nee a a= Courrier de 2¢me classe Second class mail N° 0046 VOL 17 No 47 VENDREDI 5 AVRIL 1985 30 cents «Le Grand Raid » d Vancouver Le seul journal de langue frangaise de la Colombie britannique: Les marathoniens de |’image Par Francois Bourboulon L’émission de télévision “Le Grand Raid”, qui est diffusée sur les antennes de Radio Canada, s'est arrétée & Vancouver. Cette deuxiéme étape canadienne [la premiére était Fort’ Nelson] avant la plongée vers les Etats-Unis et l Amérique du Sud a permis de découvrir un peu mieux les coulisses du Grand Raid. Et de s’apercevoir qu’entre la réalité et I’écran, il existe parfois un certain décalage. Le site d’Expo 86 est balayé par un vent glacial et la tren- taine de personnes rassemblées sur cette plateforme située prés de B.C. Place battent le pied et sautillent sur place pour ne pas geler. Au milieu, pourtant, un petit groupe ne se plaint pas et se tient tranquille. Vétus de gros anoraks bleus, ils grillent ensemble cigarette sur ciga- rette, discutent et échangent des plaisanteries. Le froid de _~ Vancouver, ils s’en désintéres- sent autant que du chantier de Vexposition qui les entoure. Quand on a, comme eux, traversé l'Afrique, de Capetown a Djibouti, I’Inde et la Chine, et que le but de la route est la Terre de Feu, on peut supporter beaucoup de petits désagréments comme celui-ci. Finalement, les choses $’ani- ment un peu sur la plate-forme La liaison avec Paris est établie et l’enregistrement de cette nouvelle émission du Grand Raid peut commencer. Le Grand Raid, sur le papier, c'est simple. Cing équipes de Langues officielles deux personnes, représentant les télévisions canadienne (RC), frangaises (Antenne 2), luxembourgeoise (RTL), suisse (RTSR) et monégasque (TMG), suivent un méme parcours, de l'Afrique du Sud au Chili et réalisent chaque semaine un reportage dans le pays visité. Chaque vendredi, une émission est enregistrée en liaison directe avec Paris ot un jury attribue des notes au reportage de la semaine pré- cédente. Vendredi dernier, donc, vers 9h30, Didier Regnier le pré- sentateur du plateau entre en contact avec Noél Mamére, son homologue en_ studio. Aprés un court dialogue «avec l’invité de la semaine, Michel Drucker, et un film sur l’étape, la premiére €quipe vient brié- vement expliquer le choix de son sujet avant que celui-ci ne soit diffusé. Moment frustrant pour les raiders, puisqu’ils n’en entendent que la bande-son sans en voir les images. De_ surcroit, ils savent finalement peu de choses de ce reportage tel qu'il est présenté au jury et Quinze ans Par Annie Granger Il y a quinze ans Pierre Trudeau, Premier ministre inaugurait cette Loi sur les langues officielles qui stipule que les minorités des langues officielles du Canada ont leurs droits, et -qu’entre autres les ministéres fédéraux et sociétés dela Couronne doivent procu- rer des services en francais dans les provinces hors Québec et en anglais dans cette pro- vince. Quinze ans aprés, un nou- veau Commissaire est nommé, Ottawa est élu, qui, dans son discours du Tréne de novem- ’ bre dernier reconnait deux réalités: deux progrés cons- tants sont essentiels et la création d’une association du- une planification communes os ee ee ee tas wt ech sed aot ok Set cee un nouveau gouvernement a — rable requiert une politique et- Pas trés réjouissant ce bilan de quinze années déposé le 26 mars par le nouveau Commissaire aux langues officielles, monsieur D'Iberville Fortier. Intitulé “Recul-ou relance”, ce’ rapport montre que dans !’ouest en dehors de l’enseignement, le francais a fait bien peu de progres et dans les trois . provinces de l’ouest canadien et dans les Territoires, de nombreux ministéres et sociétés de la Couronne n’offrent guére de services en francais. dans les domaines oi les deux ordres de gouvernement trai- tent avec les groupes mino- ritaires. En 1984, il s’en est passé des choses du cété des tribunaux pour les droits linguistiques: La Cour d’appel de l’Ontario a donné une interprétation lar- ge des droits scolaires des minorités linguistiques inscrits dans la Charte canadienne des droits et des libertés. La minorité francophone a le droit de participer a la gestion et au contréle de ses classes et de ses établissement d’ensei- gnement, Au Québec, la Cour Supréme du Canada a restauré certains droits scolaires des Anglophones que la Charte de la langue francaise avait am- putés. Et au Nouvéau- Brunswick, le gouvernement a aux téléspectateurs. La se- maine précédente, en effet, ils ont envoyé a Paris prés de trente minutes d'images et un plan de montage plus ou moins affiné expliquant ce qui devait étre coupé ou conservé. La derniére phase du montage, qui va permettre de ramener le