Pc oe 4, Le Soleil de Colombie, le 18 juillet 1975 coin de loffice de la langue francaise vous mien rez tant par Louis-Paul Béguin Il faut croire que les en- fants sont intéressés par les mots francais. Mon petit voisin, Zozo, dont j'ai deja parle, est reve- nu me.trouver l’autre jour pour me poser une autre “‘colle’’. **Mordee,~ c’est francais’’. Il avait vu ce mot sur une affiche vantant le goat d’un fromage. On y disait: une bonne mordée vous convaincra. J’avais moi-méme apergu cette annonce bien faite mais qui contenait ce substan - tif que les dictionnaires i- gnorent. Et pour cause! - Non, mon petit Zozo, ce n’est pas dans le diction - naire - - Alors, pourquoi on le voit sur l’annonce - - Tout simplement parce que le redacteur de cc mes- sage a ete influence par l’anglais qui lui;.a une ex- pression facile? to’ take-a bite (to bite: mordre~,) qui signifie prendre une bou- chee. Mais, en francais, on ne pourrait employer ‘*mordée’’, méme sice mot existait, pour dire: godter ce fromage en en prenant une bouchée. - - Mais pourquoi, puisqu’on mord dans le fromage - - Dans ce sens-1a, il s’a- git d’une bouchee. Le suf- fixe ‘fee’? indique le con- tenu, quelques fois avec le séns de mesure. Ainsi, on a: bouchée, assiettee; cuil- lerée, poignéc, holée, chau drée, pelletée, qui sont des noms indiquant le contenu ou la. mesure contenue dans: la bouche, l’assiette, Cll avs Le fait de mordre dans u- ne pomme, dans le froma- ge, ne donne aucune idee du contenu, mais d’action: la morsure est le resultat de l’action de mordre. Tuvois donc, Zozo, qu’on ne peut pretendre que la‘‘mordée’’ Ou morsure, coOnvaincra Vamateur de fromage que cette denrée est de bonne qualité. Prendre une bou- chee de fromage, par con- tre, permettra de bien le savourer. Bien sQr, pour déguster une bouchée_ de pomme, il faut bien mor- dre dedans. Quant au fro- mage, je te conseille de le couper d’abord, avant de le manger en petits mor- ceaux. Ce sera plus confor- me 4 l’étiquette. Et alors, le mot sucrée,ce n’est pas francais nonplus. - Tu veux parler de_ cette reclame qui dit: Une bonne sucrée de gomme, bonhom- me. Disons que ce n’est pas éelégant. On parle parfois de m&chée. Evite-le, © ce mot, car il n’existe pas. Le fait de macher de la gomme ne serait pas plus une m&chée que le fait de nager serait une nagée, qui lui non plus n’existe pas. - Mais, gomme 4 mAacher, c’est francais. - Oui, mais remarque bien, Zozo, que l’expression gomme 4 macher est sur- tout quéebéecoise. Les Fran- ¢ais disent chewing gum, qu’ils prononcent d’ail- leurs de toutes les fagons. Mais, puisqu’il y a l’ex - pression gomme. 4 effacer, qu’il ne faut pas appeler u- ne éffacé, On peut bien dire gomme 4 macher. Gomme a m@acher est depuis quel- que temps dans le Petit Ro- bert. Tu aimes cela, la gomme a m§acher, ZO0Ozo. - Oh oui, mais maman ne veut pas que j’en mange a- vant les repas.e. Ca coupe l’appetit. Mais j’aime bien le fromage aussi, conclut Zozo avec un regard in- nocent. - Chinois -par Ron HOLLAND Dans ces premiers ar- ticles, je vous présente les caractéres qui ressem - blent heaucoup a leurs signifies, en commengant par les phénoménes de la nature. Celui qui veut dire le ‘‘so- leil’’ou bien ‘‘le jour’’ s’é- volua de la facon illustrée par les figures I, 2 et 3. ealsacdtine; le; moisz. is7e= crivent de nos jours com- me la figure 5. En joi - gnant ces 2 idéogrammes, on crée un troisiéme (fig. 6) qui signifie ‘‘bril - lant, lumineux’’. Rien de plus simple, et pourtant, c’est trés poétique! Il faut vous signaler que chaque idéogramme _ s’é- crit toujours avec un nombre déterminé de traits, et ces derniers sui- vent un ordre immuable, que ce soit en formant les Les idéogrammes | / “06> © FON WA Ze —j 36 » > h, Se | 66 mots d’un beau poéme de calligraphie 4 l’aide d’un pinceau et d’encre noire, Ou que ce soit par ,contre en griffonnant une liste d’achats avec un stylo mo- derne. par Marguerite BATUT Je commengais' mon arti- cle du 4 juillet dernier en parlant du Basque contre- bandier. C’est sans doute le cachet m ystérieux, je dirais mé- me mystique , de ce pays, qui a inspire les premiers contrebandiers. Ilest sifa- cile de se cacher, de _ se fondre dans la nature quand vous vivez dans untel pays, accidenté :, ‘aux sentiers escarpés, ou le roc se méle 4 la végétation, ou chaque élément naturel peut se faire complice de l’homme, séparé bien souvent de son voisin par plusieurs kilo- métres, cet homme lui- méme devenant complice de son ami, le contreban - dier. Alors vient le ‘godt du risque, l’idée d’une vie meilleure et plus excitante, sous le nez dugendarme ou du brave douanier, dupe, sinon conciliant. L’on sait aussi que, dans sa propre famille, parmi ses amis, parmi les hommes de son village, On ne sera jamais trahi!l C’est le Code du Si- lence. La contrebande se fait sur une petite echclle