arse QUEBEC - Le gouvernement le coat de la présence de l’armée sur son territoire l’automne dernier. Le premier ministre, M. Robert Bourassa, 1’a fait sa- voir A son homologue fédé- ral, M.Pierre Elliott Tru- deau, dans une lettre qu’il lui a fait parvenir vendredi der- nier. L’armée canadienne a été appelée 4 la rescousse des forces policiéres, le 15 oc- tobre, 4 la suite des enléve- ments de MM. Cross et La- porte par le Front de Libé- ration du Québec. Elle est restée sur place, particulié- rement A Montréal, durant deux mois et demi, soit jus- qu’a la fin de 1’année. Les frais supplémentaires encourus A cette occasion seraient de quelque $2 mil- lions, et c’est cette somme que le Québec refuse de payer. Selon une source gouverne- mentale, le coat de la pré- sence de l’armée au Québec fut de $12 millions, dont $10 pour le logement et l’entre- tien des soldats, plus $2 mil- lions de frais supplémentai- res. Dans sa missive, dont Le Devoir a pris connaissance, M. Bourassa reconnaft qu’une stricte interprétation de la loi actuelle prévoit qu’une province qui fait appel 4 1’ armée pour appuyer les for- ces policiéres doit défrayer les d€épenses supplémen- taires qui sont encourues. du Québec ne défraiera pas- millions de frais réguliers Le premier ministre a fait valoir briévement trois fac- teurs selon lesquels le Qué- bec ne devrait pas étre tenu A cette participation finan- ciére : le caractére excep- tionnel des événements d’oc- tobre, les circonstances qui les ont entourés et ‘‘leur im- pact sur la population cana- dienne dans son ensemble’’. Tout cela, écrit-il, justifie une interprétation moins stricte de la loi. M.Bourassa conclut sa courte lettre en faisant part de la décision du Québec de ne pas verser de contribu- tion au gouvernement fédé- ral 4 ce titre. Durant quelques semaines, il y eut plus de 7,000 soldats au Québec, venant de tous les coins du pays. Il est vrai que c’est le Québec qui a requis la pré- sence des troupes pour faire face A une crise ‘‘locale’’, et qu’en vertu de la loi de la dé- fense nationale, la province doit payer sa _ quote-part. Mais, fait-on valoir A Qué- bec, dés le lendemain de 1’ arrivée de l’armée, soit dans la nuit du 15 au 16 octobre, la crise causée par le FLQ devint une affaire ‘‘nationa- le’? par’ suite de 1l’imposi- tion de la loi des mesures de guerre. En faisant cette proclamation, ajoute-t- on, M. Trudeau reconnaissait que ce qui n’était jusque 1a qu’une affaire provinciale devenait un probléme du pays tout entier. Et le gouverne- ment central devenait res- ponsable du coat du main- vien de la loi et de l’ordre au Québec et au pays. Dés le mois d’octobre, M. Bourassa avait d’ailleurs souhaité publiquement qu’ Ottawa ne s’en tienne pas au ‘*strict légalisme”’’, ainsi qu’ il l’avait fait dans le passé. Et les trois autres partis re- présentés A l’Assemblée na- tionale avaient adopté une position similaire, faisant valoir que le Québec paie sa part d’impdts pour l’armée. Des chiffres mirobolants ont été €voqués quant au cot de l’armée. Les principales dépenses supplémentaires encourues ont trait au transport des mi- litaires, et a des frais con- nexes. I] n’y a pas de temps supplémentaire dans l’ar- mée. Dés le début, MM. Trudea et Bourassa avaient conven jet de discussions entre eux. _ La loi de la défense nationa- le dit 4 cet égard que ‘‘tous frais et dépenses subis par Sa Majesté du fait que les forces canadiennes ont été appelées au service pour préter main-forte au pouvoir civil seront versées 4 Sa Ma- jesté par la province qui en a fait la demande’’. Lors de la gréve d’une jour- née des policiers de la ville le Québec avait dQ payer $40,500 pour son recours A l’armée. Mais cette fois, le Québec refuse carrément de verser la note au Receveur général du Canada. que la question ferait l’ob-|" de Montréal, en octobre 1969] URSS réagi jusqu’a present avec beaucoup