| j | { i VOICI LA DIXIEME DES CHRONIQUES ECONOMI- QUES DESTINEES AU SOLEIL ET SIGNEES PAR L’EMINENT ECONOMISTE QUEBECOIS LAURENT LAUZIN. LES GRANDS COURANTS LYHOMME D’AFFAIRES DOIT AUSSI ETRE UN ANIMATEUR L’animation sociale constitue aujourd’hui une pratique fort répandue dans notre société que plusieurs considérent comme une activité essentielle a lexistence d’une véritable démocratie. Récemment, cependant, dans notre milieu d’affai- res, on a prétendu qu’une telle animation était trop poussée au Québec et qu'elle était en forte partie responsable de la situation assez agitée qui caractérise notre époque. Cette opinion nous semble d'une sévérité extréme méme si nous reconnaissons que l’animation sociale constitue souvent un instrument trop fortement utilisé par ceux qui favorisent une transformation compléte de notre société. En principe, nous sommes d’avis que l’animation sociale demeure le grand moteur de notre évolution actuelle et que, de ce fait, sa pratique, si fortement répandue, continuera de jouer un réle de premier plan dans notre progrés. Il importe cependant de se rappeler qu’elle ne constitue pas une nou- veauté dans la vue des hommes car ce n’est pas a’hier que les habitants d’un méme quartier ou d’une méme paroisse ont appris & se réunir pour faire l’examen de leurs problémes et surtout donner plus de poids a leurs réclamations. Mais ‘animation sociale, telle qu’on la pratique aujourd’hui, a évolué avec notre société, principalement sous Vinfluence des études conduites depuis assez longtemps déja dans nos universités. Nouvelle conception Précisons d@’abord que lanimation sociale, comme on la concoit de nos jours, nest pas toujours, comme autrefois, une activité propre au milieu ou elle s’exerce. Au fait, notamment dans les centres urbains, elle est organisée, prati- quée et surtout euidée par de véritables professionnels du métier qui oeuvrent souvent pour des fins bien précises. Ces professionnels de Yanimation sont généralement fort éveillés aux problémes de notre époque et parfois méme directement engagés dans certains mouvements de contestation dont certains visent la réforme compléte des structures de notre société. Cette nouvelle élite a par ailleurs mis au point des techniques de persuasion et de travail qui semblent de plus en plus efficaces auprés des masses populaires si on consi- dére la prise de conscience qu’elles développent parmi ceux qui hier encore étaient incapables de se grouper pour faire valoir leurs légitimes aspirations et surtout participer effica- cement a la pratique méme de la démocratie. L’animation sociale, il faut le reconnaitre tend cependant a se politiser en ce sens qu’elle vise maintenant a éveiller la classe moyenne a l’importance que prennent les grands débats politiquees dans notre vie nationale et surtout dans notre vie québecoise. Une telle préoccupation, nos hommes d'affaires devraient tous les reconnaitre, était non seulement inévftable dans le contexte actuel mais est aussi essentielle au bon fonctionnement de notre régime politique. Si on considére l’importance prise dans la gestion gouvernemen- tale par les mesures de sécurité sociale et surtout l’omni- présence de |’Etat dans la vie de chaque contribuable,. il apparait excessivement important que la population soit mieux éclairée sur tous les secteurs de Yadministration pu- blique afin qu’elle soit en mesure d’exercer judicieusement son droit de vote. Si l’éducation politique par la voie de Vanimation sociale apparait comme un facteur important dans le fonctionnement efficace de notre démocratie, il peut aussi en résulter cer- tains effets néfastes si on se sert de l’animation sociale pour mousser trop fortement la contestation méme de notre société. Le phénoméne se produit de nos jours dans certains milieux et nous reconnaissons aussi qu'il était également inévitable dans le climat de tension politique ou nous vivons. Nous ne saurions empécher ceux qui visent la réforme glo- bale d’utiliser instrument le plus efficace qui soit actuelle- ment mis a la disposition des groupes d’opposition dans une société ot léquilibre des pouvoirs apparait de plus en plus complexe et incertain. Evolution désirable Nos hommes d’affaires ont sans doute raison de se plain- dre des excés qui peuvent résulter d’une trop forte politisation de l’animation sociale telle qu’elle se pratique aujourd’hui dans notre société. Mais ils pourraient jouer un role autre- ment plus efficace et positif, si, au lieu de combattre et surtout de dénoncer ces excés, ils cherchaient 4 introduire dans l’animation sociale la reconnaissance de certaines priorités que commande économique. Nous sommes d’avis qu’ils portent une lourde responsa- pilité dans ce domaine et qu’une éducation populaire plus conforme aux réalités que