontre de nus esthétiques ou encore le tendre enlacement de jeunes amoureux. De la grace des corps ayant quitté le marbre de leur fontaine et qui s’agitent maintenant derriére la transparence d’un voile, du féroce combat de cogs, des chevaux hennissants et de l’envolée d’archanges claironnants, en passant par la beauté charnelle des fleurs, les oeuvres de Sam Lam le classent au rang des peintres dont on a déja parlé et dont on parlera encore. Une exposition présentée a la DIANEFARRIS GALLERY, 1565, 7e Avenue Ouest, qu’il faut absolument voir. Sam Lam a commencé des études en art 4 Guangzhou, en Chine, son pays natal, qu’il a, par la suite, terminées au Collége Emily Carr de Colombie-Britannique. Depuis, il a exposé ses oeuvres a4 maintes reprises en solo et en expositions de \ groupes 4 travers le Canada. Il fera d’ailleurs partie du groupe d’artistes originaires de la République de Chine, vivant actuellement 4 Vancouver, qui expo- seront leurs oeuvres a la Vancouver Art Gallery, du 12 mai au 11 juin, sous le nom de" HERE = NOT THERE. Exposition qui se tiendra con- jointement a la grande exposition, CANA- DA’S FIRST LOOK ATNEW ART FROM CHINA, laquelle aura lieu du 12 avril au 28 mai, toujours ala V.A. G. Sam Lam est aussi le récipiendaire du prestigieux prix XUN SHU, qu’il a regu lors de sa participation 4 la «00 Fun Years» ou lart de lV’ exploitation Le Larousse nous PAR JEANNE BAILLAUT donne la définition suivante du mot a, ta ‘ : colonisation «transformation d’un pays en colonie ou, encore, mettre un pays sous la tutelled’un autre Etat.» Ceci laisseentendre é€videmment que pour le pays en question, c’est la fin de sonautodétermination, ensomme la perte de sa liberté. Cependant, l’exposition d’Enry Robideau, 500 FUN YEARS, illustre qu’a travers la colonisation, ce n’est pas seulement _ de pertede liberté dontil s’agit, mais bel et bien de dévastation et d’exploitation humaine. Henry Robideau a préparé cette exposition de photographies a occasion des célébrations qui se tenaient en Europe et en Amérique en 1992, en]’honneurde Chritophe Colomb. Comme!’ affirme Robideau a travers sa caméra, les Etats colonisateurs célébraient 500ans de progrés et d’enrichissement, alors que les peuples colonisés faisaient, de leur cété, le triste constat de cing siécles d’exploitation, de dévastation et d’esclavage. L’exposition de Robideau nous améne, 4 travers les images qu’il puise dans les é€vénements du passé et hélas dans |’actualité, a réfléchir surle sens de la colonisation, qu’ elle ait été ou soitencore faite au nom de la pacification, dela christianisation ou méme dela civilisation. A travers ses photographies, il illustre le féroce appétit en biens matériels, en puissance et en gloire des Etats envahisseurs, lesquels ne se sont jamais trop souciés du bien fondé de leurs actes. A travers ses oeuvres, Robideau met l’emphase sur le paralléle qui existe entre les fagons d’agirdes gouvernements d’alors et ceux du XXe siécle. Serions-nous aussi avides que nos ancétres? C’est la question que pose] artiste. Certes, les apparences ont changés et les invasions ne portent plus les mémes noms! Onne fait plus la Conquéte du Mexique ou celle de!’ Ouest, iln’ya plus de ruée vers I’or... 4 moins que celui-ci ne soit noir, et si l’on ne chasse plus les autochtones de leurs terres pour y installer des fermiers, onn’hésite tout de méme pas 4 poser le méme geste lorsqu’il s’agit de Lith Givi, tv Qathee: construire un terrain de golfsur les terres de leurs réserves. C’est de tout ceci que nous parle Henry Robideau a travers un panorama de photos accompagnées de textes documentaires trés explicites, photos qui, d’ailleurs, tout comme leurs titres, ne manquent pas d’humour (Jacques Cartier plantant sa croix et ses microbes dans un autre jardin). Les oeuvres d’Henry Robideau sont indéniablement «engagées». Il n’hésite pas a affirmer: «My photography deals with issues and interpretations of political, cultural ‘Winnipeg et biennale de peinture 4 la Galerie Nationale de Bei-jing en 1993. and personal existence. While that might sound a little esoteric, actually my work is down to earth, witty and easily understood.» Henry Robideau a exposé ses oeuvres 4 maintes reprises 4 travers le Canada (Québec, Montréal, Saskatoon, Vancouver, Kamloops, Banff), lors d’expositions solo. I] a également participé a plusieurs expositions de groupes dont: PANORAMA des PANORAMAS, au Centre national dela photographie a Paris, en 1991; MIRABILE VISU, Musée de la civilisation, Québec, en 1989; CONTEMPORARY CANADIAN PHOTOGRAPHY, Film In The City Gallery, Minneapolis, Minnesota, 1987; CONTEMPORARY _CANADIANPHOTOGRAPHY, The National Filmboard, National Gallery ofOttawa. - L’exposition 500 FUN YEARS est présen-téeau Vancouver East Cultural Centre, 1895, Venables, jusqu’au 24 avril. La galerie.est ouverte du lundiau vendredi, de 10h a 17h et de 14h 4 18h, samedi et dimanche. = LE CENTRE CULTUREL FRANCOPHONE DE VANCOUVER ~ Les petits orteils du théatre de Quartier de Montréal, écrite par Louis-Dominique Lavigne Samedi 22 avril a 14h 5$ pour les enfants et membres / 7$ pour les non-membres Billets en vente au Centre culturel ouala porte. Une aventure théatrale pour les enfants de 4 ans et plus! Prix du Gouverneur général 1992. 1495, 8e avenue Quest, Vancouver présente pe 7.