de: discrétion a Rannonce du voyage en Chine du président Nixon. Comme a l'accoutumée dans ce genre de cir- constances, le régime se donne un temps de réflexion, et quelques de- lais sont nécessaires pour que les consignés voulues parviennent aux éditorialistes et commentateurs. Le silence, pour linstant, est surtout révélateur de la surprise éprouvée n’est peut-€tre pas en contradiction totale avec les prévisions sovieti- ques a long terme, mais que l'on -n'attendait probablement pas si tot. Un jeu a trois Ce qu'il faut bien appeler le “rap- prochement” -sino-américain _ inte- resse en fait les Soviétiques sous deux angles différents: celui, d'a- bord, d’une stratégie mondiale qui tend de plus en plus clairement a devenir un “jeu a trois’; sous !’an- le, ensuite, des relations bilatéra- es que ]'U.R.S.S. entretient — ou souhaite entretenir — avec chacune des deux autres puissances, la Chi- ne et les Etats-Unis. / Il y a longtemps déja que l'on se rendait compte 4 Moscou que le té- te-a-téte soviéto-américain touchait tres partenaires devraient bientot étre pris en considération. C'est une consequence de la rupture entre Moscou et Pékin. Cette évolution était d’ailleurs inéluctable a partir du moment ow aucune action n’était entreprise pour barrer 4 la Chine T'acces au statut de grande puissan- ce. Il n’est pas exclu que ce souci ait inspité en son temps le retrait des techniciens soviétiques qui partici- paient a l’édification de la puissance industrielle chinoise. Cette épreuve une fois surmontée, 1|’éventualité d'une action militaire a pu étre en- visagée en 1969, a l’époque des sanglants incidents de frontiere sur YOussouri. Si quelqu’un a Moscou a réellement prdné une telle solution, elle a été rejetée, et la direction’ so- viétique a opté pour ce qu'elle ap- pelle elle-méme une “normalisa- ] tion des rapports entre Etats’. Si- multanément; l’idée que la Chine de- vait désormais étre reconnue comme une grande puissance était progres- sivement admise. Cest ce que M. Leonid Brejnev confirmait le 30 mars dernier, a la tribune du XXIVe congres du P.C. soviétique, en invi- tant la Chine 4 participer 4 une con- férence des cing puissances nucle- ‘ aires. ; MOSCOU ‘— Les Soviétiques ont | a son terme, en ce sens que d’au- | Motif d’inquiétude Puisque Pékin a désormais voix au chapitre dans les affaires mon- diales, il-va de soi que I'U.R.SS. trouve un motif d'inquiétude sup- plémentaire dans les conversations entre ses deux principaux partenai- res adversaires. En un sens, les Soviétiques ont aujourd'hui le réflexe qu'avaient les Chinois lorsqu’ils dé- Iris = -noncaient une ‘collusion ” américa- a Moscou devant un événement qui | no-soviétique 4 propos, par exemple, des négociations sur le contrdle et la non-dissémination des armes nu- cléaires. Des lors que l'on est en | présence de relations entre grandes | puissances, toutes sortes de crain- | tes sont possibles. C'est ce que di- | sait tres clairement au mois d’avril | dernier, lorsque les pongistes ame- ricains se trouvaient en Chine, la revue soviétique Temps nouveaux: - elle écrivait que ‘“‘les dirigeants de Pékin révent de déclencher un con- flit armé entre. . . l'Union soviéti- que et les Etats-Unis’’. Si lon fait ici la part de la pro- pagande et des exces de langage, on admettra que I'U.R.S.S se trouve désormais en présence de deux puissances de premier plan, sinon de poids comparables, disposant l'une et l'autre d’importants moy ens d'action en Asie du Sud-Est, et qui sont apparemment prétes a passer de l'ere de la confrontation a celle du dialogue dans une région du mon- de ou l’influence soviétique a elle- méme beaucoup de peine a s’établir et a se maintenir. Si l'Union sovié- tique ne se sent pas nécessaire- ment menacée directement, le front avancé de sa diplomatie en Asie méridionale et orientale devient tout d'un coup gravement vulnérable. c'est assez