commandent le régime économi- que sous lequel nous vivons serait actuellement beaucoup mieux servie si nos industriels comme nos financiers avaient mieux compris l’importance de la transformation qui a cours dans notre société. Nous comprenons qu’ils sont fort pré- occupés par l’exercice méme de leurs fonctions et que souvent ils sont méme forcés de vivre en milieu passablement fermé. Nous comprenons aussi qu’ils craignent de prendre position devant l’opinion publique de peur d’étre mal jugés et surtout a@’étre mal compris. Il n’en reste pas moins qu’il est de leur devoir d’étre présents aux grands débats de notre société et de jouer un role plus efficace dans le mouvement des forces qui transforment notre milieu. L’homme d’affaires, nous le constatons également, est généralement plus conscient aujourd’hui de lactivité plus grande qu’il doit développer au niveau social du milieu ow il évolue. Nous croyons cependant que dans le partage de ses activités comme ses préoccupations, il devra laisser voir une intégration beaucoup plus grande au mouvement géné- ral d’animation qui se développe dans notre société. Il lui revient, en cette matiére de rétablir l’équilibre des forces qui sont présentement a J’oeuvre. Gérard Pelletier 19 FEVRIER 1971, VII. Québec est moins divisé qu’a la suite du 29 avril OTTAWA _ ; — Le secrétaire d’E- tat, M. Gérard Pelletier, croit que, par suite du recours 4 la Loi sur les mesu- Tes de guerre, en octobre dernier, l’o- pinion publique québécoise serait moins divisée qu’au lendemain des élections provinciales tenues six mois plus tot. Dans une interview accordée cette se- maine, M. Pelletier a estimé que la plu- part des citoyens québécois semblent avoir approuvé l’action prise par le gouvernement, comme étant une mesure exceptionnelle pour faire face a une situation exceptionnelle. “Je ne crois pas que ce traumatisme aura des consequences, a+t-il dit. Les Sones n'ont pas été trés impor- ‘Méme les critiques, at-il ajouté, réalisent maintenant que “le danger d’atteinte a la liberté n’était pas aussi grave qu ils ne I avaient d’ abord pensé”’. En méme temps, poursuit M. Pelle- tier, il est toujours possible que le Front de libération du Québec — ou ce qu’iten reste —, tente d’obliger le gouvernement a maintenir les mesures d’exception au- dela de la date fixée par le Parlement, soit le 30 avril. Le ministre a noté qu’il avait oui-dire que des jeunes universitaires parlent maintenant de la nécessité d’éviter que la crise d’octobre ne passe a l'histoire comme un simple épisode de la vie qué- _bécoise, et du besoin de maintenir un cli- mat de repression. fe “Sil devait y avoir une nouvelle vague de terrorisme, obligeant le gouverne- ment a prolonger les mesures d’excep- tion, nous pourrions alors franchir une étape dangereuse’’, a-t-il dit. ette possibilité existe, a-t-il ajouté, simplement parce qu’il est plus facile de réaliser un enlévement politique que de résoudre le probleme du chémage. Mais, pendant ce temps, le fédéralis- me est peut-€tre devenu plus fort au Québec qu’il ne I’était au lendemain de la victoire du premier ministre libéral, M. Robert Bourassa, le 29 avril dernier. Ace moment, le Parti québécois a ob- tenu pres de 24 pour cent du vote po- pulaire. Mais si une élection avait leu aujourd’hui, a ajouté M. Pelletier, les indépendantistes perdraient peut-etre - une partie de leurs sympathisants. Ia indiqué que, pour sa part, il avait tiré la conclusion que le gouvernement devait prendre. des mesures d’urgen- ce, dans les 24 heures qui ont suivi Yenlévement du diplomate britannique James Cross, le 5 octobre. Il était du méme avis que le premier ministre Trudeau: le gouvernement ne pouwall se permettre de négocier avec es terroristes pour la libération de cri- minels de droit commun en échange de M. Cross. Il faisait remarquer 4 ses amis qu’en accédant a une telle demande. le gouver- nement aurait créé un précédent tres dangereux. M. Pelletier note qu’il était ‘‘entiére- ment conscient des conséquences”’ ue pouvait entrainer cette decision. “J’ai toujours eu la certitude que M. Cross serait libéré, mais pas Pierre Laporte’. _MM. Laporte et Pelletier ont travail- lé dans la méme salle de nouvelles avant de se lancer dans la politique. M. Laporte, a ajouté le ministre, ‘‘fut mon premier patron alors qu’il était chef du pupitre au quotidien Le Devoir’. les comédiens associés du québec en collaboration avec le comité inter-provincial de la diffusion de la culture présentent Billets disponibles 4 1’Al- liance Frangaise : 327-0201 au Club les Copains : 277-8904 au Groupe Francophone : 253-2074 4 AU VIEIL AUDITORIUM DEU.BC LE 10 MARS A _20h30 Tickets: $1.50 é — comédie en deux actes de marcel aymeé direction: jean ducep yvan canuel roger garand mise en scéne: yvan canuel | | |