ORES : “Sa SSR s i2~ de Vancouver ur. la’ bande. é SOS RSS Sie Victoria: 3':et :8 Chilliwack: 14 Kelowna: 21 Kamloops: 50 Prince George: 4 Terrace: 11, Programme de la télévision francaise de Radio-Canada VOL.4 NO.9 Vendredi 23 novembre 1979 a, Une satire de la justice Au temps de Goethe et de Napoléon un jeune écrivain al- lemand que tout poussait a é- crire, écrasé par la gloire de ces deux génies, développa en lui une sorte de complexe de |’é- chec. Il en resta marqué a ja- mais et ne croyait pas trop a la bonne étoile d'’Henrich von Kleist. C'est aussi qu'il portait dans ses génes une incurable morbi- dité, une tendance a la bizarre- rie et au déséquilibre. Tantdt exalté, tant6t écrasé par la dé- pression nerveuse, il réussit né- anmoins a écrire des piéces ou son univers sombre et tragique vit a jamais dans des personna- ‘ges. hors-du commun, z Malheureusement, son éternel- le instabilité, répandant autour de lui des ondes négatives, joua contre des piéces qu’aujourd’hui on vante dans le monde entier. RE De défaite en défaite, Henrich von Kleist qui, comme ses hé- ros, aspirait a. l’absolu, n’eut bient6t plus qu'une solution en parfaite conformité avec son ca- ractére: le suicide avec sa jeune compagne Henriette Vogel. Et l'on vit Goethe, qui l’avait pour- tant encouragé a écrire sa Cru- che cassée, aller partout décla- rer que ce jeune dramaturge ne «valait que pour tous ceux qui ont perdu la raison». Nous savons aujourd'hui que le grand olympien se trompait et que Penthésilée, Catherine de Heilbronn, la Bataille d'Hermann, font vraiment partie de la litté- rature universelle. Quant 4 son chef d’oeuvre, /e Prince de Hom- bourg, il est sans cesse joué sur toutes les scénes du monde. Et il en est de méme avec /a Cru- che cassée. Cette comédie plei- ne d'action, de vie, d’humour, de vues profondes sur la justice hu-_ maine, continue toujours d’éton- ner par la justesse de sa philo- sophie. Elle met en scéne des personnages colorés, finement analysés, bien campés,. débor- dants de drdlerie. La Cruche cassée, dans une adaptation de Jean-Louis Roux, sera proposée aux téléspecta- teurs dans le cadre des Beaux Dimanches, le 25 novembre &a ODO He BOs et rete oe ees ~ La piéce : Nous sommes au début du dix-neuviéme siécle, a la fin de l'hiver. La scéne se passe a Bo- naventure, petit village de la Baie-des-Chaleurs faisant partie du district judiciaire inférieur de Gaspé. A cette époque, peu aprés la conquéte anglaise, la justice é- tait rendue un peu partout au pays par des juges itinérants que venait parfois surprendre dans l’exercice de leurs fonc- tions des représentants de |’ar- mée anglaise. Et la, prés de la maison du juge Baptiste Boutillette, une paysanne se plaint, se lamente et réclame justice pour sa belle cruche, qu'un malotru qu'elle a surpris chez sa fille a brisée en se sauvant. La mére Marie Ga- .dioux Saint-Louis est convaincue que le coupable n'est autre que le jeune Francois, fils de Midou Laviolette, qui fait la cour a sa fille. On ira donc demander jus- tice au juge. Baptiste Boutillet- PS Se déroulera alors un procés on ne plus farfelu, pleins de surprises et de cocasseries ou les fines observations psycholo- -giques sur le cours et le dérou- lement de la justice, sont on ne peut plus justes. On dépend a- lors, qu'on le veuille ou non, d'un homme de chair et de sang, avec ses défauts, ses vices, ses réveries, ses humeurs du mo- ment et, surtout, ses choix, ses . valeurs, ses convictions. Et le juge Boutillette.en est un bon exemple avec ses ridicu- les, ses naivetés parfois, mais surtout son esprit retors a sou- hait. I] instruira donc a son insu un procés-charge de la justice. En effet, tiraillé entre le désir de sembler exercer vraiment la justice face au capitaine Walter Coffin qui le surveille de prés et le désir encore plus impératif de biaiser, d’orienter les choses pour on ne sait d’abord quel mo- tif, il tergiverse... Mais on se rend bient6t compte qu'il a quel- que chose a cacher tout en vou- lant trouver & tout prix un coupa- ble. Dans une sorte de dénoue- Ment.—tragi-comique,-OR