pour qu'on en éprouve de sérieuses inquiétudes 4 Moscou. Cependant, toutes: sortes de rai- sons, particulierement des raisons de politique intérieure, rendent in- dispensable 4 l'heure actuelle, pour YUR.S.S., une période de paix in- ternationale. : Période de paix Un second facteur important d’appréciation tient aux solidarités fondamentales qui, dans cette stra- tégie triangulaire, peuvent se ma- nifester en cas de crise grave. La question est de savoir ‘si des rap- ports particuliers subsistent, en dé- pit des schismes et des invectives, entre deux grandes capitales du mon- de communiste. Dans la capitale so- viétique, des observateurs informés penchent pour la seconde hypothése. On aborde ici le probleme des in- cidences. que le voyage de M. Nixon a Pékin peut avoir sur les relations bilatérales soviéto-américaines d'u- ne part, soviéto-chinoises d’autre rt. Les premieres n’offrent, pour le moment, aucun sujet d’inquiétude particulier. Les délégations améri- caine et soviétique discutent a Hel- ‘sinki de la limitation des armements stratégiques. M. David Rockefeller était; la semaine demiere, 4 Kiev pour la ‘‘sixieme rencontre de Dart- mouth’, et il a été recu pendant deux heures et demie, vendredi, par M. Kossyguine. Des perspectives nouvelles, enfin, s’ouvrent dans le domaine des relations économiques. En bref, si des rivalités persistent naturellement entre Moscou et Wa- shington — au Proche-Orient, par exemple, — chacun paraissait s’ac- commoder assez bien, ces temps derniers, d'une situation dont on garde un sage controle, et qui n‘in- terdit ni la. négociation ni méme d’'utiles rencontres. La premiere impression est que ce courant fa- vorable risque d’étre perturbé par lannonce du voyage de M. Nixon. Certains diplomates estimaient ré- cemment qu’une visite du président américain a Moscou n’était pas in- concevable avant les élections a la Maison Blanche, en novembre 1972. Cest une éventualité qu'il parait désormais a peu pres impossible de retenir, ne serait-ce que pour des raisons de protocole. Orientation fondamentale L’état des relations ‘sino-sovie- tiques est évidemment plus difficile a apprécier pour la bonne raison que le secret est la regle aussi bien a Moscou qu’a Pekin. La polémique par voie de presse entre les deux indices positifs récents peuvent méanmoins étre relevés: les faci- ‘lités relatives de déplacement, par exemple, accordées a l’ambassadeur de Chine en U.R.SS. et a celui de YUnion soviétique en Chine; la re- prise de pourparlers économiques, actuellement en cours 4. Moscou. Plus significatif encore est le ton de léditorial publié au début du mois a Pékin’ pour le cinquieme an- niversaire du P.C. chinois. I] laisse apparaitre un sensible adoucisse- ment des attaques chinoises contre la direction soviétique. Normalement, presse soviéti- | que devrait trouver dans I invitation | adressée par Pékin 4 M. Nixon un | aliment de choix pour un regain de ‘polémique contre le régime chinois. |.On n’a sans doute pas fini d’enten- dre parler de ‘“‘collusion avec I'a- gresseur’’ et de ‘‘trahison du front anti-impérialiste”. Plus en profon-| deur, la question est de savoir si l'événement peut remettre en ques- tion Torientation générale de la diplomatie soviétique, qui tend main- tenant a rétablir au moins des rap- ports de bon voisinage avec la Chi- ne. Il ne s’agit méme plus simple- ment des relations entre Etats puis- Ps le P.C. soviétique a tenté — il n’est-plus permis d’en douter au- jourd’hui — d’obtenir qu’une déléga- tion chinoise assiste au mois de mars dernier a son XXIVe congres. Pour des observateurs particuliere- ment-avertis, cette orientation est jugée trop fondamentale pour pou- voir étre compromise par l’annonce du voyage de M. Nixon. ; (Le Monde) capitales est restée vive. Quelques}- SALON LUCIEN BELLIN oe COIFFEUR FRANCAIS ee 1212, rue De VANCOUVER anicoin aveBeach i "Yel: 683-4622