ou sur une grande, en passant par l’alimentation, les ape- ritifs, liqueurs (bienmoins chers en Espagne qu’en France), vétements (le cuir et le daim sont trés appre- ciés, chaussures, jus- qu’aux dentelles et che- vaux Ou mules. Oui, c’est exact: des chevaux ou des mules, cela paraft diffi- cile &passer ad une fron= tiére, n’est-ce pas, tout quand -il faut grimper dans la montagne. Mais le Basque n’a pas peur: il a d’abord. sur ce point,une conscience élas- tique (bien qu’ayant des principes rigoureux sur l’honnéreté, justice, ctc. .) de bonnes orcilles et une bonne vue et c’est aussi un excellent marcheur qui connait tous les coins et recoins de son pays. Il y a été exercé depuis son jeune age quand il a com- mencé a garder les imubu- tons de ses parents. Il profitera en general d’une nuit pluvieuse, froi- de alors que les douaniers preféreront rester au chaud dans leur poste, a jouer aux cartes. Passer».en fraude 25, 30 ou plus, chevaux ou mi - les, ne semble pas si fa- cile, mais les contreban- diers, habilles de fagon a se confondre avec la nuit, prennent le chemin le plus dur, le moins acccs- sible de la montagne, a- vec un homme en avant, pour’ avertir de tout dan- ger possible. Si tout va bien, les-animaux sont délivrés sans risque aux “*partenaires’’. : Sinon, un genre d’accord tacite avec les représen- tants de la loi prévoit que la marchandise soit aban- donnée et on la passe a- lors= 7auxe. =; sprofits et pertes.’ S’ilyades ré- calcitrants, ils appren - dront vite qu’il n’est pas bon de se révolter quand On sait d’avance que l’on n’est pas en régle et qu’on peut éventuellement y *SUI- « ~ laisser sa vie. Du coté francais, par exemple 4a Hendaye, qui est moitié frangais, moi- tié espagnol (cette par- tie s’appelle Hendaya), les habitants de la ville peu- vent aller faire leurs em- plettes sans passer a la douane, France ou Fspa- gne. Par contre, si vous venez de Biarritz. ou d’ailleurs, c’est. un plaisir de faire un peu de contrebande, - ‘*juste comme ¢a’’, pour s’amuser. Je me souviens que lors- que mon plus jeune fils était un bébé, il portait un ‘‘nid d’ange’’ sorte de burnous ferme aux pieds. Nous étions alles en Es- pagne pour la journée et avions acheteé , dans ces pe- tits mayasins sibien acha- landés et si LS Bids Ite, Geanvde Spain aS 4 quelques boftes de fruits, de sardines et de thon en conserve. J’avais mis le tout dans le fameux nid d’ange et tout a bien pass, bébé compris. . .mais j’en avais la ‘*tremhblotte’’. Non, je n’aurais pas faitun bon ‘‘contrebandier’’. Une autre fois, une amie ramenait dans sa _ voiture quelques provisions, y compris une bouteille de Grand Marnicr (les alcools sont interdits formelle - ment, mais c’est tentant d’essayer car ils sont bon marche). Avant. de passer devant la douahe, ou l’on nous’ de- mande d’arréter la voitu- re, mon amie avait placé la fameuse bouteilfe entre ses _jambes. Le douanier Ouvre la portiére: ‘frien a declarer’’. Mon amie de- e7/INNS ; Tt ‘a Vancouver - Glacier Bay -~ sae aan Xi TT / “Suite 102, 423 West Broadway, Vancouver, B.C. V5Y 1R eZ Tel: 879-6858 (Monday thru Friday: 10:15 to 18:15) Croisiéres de 8 jours en Alaska - Mai - Septem- bre - Départ presque tous les jours - Itinéraires: Ketchikan - Juneau - Skagway - é Sitka - Vancouver - Aubaines, aubaines, pour les Francophones de C.-B. - par VOYAGES KAEGI, Tél: 879-6858 (soir:224-6762) *** Yoyages individuels ou en groupes*** # - a . ai Vacances de 35jous vient écarlate, bafouille et laisse romber la houteille. Confiscation et amende! Le pire était de s’@étre donné tant de mal pour finalement devoir laisser la boutcille aux douaniers. (u’enont- ils fait. Pour une si petite chose, Gux aussi, avaient- ils, comme les contreban- diers, la conscience élas- tique et se sont-ils délec- tés en buvant a notre san- te! Et puisque le 14 juillet vient juste de se terminer, je terminerai cet article en vous décrivant ce jour populaire,en pays Basque Comme .partout, beaucoup de bruit, réveil en fanfare, les petards cxplosent, par- tour, joyeusement. Plus tard dans la jour - née, concours de toutes sortes, pelote, chistera, _ coupe de trons d’arbre par les ‘fcostauds’’ du village, jeux d’enfants, ct courses de vaches bien entendu. Le soir, danses folklori- ques de ‘*Fandango’’ (les danseurs sont habilles de brillantes couleurs ou Ie rouge ct le blanc dominenr, avec le traditionnel beret (rouge aussi) pour les gar- ¢ons, et fichu noué en ar- ri¢re pour les filles), des chants, des cris, puis le pu- blic qui s’y m@le ect c’est la danse générale ct la folie de tous. Tout ceci se pro- longe tres tard dans la nuit. Du Pays Basque, ou il y aurait encore tant a dire, j’ai repris le train pour me rendre a madevstination fi- nale de mon voyage en France: Paris, le grand Paris, mes . yeux encore remplis de ce merveilleux Sud-Ouest. wena ees aston