film a cing petites minutes, est totalement entre les mains du monteur professionnel a Paris et les surprises ne sont pas rares (les raiders visionnent ce qu’ils ont produit avec quatre se- -maines de retard en général). Une fois le film diffusé, les jurés et l'invité interrogent les concurrents sur les conditions de réalisation, leur font préci- Robert Bourgoing et Francis Levesque, les concurrents de Radio-Canada. : ser certains points puis attri- buent les notes. Tout est passé au crible, le sujet lui-méme, les images, le commentaire, etc. Et le total attendu avec impatience. Ce jour-la, les plus anxieux sont les concurrents francais d’Antenne 2. La_ semaine précédente,a Fort Nelson, leur dernier reportage sur la Chine a obtenu la plus mauvaise note. Or, le réglement précise que l’€quipe arrivant trois fois derniére est éliminée. La mé- saventure est déja survenue en Inde ot l'un des équipiers francais s’était sacrifié pour permettre a son compagnon de Suite en derniére page de surplace cherché a mettre en oeuvre, non sans difficultés une politi- que visant 4 mieux respecter ses engagements constitution- nels et la Loi sur les langues officielles de 1969. Aprés ces mouvements en faveur des langues minori- taires dans ces trois provinces, on pourrait s’attendre a dor- mir sur ses deux oreilles: le francais devient de plus en plus populaire: le sondage Gallup fait A la demande de I’associa- tion Canadian Parents for French, paru en octobre der- niermontre que 57% et (68% | dans tout le Canada) de la population adulte de langue anglaise en Colombie britan- nique estiment que leurs en- fants devraient apprendre le francais a l’école afin de devenir bilingues. L’enrdle- -ment de 12,000 éléves en programmes d’immersion en Colombie britannique, _ les cent cinquante enfants inscrits a l’école Anne Hébert de Vancouver en programme- cadre, malgré cela, le Com- missaire aux langues officielles n'est pas satisfait. Parce que les ministéres et les Sociétés de la Couronne, spécialement dans l’ouest du pays, ne procurent pas a sa minorité linguistique, francophone des services adé- quats; a4 part certains comme Emploi et Immigration, la Gendarmerie Royale, la Ban- que du Canada, le Secrétariat d'Etat. Et le Commissaire avance dans son rapport que “au train ot vont les choses . Tien ne permet de penser que la répartition, la qualité, voire l’existence de services fédéraux bilingues seront sur un pied d’égalité en l’an 2000.” Jean Chrétien, ancien ministre, de passage 4 Vancouver ne s’in- - quiéte pas trop “le nouveau gouvernement a tendance a exagérer la situation. Je ne pense pas que ce soit si mauvais.” Le Commissariat, qui a entre autres pour mission de dénoncer les manquements de l’administration fédérale a la Loi sur les langues, a épluché ministére par minis- tére, organisme par organis- me. A quelques exceptions © prés les Francophones de Suite en derniére page Roland Théron Sas oS Georges Siciliano [Antenne 2] said soulagés. Ils ont eu la deuxiéme note. Il n’y a qu'une personne qui ne croit pas du tout a Expo 86, naliste. Et ce qui lui est arrivé vendredi dernier ne lui fera certainement pas changer d’avis. La semaine derniére les médias étaient invités a couvrir un événe- ment: le Grand Ratd pas- sait par chez nous et le plateau d’enregistrement était installé sur les terrains de l’Expo. Belle publicité pour celle-ci; elle avait donc sortt un communiqué de presse destiné a tous les médias dict et des alen- tours, accompagné d’une carte explicative du lieu, carte absente dans plu- steurs enveloppes. Mais le plus grave, sur ce commu- niqué on parlait des équt- pes de ce tour du monde: les Belges, les Frangats, les Monégasques, les Suisses. Les Canadiens qui repré- sentaitent Radio-Canada? absents! pour une fots qu on participait a quelque chose! Vous avez dit relations publiques ? cest le jou- Mats ce n'est pas fint. Sur le plateau donc, il y avait des drapeaux, celui du Canada, de notre province, deux d’Expo, celui de la Belgique, de la Sutsse. Ceux de Monte-Carlo , de la France, qut organisatt ce tour du monde? Ils avaient été oubliés! Les organisa- teurs d’Expo ne s’en sont pas formalisés quand le Consul général de France lui s’en est offensé. Et-puts enfin: ilfatsait un froid de canard, une humidité qui vous transpercait et pen- dant deux heures les mé- dias, autorités, invités - on s'est gelEé— Aucun pot de café, rien pas méme le petit camion de cantine quit en général passe sur les chan- tiers, otf on aurait pu se réchauffer. Il est tnterdit sur le chantier d’Expo. Cela s'annonce bien, dans un an presque jour pour jour, les grilles s’ouvrent et j’espére que Uorgantsation aura un peu poli son image. Oncle Archibald